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Pourquoi JeRetiens est unique ?

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Des articles de fond pour nourrir votre culture générale

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Qu’est-ce que le système PAO ? Définition

Le système Personnage-Action-Objet (PAO) est un système complexe et facile à mettre en place de mémorisation. Il associe tous les numéros 00-99 à une personne, une action et un objet distinctifs.
Tout nombre à six chiffres peut être mémorisé en utilisant la personne à qui sont attribués les deux premiers chiffres, l’action des deux chiffres suivants et l’objet du troisième chiffre.
Pour les nombres ayant plus de chiffres, il convient de réaliser des combinaisons d’actions répétées.

Le système PAO est une méthode populaire pour mémoriser de longs nombres aléatoires et des jeux de cartes à jouer. Autrement dit, c’est un système pour compter les cartes !

Les images pour les nombres peuvent être créées par n’importe quelle méthode, du

Les chiffres sont généralement découpés en 2 ou 3 chiffres, puis placés dans des Loci dans un palais de la mémoire.
Un système PAO à 2 chiffres place 6 chiffres dans un locus, et un système PAO à 3 chiffres place 9 chiffres par locus.

Système PAO mémorisation méthode
Comment construire un système PAO de mémorisation afin d’améliorer sa mémoire et ses capacités cérébrales ?

Comment construire son propre système PAO de mémorisation

La forme la plus courante pour construire un système PAO est que chaque numéro à deux chiffres soit converti en une série de trois images visuelles : une personne, une action et un objet.

Associer à chaque nombre de 00 à 99 une image de Personne, une image d’Action et une image d’Objet

Les images peuvent être générées en utilisant le Système Major, le Système Dominic ou arbitrairement. La méthode la plus courante est le système major.
Dans le système major, chaque chiffre est converti en consonne.
0 devient « s » ou « z », et 1 devient « d » ou « t ».
Le nombre, 11 pourrait devenir « Titan » et 10 pourrait devenir « Otis Redding ».
12 pourrait devenir Tina Turner. Un bon outil pour générer des images du système major est l’outil 2know (lien en français).

Évidemment, comme pour chaque méthode mnémotechnique il n’existe pas de manière parfaite pour la construire. C’est pourquoi, nous vous conseillons d’utiliser ce qui vous parle le plus car c’est comme ça que vous parviendrez à retenir ce que vous voulez !
Si le système d’attribution en fonction de la phonétique ne vous convient pas, attribuez arbitrairement des personnages, actions et objets aux différents chiffres et nombres.
Construire la liste est déjà en soi une bonne manière de la mémoriser !

Une fois que vous avez 100 personnes pour les numéros 00 à 99, donnez à chaque personne une action et un objet.
10 pourrait être Otis Redding → chantant →  microphone.
11 pourrait être un Titan → tenant sur ses épaules → le Monde (peut-être représenté comme un globe terrestre, ou pensez à Atlas dans les 12 travaux d’Hercule ! (Qui est Hercule ?)).
12 pourrait être Tina Turner → portant → une ceinture verte.

Il va sans dire que les associations de base sont plus faciles à retenir si elles sont cohérentes pour vous. Donc Otis Redding qui chante dans un micro est plus facile à mémoriser que Otis Redding qui fait du parachute avec une batte de base-ball !

Comment utiliser le système PAO concrètement ?

  1. Lorsque vous mémorisez des nombres, découpez-les en groupes de six chiffres, comme ceci: 101112, 111012.
  2. Ensuite, découpez chaque groupe par segments de deux chiffres: 10-11-12, 11-10-12.
    Le premier segment devient une personne, le deuxième une action et le troisième un objet.
  3. Décryptez le code !
    10-11-12 est une image d’Otis Redding → tenant sur ses épaules → une ceinture verte.
    11-10-12 est l’image d’un Titan → chantant → une ceinture verte.

Tout est possible et les associations sont infinies.
Le principe du système PAO est que dès que votre liste de 00 à 99 est construite, vous naviguez automatiquement entre les colonnes « personne » « action » « objet » et vous construisez des phrases.
Retenir ces phrases loufoques est simple pour vous car vous connaissez votre liste par cœur.

Autres exemples concrets de systèmes PAO

Admettons les associations suivantes:

  • 15 Albert Einstein | écrire | (au) tableau noir
  • 16 Arnold Schwarzenegger | soulever | (des) poids et haltères
  • 33 Charlie Chaplin | balancer | (sa) canne

Un nombre comme 1516331633163315 serait découpé par segments de deux chiffres, en deux séquences: 15-16-33 16-33-15

Les deux premiers chiffres deviennent une personne, les deux autres chiffres deviennent une action et les deux autres chiffres deviennent un objet. Chaque image composée est ensuite placée dans un lieu itinéraire du palais de mémoire.

Locus 1 : 15-16-33 devient Albert Einstein → soulève → une canne.
Locus 2 : 16-33-15 devient Arnold Schwarzenegger  → balance → un tableau noir

Le système PAO à trois chiffres: système PAO Millénium

Le système PAO millénium est une variante très puissante du système PAO car il va de 000 à 999 et travaille sur 1000×3 (et non 100) associations.

Sa construction et son fonctionnement sont identiques au système PAO traditionnel.

 

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Général

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Définition de la socialisation

La socialisation est le modelage progressif des conduites culturellement déterminées. C’est le processus par lequel un enfant intériorise les divers éléments de la culture comme ses valeurs, ses normes, ses codes symboliques ou ses règles de conduite.

Le chemin qu’il apprend à prendre pour devenir un être social.

La socialisation est le processus par lequel un individu se voit imposer, de manière plus ou moins impérative, les règles de comportement d’un milieu donné.

Dans la vie de tous les jours, l’individu rencontre des règles, derrière lesquelles se trouvent des normes, sous-tendues elles-mêmes par des valeurs.

