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Pourquoi JeRetiens est unique ?

Nous croyons que la curiosité est le moteur principal de la connaissance. Que vous cherchiez à améliorer votre mémoire, à approfondir votre culture générale ou simplement à découvrir de nouveaux sujets, vous trouverez chez nous un large éventail de contenus : de la polémologie à l’irénologie, de la bienséance à l’alphabet arabe, des sourates de l’islam aux capitales du monde, en passant par les douze travaux d’Hercule et de nombreuses anecdotes culturelles. Dans cette mini-encyclopédie, nous mettons l’accent sur la pédagogie, les exemples concrets et les astuces mémos pour rendre chaque lecture utile et passionnante.

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Avec plus de 1240 contenus inédits, il peut être difficile de savoir par où commencer ! C’est pourquoi nous avons créé une rubrique dédiée : Les meilleurs articles. Vous y trouverez des dossiers approfondis sur des thèmes variés : par exemple, comprendre les souvenirs d’enfance, décrypter la fonction des rêves, revisiter des chapitres marquants de l’histoire, ou encore vous familiariser avec des codes culturels du monde entier. Nous vous recommandons également de consulter nos articles de fond sur la religion et la spiritualité, dont certains consacrés à la lecture et à la mémorisation des sourates, ou encore aux traditions bouddhistes. De la mythologie gréco-romaine aux coutumes du Moyen-Âge, en passant par des fiches sur la bienséance au quotidien, il y en a pour tous les goûts.

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Mémorisation : plus de 3500 moyens mnémotechniques

Parce que retenir facilement n’est pas qu’une question de talent, JeRetiens vous propose des moyens mnémotechniques originaux et accessibles à tous. Vous utilisez déjà, sans le savoir, des phrases-clés ou des images mentales (comme « Mais où est donc OrNiCar ? » ou les poings pour savoir si un mois a 30 ou 31 jours). Nous allons encore plus loin : nos méthodes vous aideront à assimiler des listes de mots, apprendre de nouveaux alphabets (par exemple l’alphabet arabe), mémoriser les capitals du monde, ou encore retenir des séquences complexes comme les sourates et leurs versets, le tout de manière ludique. Notre objectif ? Vous permettre de gagner du temps dans vos études, votre vie professionnelle ou simplement pour nourrir votre passion du savoir.

Des articles de fond pour nourrir votre culture générale

En parallèle des techniques de mémorisation, JeRetiens s’est aussi développé comme un média d’explications pédagogiques. Chaque article se veut à la fois précis et illustré d’exemples concrets. Vous pourrez ainsi explorer l’anatomie du cerveau, découvrir pourquoi nous n’avons que peu de souvenirs de la petite enfance, ou comment fonctionne la répétition espacée pour ancrer vos connaissances. Nous abordons également des sujets variés comme la bienséance et le savoir-vivre, l’évolution de certaines coutumes et même des réflexions sur la spiritualité, la littérature et l’étymologie.

Énigmes, quiz et casse-têtes : amusez-vous en apprenant

Pour rendre l’apprentissage plus amusant, nous proposons aussi des énigmes et casse-têtes. Vous y trouverez des défis logiques, des rébus, des devinettes historiques ou littéraires, et bien d’autres jeux qui feront travailler vos méninges tout en enrichissant votre culture générale. De nombreuses énigmes sont accompagnées de solutions explicatives et de pistes mnémotechniques pour progresser.

Une mini-encyclopédie gratuite, en constante évolution

Avec ses centaines de sujets, JeRetiens a évolué pour devenir une véritable base de connaissances en ligne. Notre plateforme est entièrement gratuite et résulte d’un travail collaboratif : chacun peut proposer ses propres trucs mnémotechniques, enrichir des articles existants ou suggérer de nouveaux thèmes à aborder. Au fil des ans, ce sont 17 ans d’articles, de retours de lecteurs et d’astuces testées qui alimentent ce site. Nous croyons que la connaissance doit être partagée librement pour que chacun puisse progresser et s’ouvrir à de nouveaux horizons.

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Au passage, pour en savoir plus sur l’architecture, découvrez cet article ou celui-ci, qui explorent différents styles et techniques de construction.

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Mon travail de titulaire de classe d’adaptation (pédagogie de soutien) m’a amené à concevoir un matériel pour dyslexiques, appelé LES LETTRES ARTICULÉES, à confectionner en carton par le praticien.
Un auxiliaire didactique digne d’être qualifié de simple, pratique, mais surtout efficace. Car son principe de base est de passer d’une lettre à une autre par simple substitution d’élément(s). Rien que ça… Ce qui vous permettra de réaliser des prouesses. Cela, je vous le promets.

Pouvoir passer d’une lettre à une autre par simple substitution d’élément(s), tel est le principe qui a été à la base du présent travail. Sa caractéristique principale aussi. Les graphies retenues prêtent, en effet, – trop souvent hélas ! – à confusion chez bon nombre d’élèves.

Nous avons imaginé un matériel qui invite l’enfant à analyser les lettres, afin qu’il sorte de son syncrétisme et accède sûrement à la maîtrise de la technique de la lecture.

Les résultats atteints nous autorisent à exposer nos réflexions et nos réalisations.

Justification psychopédagogique

La pensée sensorimotrice de l’enfant de 1re année primaire (CP en France) doit inciter les maîtres à dispenser un enseignement aussi concret que possible. Cette évidence même, que tout le monde accepte, est loin cependant d’être toujours respectée, pratiquée au jour le jour dans la classe. À cet état de choses, plusieurs raisons, et notamment l’absence – sur le marché – d’un matériel didactique adéquat.

Les lettres articulées comblent ainsi une lacune. Elles permettent aux jeunes enfants, mais aussi aux autres qui éprouvent des difficultés en lecture, une meilleure approche de cette discipline de base.

Comment utiliser le présent matériel ?

Il faut d’abord remarquer que certaines lettres sont confondues soit visuellement – ce sont les plus nombreuses -, soit auditivement. Inutile de dire que notre préoccupation s’est portée essentiellement sur ces deux groupes.

Passons en revue ces lettres rebelles à plus d’un.

Voyelles

a          o
a          e         o
à          è
i           u
e          é         è

Consonnes

1. confusions visuelles
a) minuscules
b         d
f          t          l
h         ch
(i)        j          l
m        n         (u)
p        q
(u)      v
v        w

b) majuscules
C       G
F        E
M      W
N       Z
O      Q
o        q
P        R

2. confusions auditives
b        p
d        t
g        c
j        ch
v        f
z        s

L’inventaire des difficultés étant terminé, il convient de procéder à des exercices d’identification et de différenciation. Comment ?

Pour les lettres visuellement proches, un travail de construction de la graphie en cause s’impose. Il s’agit, dans un premier temps, de former à partir du modèle la lettre à l’aide des divers éléments constitutifs (jambage plus arrondi par exemple), puis de la comparer avec son prétendu « sosie ». À la rigueur, construire préalablement ce second élément.

Ainsi le plan de l’action précède et prépare celui de la pensée, un des préceptes piagétiens dont il est bon de se rappeler ici pour l’appliquer systématiquement, quotidiennement. Ce travail de différenciation va se dérouler, du reste – pour le maître – selon une conception très simple. Qu’est-ce qu’un b en effet sinon un trait vertical et un arrondi accolés de façon adéquate ? C’est dans cette dernière partie de proposition cependant que réside – pour l’enfant – toute la difficulté. Car un d, un p, un q sont formés à partir des mêmes éléments constitutifs mais disposés chaque fois différemment. (Feu Chassagny, le rééducateur français bien connu, l’avait déjà remarqué. L’expression « croix de Chassagny » désigne d’ailleurs cet assemble apparenté de quatre consonnes.)

Voyons maintenant comment il convient de procéder pour chacune des lettres confondues visuellement.

Remarque préliminaire

à       è                   l’accent du premier ne modifie pas sa prononciation ;
il n’en va pas de même pour le second

e        é        è       le trio sur lequel le rééducateur – mais aussi le maître –
auront à revenir plus d’une fois.

Réalisation

Les différents éléments qui permettent à l’enfant de « jouer » les lettres qu’il confond sont à découper dans du carton et à colorer.

Ne pas craindre de donner à ces éléments des dimensions respectables pour en faciliter la manipulation.

Ici, il convient de passer éventuellement à la page des LETTRES ARTICULÉES.

Notons au passage que le I et le J majuscules n’ont pas de point, contrairement aux minuscules correspondantes i et j.

Pour les confusions auditives, il convient avant tout d’opposer verbalement les phonèmes après les avoir préalablement identifiés. Ce n’est que lorsque ce travail préliminaire sera mené à bonne fin qu’en guise de contrôle l’élève sera invité à placer devant lui les lettres représentant les sourdes et les sonores correspondantes.

Conclusion

Le matériel LES LETTRES ARTICULÉES se compose :

– de lettres types : ce sont les exemples à imiter ;
– des éléments constitutifs de ces lettres dont l’enfant se servira pour construire ces dernières.

Le matériel s’adresse aux élèves de1re année primaire (CP en France), sans oublier les classes pour dyslexiques, de perfectionnement et d’adaptation.

Les lettres articulées représentent pour tous ces élèves en difficulté un cheminement sûr parce que concret et méthodique vers la reconnaissance aisée des lettres qui leur sont rebelles.

C’est peut-être d’ailleurs le moment de rappeler la phrase, la citation célèbre du vieil Anaxagore (philosophe grec présocratique) : « Si l’homme est intelligent, c’est parce qu’il a des mains. » (Nous citons de mémoire.) Cette affirmation – cette vérité devrait-on dire – porte en germe toute la conception piagétienne de l’éducation.

De fait, on ne connaît vraiment bien que ce que l’on a construit. Et cette constatation s’applique tout particulièrement au dyslexique. En effet, un des grands principes de base de toute rééducation est qu’elle soit multisensorielle. Les lettres articulées permettent justement d’approcher cet aspect primordial. Voir, entendre, comparer, rectifier, palper, manipuler, construire : autant d’activités qui rendront la rééducation plus efficace, mais aussi plus attrayante. C’est le vœu, en tout cas, que nous formons pour le plus grand bien de nos petits protégés en présentant ce matériel.

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Les acides qui contiennent de l’oxygène et de l’hydrogène sont appelés oxacides, oxyacides, oxoacides ou encore acides ternaires. Ils sont caractérisés par leur formule générique HxXOy dans laquelle x est un élément chimique autre que l’oxygène (ou le fluor), généralement un métal de transition ou un non-métal fortement oxydé. Plus le rapport entre y et x est important, plus l’acide est fort.

