Comment s’est développée Bruxelles depuis sa fondation au Moyen-Âge ? Quelles ont été les politiques d’urbanisation menées sur un millénaire pour aménager et permettre l’expansion de la ville ? Comme Bruxelles a évolué à travers les âges ?
A travers cet article, découvrez l’Histoire de l’urbanisme de la capitale de l’Europe et comprenez son développement et son expansion à l’instar de nombreuses villes européennes.
L’expansion de Bruxelles et ses aménagements
Dans un premier temps, nous nous intéresserons à des repères géographiques physiques, ensuite nous exposerons la partie historique.
Situation géographique et politique
Bruxelles se situe à 51° de latitude Nord et 4° de longitude Est.
A l’heure actuelle, Bruxelles fait partie de la région Bruxelles-Capitale, située dans la province du Brabant Flamand.
Étymologie
Bruxelles vient du néerlandais Broek (hameau) Zele (marais). La ville est donc fondée sur des marécages.
Analyse topographique
Les courbes de niveau sont orientées Sud-Ouest – Nord-Est car elles suivent le tracé de la vallée de la Senne.
L’équidistance (différence entre les courbes de niveau) est de 10 mètres.
L’altitude de Bruxelles se situe entre environ 10 mètres et 120 mètres.
Les versants de la Senne sont différents, plus hauts du côté Est que du côté Ouest.
La pente du versant Est est plus raide que la pente du versant Ouest.
Le côté Ouest de Bruxelles est moins élevé que le côté Est car il est sillonné par de nombreux sous-affluents de la Senne.
Le fond de la vallée est large (près de 25 mètres).
Le cœur historique de Bruxelles se trouve à une altitude d’environ 10 mètres, l’île de Saint-Géry est entourée d’eau. Avant son assèchement, il s’agissait d’une zone de marais.
Repères sur l’historique de Bruxelles
Ceci est une synthèse de repères historiques sur l’évolution et l’expansion de Bruxelles. Un autre article existe de manière détaillée sur Bruxelles au Moyen-Âge.
Toutes les villes belges ont été fondées au Moyen-Âge sauf trois: Tournai, Tongres et Arlon sont gallo-romaines.
Au Moyen-Âge, maximum vingt pourcent de la population habitent dans les villes.
Bruxelles apparaît au Xème siècle. Elle est construite sur des marécages. Son nom vient de là: Broek (hameau) Zele (marais).
La ville se développe à partir du XIème siècle sur la rive droite de la Senne. Ses premiers remparts remontent à cette époque.
Bruxelles au Moyen-Âge est gérée à l’époque par les ducs de Brabant qui font construire sur le Coudenberg un château fort.
Bruxelles connaît un véritable essor agricole entre le Xème et le XIIème siècle.
Au XIIème siècle, avec l’extension du commerce, la ville devient une étape de la route qui relie Bruges à Cologne.
Au XIIIème siècle, entre 5.000 et 10.000 habitants vivent à Bruxelles.
Au XIVème siècle, sont dénombrés 15.000 habitants et une seconde enceinte est construite. Les artisans habitent en grande partie dans les faubourgs que cette seconde enceinte englobe désormais.
Au XVème siècle, ce sont plus de 45.000 personnes qui vivent à Bruxelles.
La ville passe aux mains des ducs de Bourgogne et Philippe le Bon y réside.
La ville connaît un nouvel essor grâce à la tapisserie de luxe.
Au XVIème siècle, la couronne de Brabant passe aux Habsbourg, donc à Charles Quint.
Évolution de la situation urbanistique
En 1062, le Duc entame les travaux pour la construction d’un nouveau palais sur la colline du Coudenberg (le symbole du pouvoir politique s’installe sur la colline qui domine la cité). Le Haut de la ville devient le quartier aristocratique.
Au XIIème siècle, l’agglomération urbaine s’étend vers l’Est et le Sud-Est, gravissant les collines de la rive droite.
La présence d’une enceinte (longue de 4 kilomètres) matérialise ce qu’est la ville et ce qui est en dehors de la ville: le faubourg.
Déjà au XIIème siècle, Bruxelles est reconnue comme oppidum, c’est-à-dire comme ville.
Les marchés sont agencés autour de la Grand Place (et le seront jusqu’en 1950, d’ailleurs les rues du centre-ville, aujourd’hui, portent le nom des marchés qui se trouvaient à leur place auparavant).
Trois pôles urbains se distinguent: la collégiale Saint-Michel, le marché, le Coudenberg.
Le développement des voies de communication terrestres et maritimes permet à Bruxelles d’occuper une place importante dans le domaine commercial. Sa situation géographique lui confère beaucoup d’avantages.
En effet, la ville est située sur l’axe Louvain–Cologne.
Elle assure également la liaison avec Bruges, Gand, ou Namur via la Steenweg (première rue pavée en pierres, steen signifie « pierre »).
Bruxelles a également des contacts économiques avec Mons, Halle et Paris.
La Steenport (la porte de pierre) assure quant à elle la liaison avec Anvers.
Au XIVème siècle, suite aux événements militaires du début de la guerre de succession du Brabant, pour mieux protéger la cité et ses faubourgs qui commencent à croître, la construction d’une deuxième enceinte est entreprise (8 km, larges et profonds fossés au pied des murailles – fossés remplis d’eau).
De nombreux travaux de construction sont entrepris suite à la poussée démographique, les sentiers champêtres de la cité se transforment en rues bordées d’immeubles.
Entre les deux murailles, les constructions sont installées le long des voies avec une façade sur la rue et un jardin intérieur : c’est l’apparition de « l’îlot ».
Trois pôles urbains à Bruxelles
La cathédrale Saint-Michel, symbole du sacré, cautionne par sa présence et sa situation le pouvoir temporel des ducs.
Le palais de Coudenberg accueille le pouvoir ducal: autour de lui s’érigent les steen (constructions en pierre) de la haute bourgeoisie et les hôtels des futurs aristocrates.
Le marché et l’hôtel de ville sont sur l’unique place publique, le pôle de la représentation collective, de la parade urbaine. La place symbolise la démocratie naissante de la cité.
La construction en pierre ou la construction en bois
La pierre est très importante dans la construction, elle est synonyme de défense, contre l’incendie (par exemple), mais aussi de richesse ou de hiérarchie. Les notables habitent les « steen », le peuple habite les maisons en torchis ou en bois
Expansion de la voie urbaine et démantèlement des enceintes
Entre le XVIème et le XVIIIème siècle de nombreux édifices religieux et civils sont construits, tels des églises, des hôtels, des maisons bourgeoises ou des maisons ouvrières.
La voie urbaine s’étend. Apparition de la rue Neuve parallèle à la Senne.
Sur la rive gauche de la Senne, les habitations, magasins et entrepôts se multiplient. De nouveaux bassins s’ajoutent suite au développement du commerce. Embellissement de la cité, fontaines, statues, places publiques, pavement des rues.
Après le bombardement de 1695 par les troupes de Louis XIV, la Grand Place est reconstruite avec plus de richesses et devient une des plus belles places d’Europe.
Après l’incendie du Coudenberg, la place royale voit le jour.
La disparition du rôle militaire de l’enceinte entraîne son démantèlement. Le long des voies d’accès de la ville, les commerçants, artisans et maraîchers étendent la cité par juxtaposition d’îlots.
Aménagements des voies d’eau de Bruxelles
Le canal de Willebroek
Durant de nombreux siècles, la Senne permet à la navigation de remonter son cours jusqu’à l’île Saint-Géry. Toutefois, l’ensablement, le tracé sinueux de son cours en amont, les nombreux deltas, diminuant sa profondeur et rendant la navigation fort difficile, rend caduque la rivière comme moyen de communication.
En effet, bien qu’en 1434, Philippe Le Bon autorise par octroi la canalisation de la Senne, les travaux se montrent rapidement insuffisants de sorte que l’idée de remplacer cette rivière par un canal se dessine.
Dès 1477, Marie de Bourgogne décrète la construction du canal de Willebroek, reliant Bruxelles au Rupel. Les travaux de creusement commencèrent en 1551 et s’achèvent en 1561.
Après avoir contribué à l’essor de la ville, la Senne, délaissée pour la navigation, est appelée à remplir une nouvelle fonction: devenir la principale voie d’évacuation des eaux de l’agglomération.
Au XIXème siècle, le canal sépare la ville bourgeoise et commerçante, des faubourgs pauvres, industrieux et campagnards, le cœur ouvrier de la ville.
Il devient le sillon de développement industriel.
En 1896, il y a 88% d’emplois manufacturiers dans la ville. Des petites et moyennes entreprises s’installent parmi les habitations privées servant essentiellement au marché local. Elles se lient à l’évolution de la ville, à son historique, à l’accessibilité qu’elle engendre.
Les ponts permettent des liaisons entre les deux parties de la ville.
Les quartiers se développent aux alentours du canal dont les habitants vivent dans des conditions assez précaires.
Le bassin Sainte-Catherine
Le bassin Sainte Catherine était l’une des trois voies de pénétration du Canal de Willebroeck dans le pentagone.
Le voûtement de la Senne
Comme nous l’avons exposé, la Senne est très importante pour la ville. Elle apporte des limons qui fortifient les champs des paysans. Elle apporte du travail à la population en attirant des industries. Elle facilite le transport des marchandises.
Bruxelles commerce facilement avec les autres villes de Belgique. Mais la Senne est également une source d’inondations régulières pour la ville.
Au début XIXème siècle, le débit de la Senne est devenu trop faible pour la navigation et pour entraîner rapidement les déchets des égouts de la ville.
Elle constitue ainsi un véritable dépôt de microbes. Certains quartiers du bas de la ville sont surpeuplés, l’hygiène y fait défaut et les maladies se propagent rapidement.
En 1866, les inondations de la Senne provoquèrent une épidémie de choléra qui tue 3 469 bruxellois.
A la suite de cette épidémie, Jules Anspach, bourgmestre de la ville, décide de voûter la Senne, en 1867.
Aménagements des voies de terre
C’est Napoléon qui en 1810 est à l’origine de la démolition des remparts et de leur remplacement par des boulevards périphériques. Ces travaux vont favoriser l’urbanisation des faubourgs.
Les Jardins Botaniques sont aménagés la rue des Palais assure la liaison entre les deux palais royaux et la gare du Nord est construite, le quartier limitrophe s’urbanise.
A l’Est on érige la gare du Luxembourg et de nombreux hôtels de maître pour la haute bourgeoisie: le quartier Léopold.
La rue de la Loi est ouverte à la circulation.
Au Sud, les abords de la porte de Hal offrent encore un aspect champêtre.
A l’Ouest, le quartier de la porte de Ninove se densifie et le canal de Charleroi est inauguré en 1832.
La ville haute s’enrichit du nouveau jardin Botanique et de nouveaux édifices tels l’Hôtel Bellevue ou le Palais Ducal.
De nouvelles places sont construites.
Les gares du Nord et du Midi sont implantées et engagent des aménagements importants dans leurs quartiers limitrophes.
C’est à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle que des travaux sont entrepris pour répondre aux nouvelles exigences de salubrité: les rues sont équipées d’égouts et les trottoirs renouvelés.
Le plus conséquent de ces travaux est celui de l’aménagement radical des Boulevards du centre et du voûtement de la Senne.
Ces nouveaux boulevards consacrent l’orientation Nord-Sud et transforment les rues principales du moment en rues secondaires.
Le deuxième axe urbain du centre-ville est ainsi mis en place en contrebas de l’axe royal du haut de la ville: des commerces de luxe apparaissent.
Dans le haut de la ville, la construction du Palais de Justice et de la Place Poelaert remodèle le quartier des Minimes.
Au début du XXème les tramways deviennent électriques, le réseau de chemin de fer et de vicinaux stimule le développement des faubourgs. La ville devient une agglomération.
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