Arrivée des Européens
Des contacts sans colonisation
Avant l’arrivée des premiers européens en Amérique du Nord et plus précisément au Canada actuel, les habitants constituant les Premières Nations sont estimés à 300.000.
Les premiers développements d’un capitalisme commercial impliquent que dès la fin du XVème siècle, des navigateurs accompagnés par des soldats viennent pour exploiter des ressources et faire du commerce, notamment de fourrure.
L’objectif est pour eux de créer des industries qui ont besoin de matières premières qu’on trouve ailleurs qu’en Europe.
Il s’agit des premiers contacts sans colonisation et ont probablement lieu avec les tribus Micmacs et Béothuks.
Sur le continent américain sont présents les Espagnols, les Français et les Britanniques.
Élément fondateur et initiateur du rapport Canada – Europe
Le navigateur Jacques Cartier arrive en 1534 dans l’embouchure du Saint-Laurent mais il n’est pas le premier à atteindre ces territoires. Il rencontre des Portugais, Français, et des Britanniques qui ont commencé à faire de la grande pêche y compris de la pêche à la baleine.
Quand Cartier arrive, il est déçu. Il rencontre des populations pauvres, lui qui imaginait une route vers l’or) et le climat est rude.
Cependant, il constate l’importance du commerce de fourrure de castor qui devient dès la fin du XVIème siècle une activité à part entière.
La première rencontre est parfois violente avec les autochtones à qui est confisquée une partie de l’activité commerciale.
Certaines nations amérindiennes deviennent des intermédiaires et créent une structure commerciale de commerce de fourrure de castor tandis que les européens explorent plus profondément les territoires, et ce parfois pour éviter ces intermédiaires.
A la fin du XVIème siècle, le Canada n’est pas une colonie de peuplement, il s’agit principalement de comptoirs commerciaux. Le peuplement du Canada (par l’Europe) est lent et n’attire pas les populations européennes.
Jusqu’à la fin du XIXème siècle: appartenance à la Nouvelle-France
La Compagnie des Cent Associés ou la Compagnie de la Nouvelle-France
Samuel de Champlain fonde Québec en 1608.
Il s’agit d’une ville qui privilégie à l’origine les constructions en bois.
Jusqu’en 1640 des guerres abondantes avec certaines Premières Nations ont lieu. Des alliances politiques se nouent entre les français et certaines nations comme les hurons pour permettre le développement du commerce.
Québec est soutenu par le pouvoir royal et à partir de là commence le désir d’une réelle colonisation.
En1627 à Québec, il y a 100 personnes. Les gens ne se pressent pas pour aller s’y installer. Le peuplement du est considéré comme trop lent par les autorités Françaises.
Richelieu créé dès lors la Compagnie des Cent Associés, aussi appelée la Compagnie de la Nouvelle-France, composée de marchands et d’aristocrates. Leur objectif est de créer une base de commerce et d’obtenir le monopole du commerce des fourrures. Pour y parvenir, il faut soutenir la colonisation.
La Compagnie des Cent Associés est la première tentative de colonisation du Canada.
En 1663, le mandat de la Compagnie prend fin et il y a 3000 colons français au Canada (contre 100.000 colons britanniques en Amérique du Nord).
Le rôle de l’Église
Dès 1640, des missionnaires jésuites vivent parmi les nations amérindiennes pour les évangéliser. Leur méthode est d’apprendre leur langue pour les convertir « plus facilement ».
Les missionnaires traduisent la langue des amérindiens de la région de Montréal, s’y installent sur l’île de Montréal au nom de la Société Notre-Dame de Montréal. Les constructions à Montréal sont réalisées en pierre (à l’inverse de Québec qui fait à l’époque le choix du bois).
Les récits des missions reviennent en Europe et popularise sur le Vieux Continent ce qui se passe au Canada.
Opposition entre catholiques et protestants
Les Français ne sont pas seuls à coloniser le Canada, l’œuvre coloniale est aussi le fait des Britanniques, qui sont anglicans.
Une rivalité très forte a lieu entre les Français et les Britanniques, cristallisée autour de ce marqueur religieux.
En 1627, le roi de France Louis XIII interdit tout autre peuplement que catholique dans les territoires de la Nouvelle-France.
Les rivalités entre les différentes nations amérindiennes
En 1570 est fondée la Confédération iroquoise des Cinq Nations et choisissent de commercer avec les Hollandais et ensuite les Britanniques. Ils sont farouches opposants des Français. Cette confédération va perdurer deux siècles mais s’autodétruire en 1779 suite à la guerre d’Indépendance Américaine qui divise les tribus. Certaines restent fidèles à la Grande-Bretagne tandis que d’autres se battent des rebelles américains.
Mi-XVIIème siècle, quasiment toutes les nations amérindiennes autour du Saint-Laurent ont été anéanties.
Cela change la donne autour du territoire, les secteurs où les amérindiens étaient intermédiaires sont détruits.
Dans les années 1650, les populations d’expression française se retrouvent plus nombreuses dans la vallée du Saint-Laurent par rapport aux populations amérindiens.
Mais pour survivre, les Français doivent reprendre le rôle tenu par les amérindiens auparavant notamment dans le commerce des fourrures.
La Compagnie des Cent-Associés ne trouve plus de partenaires.
Le contrat de colonisation de peuplement
Louis XIV (1661-1715), prend la décision de contraindre à la colonisation, de placer la colonie de la Nouvelle-France sous sa responsabilité directe et de lancer une colonie de peuplement.
Un contrat de 3 ans minimum comprenant le transport, le logement en Nouvelle-France ainsi qu’un salaire) est proposé (imposé) aux colons en stipulant qu’ils peuvent rester sur place. Mais 75% d’entre eux retournent en France après les 3 ans. Progressivement le nombre des retours baisse.
Les populations contrainte au peuplement viennent majoritairement de l’Ouest de la France, de Normandie et plus précisément dans la région du Perche. L’accent québécois actuel donne une idée d’une partie de l’accent des populations normandes du XVIIème siècle.
Le contrat est majoritairement proposé à des hommes, si tant est que la proportion d’hommes est de deux hommes pour une femme en Nouvelle-France. Le roi fait donc transporter quelques centaines de femmes pour aller là bas. Elles sont payées par le roi pour essayer de développer les populations de peuplement.
Entre 1670-1680, il y a une augmentation significative du nombre de femmes françaises au Canada.
Le peuplement de la Nouvelle-France en chiffres
En schématisant, si l’immigration fort importante cesse après les années 1680, il y a un réservoir de 10.000 colons en Nouvelle-France qui sont en grande partie à l’origine de la population francophone actuelle.
Le taux de fécondité est très fort: 10 enfants et plus par femme.
Cet élément de fécondité est utilisé aujourd’hui dans l’Histoire nationale par beaucoup d’auteurs: celui qui est un vrai canadien est issu de ceux qui ont peuplé à l’origine, quand c’était difficile.
En 1730, il y a 30.000 à 40.000 personnes concentrées autour de Québec et de Montréal.
Au XVIIIème siècle, la ville de Québec compte entre 6.000 et 7.000 habitants tandis que celle de Montréal en dénombre plus de 4.000. L’activité commerciale est toujours centrée autour du commerce des fourrures.
La Guerre de Sept Ans (1756-1763)
La guerre de Sept Ans est un conflit qui implique l’Autriche, son alliée la France, leurs empires et colonies à la Prusse, son alliée la Grande-Bretagne, leurs empires et colonies.
Le déclencheur de la guerre est la volonté farouche de Marie-Thérèse d’Autriche de récupérer la Silésie, région perdue au bénéfice du roi de Frédéric II de Prusse en 1748 à l’issue de la guerre de Succession d’Autriche. Cette guerre d’Alliances (à l’Instar de la Première Guerre Mondiale) se déroule à la fois en Europe, en Inde et en Amérique du Nord où les Français se battent contre les Britanniques. La France perd ce conflit et une grande partie de son empire colonial au profit des Britanniques et des Espagnols.
La bataille des Plaines d’Abraham en 1759
En 1759, a lieu bataille des Plaines d’Abraham, la Nouvelle-France disparait et le Canada rejoint les colonies britanniques. Pour les francophones du Canada, c’est une catastrophe.
La Nouvelle-France s’appelle désormais province du Québec et c’est à partir de ce moment que sont être menées des politiques d’assimilation de la part des Britanniques comme l’obligation d’abandonner le catholicisme pour avoir accès à un emploi dans la fonction publique.
Les francophones refusent cette politique assimilationniste et refusent d’abandonner leur religion même pour avoir accès à un emploi dans la fonction publique.
Les conséquences de la Guerre de Sept Ans
Parallèlement à ces tentatives britanniques, il faut constater qu’il y a une très faible immigration anglaise dans la province de Québec et que les francophones sont de plus en plus nombreux (rappelons-nous du taux de fécondité de plus de dix enfants par femme !). Ce qui fait de fait de plus en plus de locuteurs francophones et de catholiques.