Définition de la valeur

La valeur est une qualité reconnue comme positive dans la société. Ce qui est vrai, beau, bon ou bien selon un jugement personnel plus ou moins en accord avec celui de la société: la générosité, écologie, justice, honnêteté…

Exemples dans le monde professionnel et scolaire

Arriver à l’heure et respecter un règlement de travail sont des règles établies dans de nombreuses institutions.
En décortiquant ces règles, nous en distinguons la norme et la valeur.
La norme est le bon travailleur qui respecte les règles, la valeur est le travail.

Dans le milieu scolaire, les exemples pourraient être les suivants:
La norme (comportement habituel) venir à l’école habillé.
Le code symbolique donner la main pour dire bonjour.
La règle de conduite la politesse.

Schéma de la socialisation primaire et secondaire
Illustration de l’individu socialisé par différents groupes de pairs, eux-mêmes influencés par d’autres groupes.

Les différents types de socialisation

La socialisation primaire

C’est la socialisation qui s’effectue dans le cadre familial. C’est l’apprentissage des règles et des valeurs fondamentales. C’est à ce moment là que se détermine la personnalité de l’enfant. Cette socialisation s’achève quand l’enfant reproduit les comportement que les personnes de référence lui apprennent, en leur absence. Il a alors intériorisé les codes sociaux de son premier cercle social: sa famille.

La socialisation secondaire (ou les socialisations secondaires)

La socialisation secondaire s’effectue dans d’autres milieux que celui de la famille. Leurs cadres sont les sous-mondes (d’abord la crèche, puis l’école maternelle, les groupes d’amis, le mariage, etc.).
Le monde vécu se divise en sous-mondes qui impliquent des socialisations différentes.
Les socialisations se font à travers des socialisateurs, officieux ou officiels, qui nous apprennent les règles spécifiques de comportements, officieuses ou officielles.
Ces socialisations se font par des rites qui déterminent des règles de comportements entre les personnes initiées.

Le contrôle social

Le contrôle social consiste en un corpus de règles formelles mises en œuvres par des institutions, dans chaque sous-monde.
A côté du contrôle formel, il y a aussi un système de contrôle informel, réalisé par ceux qui nous sont proches.

Par exemple, une institution scolaire à pour mission de vérifier l’orthographe et met à l’œuvre des règles pour s’en assurer (contrôle formel). Or les parents d’un enfant peuvent  aussi faire remarquer à l’école, les fautes d’orthographe d’un professeur (contrôle informel).

La construction de l’identité sociale

La socialisation confère une identité sociale. C’est l’identité qui se définit par rapport aux autres (celle qu’ils renvoient), mais aussi la manière pour les individus de se reconnaître eux-mêmes dans ce qu’ils sont.
L’identité sociale est faite d’un système d’attributs, qui varient selon l’endroit où l’on se trouve. Elle va s’accorder à une présence dans le monde dont l’Homme est le témoignage. C’est aussi une partie de l’identité collective mais ce n’est pas l’identité personnelle, qui elle n’est connue et dévoilée qu’à quelques-uns.

L’identité sociale implique qu’autrui assigne une place à l’individu, en fonction de leur socialisation et de la sienne.

C’est le résultat d’une tension entre l’image que les autres ont de l’individu, et celle que l’individu négocie.

Pour survivre dans le monde social, l’Homme doit accepter des règlements. C’est à dire qu’il ne peut pas rester dans son propre monde. Le problème est de composer avec l’autre. La partie qui ne doit pas être négociée c’est l’intrinsèque de l’autre. C’est ça qui fait la société multiculturelle : le non-négociable est accepté, et le reste incombe à chacun de nous, il n’importe pas.

Le bouc émissaire

Les groupes de pairs ont tendance à donner plus d’importance à l’identité collective qu’à l’identité individuelle. En effet, toute différence d’un membre remet en question la cohésion du groupe. Quand cette différence devient trop grande, l’individu peut être considéré par le groupe qui se sent en danger, comme marginal. Pour se protéger, le groupe exclut le déviant en le mettant dans le rôle du bouc-émissaire.

 

 

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Qu’est-ce que le fait social total ?
Définition, exemples, explications

Portrait de Marcel Mauss né en 1872 et mort en 1950, anthropologue et théoricien de la notion de fait social total.
Portrait de Marcel Mauss, né en 1872 et mort en 1950, anthropologue et théoricien de la notion de fait social total.

La notion de fait social total est introduite par Marcel Mauss dans son Essai sur le Don.
Mauss considéré comme le père de l’anthropologie est le neveux du sociologue Émile Durkheim, père de la sociologie (De la division du travail social, les Règles de la méthode sociologique, le Suicide,…) et théoricien de la notion de fait social dont il donne la définition suivante: le fait social est toute manière de faire, fixée ou non, qui exerce sur l’individu une contrainte extérieure.

 

Le fait social total donne pour Mauss une signification globale de la réalité. Il n’est pas une accumulation arbitraire de détails. Il est défini dans l’espace, dans le temps, chez un individu d’une certaine société.

Cette notion procède du souci de définir la réalité sociale dans une expérience individuelle étudiée selon deux axes:

  • Dans une histoire individuelle, qui permet le comportement d’êtres globaux et non divisés en aspects discontinus. C’est à dire prendre un individu comme un tout sans risquer de donner priorité à une caractéristique particulière (familiale, économique, religieuse, etc.).
  • Dans une anthropologie, en tenant simultanément compte des aspects physiques, psychiques et sociologiques de toutes les conduites observées.

Le fait social total a un caractère tri-dimentionnel:

  • La dimension sociologique dans un aspect synchronique (à un moment donné).
  • La dimension historique dans un aspect diachronique (au fil du temps).
  • La dimension physio-psychologique.
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C’est évidemment chez les individus que l’on peut faire coïncider ces trois dimensions.

Comme dans toute la théorie de Mauss, la notion de fait social total reflète le soucis de relier le social et l’individuel d’une part, le physique et le psychique de l’autre part.
En effet, pour lui, le social est projeté sur l’individuel par l’intermédiaire de l’éducation, des besoins et des activités corporelles. Une société exerce les enfants à sélectionner des mouvements, des arrêts, à dompter des réflexes, etc. Tout phénomène psychologique est un phénomène sociologique car il a été enseigné par la société.