Le nom de ces acides est formé de deux manières:

  1. Le nom du non-métal suivi du suffixe -ate ou -ite adjoint par d’hydrogène. Soit élément non-métal-ate ou -ite d’hydrogène.
  2. Le terme acide, suivi du nom du non-métal, suivi du suffixe -ique ou -eux. Soit  acide non-métal -ique ou -eux.

Exemples: H2SO3 est appelé sulfite d’hydrogène ou acide sulfureux, tandis que H2SO4 sulfate d’hydrogène ou acide sulfurique.

Qu’est-ce qui fait la différence entre -ite et -ate, entre -eux et -ique, donc dans notre exemple quelle est la différence entre le sulfite d’hydrogène et le sulfate d’hydrogène et quelle est la différence entre l’acide sulfureux et l’acide sulfurique ?

Ce qui détermine la terminaison le nom du non-métal (ou métal de transition) et de nombre d’oxydation (ou degré d’oxydation) qui est tout simplement le nombre d’électrons que possède un atome au sein d’un composé.

La nomenclature des acides

De manière très pratique, il y a trois cas possibles:

  1. Il n’y a qu’un seul nombre d’oxydation possible: on utilise le suffixe -ate et l’acide est en -ique.
  2. Deux nombres d’oxydation sont possibles, on utilise les terminaisons en -ite et l’acide est en -eux pour le plus petit nombre et les terminaisons -ate et l’acide est en -ique pour le plus grand nombre.
  3. Quatre nombres d’oxydation sont possibles, on utilise préfixes et suffixes sous la forme suivante, en partant du plus bas au plus élevé:
    1. Hypo- (préfixe) suivi du nom du non-métal et du suffixe -ite et adjoint à d’hydrogène. L’acide composé par le préfixe hypo-, le nom du non-métal, et le suffixe en -eux.
    2. Nom du non-métal suivi du suffixe -ite adjoint à d’hydrogène. L’acide est composé par le nom du non-métal, et le suffixe en -eux.
    3. Nom du non-métal suivi du suffixe -ate adjoint à d’hydrogène. L’acide est composé par le nom du non-métal, et le suffixe en -ique.
    4. Per- (préfixe) suivi du non-métal puis du suffixe -ate et adjoint à d’hydrogène. L’acide est composé par le préfixe per-, le nom du non-métal, et le suffixe -ique.

Ces règles de nomenclature sont à apprendre et sont invariables.  Illustrons par un exemple les trois cas possibles (et les quatre possibilités du troisième cas).

Exemples expliqués de nomenclature des acides

Formule Nomenclature en -ite et en -ate Nomenclature en -eux et en -ique Commentaires
HClO hypochlorite d’hydrogène acide hypochloreux Quatre nombre d’oxydation sont possibles pour la formule HClO, la première appellation est donc composée du préfixe hypo-
HClO2 chlorite d’hydrogène acide chloreux
HClO3 chlorate d’hydrogène acide chlorique
HClO4 perchlorate d’hydrogène acide perchlorique
HIO hypoiodite d’hydrogène acide hypoiodeux
HIO3 iodate d’hydrogène acide iodique
HIO4 periodate d’hydrogène acide periodique
H2SO3 sulfite d’hydrogène acide sulfureux Le nombre d’oxydation de H2SO3 est plus faible que celui de H2SO4 donc la deuxième règle de nomenclature est appliquée: H2SO3 prend le suffixe -ite (sulfite) et son acide le suffixe -eux (sulfureux)
H2SO4 sulfate d’hydrogène acide sulfurique Tandis que puisque le nombre d’oxydation de H2SO4 est plus élevé que H2SO3, la dénomination prend le suffixe -ate (sulfate) et son acide le suffixe -ique (sulfurique)
NHO2 nitrite d’hydrogène acide nitreux
NHO3 nitrate d’hydrogène acide nitrique

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Un manoir, ou un manoir fortifié, est une maison de campagne qui était historiquement le centre administratif d’un tribunal, la plus petite unité territoriale organisée du système féodal.
La principale différence entre le manoir et le château réside dans le fait que le premier est plus petit à l’intérieur et possède des fortifications moins importantes; voire inexistantes.
Cependant, le terme de manoir est parfois aussi appliqué aux maisons de campagne de la noblesse, notamment en tant que terme technique pour les maisons mineures d’origine médiévale tardive. Dans cet usage, le synonyme de aussi appelé gentilhommière (demeure d’un gentil, soit d’un noble de naissance) est préféré.
Celles-ci ont été fortifiées et ont été restructurées au cours des siècles suivants selon différents styles. Avec le temps, elles sont devenues le symbole de la richesse et du statut d’une famille, plutôt qu’un système de défense.

Différences architecturales de base entre manoir et château

En général, le manoir était la demeure d’un seigneur féodal, et si le seigneur était propriétaire de plusieurs manoirs, il ne l’habitait qu’occasionnellement. Parfois, un administrateur ou un sénéchal était nommé pour contrôler et gérer les biens de l’État. L’administration ordinaire était déléguée à un huissier ou à un préfet.

Bien qu’ils ne soient pas toujours dotés de puissantes fortifications, comme un château, de nombreux manoirs sont fortifiés au moins en partie : ils sont enfermés dans des murs ou entourés d’un fossé surmonté d’un pont-levis. À proximité ou à l’intérieur du manoir, était souvent construite une ferme, des entrepôts et d’autres bâtiments qui avaient besoin d’entretien (comme des écuries, etc.). Pour se défendre contre d’éventuels voleurs et pilleurs, les manoirs étaient équipés de petits portails et de tours. Cependant, ils n’étaient pas équipés de grandes tours ou de hautes façades pouvant résister à un siège. La principale caractéristique du manoir était sa grande salle, à laquelle des appartements ont été annexés après la disparition des guerres féodales (ce qui a permis une vie familiale plus paisible dans le bâtiment).

Comprendre les manoirs : évolution du rôle des demeures entre le XIIIème et le XVIème siècle

En France, les termes château ou manoir sont souvent utilisés comme synonymes pour décrire un manoir. Nous pouvons être plus précis.

Une Maison-forte est un manoir fortement fortifié, qui apparaît à la fin du XIIIème siècle, qui peut comprendre deux ensembles de murs d’enceinte, des ponts-levis, et une salle du rez-de-chaussée ou salle basse qui servait à recevoir les paysans et les roturiers. La salle basse était également le lieu du manoir, le siège de l’intendant ou du seigneur étant souvent marqué par la présence d’une crédence de justice ou armoire murale (étagères encastrées dans les murs de pierre pour contenir les documents et livres liés à l’administration de la crédence ou du droit de justice).
La salle haute était réservée au seigneur. Il y recevait ses hôtes de haut rang. Cette salle haute était souvent accessible par un escalier extérieur en colimaçon. Elle était généralement « ouverte » jusqu’aux fermes du toit, comme dans les maisons anglaises similaires. Cette salle plus grande et plus finement décorée était généralement située au-dessus de la salle du rez-de-chaussée. Les appartements privés du seigneur et de sa famille étaient souvent situés à l’extérieur de la salle du premier étage. Elles avaient invariablement leur propre cheminée (avec des pièces finement décorées) et au moins une latrine.

En plus des salles inférieures et supérieures, de nombreux manoirs français possédaient également des portes partiellement fortifiées, des tours de guet et des murs d’enceinte percés de meurtrières pour une protection supplémentaire. Certains grands manoirs du XVIème siècle, comme le château de Kerjean dans le Finistère, en Bretagne, étaient même équipés de fossés et d’avant-corps comprenant des plates-formes pour les canons. Ces dispositifs défensifs permettaient aux maisons-fortes et aux manoirs ruraux d’être à l’abri d’une attaque par une bande armée (le brigandage était fréquent durant la guerre de Cent Ans et aussi pendant les guerres de religion). Les manoirs étaient généralement assez bien protégés pour résister aux attaques de maraudeurs occasionnels, mais il leur était difficile de résister à un siège entrepris par une armée régulière équipée d’engins de siège.

Quelle est la différence entre un château et un manoir ?
La forteresse du Château de Kerjean en Bretagne a été érigée à la place de l’ancien manoir familial.

À partir du début du XVIème siècle, les manoirs et les petits châteaux ont commencé à acquérir les caractéristiques et le confort des résidences de campagne de la noblesse. Ces transformations de la fin du XVIème siècle ont donné lieu à la naissance de petits châteaux Renaissance en France, plus précisément de la période dite du Maniérisme, et de la maison de campagne de style élisabéthain et jacobite en Angleterre.

Conclusion sur la différence entre manoir et château

Quelle différence y a-t-il entre un château et un manoir ?

Au Moyen-Âge, le manoir était l’organisation territoriale la plus élémentaire du système féodal en Europe occidentale. Le Seigneur du Manoir était investi d’un pouvoir juridique et économique et tirait sa subsistance – et son pouvoir – des biens qu’il possédait et des contributions obligatoires imposées par la loi à la population paysanne sous sa juridiction. Ces contributions sont appelées les corvées et étaient payées soit en effectuant des travaux gratuits, soit en donnant des biens, soit, plus rarement, en offrant de l’argent.

Techniquement, le manoir était la maison du seigneur du manoir et le centre administratif du manoir. Cependant, le terme manoir a également été étendu pour désigner une grande et noble maison appartenant à des familles de la petite noblesse à la fin du Moyen Âge. Bien que leur maison ait souvent été fortifiée, elle avait surtout pour fonction d’afficher la puissance et l’importance de la famille, plutôt que de défendre contre les intrus.

Le terme de manoir est parfois appliqué aux maisons de campagne qui appartenaient à des familles de la noblesse, même si elles n’ont jamais été les centres administratifs d’un manoir. Le terme est surtout utilisé pour les petites maisons de campagne fortifiées de la fin du Moyen Âge dont les fortifications ont été construites plus pour l’aspect architectural que pour la défense.

Aujourd’hui, une des principales différences entre manoir et château, dans la réalité immobilière, est que le château est toujours vendu avec ses terres attenantes (ou en possède toujours) tandis que le manoir n’est pas systématiquement adossé à des terres.

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La cloche en tant qu’instrument de communication de masse

Communiquer est une démarche active, orientée vers un public, avec une finalité précise. La communication sonore est un ensemble de sons organisés, produit volontairement, ayant un sens pour le ou les destinataires et qui peut induire un acte chez l’auditeur.

A travers le temps et les civilisations, les moyens utilisés pour produire et transmettre simultanément cette information à un ensemble d’individus plus ou moins dispersés géographiquement ont été particulièrement divers : cri, sifflet, phonolithe, trompe, cor, tambour…
Depuis le début de notre ère jusqu’à une époque récente, la cloche a été, en Occident, un instrument privilégié de « communication de masse » du fait de la portée étendue de sa « voix ».

