Ce premier article dédié aux différents fromages de France, vous propose de découvrir les plus connus du nord, sous forme d’une liste, afin d’enrichir votre culture culinaire ! Et, en plus des fromages, vous pourrez aussi réviser votre géographie !
La France produit plus de 1 200 variétés de fromages différentes, et le Nord du pays possède une tradition fromagère remarquable qui témoigne de siècles de savoir-faire laitier. De la douce Normandie aux plaines flamandes, des plateaux champenois aux vallées du Centre-Val de Loire, chaque terroir nordique a développé ses spécialités fromagères uniques, reflet d’un climat tempéré océanique propice à l’élevage laitier et d’une culture paysanne profondément ancrée dans la transformation du lait.
⚡ En bref : Les fromages emblématiques du Nord
11 fromages incontournables du patrimoine nordique : Normandie avec son trio légendaire (Camembert AOP pâte molle croûte fleurie, Pont-l’Évêque carré croûte lavée, Livarot « le Colonel » aux 5 bandelettes), Champagne-Bourgogne avec le Chaource cylindrique au duvet blanc, Hauts-de-France avec le Maroilles carré odorant et la Mimolette orange sphérique, Centre-Val de Loire avec les chèvres berrichons (Pouligny-Saint-Pierre pyramidal, Valençay tronqué, Sainte-Maure de Touraine en bûche), Picardie avec le Neufchâtel en forme de cœur, et Normandie encore avec le Boursin créatif pâte fraîche aillée. Cette diversité illustre la richesse des terroirs laitiers nordiques.
Quatre grandes familles de pâtes représentées : pâtes molles à croûte fleurie (Camembert, Neufchâtel, Chaource, Valençay avec duvet blanc de Penicillium candidum), pâtes molles à croûte lavée (Livarot, Pont-l’Évêque, Maroilles lavés en saumure développant morgeage orangé bactéries Brevibacterium linens), pâtes pressées non cuites (Mimolette boule dure vieillissement prolongé), pâtes fraîches (Boursin non affiné aromatisé). Les fromages de chèvre (Pouligny, Valençay, Sainte-Maure) développent croûtes naturelles bleutées caractéristiques. Chaque famille correspond à des techniques d’affinage spécifiques transmises depuis des siècles.
Appellations et labels de qualité : la quasi-totalité de ces fromages bénéficient d’une AOP (Appellation d’Origine Protégée) ou AOC garantissant terroir délimité, races animales spécifiques (vaches Normandes pour Camembert, chèvres alpines/Saanen pour Pouligny), lait cru obligatoire pour certains, techniques traditionnelles (moulage louche Camembert, affinage paille Sainte-Maure). Ces protections juridiques préservent authenticité, qualité constante, savoir-faire régionaux face à l’industrialisation. Un Camembert AOP au lait cru n’a rien à voir avec une imitation industrielle pasteurisée ! La géographie fromagère nordique est donc aussi une géographie des appellations et du patrimoine immatériel UNESCO.

Les trésors fromagers de Normandie : une tradition laitière millénaire
La Normandie est sans conteste la région fromagère la plus emblématique du Nord de la France. Son climat océanique doux et humide, ses bocages verdoyants, ses vaches Normandes (race locale à robe tricolore blanche-brune-noire) et sa longue tradition laitière ont donné naissance à quatre AOP majeures qui rayonnent mondialement. Les prairies normandes riches en trèfle et herbes variées confèrent aux laits une qualité exceptionnelle, base indispensable de ces fromages réputés.
Le Camembert de Normandie : l’icône mondiale
Le Camembert de Normandie est un fromage au lait cru de vache, à pâte molle légèrement salée et à croûte fleurie fabriqué dans l’Orne (61), en Normandie.

Le Camembert de Normandie AOP est probablement le fromage français le plus célèbre au monde, symbole même de la gastronomie française à l’international. Fabriqué exclusivement dans cinq départements normands (Calvados, Eure, Manche, Orne, Seine-Maritime) avec du lait cru de vache normande, c’est un fromage à pâte molle légèrement salée et à croûte fleurie au duvet blanc caractéristique.
Sa légende remonte au XVIIIe siècle : Marie Harel, fermière du village de Camembert (Orne), aurait perfectionné la recette en 1791 avec les conseils d’un prêtre réfractaire qu’elle cachait durant la Révolution. Le fromage connaît sa consécration au XIXe siècle : Napoléon III le découvre et l’apprécie, l’invention de la boîte en bois ronde (1890 par l’ingénieur Ridel) permet son transport sans dommage, et la guerre 14-18 le popularise auprès des soldats alliés qui le rapportent chez eux.
Le vrai Camembert AOP doit respecter un cahier des charges strict : lait cru exclusivement, moulage à la louche en cinq passages successifs (technique artisanale longue garantissant texture onctueuse), affinage minimum 21 jours en hâloir, poids 250g diamètre 10,5-11cm. La croûte fleurie se développe naturellement par l’action du Penicillium candidum. Le goût évolue avec l’affinage : jeune il est doux lactique, affiné il devient onctueux crémeux voire coulant avec des notes champignonnées et une pointe d’ammoniac.
Attention aux imitations industrielles ! Un « Camembert fabriqué en Normandie » pasteurisé moulé mécaniquement n’a pas l’AOP et présente un goût standardisé fade comparé à l’original. La production AOP ne représente que 5 000 tonnes annuelles contre 60 000 tonnes de camemberts industriels. Défendez l’authenticité en vérifiant la mention « Camembert de Normandie AOP » et le logo rouge-jaune européen !
Le Pont-l’Évêque : le carré normand à croûte lavée
Le Pont-l’Évêque est un fromage au lait de vache à patte molle et à croûte lavée, produit dans les 5 départements normands (Seine Maritime (76), Eure (27), Orne (61), Calvados (47), Manche (50)).

Le Pont-l’Évêque AOP, fabriqué dans les cinq départements normands, est l’un des plus anciens fromages français encore produit (mentions dès le XIIe siècle sous le nom d’Angelot). C’est un fromage au lait de vache à pâte molle et à croûte lavée, reconnaissable à sa forme carrée (10,5 à 11,5 cm de côté, 3 cm d’épaisseur, 350-400g) et sa croûte orangée striée par les clayettes d’affinage.
La technique de la croûte lavée consiste à laver régulièrement le fromage durant son affinage (3 semaines minimum) avec de l’eau salée ou une saumure légère. Cela favorise le développement de bactéries d’affinage spécifiques (Brevibacterium linens) qui confèrent la couleur orange-brun caractéristique, une texture moelleuse, et des arômes puissants. Le Pont-l’Évêque sent fort (notes animales, cave humide) mais son goût reste relativement doux, onctueux, légèrement sucré avec des notes de noisette.
Le Pont-l’Évêque tire son nom de la petite ville normande éponyme dans le Calvados, centre historique de sa production. Il existe en trois formats : Petit (150-250g), Pont-l’Évêque (300-400g), et Grand Pont-l’Évêque (600g). Les moines cisterciens de l’abbaye du Pré-d’Auge auraient contribué à développer sa technique d’affinage au Moyen Âge. Aujourd’hui, environ 3 500 tonnes sont produites annuellement, majoritairement en laiterie mais avec quelques producteurs fermiers perpétuant la tradition artisanale.
Le Livarot : « le Colonel » aux cinq galons
Le Livarot (aussi surnommé le ‘Colonel‘) est un fromage de vache à patte molle et croûte lavée, très ancien de Normandie, qui tire son nom de la ville de Livarot, au centre du pays d’Auge (région naturelle et traditionnelle de Normandie, divisée principalement par les départements modernes du Calvados (14) et de l’Orne (61), ainsi que par l’ouest de l’Eure (27)).
Le Livarot AOP est un fromage de caractère, surnommé affectueusement « le Colonel » en référence aux cinq bandes de laîches (roseaux séchés appelés « sangles ») qui l’entourent et évoquent les cinq galons d’un colonel de l’armée française. Ces bandelettes maintiennent le fromage durant son affinage car sa pâte très molle à croûte lavée est extrêmement fragile et aurait tendance à s’affaisser.
Originaire du Pays d’Auge (région naturelle du Calvados et de l’Orne), le Livarot tire son nom de la commune éponyme située au cœur de cette zone d’élevage. C’est l’un des plus anciens fromages de Normandie (mentions au XIIIe siècle). À pâte molle et croûte lavée au rocou (colorant naturel rouge-orangé extrait de l’arbre rocouyer), il développe une croûte orangée striée et des arômes très prononcés.
Le Livarot possède un caractère olfactif puissant (odeur forte de cave, animale, ammoniaquée) qui peut impressionner les non-initiés, mais son goût reste équilibré : corsé, légèrement piquant, notes de beurre, texture fondante crémeuse. Il se décline en cinq formats selon le poids : Petit-Livarot (220-250g), Trois-quarts (300-350g), Livarot (450-500g avec les 5 bandes classiques), et formats géants rares. L’affinage dure minimum 3 semaines mais atteint souvent 2-3 mois pour les Livarot extra-vieux recherchés par les amateurs.
Production annuelle : environ 1 300 tonnes dont une majorité industrielle, mais quelques fermiers perpétuent la fabrication artisanale traditionnelle au lait cru. Le Livarot se marie idéalement avec un cidre fermier normand brut ou un Calvados, créant un accord terroir parfait.
Le Neufchâtel : le cœur romantique de Normandie
Le Neufchâtel (Cœur de Bray) est un fromage à pâte molle et à croûte fleurie au lait entier cru de vache, connu pour sa forme de cœur, et est produit dans l’Oise (60) et la Seine-Maritime (76).

Le Neufchâtel AOP, surnommé « Cœur de Bray », est le seul fromage normand traditionnellement moulé en forme de cœur, bien qu’il existe aussi en bonde (cylindre), carré, briquette, ou double-bonde. Fabriqué en Seine-Maritime et dans l’Oise (Pays de Bray, région naturelle aux confins de la Normandie et de la Picardie), c’est un fromage à pâte molle et à croûte fleurie au lait entier cru de vache.
La légende romantique veut que durant la Guerre de Cent Ans (1337-1453), les jeunes Normandes offraient ce fromage en forme de cœur aux soldats anglais dont elles étaient tombées amoureuses, comme preuve de leurs sentiments. Au-delà de l’anecdote historique invérifiable, cette forme distinctive permet de le reconnaître immédiatement sur un plateau de fromages et contribue à son charme.
Le Neufchâtel est l’un des plus anciens fromages normands : les premières mentions écrites remontent à 1035 dans des comptes de l’abbaye de Sigy. Son terroir, le Pays de Bray, est une « boutonnière » géologique (dépression argilo-calcaire) aux prairies grasses idéales pour l’élevage laitier. Le lait des vaches Normandes nourries à l’herbe donne un fromage particulièrement crémeux.
Caractéristiques gustatives : croûte fleurie blanche veloutée (Penicillium candidum), pâte souple crémeuse couleur ivoire, goût délicat légèrement salé avec notes champignonnées et lactiques, texture fondante. Affinage minimum 10 jours pour les petits formats (100g), 21 jours pour les grands (600g). Le Neufchâtel développe une saveur plus prononcée en vieillissant, devenant plus typé champignon-cave à 3-4 semaines.
Production modeste : environ 1 500 tonnes par an, dont une partie significative en fabrication fermière artisanale. Le format cœur (200g) reste le plus populaire, symbole parfait pour une déclaration gourmande !
Le Boursin : l’innovation crémeuse normande
Le Boursin est un fromage de vache, à pâte fraîche, et réalisé pour la première fois dans le département de l’Eure en région Normandie.
Le 1er octobre 1968 est l’une des dates importantes pour la publicité française, en effet sur la première chaîne, on a pu assister à la première coupure publicitaire, parmi les 5 spots, on pouvait y voir le Boursin, réalisé par l’agence Publicis, dans lequel l’acteur Jacques Duby a répété près de 15 fois le nom « Boursin » !
Le Boursin est un cas à part dans cette sélection : c’est un fromage de vache à pâte fraîche (donc non affiné), aromatisé à l’ail et aux fines herbes (version classique), créé en 1957 par François Boursin dans le département de l’Eure en Normandie. Bien qu’il ne possède pas d’AOP (produit aujourd’hui industriellement), il mérite sa place pour son rôle historique dans la publicité française.
Le 1er octobre 1968 marque un tournant : c’est la date de la première coupure publicitaire télévisée en France sur la première chaîne de l’ORTF. Parmi les cinq spots diffusés figure celui du Boursin, réalisé par l’agence Publicis, dans lequel l’acteur Jacques Duby répète près de 15 fois le nom « Boursin » en vantant le fameux slogan : « Du pain, du vin, du Boursin ! ». Ce spot révolutionnaire a ancré le fromage dans l’imaginaire collectif français et démontré la puissance de la publicité télévisée.
Sur le plan gustatif, le Boursin se caractérise par sa texture crémeuse tartinable, son goût frais légèrement acidulé relevé par l’ail et les herbes (ciboulette, persil, poivre), et sa polyvalence culinaire : tartine apéritive, garniture de légumes crus, sauce pour pâtes, base de dips. D’autres versions existent : poivre noir, échalote-ciboulette, fromage nature.
Aujourd’hui propriété du groupe Bel, le Boursin est exporté dans 30 pays et produit également hors de Normandie, mais son origine normande reste inscrite dans son ADN. Il représente l’innovation fromagère française du XXe siècle face aux traditions séculaires des AOP.
Champagne et Bourgogne : le Chaource, douceur fleurie
Le Chaource : le cylindre champenois au duvet immaculé
Le Chaource est plut haut qu’un Camembert, est un fromage à pâte molle à croûte fleurie, à base de lait de vache, et vêtu d’un délicat duvet blanc ; produit dans les régions de l’Aube (10) et de l’Yonne (89).

Le Chaource AOP est un fromage à pâte molle à croûte fleurie, à base de lait de vache, reconnaissable à sa forme cylindrique plus haute qu’un Camembert (6-7 cm de hauteur, 9-11 cm de diamètre, 250-450g) et son délicat duvet blanc dense qui recouvre entièrement sa surface. Produit dans les départements de l’Aube et de l’Yonne (régions Champagne-Ardenne et Bourgogne), il porte le nom du village éponyme de Chaource dans l’Aube.
Fromage ancien (mentions au Moyen Âge, codification au XIVe siècle), le Chaource était traditionnellement fabriqué dans les fermes champenoises et bourguignonnes pour valoriser les excédents de lait. Sa zone de production se situe à la frontière entre deux grandes régions fromagères et viticoles, lui conférant une identité unique entre Nord et Est.
Caractéristiques organoleptiques : croûte fleurie blanc pur très épaisse (Penicillium candidum et Geotrichum candidum) donnant un aspect velouté cotonneux, pâte blanche crémeuse friable (texture différente du Camembert coulant), cœur restant légèrement crayeux même à maturité. Goût doux lactique peu salé avec notes fraîches de crème, champignon léger, noisette délicate. Le Chaource est considéré comme l’un des fromages à croûte fleurie les plus accessibles et consensuels.
Affinage : minimum 14 jours pour les petits formats (200-250g), 21 jours pour les gros (450g). Contrairement au Camembert qui devient coulant, le Chaource conserve une texture friable crémeuse même affiné. Production annuelle : environ 2 000 tonnes, majoritairement laitière avec quelques producteurs fermiers.
Accord classique : champagne brut ou blanc de blancs (terroir oblige !), qui nettoie le palais de l’onctuosité fromagère. Le Chaource se déguste également nature sur une tranche de pain de campagne grillé, ou fondu sur des pommes de terre. Un fromage de finesse qui mérite d’être mieux connu hors de sa région d’origine.
Hauts-de-France : Maroilles et Mimolette, caractères flamands
Le Maroilles : le carré odorant de l’Avesnois
Le Maroilles est un fromage fabriqué en Avesnois dans le département du Nord (59), il a la particularité d’être de forme carrée. On le retrouve bien évidement dans la flamiche au maroilles, une spécialité culinaire de Thiérache (région naturelle qui regroupe des terroirs de France et de Belgique) et de l’Avesnois, mais aussi dans la goyère de valenciennes !

Le Maroilles AOP est LE fromage emblématique des Hauts-de-France, fabriqué en Avesnois dans le département du Nord (59). À pâte molle et croûte lavée, il se distingue immédiatement par sa forme carrée caractéristique (13 x 13 cm, 6-7 cm d’épaisseur, 700-800g pour le format standard) et son odeur puissante qui divise : les uns le trouvent insupportable, les autres en raffolent !
L’histoire du Maroilles remonte au Xe siècle : les moines de l’abbaye de Maroilles (fondée en 652) auraient mis au point sa technique d’affinage par lavages successifs. Durant des siècles, c’était le fromage des paysans et mineurs du Nord, nourriture énergétique et bon marché. Il obtient son AOC en 1976, devenue AOP européenne.
La technique de fabrication implique un affinage minimum de 5 semaines en cave humide à 10-12°C, avec des lavages réguliers à l’eau salée ou à la bière qui développent le morgeage (croûte) rouge-orangé brillant légèrement humide. Les bactéries Brevibacterium linens responsables de la croûte produisent des composés soufrés volatils expliquant l’odeur forte (notes animales, étable, ammoniaque). Paradoxalement, le goût est moins violent que l’odeur : corsé certes, mais équilibré, légèrement salé, avec une texture fondante crémeuse.
Le Maroilles existe en quatre formats : Maroilles (750g, format classique), Sorbais (550g, ¾), Mignon (350g, ½), et Quart (180g, ¼). Plus le fromage est gros, plus l’affinage est long et le goût prononcé. Production annuelle : environ 3 000 tonnes.
Usage culinaire : le Maroilles est l’ingrédient indispensable de spécialités nordistes : flamiche au Maroilles (tarte salée emblématique de la Thiérache et de l’Avesnois, pâte feuilletée garnie de crème et Maroilles coupé en lamelles), goyère de Valenciennes (brioche garnie de Maroilles), tartines au Maroilles gratinées, ou simplement dégusté avec du pain de campagne et un verre de bière régionale.
La Mimolette : l’énigmatique boule orange
La Mimolette, aussi appelée ‘vieux Hollande‘ ou ‘boule de Lille‘, est un fromage à pâte pressée non cuite, traditionnellement produit dans le nord de la France. La mimolette est une imitation du fromage d’Édam fabriqué aux Pays-Bas, datant du 17e siècle.

La Mimolette, aussi appelée « vieux Hollande » ou « boule de Lille », est un fromage à pâte pressée non cuite, de couleur orange vif caractéristique, traditionnellement produit dans le Nord de la France (Lille, Flandres). Sa forme sphérique (boule de 2-4 kg) aplatie aux deux pôles et sa couleur si particulière le rendent immédiatement reconnaissable.
L’histoire de la Mimolette est fascinante : c’est une imitation du fromage d’Édam fabriqué aux Pays-Bas. Au XVIIe siècle, durant les guerres entre la France et les Provinces-Unies, Colbert (ministre de Louis XIV) impose un embargo sur les produits hollandais. Les Français décident alors de copier l’Édam en y ajoutant du rocou (colorant naturel rouge-orangé extrait d’un arbre d’Amérique centrale) pour le différencier de l’original jaune. Le nom « Mimolette » viendrait du flamand « mi mollet » (mi-dur).
Caractéristiques techniques : pâte pressée non cuite de couleur orange intense grâce au rocou ajouté au lait, texture dure cassante pour les vieilles mimolettes (18-24 mois voire 36 mois pour les « extra-vieilles »), goût de noisette prononcé, légèrement sucré, de plus en plus fruité et concentré avec l’âge. La croûte grise crevassée des vieilles mimolettes est naturelle et comestible (action d’acariens cirons du fromage qui creusent la surface, créant l’aspect cratérisé caractéristique).
Déclinaisons selon l’affinage : jeune (2-6 mois, souple lactée), demi-vieille (6-12 mois, ferme fruitée), vieille (12-18 mois, dure typée), extra-vieille (18-36 mois, cassante intense). La Mimolette vieille et extra-vieille est râpée en copeaux fins à l’apéritif ou sur les pâtes, rappelant le parmesan.
Production : environ 6 000 tonnes annuelles, principalement dans le Nord mais aussi en Normandie. La Mimolette n’a pas d’AOP mais reste un symbole de la Flandre française. Elle a connu une crise aux États-Unis en 2013 quand la FDA a temporairement interdit son importation à cause des acariens, avant de lever l’interdiction suite aux protestations des amateurs !
Centre-Val de Loire : les chèvres berrichons et tourangeaux
La région Centre-Val de Loire (regroupant les anciennes provinces du Berry, de l’Orléanais et de la Touraine) est le royaume des fromages de chèvre. Le climat tempéré, les prairies calcaires, et l’élevage caprin traditionnel ont donné naissance à plusieurs AOP prestigieuses reconnaissables à leurs formes géométriques originales.
Le Pouligny-Saint-Pierre : la pyramide du Berry
Le Pouligny-saint-pierre est un fromage de chèvre berrichon, à pâte molle et à croûte naturelle, provenant du département de l’Indre (36), en région Centre-Val de Loire.

Le Pouligny-Saint-Pierre AOP est un fromage de chèvre berrichon, à pâte molle et à croûte naturelle, surnommé affectueusement « la Tour Eiffel du Berry » ou « pyramide du Berry » en raison de sa forme pyramidale élancée pointue très caractéristique (base 6,5 cm, hauteur 12,5 cm, poids 250g). Produit dans le département de l’Indre (36), il porte le nom du village de Pouligny-Saint-Pierre.
Fromage ancien (XVIIIe siècle), le Pouligny-Saint-Pierre bénéficie d’une AOC depuis 1972, l’une des premières pour un fromage de chèvre. Sa forme pyramidale serait inspirée du clocher de l’église du village, selon la légende locale. Le lait de chèvres alpines et Saanen nourries sur les prairies calcaires du Berry donne un caillé particulièrement fin.
Aspect et texture : croûte naturelle fine bleutée grisâtre (développement naturel de Penicillium et Geotrichum), pâte blanche devenant crémeuse sous la croûte avec un cœur restant légèrement friable crayeux. Goût caprin prononcé typique des chèvres berrichons : notes de noisette, léger piquant en finale, acidité lactique équilibrée, saveur plus intense en pointe qu’à la base (affinage différentiel lié à la forme pyramidale).
Affinage : minimum 10 jours, optimal 3-5 semaines. Le Pouligny jeune (2 semaines) est doux frais acidulé, le Pouligny affiné (4-6 semaines) devient corsé typé avec croûte épaisse bleutée. Production confidentielle : environ 300 tonnes par an, exclusivement fermière ou artisanale (pas de production industrielle laitière), ce qui en fait un fromage relativement rare et recherché par les amateurs.
Le Valençay : la pyramide décapitée de Napoléon
Le Valençay est un fromage de chèvre berrichon, à pâte molle et à croute fleurie, de la région Centre-Val de Loire (région administrative française qui regroupe trois régions historiques : le Berry, l’Orléanais et la Touraine).
Le Valençay est facilement reconnaissable pour sa forme trapue, toutefois il eut longtemps un sommet pointu, semblable à une pyramide d’Egypte, mais c’est ce qu’il lui valut sa décapitation… ! D’après la légende, le fidèle Talleyrand, ministre de Napoléon Bonaparte (1769-1821) avait demandé à tous les producteurs de fromages pointus de sa région de modifier leur forme, pour que l’Empereur, en visite au Château de Valençay, puisse en déguster sans que cela ne lui rappelle sa désastreuse campagne en Égypte (1798-1801).

Le Valençay AOP est un autre fromage de chèvre berrichon, à pâte molle et à croûte fleurie cendrée, de la région Centre-Val de Loire (Indre principalement). Reconnaissable à sa forme trapue tronquée (pyramide à sommet coupé), il possède une légende historique fascinante liée à Napoléon Bonaparte.
La légende veut qu’à l’origine le Valençay avait un sommet pointu, semblable à une pyramide égyptienne parfaite. Mais après la désastreuse campagne d’Égypte de Napoléon (1798-1801), le fidèle ministre Talleyrand, propriétaire du prestigieux Château de Valençay, aurait demandé aux producteurs locaux de « décapiter » leurs fromages pyramidaux avant la visite impériale, pour éviter que l’Empereur ne soit rappelé à son humiliante défaite face aux Anglais et aux Mamelouks. Historiquement invérifiable mais poétique, cette anecdote a immortalisé le Valençay !
Caractéristiques : forme tronconique (base 7 cm, sommet 3 cm, hauteur 6-7 cm, 220g), croûte naturelle cendrée au charbon de bois végétal (cendre de sarments de vigne traditionnellement) lui donnant aspect gris-bleuté, pâte blanche ferme devenant crémeuse sous croûte, cœur crayeux. Goût caprin équilibré moins prononcé que Pouligny, notes de noisette champignon, légère acidité lactique, finale douce. Le cendrage apporte une touche esthétique et modère l’acidité de surface.
Affinage minimum 11 jours, optimal 3-4 semaines. Production : environ 350 tonnes annuelles, mélange de fermier et laiterie artisanale. Le Valençay bénéficie d’une AOC depuis 1998 (AOP depuis). Accord vin : Valençay blanc AOC (vin local), Sancerre blanc, ou Reuilly, vins de Loire voisins.
Le Sainte-Maure de Touraine : la bûche à la paille
Le Sainte-Maure de Touraine, (et non sainte-maure tout court), est un fromage au lait de chèvre à pâte molle à croûte naturelle produit dans ce qui correspond à l’ancienne province de la Touraine en France (qui regroupe les départements actuels de l’Indre et Loire (37) et de l’Indre (36)).

Le Sainte-Maure de Touraine AOP (attention à bien préciser « de Touraine », le terme « Sainte-Maure » seul ne garantit pas l’appellation !) est un fromage au lait de chèvre à pâte molle à croûte naturelle, facilement reconnaissable à sa forme de bûche allongée (16-17 cm de long, 5 cm de diamètre, 250g) et surtout à la paille de seigle qui le traverse de part en part sur toute sa longueur.
Produit dans l’ancienne province de Touraine (départements actuels de l’Indre-et-Loire (37) et une partie de l’Indre (36)), ce fromage tire son nom du bourg de Sainte-Maure-de-Touraine. La Touraine, avec ses châteaux de la Loire, est aussi une terre d’élevage caprin ancestral sur les plateaux calcaires du Lochois et du Richelais.
La paille de seigle centrale remplit plusieurs fonctions : maintien mécanique de la bûche fragile durant transport et manipulation, support d’identification (inscription du nom du producteur sur la paille garantissant traçabilité et authenticité AOP), et aération du cœur favorisant affinage homogène. C’est une signature distinctive unique en France !
Aspect organoleptique : croûte naturelle cendrée au charbon de bois végétal (comme le Valençay) donnant couleur grise bleutée striée de moisissures blanches-bleues, pâte blanche fine devenant crémeuse sous croûte, cœur restant ferme légèrement crayeux. Goût caprin délicat équilibré, notes de noisette, légère acidité lactique citronnée, finale douce persistante. Le cendrage apporte une touche rustique et modère l’acidité de surface.
Affinage : minimum 10 jours, optimal 3-5 semaines. Le Sainte-Maure jeune (2 semaines) est frais acidulé lacté, le Sainte-Maure affiné (4-6 semaines) devient plus sec typé avec croûte épaisse. Production importante : environ 1 600 tonnes annuelles dont 30% fermier (contre 70% laiterie), ce qui en fait l’un des chèvres AOP les plus produits. L’AOP date de 1990.
Usage culinaire : dégusté nature, mais aussi émietté dans salades, chaud sur toasts grillés, fondu sur légumes rôtis. Accord vin : Vouvray sec, Montlouis, Chinon blanc, vins de Loire voisins qui s’accordent parfaitement avec l’acidité caprine.
Carte récapitulative des fromages de France
Si vous le souhaitez, il vous est possible de continuer ce voyage culinaire dans les régions du Centre, Est et Sud de la France !
Et enfin, voici une carte récapitulative comprenant de nombreux fromages français, avec à côté les régions antérieures au 1er janvier 2016, date de la réorganisation des régions françaises :
Les fromages du Nord présentés dans cet article s’inscrivent dans la grande diversité fromagère française. Cette carte situe les principales zones de production à travers toute la France, illustrant la richesse de notre patrimoine fromager national.
Conclusion : un patrimoine fromager nordique exceptionnel
Les fromages du Nord de la France constituent un patrimoine gastronomique et culturel d’une richesse exceptionnelle. De la mythique Normandie fromagère avec son trio légendaire Camembert-Livarot-Pont-l’Évêque jusqu’aux délicats chèvres pyramidaux du Berry, en passant par le puissant Maroilles carré des Flandres et l’énigmatique Mimolette orange, chaque fromage raconte une histoire de terroir, de tradition, et de savoir-faire ancestral transmis de génération en génération.
Cette diversité illustre la capacité des paysans et fromagers nordiques à valoriser leur lait selon des techniques spécifiques adaptées à chaque climat, chaque sol, chaque race animale. Les AOP et AOC protègent aujourd’hui ces trésors fromagers contre l’uniformisation industrielle, garantissant authenticité et qualité constante. Qu’ils soient à pâte molle croûte fleurie, croûte lavée, pressée non cuite, ou fromages frais, qu’ils proviennent de vaches normandes, de chèvres berrichonnes ou de laits flamands, tous méritent d’être découverts, dégustés, et défendus comme emblèmes vivants d’une France gourmande et fière de ses terroirs. La prochaine fois que vous composerez un plateau de fromages, pensez à y inclure quelques trésors nordiques : vos papilles et votre culture culinaire vous remercieront !
FAQ : Tout savoir sur les fromages du Nord de la France
Pourquoi le Camembert de Normandie est-il si célèbre dans le monde ?
Le Camembert de Normandie AOP (Orne) est l’un des fromages français les plus emblématiques mondialement. Sa célébrité vient de plusieurs facteurs : son histoire (créé au XVIIIe siècle par Marie Harel, popularisé par Napoléon III, distribué aux soldats en 14-18), sa texture crémeuse unique (pâte molle à croûte fleurie), son goût équilibré entre douceur et typicité, et son conditionnement iconique en boîte ronde en bois inventée en 1890. Il doit obligatoirement être au lait cru de vache normande, moulé à la louche en cinq passages, et affiné minimum 21 jours. Le Camembert symbolise la gastronomie française à l’international, exporté dans 50 pays. Attention aux imitations industrielles pasteurisées qui n’ont pas l’AOP et présentent un goût standardisé fade : seuls 5 000 tonnes annuelles sont AOP contre 60 000 tonnes d’imitations !
Quelle est la différence entre Camembert et Chaource ?
Bien que tous deux soient des fromages à pâte molle croûte fleurie au lait de vache, ils diffèrent significativement. Forme : Camembert plat et rond (11 cm diamètre, 3 cm hauteur), Chaource cylindrique plus haut (6-7 cm hauteur, même diamètre). Origine : Normandie (Calvados, Eure, Manche, Orne, Seine-Maritime) vs Champagne-Bourgogne (Aube et Yonne). Texture : Camembert plus onctueux et coulant à maturité, Chaource plus friable et crémeux conservant un cœur crayeux. Goût : Camembert plus typé et champignonné avec notes ammoniaquées, Chaource plus doux lactique avec notes noisette délicates. Croûte : Camembert duvet blanc fin, Chaource duvet blanc très épais dense cotonneux. Affinage : Camembert 21 jours minimum devient coulant, Chaource 14-21 jours reste friable. Le Chaource est considéré comme l’un des fromages à croûte fleurie les plus doux et accessibles.
Pourquoi le Livarot est-il surnommé le Colonel ?
Le Livarot AOP est surnommé « le Colonel » en référence aux cinq bandes de laîches (roseaux séchés appelés « sangles ») qui entourent le fromage et évoquent les cinq galons d’un colonel de l’armée française. Ces bandelettes ne sont pas décoratives mais fonctionnelles : elles maintiennent le fromage durant son affinage car sa pâte très molle à croûte lavée est extrêmement fragile et aurait tendance à s’affaisser sous son propre poids. Ce fromage normand du Pays d’Auge (Calvados, Orne) est l’un des plus anciens (mentions au XIIIe siècle) et des plus odorants de Normandie, avec une saveur prononcée corsée et une croûte orangée lavée au rocou. Il existe en cinq formats selon le poids, le format classique de 450-500g portant les cinq bandes iconiques.
Pourquoi le Neufchâtel a-t-il une forme de cœur ?
La forme de cœur du Neufchâtel AOP (aussi appelé Cœur de Bray) est associée à une légende romantique : durant la Guerre de Cent Ans (1337-1453), les jeunes Normandes de la région de Neufchâtel (Seine-Maritime et Oise, Pays de Bray) offraient ce fromage en forme de cœur aux soldats anglais dont elles étaient tombées amoureuses, comme preuve de leurs sentiments. Au-delà de la légende historique invérifiable, cette forme distinctive permet de le reconnaître immédiatement sur un plateau et contribue à son charme romantique. C’est un fromage AOP au lait cru de vache, pâte molle croûte fleurie, au goût légèrement salé et champignonné, affiné 10 jours minimum. Le Neufchâtel existe aussi en bonde (cylindre), carré, briquette, mais le format cœur (200g) reste le plus populaire, symbole parfait pour une déclaration gourmande ! C’est l’un des plus anciens fromages normands (mentions en 1035).
Quelle est la différence entre Pouligny-Saint-Pierre et Valençay ?
Deux fromages de chèvre berrichons de l’Indre en région Centre-Val de Loire, mais distincts. Pouligny-Saint-Pierre : conserve sa forme pyramidale élancée pointue (base 6,5 cm, hauteur 12,5 cm, 250g) surnommée « Tour Eiffel du Berry », pâte molle croûte naturelle bleutée grisâtre, goût caprin prononcé noisette légèrement piquant, affinage 10 jours minimum. Valençay : forme tronquée pyramide décapitée (base 7 cm, sommet 3 cm, hauteur 6-7 cm, 220g) liée à légende Napoléon campagne Égypte, croûte naturelle cendrée au charbon de bois végétal (aspect gris-bleuté), goût caprin équilibré moins prononcé notes noisette champignon, affinage 11 jours minimum. Différence principale : forme (pointu vs tronqué), intensité gustative (Pouligny plus typé), et cendrage (Valençay cendré). Production : Pouligny 300 t/an exclusivement fermier/artisanal, Valençay 350 t/an fermier + laiterie. Deux merveilles du terroir berrichon !
Pourquoi le Maroilles sent-il si fort mais a un goût plus doux ?
Le Maroilles AOP (Avesnois, Nord) est un fromage à pâte molle croûte lavée célèbre pour son odeur puissante qui divise. Cette dichotomie odeur/goût s’explique scientifiquement : les molécules responsables de l’odeur (composés volatils) sont différentes de celles du goût (composés non volatils). Durant l’affinage (5 semaines minimum), les lavages réguliers à l’eau salée ou à la bière développent le morgeage (croûte) rouge-orangé avec bactéries Brevibacterium linens. Ces bactéries produisent des composés soufrés volatils (méthional, acides gras) s’évaporant et atteignant le nez : odeur forte notes animales, étable, ammoniaque, cave humide. Mais la pâte intérieure reste moins affectée : goût corsé certes, mais équilibré, légèrement salé, texture fondante crémeuse, sans le piquant violent qu’on pourrait craindre. Phénomène classique des fromages à croûte lavée (Munster, Époisses, Livarot) : ne jugez pas à l’odeur, goûtez !
Pourquoi la Mimolette est-elle orange et couverte de trous ?
La Mimolette (boule de Lille) possède deux caractéristiques visuelles frappantes. Couleur orange vif : ajout de rocou (colorant naturel rouge-orangé extrait de l’arbre rocouyer d’Amérique centrale) au lait durant fabrication. Historiquement, au XVIIe siècle, Colbert impose embargo sur produits hollandais dont fromage d’Édam jaune. Les Français copient l’Édam en y ajoutant rocou pour le différencier : naissance de la Mimolette orange ! Croûte grise crevassée cratérisée : action naturelle d’acariens cirons du fromage (Acarus siro) introduits volontairement qui creusent la surface durant long affinage (12-36 mois). Ces micro-organismes créent l’aspect lunaire caractéristique des vieilles et extra-vieilles mimolettes. Les trous/cratères augmentent la surface d’échange favorisant développement des arômes concentrés noisette. Croûte comestible mais dure. Ces acariens ont causé crise aux USA (interdiction FDA 2013 levée depuis). Mimolette : cas unique fromage français volontairement orangé et « habité » !
Pourquoi le Valençay a-t-il été décapité sur ordre de Napoléon ?
Légende historique fascinante (invérifiable mais poétique) : à l’origine le Valençay AOP avait un sommet pointu, pyramide égyptienne parfaite comme le Pouligny-Saint-Pierre. Après la désastreuse campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte (1798-1801, défaite face aux Anglais et Mamelouks), le fidèle ministre Talleyrand, propriétaire du prestigieux Château de Valençay (Indre), aurait demandé aux producteurs fromagers locaux de « décapiter » leurs fromages pyramidaux avant la visite impériale prévue, pour éviter que l’Empereur ne soit rappelé à son humiliante défaite en contemplant des pyramides au dessert ! Les fromagers auraient donc coupé le sommet pointu, créant la forme tronquée actuelle (pyramide à sommet coupé). Anecdote probablement apocryphe (aucune source historique fiable) mais elle a immortalisé le Valençay et explique poétiquement sa forme unique ! Réalité plus prosaïque : forme tronquée plus stable pour transport et démoulage. Mais la légende napoléonienne reste ancrée dans l’imaginaire collectif berrichon !
Pourquoi le Sainte-Maure de Touraine a-t-il une paille au milieu ?
La paille de seigle traversant le Sainte-Maure de Touraine AOP sur toute sa longueur (16-17 cm) remplit plusieurs fonctions essentielles et symboliques. Fonction mécanique : maintien de la bûche fromagère fragile durant transport, manipulation, découpe, évitant qu’elle ne se brise. Support d’identification et traçabilité : le nom du producteur fromager et numéro d’agrément AOP sont inscrits gravés sur la paille, garantissant authenticité et origine (impossible de frauder sans paille marquée). Aération du cœur : la paille creuse permet une micro-circulation d’air favorisant affinage homogène de l’intérieur vers l’extérieur. Tradition historique : technique ancestrale tourangelle transmise depuis des siècles. Signature distinctive : c’est unique en France, aucun autre fromage n’utilise ce système ! La paille de seigle (céréale cultivée localement) est alimentaire et comestible théoriquement, mais on l’enlève avant dégustation. Sans cette paille, pas d’AOP Sainte-Maure de Touraine : c’est une obligation du cahier des charges depuis l’obtention de l’AOC en 1990. Innovation rustique devenue emblème identitaire !
Comment conserver et déguster les fromages du Nord pour en apprécier toutes les saveurs ?
Conservation optimale : papier à fromage (ou papier sulfurisé, jamais film plastique qui asphyxie), bac à légumes du réfrigérateur (zone moins froide 6-8°C), emballage individuel évitant contaminations croisées odeurs. Fromages pâte molle croûte fleurie (Camembert, Neufchâtel, Chaource) : 5-10 jours après achat, évoluent rapidement. Pâte molle croûte lavée (Maroilles, Livarot, Pont-l’Évêque) : 1-2 semaines, isoler car odorants. Chèvres : 1-2 semaines, affinent et sèchent progressivement. Mimolette vieille : plusieurs mois (pâte dure). Boursin : respecter DLC (pâte fraîche périssable). Dégustation : sortir fromages 1-2h avant service (température ambiante 18-20°C révèle arômes), couper juste avant (oxydation), pain neutre (baguette, campagne) pas beurre (masque saveurs), eau ou vin adapté. Ordre dégustation plateau : doux → forts (Boursin/Neufchâtel → Chaource/chèvres → Camembert/Pont-l’Évêque → