2 – LES ASSOCIATIONS
Créez des Associations
C’est là le véritable secret des bonnes mémoires.
William James a écrit :
« Le secret d’une bonne mémoire est le secret de former des associations multiples et diverses avec toute donnée que nous souhaitons retenir …
… Chaque association devient un crochet à laquelle elle pend, un moyen de la remonter à la surface si elle n’y est plus ».
Par conséquent l’association est à la fois indispensable pour la fixation des souvenirs et pour leur rappel ultérieur.
C’est pourquoi nous disions au début de ce cours que plus une mémoire fonctionne, plus elle est efficace. Plus vous avez de souvenirs dans votre mémoire, plus il vous est facile de créer une association entre la chose nouvelle à retenir et une donnée enregistrée antérieurement.
Les souvenirs et les informations déjà gravés dans votre mémoire vous aident à y accrocher de nouvelles connaissances : c’est la raison pour laquelle, plus vous avez de choses en tête, et plus il vous est facile d’en mémoriser d’autres.
Prenons un exemple : vous ouvrez un livre d’archéologie traitant du Trésor d’Augst (près de Bâle). Vous lisez :
« Les monnaies sont dans un parfait état ; elles sont frappées des effigies de Constantin le Grand, de Constant 1er et de Constance II. Des lingots portent eux, l’effigie de l’usurpateur Magnence« . Si vous connaissez Constantin, Constant 1er, Constance II et Magnence, vous vous souviendrez de cette description. Mais si vous ne connaissez rien de ces quatre personnages, il vous sera extrêmement difficile de vous souvenir du contenu de ce trésor et vous oublierez rapidement de quand il date. Si auparavant, vous avez acquis quelques connaissances relatives à Constantin (l’empereur qui octroya la liberté au Christianisme, celui qui a transféré la capitale de l’Empire Romain à Byzance, d’où son nom de Constantinople), si vous savez qu’avant de mourir Constantin a partagé l’Empire entre ses trois fils : l’Empire d’occident à Constantin II et Constant l’Empire d’orient à Constance, si vous savez que Constantin II a été tué en voulant s’emparer des états de Constant, que ce même Constant, dix ans plus tard, a été assassiné par un émissaire de Magnence qui usurpa son trône, que Magnence chercha à s’entendre avec Constance pour partager l’Empire avec lui, si vous savez que Constance n’était pas plus recommandable que Magnence, car il avait fait assassiner ses oncles, les frères de son père Constantin, et leurs enfants, ses cousins, à l’exception de Julien (qui deviendra l’Empereur Julien), toute cette histoire compliquée prendra un peu plus corps et vous vous souviendrez plus facilement de ce que contient le trésor d’Auguste.
Nous avons choisi cet exemple, car il illustre la difficulté que rencontrent beaucoup d’étudiants. Ils veulent préparer un examen et ont beaucoup de peine à retenir les matières du programme parce qu’il leur manque des connaissances antérieures. Il est très difficile de tout apprendre de la Révolution Française si vous n’avez pas, au cours d’années scolaires précédentes, accumulé peu à peu des connaissances sur cet événement.
Pour retenir quelque chose, il faut pouvoir associer cette chose à une donnée que vous avez déjà en mémoire.
Il sera donc parfois très utile, lorsqu’on veut étudier une science, le droit, l’histoire, une langue ou quoi que ce soit d’autre, de commencer par des manuels élémentaires qui vous donneront des bases pour faire les associations que demande une étude approfondie.
Ce ne sera pas une perte de temps, bien au contraire, que d’étudier un ouvrage élémentaire conçu pour les débutants. Vous le lirez facilement et vous acquerrez le vocabulaire et les notions spécialisées qui sont nécessaires pour aborder une étude d’un niveau plus élevé.
Naturellement, encore faut-il être motiver pour retenir les connaissances élémentaires. Combien de lycéens, par exemple, se sont plantés le jour du BAC, parce que, après 3 années de travail au ralenti, sans motivation ni concentration (durant les classes de seconde, première, et terminale) ils se sont « mis au travail » (comme ils disent) au début du mois de mai, deux mois avant le BAC ! Toute information est bonne à être mémorisée, surtout les informations élémentaires, qui serviront de base pour des études plus poussées par la suite. Par exemple, tout ce que l’on apprend en second, est utile à savoir lorsqu’on sera en terminale, mais pour cela, il faut retenir et mémoriser les cours pendant la classe de seconde.
Comment faire des Associations ?
Les associations naturelles, logiques sont évidemment excellentes, mais il y a des cas où l’on ne peut pas faire d’associations logiques.
Même si elles sont « tirées par les cheveux », les associations vous rendront de bons services. Nous en verrons des cas dans l’étude de la mnémotechnie.
Si vous voulez vous souvenir du nom d’une personne que vous rencontrez, essayez de faire le maximum d’associations au sujet de cette personne et de son nom. Par exemple, essayez de connaître la profession de cette personne et dites vous « Monsieur Delbart est inspecteur des Ventes comme mon ami Leduc ». Observez ses traits et établissez des associations ; il a une moustache grande comme une brosse à ongles ce Monsieur Delbart. Lorsqu’on vous l’a présenté il bavardait avec une amie de votre épouse, Madame Morin. Pensez « Monsieur Delbart est aussi un ami de Madame Morin ». Revoyez-les bavarder tous les deux dans le coin du salon où ils étaient lorsque vous êtes entré. Pensez que son nom Delbart ressemble un peu à celui de vos clients Delbecque, mais que physiquement ils sont très différents. Ainsi vous avez réalisé des associations multiples.