Les Romains l’utilisaient pour annoncer l’ouverture et la fermeture des marchés ou des bains. Strabon narre la mésaventure d’un poète qui, ayant commencé à déclamer ses vers, vit toute l’assemblée partir lorsque la cloche annonçant l’arrivée de la marée eut sonné (Pratique attestée également par Plutarque). De plus petites cloches étaient utilisées aussi pour annoncer l’arrivée d’un hôte à l’entrée des maisons. L’usage s’en est donc répandu en Gaule au fur et à mesure de l’implantation des cités construites par les Romains. De même, le développement de la chrétienté au gré des déplacements des moines évangélisateurs a conduit à la multiplication des monastères, puis à la construction des « maisons d’église » dans les bourgs et villages, avec un besoin d’instrument sonore de convocation des fidèles. D’abord suspendue aux branches d’arbre, la cloche trouve abri dans un édifice distinct qui progressivement sera intégré à l’édifice religieux proprement dit. Certains auteurs disent que les villages et leur église ont été implantés « à portée de cloche » de façon à transmettre des messages sonores de village en village (notamment pour alerter la population en cas d’invasion). De même, pour que la cloche puisse jouer pleinement son rôle de communication à distance, les clochers se sont élevés de plus en plus haut et les cloches ont été de plus en plus grosses. Enfin, dans les villes où les édifices religieux et civils étaient nombreux, on prenait soin de mettre en place des cloches de sonorités différentes pour que la population puisse distinguer aisément l’origine de la sonnerie et du « message ».

Le son produit par la cloche a donc été utilisé au fil des siècles pour différentes fonctions de communication : fonction d’ alerte, fonction d’information, marquage sonore du calendrier, instrument d’appel civil ou religieux, instrument de localisation, etc. Elle fait partie du « paysage sonore » en se distinguant d’autres productions, volontaires ou non, de sons.
Le « message » transmis par la sonnerie de cloche s’appuie sur trois composantes :

  • la sonorité de la cloche (dans la mesure où un édifice peut contenir plusieurs cloches ayant leur sonorité propre ou encore lorsqu’il y a plusieurs édifices contenant des cloches de sonorités différentes),
  • la modalité et le rythme de frappe sur celle-ci (volée, tintement, durée, nombre de coups, etc.),
  • le nombre de cloches mises en œuvre simultanément ou successivement…

Les combinaisons possibles autorisent donc un nombre assez grand de « messages ».

Pour qu’il y ait communication, il faut réunir plusieurs conditions : il faut un message, un émetteur, un canal de transfert et un récepteur. Le « schéma canonique de la communication » proposé par Abraham Moles a le mérite de prendre en compte, outre les éléments physiques de la communication, le « codage et le décodage sémantique ». Il introduit les notions de « champs sémantiques » et de « coïncidence des répertoires ». C’est la séquence sonore « codée » qui va être porteuse de signification pour l’auditoire. Il est évident que pour qu’un son devienne “signe” et soit compris du destinataire, si simple que soit le message, il est nécessaire qu’émetteur et récepteur accordent la même signification au signe ou à l’ensemble de signes transmis. Afin que l’auditeur puisse interpréter la signification de la production sonore porteuse de l’information qui lui est destinée et agisse en conséquence, il convient que la séquence sonore suive une convention (coutumière ou réglementée) partagée par une même communauté – le langage – même s’il est réduit à un code binaire de type “est produit » / « n’est pas produit”.

Les « règlements de sonnerie » établis par les évêques précisaient dans le détail l’usage des différentes cloches en fonction des différents types de cérémonies ou d’événements. Ces règlements ont été simplifiés dès le milieu du XVIIIe s. Il convient de noter à ce propos le privilège qu’ont les cloches de cathédrale après le « silence des cloches » précédant Pâques : les cloches d’aucune église ou chapelle ne doivent sonner avant que les cloches de la cathédrale n’aient donné le signal de la reprise de la sonnerie lors du Gloria de la messe de Pâques !

Les sonneries régulières

La cloche a servi pendant de nombreux siècles et sert encore actuellement de moyen d’information de masse en exerçant une fonction d’expression de la mesure du temps. Il s’agit d’une fonction « passive » : celle des faits habituels.

Il est minuit ! (Le temps civil)

La sonnerie horaire

Si l’on prend l’exemple de la société médiévale en Europe (il n’y a guère que quelques siècles !) celle-ci ne disposait, pour mesurer le temps, que d’instruments – clepsydres, sabliers, cadrans solaires, …- en nombre limité ou dépendant de l’état du ciel. Seuls des privilégiés ou des organismes représentatifs d’une collectivité pouvaient se procurer les instruments les plus sophistiqués. C’est pourquoi, les renseignements fournis par ceux-ci étaient diffusés largement, car toutes les activités quotidiennes devaient être rythmées : ouverture et fermeture des portes de la ville, des marchés, des bains… , transmission de l’heure civile, de l’heure des offices religieux, de l’heure du travail… Il fallait pouvoir annoncer l’heure à tous.

La cloche constitua alors un progrès important car elle permit de transmettre un message instantanément et à un ensemble de personnes dispersées. Dans le cas d’une information courte et précise (heure, par exemple), un simple signe sonore, en effet, peut suffire. La communication auditive de l’heure a précédé la communication visuelle, ce qui se conçoit aisément compte tenu de l’analphabétisme ambiant et de l’importance de la population paysanne travaillant dans les champs, donnant ainsi naissance au temps des “carillonneurs”.

Les sonneries horaires, en Occident, furent rendues obligatoires lors du Concile de 801 d’Aix-la-Chapelle. Ces sonneries revêtirent progressivement un caractère politique, juridique et institutionnel en intervenant aussi bien dans la réglementation urbaine (couvre-feu, par exemple) que dans celle du travail. Cette multiplication des cloches (cloche de guet, cloche du Conseil, cloche du marché, cloche du travail…) fit que la population fut confrontée pendant une certaine période à deux signalisations du temps différentes.

L’invention de l’horloge mécanique à poids moteur (et son célèbre tic-tac) à la fin du XIIIème siècle, a permis non seulement le passage de l’heure antique à l’heure moderne, mais aussi d’une division ecclésiastique du temps à une division laïque du temps. « Pour pouvoir se rendre maître du temps, il faut pouvoir l’annoncer ». (René Salles : si le temps m’était compté…). C’est à cette époque de transition technique qu’apparurent les premiers jaquemarts.

Ce fut Charles V qui, vers l’an 1370, régla, le premier en France, la sonnerie horaire des horloges monumentales ; mais l’usage de la cloche comme instrument sonore indicateur de l’heure se retrouve à travers toute l’Europe. La vie quotidienne était rythmée par cette sonnerie. C’était un point de repère pour tous.

Beaucoup de cloches ont été faites spécialement pour servir de timbres à l’horloge publique. La sonnerie de l’horloge indique, par tintement, l’heure, les quarts et les demis. Le nombre de coups indique l’heure qu’il est. Le choix de la tonalité de la cloche, quand il y a plusieurs cloches associées à l’horloge, permet de distinguer le décompte de l’heure et ses subdivisions.

Ce marquage du temps avait son importance pour rythmer le travail des paysans comme on le verra plus loin ; de même pour le service des malades où bien souvent les heures fixes sont de rigueur pour leur donner des aliments.

Couvre-feu

En Chine, de nombreuses villes étaient équipées d’une tour de la cloche et d’une tour du tambour pour indiquer à la population l’heure d’ouverture et de fermeture des portes de la ville (qui étaient toutes plus ou moins encloses ou fortifiées). On connaît plusieurs exemples en France de « cloches des portes » dédiées depuis le Moyen Age à l’annonce de l’ouverture et de la fermeture des « portes de la ville ».

A la fin du IXème siècle, Alfred le Grand ordonne que les cloches d’église sonnent chaque soir à huit heures pour inviter la population à « couvrir le feu » et à se coucher.

En 1065, le concile de Lisieux précise que le son de la cloche, à la tombée de la nuit, doit signaler la retraite et la prière. Toujours au XIème siècle, on dit que Guillaume le Conquérant ne permettait ni feu, ni lumière après 8 heures du soir. Cet usage si simple est difficile à définir. Il consiste en une sonnerie à la volée d’assez longue durée faisant intervenir une cloche spécialement réservée à cet effet. Ainsi, Guillaume le Conquérant avait institué à Saint-Lô un couvre-feu constitué de trente coups sur le bourdon. On appelait aussi cette sonnerie le ratire-coquins. À la cathédrale de Troyes, l’une des cloches est dite du couvre-feu depuis le XVIe siècle. Il en est de même à la cathédrale de Périgueux ou à celle de Quimper. A la cathédrale de Strasbourg, l’une des onze cloches qu’elle abrite est appelée Zenerglocke (cloche des dix heures ») ; elle sonne depuis le XIIIème siècle. Elle est aussi surnommée par certains cloche des juifs car elle signalait aux juifs jusqu’à la Révolution l’heure de quitter la ville, ceux-ci n’étant pas autorisés à dormir intra-muros depuis le pogrome de 1349. A Neuwiller-lès-Saverne, c’est le bourdon de 1431, appelé Bürgerglocke (cloche citoyenne) qui sonne chaque soir à 22h. A Fouchères, c’est la plus grosse. Dès qu’en tintait le premier coup, les autres églises reprenaient en chœur la sonnerie et l’on fermait les portes de la ville (Dans d’autres villes, on mettait des chaînes dans les rues).

L’annonce du soir était quasi généralisée dans les bourgs jusqu’au XVIIIème siècle. Elle est parfois appelée le Salve. Le Salve Regina justifie son appellation car il indique l’antienne qui termine ordinairement l’office et la journée des moines, tenus ensuite d’observer le silence qui prépare au repos de la nuit. Le « salve » permet de supposer une origine monastique à cette coutume. Dans le peuple, le couvre-feu possède un nom charmant qui se passe de commentaire : le « bonsoir ».

Sous les coups martelés de la cloche, le couvre-feu apporte un terme à toutes les activités de la journée. Les commerçants doivent fermer leur boutique, les habitants doivent fermer leurs portes et ne plus paraître dans les rues. Le couvre-feu est essentiellement une coutume sociale établie dans l’intérêt de chacun et pour le bien de tous. Dans la mesure du possible, il contribue à limiter les incendies (souvent redoutables à l’époque où beaucoup de maisons étaient en bois et se touchaient les unes les autres); il tend à réduire les accidents de la route nombreux pendant les mois d’hiver, les chemins étant peu praticables. La fréquence des accidents affectant les voyageurs justifie en effet la sonnerie prolongée des cloches, de façon à guider le voyageur attardé.