Mauss encourage les chercheurs à dresser un inventaire de tous les usages que les Hommes ont fait et font encore de leur corps au cours de l’Histoire et à travers le monde.

Les caractéristiques du fait social total

Le fait social comprend différentes modalités du social (système juridique, système économique,…), différents moments d’une histoire individuelle (différents cycles de vie comme la naissance, l’enfance, le mariage, la mort,…) et différentes formes d’expression (physiologiques comme les réflexes, les sécrétions, inconscientes, et conscientes individuelles ou collectives).

Dans la pensée de Mauss, il existe une complémentarité dynamique entre le psychique et le social. Ce dynamisme provient du fait que le psychique est expliqué et explique le symbolisme social.

Le fait social total implique que tout ce qui est observé fait partie de l’observation mais aussi et surtout que l’observateur est lui-même une partie de son observation (il fait partie du système observé).
Ce phénomène est valable dans toutes les sciences.
Par exemple en physique, lorsque Max Planck a voulu observer les électrons, il s’est rendu compte de l’influence engendrée par les photons provenant de la lumière du microscope sur la vitesse et la trajectoire des électrons. Observée, la matière ne se comporte plus de la même manière.
En psychologie, la théorie systémique inclut le thérapeute au système familial ou institutionnel qu’elle étudie.

L’observateur qui s’observe observer

Pour comprendre convenablement un fait social, il faut l’appréhender totalement. C’est-à-dire, en tenant compte de l’Observateur. L’observation doit être interne: elle doit être celle de l’indigène ou tout au moins celle de l’observateur revivant l’expérience indigène.

Puisqu’il sait qu’il fait partie du système observé, l’Observateur doit s’observer comme sujet de l’expérience. Il ne pourra jamais s’abolir en tant que sujet mais il pourra essayer d’objectiver au maximum son observation en excluant de plus en plus ses propres influences.

  1. Ex: L’Observateur observe un sujet.
  2. L’observateur s’observe observateur observant un sujet.
  3. L’observateur s’observe observateur s’observant observateur observant un sujet.
  4. etc. !

De la nécessité de que la sociologie et la psychologie collaborent

Mauss, convaincu de la nécessité de la collaboration entre la sociologie et la psychologie, présente les caractères communs ou spécifiques des faits sociaux comme relevant de l’inconscient. L’inconscient serait pour lui le médiateur entre moi et autrui.

Par la psychanalyse, nous pouvons rencontrer notre moi le plus étranger grâce à la découverte de notre inconscient.
Par l’étude ethnologique, nous pouvons rencontrer l’autrui le plus étranger toujours grâce à l’inconscient.

Pour Mauss, l’inconscient est un système symbolique, inné.

Dans « Essai sur le don », Mauss pour la première fois dans l’histoire sociologique, dépasse l’observation empirique pour atteindre des réalités plus profondes.
Pour la première fois, le social dépasse l’anecdote, la description (souvent moralisante). Il découvre les connexions, les équivalences, les solidarités entre sociétés.

Il existe des systèmes de valeurs fondamentales généralisables. Mauss voit un rapport constant entre les phénomènes et leur explication. Dans certains domaines comme celui de la parenté, Mauss découvre des règles mathématiques précises soumises à des raisonnements déductifs qui expliquaient les comportements. Il ouvre la porte à la science de Malinowski.

Dans le système économique, Mauss propose d’appeler le système des prestations totales, de clan à clan, celui dans lequel des individus et des groupes échangent tout entre eux.

Dans toute sa théorie, Mauss cherche à découvrir les zones obscures, les recoins les plus secrets de la pensée, persuadé qu’elles ne peuvent être observées que sur le plan social par le langage ou sur le plan physiologique.

Approfondissons le fait social total en tirant quelques exemples de son Essai sur le don, et voyageons en Polynésie.

L’Essai sur le don de Marcel Mauss

Définition de l’objet d’étude.

Dans l’Essai sur le don, Mauss tente de comprendre la vie sociale comme un système de relations sans faire appel à des notions magiques ou affectives. Il fait la distinction entre le jugement analytique et le jugement synthétique qui trouve, lui, son origine dans la théorie mathématique.

Mauss se penche sur l’étude du système de prestations économiques entre les divers sous-groupes dont se composent les sociétés archaïques (terme employé par Mauss, aujourd’hui le terme usuel en anthropologie est sociétés traditionnelles). En particulier, il en étudiera le caractère volontaire apparemment libre et gratuit et pourtant contraint et intéressé.

Si la plupart du temps, le cadeau semble offert généreusement, il n’y a que « fiction, formalisme et mensonge social et au fond, obligation et intérêt économique« .

La société étudiée est celle des polynésiens.

Le hau

Ce ne sont pas les individus qui échangent mais bien des clans, des tribus ou des familles soit en groupes se faisant face, soit par l’intermédiaire de leurs chefs. Ils échangent bien entendu des biens matériels, mais aussi et surtout des politesses, des femmes, des danses, des services.

Même si la forme du don semble volontaire, il est rigoureusement obligatoire. Mauss propose d’appeler tout ceci le système des prestations totales.

La prestation est totale car c’est bien tout le clan qui contracte pour tous, même si on assiste à une lutte des chefs pour assurer entre eux une hiérarchie qui ultérieurement profitera à leur clan.

Dans certaines tribus en Mélanésie et dans le Nord Ouest américain, l’échange est marqué de rivalité et d’antagonisme. Ces échanges prennent le nom de Potlatch. Mauss préfère: « des prestations totales de type agonistiques » qui se traduisent par des luttes et des compétitions.

Des recherches plus approfondies ont montré un nombre considérable de formes intermédiaires de ces échanges à rivalité exaspérée et à destruction de richesses.

Diverses règles sont contenues dans le droit et l’économie des tribus archaïques. En Polynésie, le mécanisme spirituel qui oblige à rendre le présent reçu est des plus apparents. Mauss étudie quelle force pousse à rendre une chose reçue.

Les obligations de l’échange

L’échange est pour Mauss, le commun dénominateur d’un grand nombre d’activités sociales en apparence étrangère les unes par rapport aux autres. Mais l’observation empirique ne lui permet pas de découvrir cet échange. Il ne voit dans Essai sur le don que trois obligations:

  1. Donner.
  2. Recevoir.
  3. Rendre.

Ces trois obligations constituent la prestation totale.

L’échange ne serait pas construit à partir des obligations de donner, de recevoir et de rendre cimentées par une dimension affective ou mystique. Il est une synthèse de la pensée symbolique destinée par nature à passer de l’un à l’autre.
La notion de hau n’est pas de l’ordre du réel mais de l’ordre de la pensée. Le langage n’a pu naître que tout à coup car les choses n’ont pas pu se mettre à signifier progressivement. Il y a une opposition fondamentale entre langage et connaissance. Le langage a un caractère discontinu alors que la connaissance, elle, se fait dans la continuité.

Pour Mauss, tous les phénomènes sociaux peuvent être assimilés au langage.
L’expression consciente d’une fonction sémantique à pour rôle de permettre à la pensée de s’exercer malgré la contradiction qui lui est propre: contradiction de dire ou de connaître.

Les propriétés de l’échange

Mauss ne peut pas concevoir uniquement les biens échangés comme des propriétés physiques.
Pour lui, l’échange peut aussi s’appliquer à des dignités, des charges ou des privilèges. Il faut donc que l’échange soit conçu aussi subjectivement.
Il se trouve alors devant un dilemme: soit l’échange est l’acte d’échange lui-même; soit l’échange est d’une nature différente que l’acte et alors par rapport à lui l’acte d’échange deviendrait un phénomène secondaire.

Mauss s’acharne dans ce dilemme à reconstruire un tout avec des parties. Comme il n’y arrive pas, il ajoute une quantité supplémentaire qui lui donne l’illusion de sortir du dilemme à savoir le hau.

Qu’est-ce que le hau pour Marcel Mauss ?

Toutes les propriétés personnelles ont un hau: un pouvoir spirituel.
Si vous me donnez un objet et que je le donne à un tiers, celui-ci m’en rendra un autre parce qu’il y sera poussé par le hau de mon cadeau, et moi je serai obligé de vous donner cette chose parce qu’il faut que je vous rende le produit du hau de votre cadeau.
La chose reçue, pour Mauss, n’est pas inerte. Même abandonnée par le donateur, elle est encore quelque chose de lui.

Le lien par les choses est un lien d’âmes car la chose elle-même a une âme.

Le hau est la forme consciente sous laquelle des Hommes d’une certaine société ont appréhendé une nécessité inconsciente dont la raison est ailleurs.

Le don aux dieux

Un quatrième thème joue un thème dans l’économie: le cadeau aux dieux ou aux êtres sacrés (esprits dont on porte le nom) qui sont associés aux Hommes. Il est évident qu’en échangeant entre eux les Hommes ont une influence sur les échanges entre les êtres sacrés. Dans certaines tribus (les Toradja de Célèbes) l’Homme doit acheter aux dieux le droit d’accomplir certains actes soit par des sacrifices soit par des cadeaux soit par les aumônes.

Les différentes formes des échanges de dons

Le kula est une sorte de grand Potlatch. Un commerce inter-tribal et intra-tribal des néo-calédoniens. La traduction du mot kula est sans doute « cercle« .
Comme si les tribus, les expéditions maritimes, les objets précieux, les ustensiles, les nourritures, les fêtes, les services, les hommes et les femmes étaient pris dans un cercle et suivaient autour de ce cercle dans le temps et dans l’espace un mouvement régulier.

Cérémonie d'un Potlatch, photographiée au début des années 1900.
Cérémonie d’un Potlatch, photographiée au début des années 1900.

Le commerce kula semble être réservé aux chefs. Il est apparemment désintéressé et modeste.
Seul le chef a la grandeur d’âme nécessaire pour conduire un kula.
Comme le Potlatch, le kula consiste à donner et à recevoir mais la règle est de partir sans rien avoir à échanger. On fait semblant de ne faire que recevoir.
C’est seulement l’année suivante quand la tribu visiteuse recevra la tribu visitée que les cadeaux seront rendus.

La donation elle-même prend des formes très solennelles. Le donateur se montre exagérément modeste, s’excuse de ne donner que des restes et jette aux pieds du receveur la chose donnée. Même si le don obéit à une obligation, la manière de donner tente de prouver la liberté et l’autonomie du donneur.

L’objet essentiel de ces échanges-donations sont les vaygu’a sorte de monnaie de deux types: les mwali (des bracelets) et les soulava (des colliers). Ces vaygu’a sont animés de mouvements circulaires: les mwali se transmettent d’Ouest en Est alors que les soulava voyagent toujours d’Est en Ouest. Ils ont une fonction mythique, religieuse et magique et témoignent de l’expression symbolique du fait social total car sociologiquement c’est le mélange des choses, des valeurs, des contrats et des Hommes qui se trouve ici exprimé.

Le kula permet tout une série d’autres échanges allant du marchandage à la politesse, de l’hospitalité complète à la réticence ou à la pudeur.

Le kula intertribal est à l’avis de Mauss la représentation d’un système plus général se jouant à l’intérieur de la tribu. En effet, dans la tribu, ce sont les groupes locaux qui se rendent visite, commercent et s’épousent.

Généralisations

Ces observations peuvent être étendues à notre société. Notre morale est toujours imprégnée de cette atmosphère autour du don, de l’obligation et de la liberté mêlés.

Les choses outre leur valeur matérielle ont encore une valeur sentimentale.
Le don non rendu rend inférieur celui qui l’a accepté s’il l’accepte sans esprit de retour. La charité est blessante pour celui qui l’accepte.
L’invitation ou la politesse doit être rendue. Nous voyons ici, la trace du vieux fond traditionnel des Potlatch nobles. Dans nos sociétés se trouvent encore la joie de donner en public, le plaisir de l’hospitalité, le fait que d’appartenir à une mutuelle vaut mieux qu’une simple sécurité personnelle.

Il faut selon Mauss que l’individu ait un sens aigu de lui-même mais aussi des autres et de la réalité sociale. Il écrit que cette morale est commune aux sociétés les plus évoluées et aux sociétés les moins évoluées que nous pouvons imaginer.

La théorie de l’échange-don est loin de rentrer dans le cadre de l’économie soi-disant naturelle de l’utilitarisme. Mauss, dans le courant de Malinowski, continue à faire sauter les doctrines courantes sur l’économie primitive.
En effet, la notion de valeur fonctionne dans les sociétés archaïques: des surplus sont dépensés dans un luxe énorme, il y a des signes de richesse, la monnaie a encore un pouvoir magique, les marchés sont imprégnés de rites et de mythes.

Dans les sociétés capitalistes, l’Homme est une machine compliqué d’une machine à calculer. Il est encore (un peu) éloigné de ce constant et glacial calcul utilitaire.

Fait social total, faits sociaux totaux: résumé et conclusion

Mauss préfère le terme fait social général.
En effet, les faits étudiés dont le système économique échange-don mettent en branle souvent la totalité de la société et de ses institutions comme dans le Potlatch ou le kula, et dans d’autres cas un très grand nombre d’institutions, en particulier lorsque les échanges-dons concernent plutôt les individus.

Tous ces phénomènes sont à la fois juridiques, économiques, religieux, esthétiques, morphologiques.

  • Ils sont juridiques emprunts d’une moralité organisée ou latente, obligatoires ou encouragés, politiques et domestiques en même temps. Ils intéressent les classes sociales, les clans, et les familles. Exemple: le commerce du kula est réservé aux chefs.
  • Ils sont religieux (religion stricte ou magie). Exemple: le don aux dieux est aussi un échange.
  • Ils sont économiques car ils véhiculent l’idée de la valeur, de l’utile, de l’intérêt, du luxe, de la richesse, de l’acquisition, de l’accumulation et d’autre part, ils véhiculent l’idée de la consommation, de la dépense, même parfois purement somptuaires.
  • Ils sont esthétiques. Exemple: les objets échanges comme les vaygu’a sont ornés, polis, et teintés d’émotions esthétiques.
  • Ils sont morphologiques: Tout s’y passe au cours de foires, de marchés, ou tout au moins de fêtes pendant parfois une saison bien définie comme les expéditions maritimes des Mélanésiens qui nécessitent des routes maritimes où l’on peut se transporter en paix.

Mauss essaye de décrire le fonctionnement de « touts« . Ce ne sont pas des thèmes ou des éléments d’institutions. La société est décrite dans son état dynamique et physiologique. Mauss prend garde à ne pas la disséquer en règles, en mythes, en valeurs ou en prix. C’est en considérant le tout ensemble, qu’il peut percevoir l’essentiel, le mouvement, l’aspect vivant et fugitif où les hommes prennent conscience d’eux-même et de leur situation vis à vis d’autrui.

La méthode de l’observation du fait social total consiste en une observation concrète de la vie sociale. Elle a un double avantage:

  1. Un avantage de généralité car ces faits de fonctionnement général ont des chances d’être plus universels que les institutions locales.
  2. Un avantage de réalité: on voit les choses sociales dans le concret, comme elles sont. L’important n’est plus de saisir des idées ou des règles mais bien de saisir des hommes, des groupes, et des comportements.

La plupart des sociétés ont été décrites jusqu’aux théories de Marcel Mauss en étant segmentées à l’intérieur d’elles-mêmes et/ou entre elles. Or, les sociétés ont progressé dans la mesure où elles-mêmes, leurs sous-groupes, et enfin leurs individus ont su stabiliser leurs rapports, donner, recevoir, et enfin rendre.

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La mort: définitions et perspectives historique, anthropologique, sociologique et contemporaine

Difficile d’avoir des projets à très long terme car il y a toujours la limite de la mort à l’horizon qu’il s’agisse de la mort sociale (autrement dit la retraite) ou de la mort biologique.

La mort est l’horizon de toute vie quotidienne. Mais malgré tout notre horizon est au-delà  de la mort. Le projet de l’Homme s’inscrit au-delà de sa finitude: il est possible de se projeter dans ses enfants, dans la collectivité, dans sa profession, etc.

L’idée que « l’homme est un être fait pour la mort » comme l’écrit Heidegger est liée au paradoxe que si nous ne mourrions pas, nous nous laisserions aller et n’aurions pas de projets. Nous rêvons d’immortalité, mais nous ne la supporterions pas matériellement.
Le paradoxe est donc le suivant : l’idée de la mort est insupportable mais l’immortalité est impossible !

La mort supporte également la distinction sacréprofane, car si quiconque profane risque d’être condamné à (la) mort.

Dans notre société du risque, la mort est omniprésente.
Dans notre vision occidentale de la mort, il y a un mélange de conceptions anciennes et nouvelles. Nous vivons dans une société sécularisée où des événements non religieux sont fétichisés (football, princesses, …) : la mort y est perçue dans sa matérialité (c’est la fin de la vie). Notre société a la conscience d’une finitude personnelle et d’une relative infinitude de l’espèce.

Francisco de Goya, Deux vieillards mangeant de la soupe, 1819
Francisco de Goya, Deux vieillards mangeant de la soupe, 1819.

La vision anthropologique de la mort

L’immortalité

Anthropologiquement parlant, l’immortalité constitue une croyance généralisée. Après la mort, quelque chose continue.
Cette immortalité n’est pas physique, elle prend d’autres formes: l’âme, l’incarnation, l’idée d’un double (dans une statue ou un signe) parmi nous, la mort en rêve, etc.
Cette idée d’un double après la mort se retrouve dans des petits rituels existants dans la société occidentale comme ouvrir la fenêtre pour que l’âme sorte ou couvrir les miroirs.