Le pouvoir britannique tente de calmer l’agitation de la province de Québec.
Souhaitant préserver un maximum de son ensemble colonial, ayant des enjeux à la fois aux États-Unis et au Canada, les autorités britanniques lâchent du lest pour garder le contrôle sur leurs territoires et promulguent l’acte de Québec en 1774.
L’acte de Québec de 1774
L’acte accepte de rétablir :
- Les lois civiles françaises à l’exception du droit criminel. Il y a donc une coexistence de deux traditions de droit.
- La religion catholique est reconnue.
- Les français peuvent donc accéder aux fonctions publiques qui n’étaient accessibles qu’aux anglicans.
- L’agrandissement du territoire de Québec, ce qui bloque l’extension des colons américains.
Ce qui est concédé aux francophones ne fait pas plaisir aux colons américains qui vont proclamer leur indépendance en 1776.
En 1783, l’Indépendance des États-Unis est reconnue à Versailles et en 1787 leur constitution est rédigée.
Cette guerre va toucher le Canada, les insurgés vont occuper une partie du Canada jusqu’à Montréal.
Les loyalistes (envers la Couronne britannique, donc) obtiennent le droit de s’installer au Canada puisqu’ils ne sont plus les bienvenus aux États-Unis.
Or, ces britanniques loyalistes ne soutiennent pas l’Acte de Québec et s’installent donc dans la vallée du Saint-Laurent.
Ceci mène à la promulgation de l’Acte constitutionnel de 1791.
Vers le fédéralisme…
L’Acte constitutionnel de 1791
Puisque les nouveaux venus ne veulent pas du droit français, le territoire canadien est divisé en deux.
Le Haut-Canada est composé du Sud de l’Ontario, les anglophones y sont majoritaires, et le droit britannique y est pratiqué.
Le Bas-Canada est composé du Sud du Québec actuel, est majoritairement francophone et peut conserver les lois civiles françaises.
Cet acte a pour conséquence la création d’une organisation qui tend vers le fédéralisme.
Les deux colonies possèdent une assemblée législative avec un conseil législatif, les membres sont désignés par les autorités britanniques qui gardent la main mise sur les deux Canada, et un gouverneur possède un droit de véto (pour que les décisions ne soient pas contraires au pouvoir de la métropole).
Une contre-société de canadiens francophones émerge
Les canadiens francophones se distinguent par la toute-puissance de l’Église et l’élite des milieux patriotes.
Après la disparition de la Nouvelle-France et la disparition des administrateurs français, seule l’Église catholique est restée pour structurer la société.
Parallèlement, l’élite de la société francophone constituée d’avocats, de marchands, de professions dites libérales (aujourd’hui), se revendiquent francophones et revendiquent leur existence en tant que telle.
En 1827, ce mouvement prend le nom de parti patriote. C’est l’époque des révolutions libérales dans le monde.
En effet, les premiers partisans du sentiment national en Europe et en Amérique du Nord sont à l’origine des libéraux et des progressistes. Ce sentiment naît des deux grandes révolutions (Française et Indépendance des États-Unis).
Au Canada, souhait d’avoir plus d’autonomie. Louis-Joseph Papineau réfléchit à l’idée d’obtenir une autonomie politique. Les autorités coloniales sont d’accord pour nommer des francophones aux postes dans l’exécutif mais refusent d’abandonner le contrôle du pays.
Ces idées gagnent aussi le Haut-Canada qui souhaite plus d’autonomie aussi.
Le Rapport Durham
En 1838, John George Lambton, comte de Durham, un libéral anglais nommé gouverneur rédige un rapport et émet une série de recommandations.
Le rapport Durham indique qu’au Bas-Canada la lutte vise à la constitution d’une république du Canada francophone.
Pour Lambton, le Bas-Canada n’a pas d’avenir en dehors de la collectivité. Donc, il faut les assimiler graduellement.
L’Acte d’Union de 1840
Ceci conduit à l’adoption de l’acte d’Union en 1840 qui réunit les deux Canada et implique que la population anglaise devient majoritaire et la seule langue officielle est l’anglais.
Les lois sont désormais en anglais.
Il s’agit d’une tentative d’assimilation contrainte.
Le Canada Uni est une tentative d’assimilation vaine car les francophones ne vont pas s’assimiler aux Britanniques et le Canada demeure en réalité deux Canada distincts.
Le Canada reste Uni jusqu’en 1867 année où il se constitue en confédération et agrandit ses territoires et ses provinces.
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