Dans la plupart des villes bretonnes, il a existé jusqu’à une époque récente des cloches municipales qui sonnaient l’heure de fermeture des cabarets. On l’appelait Noguette à Saint-Malo et à Dinan. Les Brestois disaient : « C’est Marie-Jeanne qui nous appelle ». Cette sonnerie nocturne a parfois été baptisée dans certains villages la cloche des cochons. Dans le canton de Guéméné-sur-Scorff, tous les dimanches, à dix heures du soir, les cloches des églises sonnaient cette sorte de couvre-feu à la seule adresse de ceux qui, ayant fait une visite un peu trop prolongée au cabaretier, risquaient de se voir dresser procès-verbal pour ivresse par les gendarmes ou le garde champêtre. A Lesneven, la cloche sonne à 21h45. A Ribeauvillé (Haut-Rhin) dans la Tour des Bouchers, il existe encore une cloche de 1626 (la S’Lumpaglocke) qui servait autrefois à sonner le couvre-feu et à signaler la fermeture des débits de boisson.

On ne sonne plus le couvre-feu dans la plupart des villes européennes depuis la fin du XIXème siècle sauf peut-être encore dans quelques villes où il subsiste des cloches dédiées à cet usage (telles que, en France, Neuwiller-lès-Saverne, Pont-Audemer, Strasbourg , …).

Le temps du travail

En zone rurale, la sonnerie des cloches a réglé depuis fort longtemps le rythme de travail des paysans dans les champs. A l’aurore, la cloche sonne le moment du lever, à midi celui de dételer et le son du couvre-feu annonçait la fin de la journée de travail. Certaines sonneries vont intervenir, en effet, en réglementation du travail pour divers métiers, c’est-à-dire dans l’organisation de la vie professionnelle (début et cessation d’activité). En général, le “ signal ” est constitué d’une simple volée sur une cloche dédiée.

Des textes y font allusion dès 1322. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, à Auxerre, par exemple, on utilisait la sonnerie pour régler le travail des vignerons et des laboureurs employés à la journée. « C’était la plus grosse cloche de la cathédrale qui était affectée à ce rôle : le matin pour éveiller les vignerons et les appeler au travail, à midi pour leur indiquer l’heure du repas et le soir pour les inviter à rentrer à leur logis ». L’heure de ces sonneries variait selon les mois de l’année (A cinq heures, en novembre, décembre et janvier, à quatre heures et demie, en février, etc.). Un premier règlement avait été édicté le 1er avril 1393 à la suite d’une lettre-patente du roi Charles VI. Il est vrai que les relations entre les laboureurs ou les vignerons d’un côté et les ecclésiastiques, les bourgeois et les nobles de l’autre côté, étaient souvent tendues en ce qui concernait le temps effectif de travail ! On retrouve de telles réglementations dans le Berry.

Cette fonction liée à l’indication du temps se retrouve également dans d’autres domaines : dans la marine, à bord des bateaux, on a, depuis longtemps, employé des cloches pour régler les horaires de l’équipage.

On utilise la cloche aussi pour certaines activités commerciales. Dans le clocher de la cathédrale de Strasbourg, mais aussi dans celui de la collégiale de Colmar, une cloche est dédiée à la foire (Messglocke). Dans certains halls de vente, la cloche annonce l’ouverture des transactions. A Paris, un café a encore pour enseigne « La cloche des Halles » témoin de l’importance qu’avait la cloche pour annoncer l’ouverture du marché à l’époque où les halles étaient encore au centre de Paris. La cathédrale de Beauvais abrite, depuis 1349, la Poissarde ou la cloche à poisson : elle indiquait l’heure d’ouverture et de fermeture du marché aux poissons. A Saint-Pol-sur-Mer, on peut lire dans un journal local du 26 mai 1942 : « la municipalité a décidé, en accord avec le clergé, que les arrivages de poisson seraient annoncés par une sonnerie des cloches. La voix d’airain remplaçant le tambour du garde champêtre a été comprise de tous et quelques minutes plus tard, de nombreuses ménagères, groupées autour des étals des marchands de poisson…« .

Nombre d’usines, au XIXème et courant XXème siècle ont utilisé une cloche pour rythmer les horaires de travail. On peut encore voir dans le hall de la mairie de Fraize (Vosges) la cloche qui appelait les ouvriers de l’ancienne filature. Une cloche figure comme marque déposée de l’entreprise textile DMC pour rappeler cette fonction d’appel de la cloche dans l’usine de cette société. Autre exemple : la cloche de l’ancien four à chaux d’Erbray (Loire Atlantique).

Jusqu’à une date récente, à l’intérieur du Palais Brongniart (la Bourse), le début de séance du marché traditionnel et sa clôture étaient annoncés par le son d’une cloche située dans la salle comportant la fameuse corbeille. A noter aussi la clochette que le président du bureau de vote agite au moment de la fermeture du scrutin. Plus généralement, dans la plupart des établissements scolaires, les débuts et fins de cours sont signalés par une sonnerie (sonnerie de cloches autrefois ou sonnette électrique maintenant).

C’est l’heure de prier Marie (l’angélus)

Le synode de Roussillon tenu en 1027 institue une sonnerie du soir annonçant la Trève du Seigneur ou Paix de Dieu, mais la pratique ne se répandit que vers 1040. En 1095, au concile de Clermont, le Pape Urbain II institue la sonnerie de l’angélus chaque jour, à la tombée de la nuit, pour appeler le peuple à la prière. C’est surtout au XIIIème siècle que se répand la pratique des trois Ave Maria. On dit que saint Antoine de Padoue (1195-1231) la recommandait vivement. Réciter ces trois Ave, le soir après complies, en méditant sur le mystère de l’Incarnation : c’est ce qu’aurait proposé saint Bonaventure lors d’un chapitre de l’ordre des Frères mineurs, en 1269. La prière du midi fut ajoutée par le pape Grégoire IX en 1225. La pratique de la « sonnerie du pardon » peu avant celle du couvre-feu se développe sous l’impulsion du Pape Jean XXII qui rédige en 1318 la prière de l’Angélus que l’on connaît encore de nos jours.

En 1456, le Pape Calixte III recommande de sonner trois fois par jour, perpétuant définitivement la coutume. Louis XI, dont la dévotion à Marie était grande, ordonna dans tout le royaume « qu’on s’agenouillât au son de midi pour réciter un Ave Maria en plus des sonneries traditionnelles du matin et du soir » (en 1472 ou 1475 selon les auteurs). Il existe encore plusieurs cloches en France qui n’ont cessé de sonner l’angélus quotidiennement depuis cette date.

Dans les cathédrales, l’une des nombreuses cloches qu’abritaient leurs clochers était souvent dédiée à la sonnerie de l’angélus et portait le nom de « cloche de l’Angélus » (Saint-Lô, Strasbourg…).

Encore actuellement, dans beaucoup d’églises paroissiales, la sonnerie de l’angélus a lieu trois fois par jour à 7h, 12h et 18h (mais les heures du matin et du soir peuvent varier d’une paroisse à l’autre ou selon les saisons) ; dans certains cas la sonnerie du matin n’existe plus pour préserver le sommeil des riverains ; dans quelques cas la pratique est réduite à la sonnerie de midi.

Lorsque la cloche correspondante existe dans le clocher, on utilise de préférence le La. La pratique courante est la suivante : 3 tintements suivis d’une volée (1 cloche). Le tintement peut avoir lieu sur une cloche moyenne et la volée sur une plus petite cloche (cas de l’église de Saint-Cloud).
On connaît quelques variantes dans certains villages : volée de 2 cloches, silence, volée de 2 cloches, tintement 3 coups, volée de 2 cloches (un village du Lauragais) ; à Espinas (Tarn-et-Garonne), on sonne une volée d’une dizaine de minutes entrecoupée à mi-temps par trois fois trois coups. A Saint-Vaast-sur-Seulles (Calvados), encore en 2001, on sonnait la petite cloche, puis la moyenne et la grosse : trois coups chacune et ensuite la moyenne cloche pendant environ quatre minutes, ou la grosse le week-end. A Montfermier (Tarn-et-Garonne), le sonneur commence par mettre en volée la petite cloche, fait ensuite trois coups avec l’autre corde reliée au battant, et met en volée la grosse cloche en tirant une quinzaine de fois.

C’est l’heure de l’office

La pratique d’utiliser des cloches fut d’abord mise en œuvre dans les monastères. Grégoire de Tours dans le De virtutibus sancti Martinis parle déjà de la corde qui servait à agiter le signum. La Régle de saint Benoît (VIème siècle) indique la nécessité d’annoncer les offices par un signal sonore, en général la cloche pour la majorité des communautés qui s’établiront au cours des siècles suivants. Puis l’usage se propagea dans les églises paroissiales à partir du IXème siècle.

Il y a au minimum sept sonneries quotidiennes (hormis la période silencieuse du Jeudi Saint après le Gloria au Dimanche de Pâques). A cela s’ajoutent l’annonce de la ou des messe(s) dominicale(s) et les appels aux cérémonies religieuses liées aux événements de la vie (baptême, mariage, décès) ou aux fêtes patronales lorsque l’église du monastère sert aussi d’église paroissiale.

Dans les monastères :

  • Chez les Cisterciens : on utilise des cloches différentes selon l’événement signalé : 2 cloches dans le clocher pour sonner prime, tierce, sexte, none et complies, 1 cloche dédiée à l’horloge, 1 cloche dédiée au réfectoire, 1 cloche à proximité du dortoir
  • Chez les Bénédictins (St-Benoît-sur-Loire) : on utilise quatre cloches de volée et une cloche fixe pour l’horloge. La pratique est la suivante :
    • En semaine :
      8h : laudes et angélus :volée
      11h45 : annonce de la messe : volée
      12h : angélus et début de la messe : volée
      14h30 : none : tintement (quelques coups)
      18h : annonce des vêpres : volée
      18h20 : vêpres :tintement : les “ cent coups ” (en réalité limité à 25 coups)
      21 h : vigiles et angélus (volée)
    • Dimanche :
      10h40 : annonce de la messe : volée
      11 h : début de la messe : tintement
      12h : angélus : volée
      15h : none : tintement
    • Volée exceptionnelle au moment du Gloria lors de la première messe de Noël et du dimanche pascal.
    • Le nombre de cloches mises en volée varie selon le degré de solennité :
      Jours ordinaires : 1 cloche (La)
      Fêtes mineures et les octaves : 2 cloches (Sol, La)
      Fêtes majeures et dimanches : 2 cloches (Fa, La)
      Solennités mineures : 3 cloches (Fa, Sol, La)
      Solennités majeures (“ Grandes fêtes ”) : 4 cloches (Plenum)

On trouve trace des origines monastiques de certaines cathédrales qui abrite au sein de leur ensemble campanaire une cloche de la Prime (cathédrale de Bourges, de Metz…).

Dans les églises paroissiales

La pratique la plus courante actuellement est la suivante : volée d’une ou deux cloches un quart d’heure avant l’office. Mais jusqu’à une époque récente, certaines paroisses avaient des pratiques de sonnerie spécifiques : volée de deux cloches une heure avant l’office, puis un quart d’heure avant ; trois coups simples au début de l’office (à Espinas, Tarn-et-Garonne). A Villecomtat, à 10h30 grosse cloche en volée lente ; à 10h45, volée à deux cloches ; peu avant la messe : volée à trois cloches terminée par deux coups forts et rapprochés. Le début de l’office était marqué par un tintement de quinze coups sur la petite cloche. On trouve une sonnerie en quatre temps à Montfermier, un autre village du Tarn-et-Garonne : volée sur la petite cloche une heure avant la messe, deuxième volée sur la grosse une demi-heure avant, mise en volée des deux cloches un quart d’heure avant et trois coups tintés avec le battant de la petite cloche au commencement de l’office (« histoire de faire rentrer ceux qui discutent devant la porte » commente le sonneur).

Le jour des grandes fêtes chrétiennes (Noël, Pâques, Pentecôte, Assomption, Toussaint), l’Église catholique a l’habitude de célébrer avec fastes ces moments en faisant retentir l’ensemble des cloches de l’édifice (grande volée ou « plenum »). Dans beaucoup de paroisses, jusqu’au milieu de notre siècle, on « carillonnait » aussi la veille des fêtes solennelles.

L’annonce de Noël dans le sud de la France

A partir du 14 ou 17 décembre, au moment des vêpres à 17h, jusqu’au 23 décembre, on sonne les cloches à grande volée (ou on joue un petit air de carillon différent tous les jours, si l’ensemble campanaire est équipé d’un clavier). Le Nadalet (appelé aussi Aubette, Tempolas, calendes de Noël, carillon de l’Avent…selon les « pays ») est une pratique ancienne actuellement remise au goût du jour par de nombreux carillonneurs du Midi de la France, mais aussi « importée » maintenant dans des villes plus au nord.

Voici quelques pratiques relevées ces dernières années : en Vendée, on carillonnait tous les soirs d’Avent pour annoncer Noël ; en Haute-Garonne, on sonne sur quatre cloches, chaque soir, quinze jours avant Noël; à Barre (Tarn), on pratique une sonnerie différenciée du 18 au 24 décembre.

Le Mardi gras

Peu avant minuit, il arrivait dans certaines régions que l’on sonne brièvement les cloches pour annoncer que bientôt va commencer le début du Carême, temps de pénitence. Cette coutume a disparu.

La Toussaint

Autrefois, les « sonneries de Toussaint » étaient spécifiques à ce jour. Par exemple, à Englancourt (Oise), jusque vers les années 1990, le soir de la Toussaint, les cloches sonnaient pendant une heure. Dans le pays de Bray, la coutume voulait que les cloches sonnent immédiatement après les vêpres jusqu’à la nuit. A Cuy, on sonnait la nuit entière (comme en témoigne un compte de fabrique de 1608 mentionné par Dergny).

A l’intérieur de l’église

Certaines églises ont encore une « cloche de sacristie » ou une « cloche de chœur » qui est tintée lors de l’arrivée dans le chœur de l’officiant ou au moment de l’Élévation. Bien que l’usage se perde, notamment en France, on peut encore voir dans certaines paroisses les enfants de chœur agiter la sonnette de messe ou « sonnette liturgique » (composée de trois ou quatre clochettes) pour attirer l’attention des fidèles aux moments importants de la messe.

Dans certaines régions de France, il a existé pendant longtemps des « rouets liturgiques » (ou « roue-carillon ») qui jouaient un rôle similaire à celui de la sonnette de messe.

Les sonneries de circonstance

Alerte ! Au feu ! (Le tocsin)

Dès l’origine de l’homme, celui-ci a été dans la nécessité de communiquer avec ses semblables pour l’alerter de menaces externes : arrivée d’ennemis ou approche d’animaux dangereux, propagation d’incendies, formation d’orages ou d’inondation… Il s’agit dans ce cas d’avertir les membres de la communauté le plus rapidement possible, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, afin qu’ils prennent des dispositions pour se protéger, pour protéger leurs biens ou pour fuir le danger.

L’incendie a été pendant longtemps et demeure encore aujourd’hui la principale menace de destruction des biens. Un incendie sera toujours combattu avec d’autant plus de succès que l’on sera plus tôt prévenu de sa naissance. Les personnes chargées de secourir seront, donc, d’autant plus efficaces qu’elles seront alertées plus vite. Déjà, à Rome, les grandes maisons avaient un guetteur qui sonnait la cloche d’alarme dès qu’un feu se déclarait : on criait dans les rues : “A l’eau ! à l’eau !”.

Au Moyen Age, le guetteur disposait d’une cloche qu’il mettait en branle ou qu’il frappait selon un code convenu : le « tocsin ». A la cathédrale St-Pierre de Lisieux, la cloche dédiée à l’alarme était dénommée vulgairement l’Echauguette (« guet » et par extension éveil, surveillance). Dans nombre d’édifices, cet appel au feu était sonné par une cloche spéciale, beaucoup plus évasée que les autres et d’une sonorité nettement discordante (appelée “braillard”). Il en subsiste encore quelques spécimens. En 1536, rapporte Dergny, le cardinal de Lorraine donna au monastère de Fécamp une cloche dite cloche du feu. Certaines cathédrales ont encore une cloche d’alerte abritée dans un campanile ou à proximité de la tour du guet (Saint-Omer, Narbonne; celle de Lisieux avait été offerte en 1285); l’alerte était parfois sonnée avec un marteau distinct sur la « cloche de répétition » (cloche qui servait à répéter l’heure à la cathédrale de Strasbourg).

De telles cloches subsistent dans certains édifices. Il y a encore une cloche spécifique pour le tocsin au sein de la Tour de la Mutte de la cathédrale de Metz. A Ribeauvillé (Haut-Rhin), dans la Tour des Bouchers existe encore une cloche de 1468, dénommée Ratsglocke et Brennglocke qui appelait autrefois les membres du conseil de la ville à se réunir mais aussi à sonner le tocsin en cas d’incendie ou d’attaque. A la cathédrale de Quimper la Cloc’h An Comun est utilisée à la fois pour sonner le tocsin et le couvre-feu.

Dans d’autres cas, notamment lorsque la ville était étendue et qu’il fallait qu’il soit entendu le plus loin possible, le tocsin était sonné sur la plus grosse cloche de l’ensemble campanaire abrité par l’édifice principal (cathédrales de Perpignan, de Narbonne, de Saint-Lô, etc.).

Le tocsin est sonné à coups pressés : environ 60 coups par minute (c’est le rythme qui est retenu en cas de commande électrifiée). Dans certaines localités, après la première volée du tocsin, le nombre de coups de cloche qui suit correspond à la direction du sinistre et permet d’orienter les volontaires munis de seaux d’eau qui viennent prêter main forte aux sapeurs-pompiers. Dans certaines villes, la nuit, le sonneur de feu plaçait une lampe à huile sous les abat-son du clocher de façon à indiquer la direction. On criait partout : “Au feu ! Au feu !”

Le tocsin demeure largement utilisé dans les zones rurales jusqu’au milieu du XXème siècle période à laquelle l’usage de la cloche est remplacé par celui de la sirène municipale. Le tocsin était cependant encore pratiqué avant 1940 à Trégon (Côte d’Armor) et jusqu’en 1960 à St-Maurice-sur-Eygues (Drôme) ou encore à Chemaze (Mayenne), mais ces cas restent des exceptions. A Montfermier (Tarn-et-Garonne), le tocsin est sonné avec le battant de la petite cloche, à raison d’une vingtaine de coups rapides et très rythmés, mais il n’est plus sonné pour un feu. En ville, cela s’avère insuffisant et dès le XIXème siècle des recommandations ont été émises pour installer des mécanismes destinés à donner l’alarme sur les lieux mêmes où sont stationnés les pompiers.

Cette perte de coutume, et donc du message, a d’ailleurs posé un problème, récemment, à un maire d’une commune du Gard. Il y eut de graves inondations du Gard en septembre 2002 et le maire d’Aramon voulut prévenir la population qu’un barrage allait céder. Comment prévenir la population à 1 heure du matin ? Il appela le curé de la paroisse pour sonner le tocsin, mais la population composée en grande partie de jeunes générations, ne réagit pas, faute de connaître la signification de la sonnerie !

Il convient aussi de noter que la sonnerie du tocsin ne servait pas uniquement en cas d’incendie; elle pouvait annoncer d’autres périls ou inciter la population à se rassembler d’urgence. A Barfleur (Manche), l’une des cloches de l’église servait encore récemment en cas de brume pour signaler la proximité du port mais aussi pour appeler la population au secours en cas de naufrage. A Moscou, au musée des Armures, on peut admirer une cloche d’alarme fondue par Motorin, qui sonna le tocsin en septembre 1771 lors de l’insurrection moscovite. Pendant la guerre 1914-1918, à Cauroy-les-Hermonville et en bien d’autres endroits, une cloche était installée dans les tranchées pour « l’alarme des gaz ».

Attention à vos récoltes !

Nombre de textes anciens et d’inscriptions sur les cloches (dès le XIIIème siècle) attestent de la sonnerie des cloches et de leur « pouvoir » pour refouler les nuées et la tempête, écarter la foudre et le tonnerre. La sonnerie de cloches alerte les paysans à l’approche d’un orage pour leur permettre de prendre des dispositions ; elle sert aussi à “ repousser ” l’orage hors du village. Cette pratique de sonner les cloches lors des orages a été interdite depuis l’Arrêt du Parlement du 29 août 1787 du fait des risques de foudre pour le sonneur et… le peu d’efficacité de ce moyen ! D’autres textes réglementaires ont été publiés également dans le même sens au cours du XIXème siècle suite à des morts de sonneurs. Néanmoins cette pratique subsiste encore à notre époque dans quelques villages : à Maupas (Gers), vers 1960 , pour un orage violent, on sonne la grande cloche : trois fois neuf coups ; à Meilhan (Landes), vers 1990 : on sonne dix coups sur la grosse, un coup sur la petite, puis carillon sur les deux pendant la durée de l’orage. Comme quoi il ne suffit pas de prendre des dispositions réglementaires pour changer les croyances…

Venez vous abriter par ici !

Dans certaines régions comme l’Auvergne, les Cévennes ou les Alpes, on avait coutume, jusqu’à une époque récente, durant les soirées de tourmente, l’hiver, de sonner les cloches pour guider les voyageurs attardés ou égarés dans la neige ou le brouillard. En Lozère, on voit encore quelques clochers dits de tourmente, témoins de ce que fut la rudesse de la vie dans cette région. Les cloches de ces clochers sonnaient inlassablement dans la brume et la tempête, se répondant l’une à l’autre pour indiquer le chemin au voyageur ou au berger. Ces clochers étaient parfois accolés à une maison du hameau et c’était son propriétaire qui était chargé de sonner. Tous les petits carillons de cols dans les Pyrénées répondent au même objectif. Le journal Le Petit Troyen signale en 1895 que plusieurs villages de l’Aube maintiennent la coutume de « sonner les cloches pour retrouver les personnes égarées dans la neige ». A l’ancien monastère d’Aubrac (Aveyron), il y a encore la cloche des perdus.

Avant l’invention des phares, la cloche servait aussi à guider les marins à travers les rochers de la côte. Dans de nombreux ports normands, on sonnait pendant les nuits de tempête. De telles cloches de brume, qui étaient installées sur la jetée ou au clocher d’une église près du port (c’est le cas à Barfleur, Manche), permettaient de signaler l’entrée de celui-ci (elles sont maintenant remplacées par des sirènes). Citons la célèbre cloche des brouillards du Mont-Saint-Michel.

Attention au train !

Dans le but d’assurer la sécurité de l’exploitation sur un certain nombre de lignes à voie unique, les compagnies françaises de chemin de fer (puis la SNCF jusque dans les années soixante) ont longtemps utilisé les signaux électriques à cloches. Le système Léopolder, par exemple, consistait à faire sonner les cloches placées sur les façades de gares et sur les guérites des gardes barrières selon un code connu. Tous les trains se dirigeant de la première gare vers la deuxième étaient annoncés par des séries de coups pairs, les trains se dirigeant au contraire de la seconde vers la première par des séries de coups impairs. Ainsi tous, agents de gare comme agents de voie, avaient connaissance du départ du train et de son sens. Des systèmes similaires existaient dans d’autres pays.

Un enfant vient d’être abandonné !

Dans le Sud-Ouest de la France, une sonnerie spéciale tintait, autrefois, pour les enfants abandonnés jusqu’au moment où un parrain d’adoption se déclarait.

Quelqu’un vient de mourir ! (Le glas)

Le glas est un cas particulier des sonneries de cloches dont l’usage a été introduit dès le VIème siècle par l’Église. Les premières attestations de la « cloche des morts » semblent remonter au VIIIème siècle. Au Moyen Age, la sonnerie spécifique du glas est un service d’église bien établi qui fait partie des manifestations extérieures usuelles de la vie religieuse, dans les villes comme dans les campagnes, et peut apporter des revenus aux paroisses. Il est constitué d’un nombre fixe de coups, mais pendant l’Ancien Régime, ce nombre pourra varier avec la condition sociale du défunt et donc avec les sommes payées par les familles. En vallée de la Vésubie, jusqu’au XIXème siècle, on sonnait différemment selon que le défunt était un notable ou était une personne de pauvre condition ; cette distinction fut abolie au XXème siècle. Mais la façon de sonner le glas varie selon les villages.
La distinction entre les sexes existe dès le XIIIème siècle et semble avoir eu cours longtemps dans de nombreuses régions de France. L’usage subsiste encore dans plusieurs villages.

Dans les sociétés rurales traditionnelles, le glas est, en effet, un ensemble de signes déterminés qui a pour fonction sociale d’annoncer à toute une communauté la mort d’un de ses membres, et, le cas échéant, apporter des précisions sur le défunt (sexe, âge…) ou sur les étapes du processus conduisant de l’agonie jusqu’à l’enterrement. Exceptionnellement, il peut annoncer la mort d’une personnalité importante (pape, roi, président de la République…).

L’annonce du décès est effectuée peu après la mort par le curé ou le sacristain sur information donnée par la famille ou un membre du voisinage. Outre cette fonction informative, le glas est aussi invitation de la communauté à la prière. Dans certaines régions, il était sonné plus tôt, au moment où le prêtre portait le Saint-Viatique au mourant, conçu, comme diront certains auteurs, comme un « chant de marche » et symbolisant la marche du mourant vers la vie éternelle, la marche des fidèles qui sont invités à entourer le mourant de leurs prières et à réaliser leur propre cheminement vers la lumière. Le glas peut se faire entendre après la sonnerie annonçant la messe des obsèques ; il accompagne souvent le cortège funèbre qui conduit le mort du domicile à l’église et de l’église au cimetière. On retrouve ici le symbolisme d’accompagnement au « voyage » évoqué ci-dessus.

Dans le cas des grands édifices religieux comportant un nombre important de cloche, il était courant de dédier une cloche à cette sonnerie. Ainsi trouve-t-on une cloche des morts à la cathédrale de Sens et une Malespère à la cathédrale de Narbonne.

La sonnerie pour deuil pouvait porter des noms différents selon les “pays” : on parle de finizou en Charente limousine, de Chantepleure dans les régions saintongeaise ou angoumoisine, du Pardou à Saint-Porchaire, de Clars dans la vallée de la Vésubie. Dans d’autres régions, on dit sonner à mort ou annoncer le trépas (Pays de Bray). Dans plusieurs paroisses du pays de Bray, on donne le nom d’épeinte à la volée des cloches sonnées en deuil. Avant la Révolution , à Lambesc, on sonnait l’Agonisante lorsqu’un malade était à l’agonie. A Gournay, en Normandie, on sonnait au siècle dernier le tint du regret lorsque le doyen de la paroisse avait rendu le dernier soupir (mais parfois aussi lors de son départ, lorsque son service avait été apprécié et qu’il était affecté à une autre paroisse).

En Picardie et dans des régions voisines, il était parfois d’usage d’intercaler la sonnerie des pardons entre chaque glas : 1 cloche en grande volée et tintement sur les deux autres.

On peut constater des variations selon les lieux dans la manière de sonner le glas : la lenteur du rythme de frappe ou l’espacement entre les séries de coups, l’alternance plus ou moins systématique entre les cloches, le nombre de cloches utilisées introduisent ainsi des variantes régionales ou locales.

Par exemple, à Saint-Maurice-des Lions, on sonnait trois fois trois coups puis la grande volée avec la grosse cloche pour les hommes ; pour les femmes deux fois trois coups puis la grande volée, et pour un enfant 3 coups puis la grande volée. Dans le pays de Bray, en Normandie, le nombre de coups tintés après la volée variait selon les villages : à Neufchâtel, l’annonce se fait par quinze coups de cloche pour un homme, douze pour une femme, six pour un enfant ; mais à Gournay, on l’annonce par douze coups pour un homme et huit pour une femme. En Aveyron, on sonne trois fois par jour jusqu’aux obsèques. A Saint-Pierre-Laval (Loire), on sonne la veille de l’office, avec l’angélus (trois fois trois coups puis l’âge est compté par dizaine sur la petite cloche, puis volée sur les deux cloches), le matin suivant à 7h30, l’angélus puis le glas ; à midi, l’angélus et le glas. A Aiguèze (Drôme), on sonne le jour de l’enterrement : sonnerie une heure avant, puis un quart d’heure avant puis au moment du départ pour le cimetière A Gournay, le glas se sonnait pendant trois quarts d’heure de chaque heure du jour, le quart d’heure restant étant employé au son de la volée de la troisième cloche. Pour d’autres défunts, on sonnait la « cloche perdue » : on sonnait à la volée la petite cloche, puis la deuxième, puis la troisième et enfin la quatrième, la plus grosse. Après avoir sonné les quatre cloches pendant quelque temps, on les arrêtait par intermittence, en commençant par la petite et en terminant par la grosse.

Quelques pratiques relevées en France entre 1960 et 2001 :

Homme Femme Selon l’âge ou le statut
Berry 2 coups 3 coups
Hérault 3 coups sur la grosse, 2 coups sur la petite 2 coups sur la grosse, 3 coups sur la petite
Ornon (38) 1 coup sur la grosse cloche, coup suivant avec la moyenne, troisième coup sur la petite, etc. 1 coup sur la moyenne, 1 coup sur la grosse, 1 coup sur la petite, etc.
Maupas (32) 10 coups sur 2 cloches, 2 autres coups sur la grosse cloche, 1 coup sur la petite 9 coups puis 2 puis 1
Village d’Ariège (09) Grosse cloche Petite cloche Nombre de coups correspondant à l’âge
Bénac (09) 3 coups à intervalles réguliers 2 coups Enfant : 1 coup
Curé : 4 coups
Pape : 5 coups
St-Maurice-sur-
Eygues (26)
2 coups sur la grosse cloche 2 coups sur la petite cloche
Trégon (22) Grosse cloche : 9 coups, puis des coups espacés pendant 7 à 8 minutes Grosse cloche : 7 coups, puis des coups espacés pendant 7 à 8 minutes
Caouënnec (22) Grosse cloche : 9 coups (deux fois par jour) Petite cloche : 7 coups (idem)
Montfermier (82) 9 coups 6 coups Enfant : 3 coups
Lesneven (22) Avant l’angélus, 5 coups Avant l’angélus, 3 coups La grosse cloche donne des dizaines et la petite les unités
Lescure d’Albigeois (81) Grosse cloche (un quart
d’heure avant l’arrivée
du corps puis à la fin de
l’office)
Petite cloche (idem)
Caudesaygues (82) 6 fois 3 coups 9 fois 3 coups 12 fois 3 coups
Espinas (82) 8 coups , suivi de dix
minutes de grosse cloche
en volée lente
9 coups La plus petite des
trois cloches est
réservée au glas des
enfants
Moringhem (62) 3 fois 3 puis une volée 3 fois 2 puis une volée
Aiguèze (26) 2 coups sur la petite,
trois fois dans la journée
avec l’angélus
1 coup sur la petite, idem
Vitry-en-Charolais (71) Grosse cloche en volée et
tintement de la petite si
marié puis grosse en
tintement pour indiquer
l’âge
Mobecq (50) 3 coups 2 coups
Saint-Ignan (31) 3 fois la grosse avant de
faire sonner la petite
2 fois avant de faire
sonner la petite

Occasionnellement, la sonnerie du glas peut être détournée de son usage initial et revêtir un caractère symbolique. Par exemple, le 20 mars 2003, comme dans plusieurs villes, le glas a retenti au beffroi
communal et à la cathédrale de Boulogne-sur-Mer pour exprimer le rejet d’une guerre jugée injuste et illégitime en Irak.

Une variante de la sonnerie du glas, signe de deuil et de tristesse, est la « volée romaine », signe d’espoir : les sonneurs se mettent d’un même côté de la cloche, comptent jusqu’à dix et tirent sur la corde reliée au battant, et répètent ainsi l’opération tous les dix temps.

Sur le plan technique, il convient de noter une particularité de certains clochers de Normandie : certains sont équipés d’un système de « glas à marteau roulant », un dispositif qui permet à la cloche de volée de « heurter », au milieu de sa robe, un marteau roulant lors de son passage en position verticale pour produire un second son en tierce mineure, donnant ainsi l’impression d’entendre deux cloches sonnant en alternance.

C’est la fête !

Lorsque l’ensemble des cloches d’une église sont mises en volées, c’est une façon d’annoncer la fête religieuse majeure, l’événement heureux du baptême ou du mariage, la célébration de la fin de la guerre… Le bourdon est alors mobilisé au même titre que les cloches plus petites. Plus la fête est d’importance, plus la durée de la sonnerie sera grande.
Ce qui varie selon le degré de solennité est le nombre de cloches utilisées pour la volée. Le « plenum » met en jeu, nous l’avons vu plus haut, l’ensemble des cloches de volée ; cette sonnerie est réservée aux grandes fêtes religieuses ou à des circonstances exceptionnelles.

Dans quelques villages, la sonnerie festive est codifiée. Par exemple, à Montfermier (Tarn-et-Garonne), la sonnerie d’un mariage se fait avec les deux cloches à la volée, la sonnerie d’un baptême de garçon se fait avec la grosse cloche alors que celle d’un baptême de fille se fait avec la petite cloche.

Dans le Sud-Ouest de la France et plus particulièrement dans le Lauragais, on pratique la « volée tournante » : le sonneur qui est auprès de la cloche la fait tourner complètement sur elle-même et fait frapper le battant en position haute. Les clochers peuvent comporter plusieurs cloches équipées pour être tournées.

Un peu de silence, s’il vous plait !

Tel pourrait être le message communiquée par la clochette agitée par le Président d’une assemblée (parlementaire ou autre) lors de débats houleux afin de ramener un peu plus de calme dans les lieux

Vous êtes convoqués !

Dans la plupart des clochers de cathédrale, on trouvait une cloche du chapitre : celle-ci servait à annoncer toutes les assemblées capitulaires, les élections des doyens et leur mort.

Dans le cas d’une information longue et complexe, alors qu’il est impossible de transmettre le message instantanément par des crieurs publics, la solution est de recourir à un bref signal ordonnant le rassemblement immédiat de toutes les personnes concernées à un endroit déterminé où l’information pourra être annoncée de vive voix et commentée. Ces communications peuvent être à caractère politique, juridique, institutionnel, judiciaire ou militaire. Ainsi la cloche va-t-elle permettre, par exemple, de convoquer les assemblées populaires, ou les assemblées du magistrat, d’inviter le peuple à accueillir une personnalité, etc.

Dans les beffrois de la région septentrionale, c’est habituellement la Ban-cloque ou cloche banale, c’est-à-dire celle qui, entre toutes les cloches civiles, joue le rôle juridique principal, qui annonce les « bans »
ou séances communales et, plus généralement les rassemblements civils.

Lorsqu’une ville n’avait pas de beffroi, de clocher civil, elle plaçait les cloches dans la principale église. Si la ville était épiscopale, c’était la cathédrale qui recevait la cloche des citoyens ou la cloche du magistrat (exemples des cathédrales de Verdun, de Sens, de Strasbourg…). A Sens, la cloche de la Porte Commune est dédiée à la convocation des citoyens électeurs à l’assemblée. Dans certains cas, la cloche de la ville (parfois un carillon, dans les villes du Nord) était installée dans une tour distincte de celle qui abritait les cloches religieuses, avec un accès séparé dont le maire avait la clé.

Ce rôle des cloches dans la convocation des magistrats existait dans la plupart des provinces. Les Mezées cognaçaises, en Charente, se réunissaient ainsi chaque mois au son de la cloche. A Genève, « l’Accord », c’est le nom du bourdon de la cathédrale St-Pierre, est encore sonné à la main à raison d’un coup par minute avant l’ouverture de chaque session du « Grand Conseil ».

A Ribeauvillé (68), dans la Tour des Bouchers existe encore une cloche de 1468, dénommée Ratsglocke et Brennglocke qui appelait autrefois les membres du conseil de la ville à se réunir De tels usages sont cependant en voie de disparition, d’autres modalités étant utilisées dans la vie
moderne.

Du Moyen Age (époque de structuration des grandes villes) jusqu’à la Révolution, voire jusqu’au XIXème siècle (arrivée de l’électricité et d’autres moyens de communication), on peut dire que les cloches des cathédrales sonnaient tout au long de la journée. Un maître sonneur y résidait en permanence (il avait son logement – exigu – entre les tours ou dans un recoin de l’édifice) mais ce n’était pas suffisant pour mettre en branle les gros bourdons et plusieurs cloches à la fois. Pour les grandes sonneries, il fallait de quinze à vingt sonneurs pour tirer les cordes ou sonner au pied. Une cloche était dédiée à la convocation des sonneurs (cas, par exemple, de la Donatienne de 1687 à la cathédrale de Nantes).

Attention, j’arrive !

Il y avait au XIIIème siècle dans le clocher de la cathédrale de Troyes une cloche dite L’Évêque : elle servait à annoncer le retour du prélat après une absence de trois mois. De même, à la cathédrale d’Avranches, l’une des cloches avait pour seule fonction de solenniser le retour de l’évêque. Le décret du 24 messidor an XII exige que les cloches soient toutes sonnées à l’entrée du premier Consul, et plus tard de l’Empereur, sur le territoire d’une commune. Il en sera de même pour les Présidents de la République, du moins au XIXème siècle.

Dans les rues des villes, les marchands ambulants s’annonçaient souvent par une clochette ; c’est encore le cas, par exemple, des rémouleurs dans les rues de Paris ou des « porteurs d’eau » au Maroc.

A bord des navires

En général, à bord des navires, il y a deux cloches : celle de la proue (avant du bateau) est la plus grande et a un son grave; celle de la poupe a un son plus léger, ce qui permet à l’équipage de les distinguer l’une de l’autre.

Pour le départ du bateau vers l’étranger, la cloche de la proue est sonnée une heure avant le départ, deux fois une demi-heure avant et trois fois pour le départ.

Lorsque le navire se prépare à lever l’ancre, le second, qui se tient à la proue, sonne trois fois et le 2ème second, qui est à la poupe, lui répond en sonnant également trois fois. Cela signifie que trois tours de chaîne sont dans l’eau. A deux tours de chaîne dans l’eau, on sonne deux coups et à un tour de chaîne, on sonne un coup. Quand l’ancre est à sa place, on sonne rapidement à la proue et la poupe lui répond de la même façon. Le navire peut partir.

Au temps de la marine à voile, on sonnait au moment du changement de tour de garde : on sonne sept coups à la poupe et la proue lui répond; cela signifie qu’il est 7h 1/2 et temps de déjeuner pour ceux qui prennent leur poste à 8h. A 8h, on sonne huit coups pour indiquer le changement de poste.

En route, lorsque la vigie de la proue sonne un coup, la poupe lui répond; cela signifie qu’il y a feu de position de navire, marque marine ou terre à tribord ; deux coups signifient la même chose, mais à bâbord ; trois coups signifient la même chose mais droit devant.

Lorsque le navire est dans une zone à fort trafic (en Manche, par exemple), la cloche de bord à la proue doit sonner fortement toutes les deux minutes pour attirer l’attention des autres bateaux.

La sonnerie de la cloche est également utilisée pour divers exercices : sept coups rapides, suivis d’un autre coup signifient le début d’un exercice de sauvetage avec uniquement la chaloupe de tribord ; cinq coups rapides répétés deux fois indiquent un exercice d’incendie.

On utilise la cloche de proue pour signaler le passage de l’équateur.

Dans le cas d’un décès à bord, on utilise également la cloche de proue. Lorsque les obsèques sont terminées, le second sonne huit coups qui signifient un dernier adieu à un camarade qui s’en va pour sa dernière garde.

En guise de conclusion !

Jusqu’à la période révolutionnaire, les grandes cathédrales, possédaient de dix à vingt cloches ayant des fonctions distinctes. Certains ensembles sont parvenus jusqu’à nous, au moins en partie : Beauvais, Bourges, Colmar, Metz, Périgueux, Poitiers, Quimper, Sens, Strasbourg, Verdun…

Prenons l’exemple de la cathédrale de Metz. L’ensemble campanaire abrité par ses différents clochers illustre bien les diverses fonctions de communication des cloches et la spécialisation des rôles confiées à chacune d’elles pour délivrer les différents « messages » à l’intention de la population environnante :

  • La tour du chapitre possède trois cloches destinées aux sonneries religieuses. L’une d’elle, appelée cloche de prime avait autrefois le rôle d’appeler les chanoines à la seconde prière matinale.
  • La tourelle de l’horloge abrite les cloches de tintement destinées à marquer les heures.
  • La tour de la Mutte, qui est un beffroi communal, abrite trois cloches : la Mutte, destinée à appeler les conseillers, le tocsin en tant que cloche d’alarme, et Mademoiselle de Turmel qui sonne le couvrefeu
    de 22h.

Dans certains cas (par exemple à Saint-Lô), le « bourdon » civil avait plusieurs usages : outre la sonnerie du couvre-feu, il sonnait les heures, il sonnait « seize coups pour prévenir le bourgeois de balayer devant sa porte », il convoquait les corps constitués et résonnait pour les remises de prix, les déclarations de guerre et les incendies, il sonnait toutes les fêtes solennelles de la ville et les jours de fêtes religieuses majeures.

L’équipement des édifices contemporains est malheureusement bien plus pauvre, avec des usages plus restreints : la cathédrale d’Evry (Essonne) construite en 1995 ne comporte que 5 petites cloches sans affectation particulière en dehors de la sonnerie des offices religieux.

Qu’en est-il en ce début du XXIème siècle ? Bien d’autres moyens ont été inventés ou développés au cours du XXème siècle pour communiquer des messages à la population, ou pour marquer le temps, et la place de la cloche tend à diminuer considérablement en ville. Le son de la cloche constitue même pour certaines personnes une nuisance sonore ! L’électrification a aussi contribué à restreindre la diversité du langage sonore des cloches, bien que les tableaux de commande modernes sachent prendre en compte certains usages locaux en matière de sonnerie. Question de prix ou de réglage de la programmation. On peut parfois y trouver encore le tocsin, le glas (avec deux ou trois options), l’angélus, la sonnerie de volée ordinaire, la sonnerie festive, le plenum … Mais il s’agit souvent d’un langage fortement « normalisé » et « presse-bouton », sans « accent » local, cette expression propre au sonneur de cloches lorsqu’il tirait la corde ou frappait en direct le bord de la cloche.

Référence de l’article

Cet article a été écrit par Eric Sutter et publié initialement dans le Supplément au numéro 54, de Patrimoine campanaire, Revue francophone de campanologie, en 2007. Nous le reproduisons sur JeRetiens grâce à son accord.

Pour en savoir plus sur la campanologie, visitez le site de la SFC !

Bibliographie

  • Blavignac (J.-D.) – La cloche. Etudes sur son histoire et sur ses rapports avec la société aux différents
    âges.- Firmin-Didot & Cie, 1877
  • Bouvier (J.-C.) – Noms et usages du glas en Provence et dans les pays méditerranéens. In La mort en
    Corse et dans les pays méditerranéens, colloque, 1976. Etudes corses, 7e année, 1979, n° 12-13
  • Cabrol ; Leclercq – Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie. – 1948
    Connaissance du patrimoine campanaire et des pratiques ethnomusicales. Voyage en Midi-
    Pyrénées.- SFC, 1995
  • Corbin (Alain) – Les cloches de la terre. – 1994
  • Demay (C.) – La sonnerie pour les vignerons et les laboureurs à Auxerre. – Impr. Rouillé, 1888
  • Dergny (Dieudonné) – Les cloches du pays de Bray. – Derache & Le Brument1863 (2 volumes)
  • Dossiers documentaires de la Société Française de Campanologie
  • Floriot (René) – Les vases acoustiques du Moyen-Age. – sd
  • Fournée (Jean).- Histoire de l’Angélus : le message de l’Ange à Marie.- P. Téqui, 1991
  • Homo-Lechner (Catherine) – Sons et instruments de musique au Moyen-Age. – Ed Errance, 1996
  • L’instrument de musique populaire. Usages et symboles. Exposition, Musée des ATP, 28-11-1980 ;
    19-4-1981
  • Joudrier (Aurélien) – Les cloches médiévales avant 1200. Origines et usages des cloches en Occident.
    Mémoire de maîtrise, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, juin 2003
  • Jouffray (Alain) – Art campanaire. – Centre-musée européen de l’Isle-Jourdain, 1993
  • Murray Schafer (R.) -Le paysage sonore. Toute l’histoire de notre environnement sonore à travers les
    âges.- JC Lattès, 1979.- 388 p
  • Raincourt & Grégoire – Service d’incendie dans les villes et les campagnes. – 1896.- 280 p
    (Encyclopédie Roret)
  • Sutter (Eric) – La grande aventure des cloches. – Ed. Zélie, 1993
  • Sutter (Eric) – Petite encyclopédie de la communication sonore. – SFC, 1996 (document de travail
    provisoire)
  • Tête (Elie) – Quels paysages sonores demain ? in Actes du colloque, 9,10,11 juin 1993, Le Creusot
  • Veuclin (V.E.) – La sonnerie des agonisants dans la ville de Bernay.- 1888

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Il existe des chapelles, des églises, des cathédrales et des basiliques, édifices chrétiens, mais quelles sont leurs caractéristiques et leurs différences ? Une église peut-elle être une cathédrale ou une basilique en même temps ? Qu’en est-il de la chapelle ? Quelles sont les caractéristiques d’une basilique et quels types de basiliques existent dans le monde ? Et enfin, quels sont les critères pour devenir une basilique ?
A travers cet article, qu’il s’agisse de bâtiments d’architecture romane ou d’architecture gothique, nous répondrons à toutes ces questions.

L’église

Une église est un lieu de culte qui possède une congrégation permanente et qui est dirigée par un prêtre (ou un pasteur). Une église est érigée sur demande du clergé, et en fonction des époques, sa construction est financée par la dîme ou encore par des dons.
Le terme d’église peut désigner aussi bien l’espace proprement dit que la congrégation bien qu’il y ait une différence en termes d’écriture. L’Église (avec un e majuscule) se réfère à l’assemblée de croyants ou à l’Institution. tandis que l’église (avec un e minuscule) désigne l’édifice. Il existe des églises dans l’ensemble des confessions chrétiennes. Depuis l’antiquité tardive et le haut Moyen-Âge, les villages et les villes se constituent systématiquement autour d’une paroisse (la fameuse place de l’église).

La chapelle

Contrairement à une église, une chapelle est un lieu de culte qui n’a ni prêtre ni congrégation permanente. Tout dépend de l’espace physique du bâtiment. Au sens classique, la chapelle est généralement plus petite qu’une église, elle comporte parfois juste une pièce et peut se trouver dans l’église elle-même ou dans un lieu séculier comme un hôpital ou un aéroport.

La cathédrale

Une cathédrale est une église où se trouve le siège d’un évêque (le siège de l’évêque en tant que meuble s’appelle d’ailleurs la cathèdre ou plus familièrement le trône de l’évêque pour le curé) en charge d’un diocèse. C’est du mot cathèdre que dérive le nom commun cathédrale. C’est la principale église d’un diocèse, la zone de terre sur laquelle un évêque exerce sa juridiction. Et contrairement à ce qui pourrait sembler être un facteur de différenciation évident entre une église et une cathédrale, ce n’est qu’une vue de l’esprit. Une église peut réunir toutes les caractéristiques structurelles d’une cathédrale, mais ce qui fait d’une église une cathédrale c’est la présence de l’évêque, là où il s’assied.

La basilique

Les basiliques, quant à elles, tirent leur différence par rapport aux cathédrales ou aux églises par le fait qu’elles sont consacrées par le Pape. La consécration d’un édifice religieux s’appelle la dédicace. Il s’agit d’un titre attribué par le pape à une cathédrale (ou à une église), lui conférant des privilèges comme le droit d’arborer trois insignes: le pavillon ou ombrellino, qui en héraldique est le timbre des basiliques, accompagné des clefs de Saint-Pierre; la clochette ou le tintinnabule qui est une clochette portative qui sert lors des processions; et la chape prélatice qui est un grand manteau de chœur porté par les chanoines. Outre ces privilèges, les basiliques remplissent les caractéristiques suivantes: elles ont à leur tête un cardinal qui représente le Pape; elles ont un collège de pénitenciers; elles sont ouvertes toute la journée; elles comportent cinq nefs ouvertes sur cinq portails; l’autel principal est appelé autel papal et seul un cardinal (ou le pape, évidemment) peut y célébrer la messe et autres cérémonies liturgiques; l’anniversaire de leur consécration (la dédicace) est célébré dans toute l’Église romaine.

Il en existe deux types de basiliques : les basiliques majeures et les basiliques mineures. Les basiliques majeures sont les quatre églises personnelles du pape et se trouvent à Rome et dans les environs : l’archibasilique de Saint-Jean de Latran, la basilique Saint-Pierre, la basilique Saint-Paul-hors-les-murs et la basilique Sainte-Marie-Majeure. Il existe des basiliques mineures dans le monde entier, elles sont consacrées par le pape, généralement en raison de leur importance historique, spirituelle ou architecturale. Le terme « basilique » est une étiquette supplémentaire qui vient s’ajouter à la structure existante; toute cathédrale ou église peut également être une basilique.

 

Basilique Saint-Remi de Reims du bapteme de Clovis
La Basilique Saint-Remi de Reims construite entre les XIème et XIIIème siècles, contenant les reliques de l’évêque Saint-Remi, qui a baptisé Clovis en 496. Dans cette basilique, sont enterrés de nombreux rois Francs et de nombreux membres du clergé rémois.

 

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L’état des activités économiques n’est pas constant. Les changements de prix, les politiques gouvernementales, ainsi que les préférences des consommateurs, peuvent avoir un effet négatif ou positif sur les activités économiques. Ceux-ci peuvent entraîner des niveaux élevés de chômage, une faible productivité, une diminution des revenus et une baisse de la demande. La récession et la déflation peuvent toutes deux conduire à ces scénarios. Bien que les deux termes soient utilisés comme des synonymes, ils présentent des différences, comme le souligne cet article.

Récession

Il s’agit d’une baisse sensible des activités économiques d’un pays pendant deux trimestres consécutifs de la production industrielle, du revenu réel, des ventes au détail et en gros, et du produit intérieur brut (PIB). Une récession se produit juste après un pic d’activité économique et se termine pendant son creux. Elle est mesurée par le produit intérieur brut d’un pays.

Bien que la plupart des récessions soient brèves et rares, elles ont des effets dévastateurs sur une économie. Elles s’inscrivent dans des cycles économiques caractérisés par une augmentation du chômage, une croissance lente à négative et des faillites bancaires.

Déflation

Il s’agit d’une situation où les prix à la consommation et les actifs diminuent au fil du temps. Dans un premier temps, cela semble toujours être une bonne chose pour les consommateurs, car ils peuvent obtenir des biens à des prix plus bas. Une baisse des prix incite les consommateurs à vouloir des prix plus bas, donc à attendre une nouvelle baisse des prix des produits de base. Cependant, cela entraîne une baisse de la demande de produits et donc un ralentissement de la croissance des entreprises. Il en résulte une récession qui se traduit par une diminution des investissements, des revenus, des pertes d’emploi et des salaires.

La déflation est souvent causée par une croissance économique lente et des taux d’intérêt élevés.

La spirale déflationniste
La spirale déflationniste

La déflation ne peut être mesurée que par une baisse de l’indice des prix à la consommation (IPC). Il est important de noter que l’IPC ne mesure pas les prix de vente des logements et les cours boursiers qui sont des secteurs économiques essentiels. Une éventuelle déflation dans l’un de ces secteurs passera alors inaperçue si l’on utilise l’IPC comme mesure de la déflation.

Similitudes entre récession et déflation

Ces deux facteurs se traduisent par de faibles investissements, de faibles revenus, des niveaux élevés de chômage et une faible production
Dans les deux cas, les taux d’intérêt sont réduits pour sauver la situation

Différences entre récession et déflation

La récession désigne une baisse sensible des activités économiques d’un pays pendant deux trimestres consécutifs de la production industrielle, du revenu réel, des ventes au détail et en gros et du PIB. D’autre part, la déflation fait référence à une situation dans laquelle les prix à la consommation et les actifs diminuent au fil du temps.

Mesure

Alors qu’une récession est mesurée par le produit intérieur brut d’un pays, la déflation est mesurée par une baisse de l’indice des prix à la consommation.

Origine

Une récession se produit juste après un pic d’activité économique et se termine pendant son creux tandis que la déflation se produit avec la chute des prix des biens et des services.

En résumé, la récession et la déflation ce sont…

La récession désigne une baisse sensible des activités économiques d’un pays pendant deux trimestres consécutifs de la production industrielle, du revenu réel, des ventes au détail et en gros et du PIB. ‘La déflation quant à elle fait référence à une situation où les prix à la consommation et les actifs diminuent au fil du temps et est mesurée par une baisse de l’indice des prix à la consommation. Ces deux phénomènes se traduisent par de faibles investissements, de faibles revenus, des niveaux élevés de chômage et une faible production de produits.

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