Vous pouvez même faire des associations stupides du type « calembour » : Madame Morin, mord un fruit (et vous vous la représentez en train de mordre un fruit). Cela ne rime à rien, mais c’est efficace. On peut même dire que plus l’association est ridicule, plus elle est efficace.
Pourquoi vous souvenez-vous de la carte de l’Italie mieux que de celle de la Hongrie ? Parce que vous avez associé sa forme à celle d’une botte, tandis que vous n’avez pas eu de point de repère pour la Hongrie.
Lorsque vous cherchez à vous souvenir de quelque chose, évoquez les idées ou les circonstances qui y sont associées.
Pour vous souvenir d’un vers qui vous échappe, pensez aux vers précédents ou aux suivants et récitez-les.
Pour vous souvenir où vous avez rangé votre appareil de photo, essayez de vous rappeler quand vous l’avez utilisé la dernière fois. Revoyez-vous en train de vous en servir puis revoyez-vous rentrant chez vous posant l’appareil dans l’entrée, puis plus tard disant « je vais le ranger ». Vous avez alors de fortes chances de penser à ce moment à l’endroit où vous l’avez rangé.
Pour retrouver le nom de quelqu’un, revoyez cette personne dans les circonstances où vous l’avez rencontrée la dernière fois. Repensez à ses paroles, à ses gestes. Essayez de revivre les circonstances de votre rencontre.
Procédez toujours de cette façon pour vous rappeler. Ne cherchez pas à vous souvenir brutalement de la chose que vous voulez retrouver, mais repensez aux détails connexes, faites des associations, cernez le problème sans l’attaquer de front. Si vous recherchez le nom d’un poète de la Pléiade, ne butez pas en vain sur le nom qui vous échappe. Citez à haute voix (ou en les murmurant) ceux auxquels vous pensez Ronsard, Du Bellay, Pontus de Thyard, Daurat, Jodelle … répétez-les, citez même d’autres écrivains et, finalement, il y a de fortes chances que vous retrouviez le nom du poète qui vous échappait. Si en quelques minutes vous n’avez pas retrouvé, abandonnez la recherche pendant deux minutes, pensez à autre chose, puis reprenez vos recherches toujours par associations.
Nous verrons plus loin le rôle essentiel que jouent les associations en mnémotechnie.
Pour penser à faire quelque chose ultérieurement.
Imaginons que vous partiez en voyage dans huit jours, par le train, pour rendre visite à un parent. Vous voulez penser à acheter des chocolats dans la galerie marchande de la gare. Comment être sûr de ne pas oublier ?
Vous allez créer une association entre une action dont vous êtes sûr qu’elle se produira, et l’achat que vous ne voulez pas oublier.
Dans cet exemple, vous allez obligatoirement acheter votre billet. Comment associer l’achat de ce billet à l’achat des chocolats ? C’est très simple, vous allez vous imaginer en train de vous présenter au guichet et recevoir de l’employé, un énorme tas de chocolats. Vous allez bien vous représenter cette scène mentalement, bien voir en pensée, le détail, l’employé qui vous pousse tous les chocolats par le guichet.
Lorsqu’une semaine plus tard vous arriverez à la gare, vous ne penserez à rien, mais lorsque vous arriverez devant le guichet pour prendre votre billet, vous pouvez être certain que vous reverrez l’image absurde du tas de chocolats et cela vous fera alors penser, au bon moment, à aller acheter vos chocolats.
Autre exemple : vous voulez vous souvenir d’emporter votre rasoir électrique en voyage. Rien de plus simple. Vous vous représentez mentalement en train de passer votre valise au rasoir électrique, comme si vous vouliez raser des poils sur le cuir. Lorsque vous prendrez votre valise, cette image vous reviendra automatiquement à l’esprit.
Au début insistez pendant 20 ou 30 secondes sur l’image mentale qui doit assurer le rappel. Par la suite, vous verrez qu’il vous faudra beaucoup moins de temps. Préférez toujours des images en mouvement. Plus l’image est frappante par son comique ou son côté exagéré, plus elle reviendra facilement.
Exercice n°10
Vous allez de nouveau essayer de penser à faire quelque chose demain, à un moment quelconque. Pour vous y aider, cherchez à associer cette chose à plusieurs actions que vous êtes sûr de réaliser demain ; ou bien encore associez cette chose à différents objets que vous êtes sûr de regarder demain (votre brosse à dents, votre lacet de chaussure, la porte de votre bureau, etc.). Ainsi vous provoquerez sans doute des associations qui, demain, vous feront spontanément penser à ce que vous vouliez ne pas oublier.
Exercice n°11
Voici un exercice destiné à développer vos facultés de synthèse et de rappel. Pour retrouver les données que vous allez rechercher, vous allez essayer de faire des associations, d’évoquer les idées annexes qui peuvent se rattacher aux idées que vous voulez retrouver.
Prenez une feuille de papier et inscrivez le titre d’un sujet à propos duquel vous avez déjà des connaissances. Par exemple : le Canada, Napoléon, les images fractales, l’électronique, la photographie, les plantes vertes, etc. Puis essayez de rassembler – en les notant sur la feuille – toutes les connaissances que vous avez sur le sujet. Rattachez aussi tous les souvenirs que vous pouvez posséder à ce sujet (par exemple pour Napoléon vous vous souvenez de certains détails du Musée des Invalides, d’une visite au Château de Fontainebleau, etc.).
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