Traiter les cadavres

Le traitement du cadavre est toujours effectué d’une certaine manière.
Nier l’humanité de l’homme, c’est ne pas traiter son cadavre (par exemple lors de massacres, de charniers ou encore de génocides). Un cadavre non traité renvoie à l’idée que l’homme ne peut pas mourir en tant que homme.

De nombreux rites funéraires existent.
Dans l’Islam le corps du mort est lavé; dans le Christianisme le défunt est habillé et enterré; la crémation est également un moyen de traiter les cadavres pratiquée par de nombreux peuples à travers les âges et très populaire dans les sociétés occidentales.
L’archéologie a montré qu’ont été retrouvé dans des couches de sédiments anciens des cadavres dans des positions particulières (fœtale) ou entourés d’objets ou d’animaux (parures, armes, chevaux) voire de nourriture (Égyptiens, par exemple).
L’existence de monuments pour commémorer les morts est une forme de glorification. Pensons aux tombeaux, dolmens, stèles, mausolées, etc.

Le discours sur la mort (thanatologie)

La thanatologie a été développée principalement à partir des années 70 lors de la crise économique. Elle est donc récent, et a pris toute une série de dimensions, notamment anthropologique et sociologique.
Le discours sur la mort porte sur quatre éléments:

  • C’est un phénomène méta-empirique : c’est-à-dire qu’il n’arrive qu’aux autres. En effet quand on meurt on ne peut plus en parler. L’idée de la mort reste un phénomène vague.
  • La mort est composée d’étapes déterminées selon les différents passages de la vie. Mourir suite à une maladie, un accident, ou « dans son sommeil », sont des étapes relatives aux différents passages.
  • La mort rétablit une certaine égalité, car elle supprime l’aliénation. Tous égaux en tant que morts, mais pas tous égaux devant la mort: certains reçoivent des soins, d’autres sont assassinés.
    Il n’y a pas d’égalité après la mort non plus: la mémoire de certains demeure, d’autres en revanche disparaissent avec le temps.
  • Il existe des rituels de conjuration, c’est tout ce qui est mis en pratique pour se concilier le double. Il y a un refus individuel de la mort, mais une certaine acceptation collective (martyrs). La vie prime sur la mort malgré le suicide chez les jeunes et chez les plus vieux.

Vision historique de la mort

La mort a une histoire, en tant qu’événement social, mais aussi biologique, car elle évolue. Cette histoire est relatée en tant qu’événement biologique et social par de nombreux auteurs comme Philippe Ariès.
Selon Ariès, il s’agit de comprendre comment la mort est-elle perçue dans le pays d’oil chrétien. Il distingue différentes évolutions historiques assorties de tendances.

  • Tout d’abord, la tendance générale consiste en la condition de tout mortel pour avoir une bonne mort : être en ordre avec le Créateur et être enterré en terre chrétienne (si possible dans l’église même). Certaines catégories de gens n’ont pas droit à la sépulture chrétienne (hérétiques, prostitués, comédiens, les suicidés).
    L’Église prêche la résignation (la vie sur terre ne vaut rien).
  • Aux XVème et XVIème siècles la période consacrée est celle de la frayeur face à la mort (danses macabres). Un changement de mentalité s’opère, petit à petit s’installe un mode de vie urbain où se développe un confort matériel, une égalité face à la mort. Ceux qui meurent dans leur lit le font devant un public, entourés de leur famille (enfants), du prêtre et du notaire.
  • Se distingue également une exaltation du mort (et non pas de la mort) : le mort est mis en scène (tombeaux).
  • Au XVIIIème siècle, le caractère public de l’agonie (et de la mort) s’estompe. Une certaine privatisation de la mort se met en place: seuls quelques intimes assistent le mourant. Cette attitude face à la mort subsiste aujourd’hui avec un accompagnement médical. La médecine qui traite l’individu pour qu’il subisse le moins de souffrances possibles. Cette évolution vaut pour la bourgeoisie du monde catholique occidental.

Aujourd’hui d’autres façons de traiter le mort et son cadavre sont répandues comme l’incinération (bien que déjà pratiquée depuis l’antiquité) considérée comme l’aboutissement le plus radical: il ne reste plus rien.
Elle s’est répandue dans le Catholicisme, mais l’Islam et le Judaïsme l’interdisent encore car l’homme provient de la terre et doit y retourner.

L’incinération dans sa forme contemporaine est née dans le monde maçonnique au XIXème siècle: Le corps et le cercueil brûlent à 980°C. Les cendres sont déposées dans une urne, elle-même déposée dans un columbarium, un caveau, chez soi, ou encore dispersées. Aujourd’hui on voit également le rétablissement des marques de reconnaissance (photos par ex.): le mort reste visuellement présent même après la disparition de son corps.
Dans la mentalité contemporaine subsiste une idée archaïque, celle du mana: lors des cérémonies de dispersion, les cendres rabattues sur les gens par le vent les effrayent et laissent un sensation de contamination. Il en a été de même dans les crématorium après l’incinération de cadavres de nazis, le four était considéré comme pollué.

Nous assistions à l’égard de la mort individuelle à deux phénomènes :

  • La médicalisation (ou sur-médicalisation) où le médecin décide de la mort (débrancher la machine), il euthanasie son patient. Un paradoxe subsiste car le médecin manifeste de manière consciente ou non jusqu’au bout son impuissance: l’Homme meurt de toute façon.
  • La technologisation de la mort: de nombreuses techniques ont été mises au point au XXème siècle que ce soit dans la manière de traiter le mort (fours crématoires) ou de penser des techniques de masse (l’événement thanatique prend dès lors une forme massive organisée nommée génocide).

La vision actuelle de la mort : la mort aujourd’hui

Une idée contemporaine véhiculée par la doxa est que la mort est en crise.
En effet, depuis quelques décennies on assiste à la séparation entre la mort réelle (la mort des proches) et le discours sur la mort: aujourd’hui l’Homme n’a plus de contact avec ses morts, il ne les voit plus, il ne les touche plus (il les incinère même).

En Occident, le discours social sur la mort se développe surtout à partir de la grande crise de 1973. L’Après-Guerre a concouru à la prise de conscience de la mort collective.
La crise viendrait d’une difficulté à accepter le travail du deuil.
Par le passé, la communauté proche venait absorber la douleur par une série de rituels de deuil.
Aujourd’hui, nous restons seuls avec notre deuil. Comme nous ne souhaitons plus voir le mort, de nouvelles pratiques se sont développées pour que les proches gardent une bonne image du mort. La thanatopraxie (techniques qui rendent le mort présentable) par exemple, qui vient des pays protestants s’est imposée pour les cérémonies à cercueil ouvert.

 

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La périodisation de l’Histoire et des problèmes qu’elle implique

Quelles sont les raisons de la division temporelle de l’Histoire ?

La période est une division canonique qui apparaît naturelle et ce depuis l’enseignement secondaire: Préhistoire, Antiquité, Moyen-Âge, Temps Modernes, Époque contemporaine.
Mais sur quels critères entre-t-on dans une autre période ? Pourquoi 1492 marque le début d’une nouvelle période ? On a peut-être expliqué pourquoi telle limite et pas une autre.

Lors de l’harmonisation des baccalauréats, la question de la périodisation n’a jamais été abordée. L’histoire est étudiée par thème quasiment en dépit de l’étude de séquences chronologiques.

Usuellement, l’Histoire est composée de 6 grandes périodes:

  • La Préhistoire: (-5,5 millions d’années à -3500): des premiers hominidés à la découverte de l’écriture.
  • L’Antiquité (-3500 à 476): de la découverte de l’écriture à la chute de l’Empire Romain d’Occident.
  • Le Moyen-Âge (476 à 1453 ou 1492): de la chute de l’Empire Romain d’Occident à la chute de Constantinople (ou la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb).
  • Les Temps Modernes (1453 ou 1492 à 1789): de la chute de Constantinople (ou la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb) à la Révolution Française.
  • L’époque contemporaine (1789 à 1945 (ou à nos jours)): de la Révolution Française à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
  • Le temps présent (1945 à nos jours): de la fin de la Seconde Guerre Mondiale à nos jours.

A la fin du XXème siècle, une nouvelle périodisation est apparue: l’histoire du temps présent (plus ou moins de 1945 à nos jours).
La problématique de la périodisation a été au centre des débats de manière épisodique. Dans les années 1950, c’est le temps long braudélien (relatif à l’historien Fernand Braudel) qui apparaît.
Dans les années 1970, la périodisation est de nouveau remise en question.

Quand et pourquoi la périodisation est-elle née ?

Au fil des âges, la conception du temps évolue au même titre que la conception des périodisations.
Selon Reinhart Koselleck, entre 1500 et 1800 on assiste à une temporalisation de l’histoire: le temps prend une importance et exerce une influence.
Le schéma d’une histoire cyclique passe à un schéma d’une histoire linéaire: l’histoire et sa temporalité sont soumises à une accélération progressive au point qu’aujourd’hui, certains parlent de présentisme, une perception de l’immédiateté générée par les médias et non plus une perception de la longue durée.

L’évolution du rapport au temps

Le rapport au temps évolue. François Hartog introduit la notion d’historicité, qui est le rapport que nous avons par rapport au temps.
La question qui se pose donc est de comprendre comment ce rapport détermine-t-il le rapport à l’histoire ?

Entre 1500 et 1800, on assiste à une temporalisation de l’histoire.
Dès la fin du XVème siècle, les humanistes prennent conscience de la différence entre passé et présent.
Durant la Renaissance, le présent est considéré non pas comme la continuité du temps mais bien une renaissance du temps ancien.
Les humanistes déterminent deux lignes de partage: le passé proche et le passé lointain.

Cette coupure entraîne trois périodes :

  • De l’origine à Constantin
  • De Constantin à 1250
  • A partir de 1250 (période moderne)

Pour la première fois, l’Histoire est donc séparée en périodes. Cela implique la production d’indicateurs pour distinguer les périodes. C’est à cette époque qu’apparaît le terme de Renaissance. C’est le seuil d’une époque, il devient un terme courant.
L’idée est que nous renaissons. La redécouverte de l’Antiquité à travers les manuscrits et les traductions qui ont été réalisées implique une césure. La Renaissance devient donc une période.

Parallèlement, il faut distinguer la période entre l’Antiquité et la Renaissance. C’est la période appelée Moyen-Âge (media tempora). Le premier usage de ce terme est fait en 1572 et fait allusion à un âge entre deux âges d’or, une période pour laquelle il y a du mépris, durant laquelle il ne se passe rien, etc.
Ce concept de Moyen-Âge s’impose au XVIIème siècle et devient un terme commun au XVIIIème siècle.

A partir de cette nouvelle conception de la période, les théoriciens expliquent que le temps fait partie inhérente de l’histoire. Parallèlement à cette conceptualisation, se mettent en place des théories du progrès: le temps évolue !

Qu’est-ce que périodiser ?

Attention à bien établir la différence entre périodisation et chronologie. Il n’y a pas d’histoire sans date. C’est ce que l’historien doit faire en premier lieu: ranger les évènements dans le temps.

Une date en soi ne signifie rien. Il faut savoir ce qu’il y a avant et après. Elle ne renvoie qu’à elle-même. Le danger est de penser qu’un évènement, une date en entraîne une autre. C’est ce qui est reproché à Ernst Nolte (historien allemand qui a écrit sur le nazisme). sur sa théorie de l’origine du totalitarisme. Il fait une chronologie :

  • 1918 : Les goulags du bolchévisme apparaissent;
  • 1922-1923 : Montée du fascisme italien
  • 1933 : Arrivée au pouvoir d’Hitler qui aura comme conséquence la Shoah

Nolte présente ces faits comme si la succession chronologique entraînait une causalité. Il peut y avoir des points communs entre goulags et camps de concentration. Mais la spécificité du nazisme, ce n’est pas les camps, ce n’est pas le totalitarisme, mais c’est la Shoah. Il y a des points communs mais lorsque Staline envoie des gens au goulag, il envoie des résistants à sa politique et non pas des personnes pour ce qu’elles sont (juives).

C’est l’Histoire qui va donner un sens, qui va évaluer l’originalité ou la conformité de l’évènement. La spécificité de l’Histoire est qu’elle travaille sur la diachronie. L’accent est mis sur la telle ou telle chaîne d’évènements, établie par l’historien.

Périodiser, c’est donc construire une période. L’histoire doit toujours justifier les articulations pour diviser l’histoire en période. Périodiser est une construction qui a un sens donné par l’historien. Il y existe plusieurs manières d’envisager les périodes.

Quels sont les critères d’une périodisation de l’Histoire ?

La périodisation ternaire concerne l’Antiquité, le Moyen-Âge et les Temps modernes. A la fin du XIXème siècle, est ajoutée la période Contemporaine et la Préhistoire.

Les césures entre les périodes qui sont établies à la fin du XIXème siècle sont politiques. A cette époque, l’histoire est l’histoire politique.

Cette division correspond à l’école méthodique. Les historiens qui la composent sont sensibles à l’évènement politique comme facteur unique de l’explication de l’histoire

Le siècle

On parle du siècle des Tudor, de Louis XIV, du court XXème siècle, ou encore du long XIXème siècle.

Pour certains historiens, cette conception est plus intéressante car elle consiste en un critère neutre qui permet de rompre avec ce qu’on faisait avant.
Mais entre 1899 et 1901, il n’y a pas forcément eu de bouleversements. Le siècle est donc très élastique. On considère que la fin du XVIIIème siècle est en 1789, au lieu de 1800. Le court XXème siècle, débute en 1914-18 et termine en 1989. Cette distinction faite par l’historien Eric Hobsbawm souligne le combat des idéologies; la fin du communisme nous précipite dans un autre monde, dans un autre siècle.

Les moments de début et de fin de siècle varient en fonction des historiens, par exemple Thérèse Delpech choisit comme date de début du XXème siècle, 1905 (guerre sino-russe et sino-chinoise). C’est l’époque où s’entame un processus de brutalisation de l’histoire. Pour Michel Demoulin 1905-1914 est une période.

Caractériser un siècle est donc très arbitraire. Les grandes dates de l’Histoire sont généralement choisies.

La Préhistoire fait exception à cela car il n’y a pas de critères politiques. C’est simplement l’histoire avant l’écriture: il s’agit donc d’une période mobile.

Les contestations de la périodisation par siècle ou par période

Cette périodisation a eu des contestataires comme l’École des Annales. Ses membres rompent avec ce système de périodisation en multipliant les critères de césure.
Par exemple, 1989 n’a aucune importance si on fait l’histoire des femmes ou de l’histoire sociale. Ils créent des thèmes. L’histoire économique et sociale amène à sortir de l’histoire politique.

Ce n’est pas la périodisation en tant que telle qu’ils mettent en cause mais propose une approche plus spécifique.

Par exemple, Fernand Braudel propose une tripartisation du temps dans sa thèse sur La Méditerranée et Philippe II:

  • Le temps long, qui est le temps géographique
  • Le temps moyen, qui est le temps cyclique
  • Le temps court, qui est le temps de l’évènement

La nouvelle période historique: le temps présent

Périodiser, c’est choisir une séquence temporelle qu’il faut justifier soit par rapport à ce qui a précédé le début du sujet en indiquant la rupture et la légitimité de cette rupture, et en faisant la même chose pour la limite en aval.

Suite à l’évolution de la société et plus particulièrement des médias, le présent nous accale.
Les médias ne travaillent plus sur la longue durée. Les médias commentent l’actualité et fondamentalement l’Histoire qui se créé en conviant démographes, sociologues ou politologues mais rarement (ou jamais) d’historiens.
Le présentisme est la tendance actuelle à éliminer la perspective diachronique.

Ceci implique trois choses en terme de périodisation:

  • Le temps présent doit être délimité et spécifié
  • Cette période doit dépendre d’une représentation du présent
  • La notion est mobile car elle implique d’être révisée en permanence

Les critères historiques utilisés pour parler du temps présent correspondent à celui des témoins encore vivants ou de la durée durant laquelle les archives ne sont pas accessibles (50 ans). Le temps présent est une période mobile conditionnée par une source de mémoire vive, contemporaine de l’historien, comme l’a fait Hérodote (il écrit ce qui est en train de se passer), ou encore Henri Pirenne (son histoire de Belgique s’arrête en 1920 mais il écrit la guerre de 14-18, ce qui est du temps présent).

Vers une autre périodisation de l’Histoire ?

Cette traduction du temps présent amène les historiens à encore réduire les périodisations. Par exemple, Jean-François Sirinelli travaille par génération considérant qu’il s’agit de la meilleure référence pour établir une échelle du temps cohérente.
Les générations sont modelées pars des évènements majeurs. C’est le retour de l’importance de l’évènement. Avec la génération, on miniaturise les objets historiques. Il s’agit de la micro histoire: on part d’un individu (ou d’un petit groupe d’individus) et on retrace une histoire plus globale.

En conclusion

Il y existe différents types de périodisation: canonique, par siècle, par génération, etc. Il y a toujours un ou des critères pour fixer les bornes de début et de fin.
S’il y a des bornes, cela signifie qu’il y a un avant et un après.
Si il n’existe pas de périodisation, il s’agit d’une conception du temps dite braudélienne, composée des trois temps court, moyen et long.

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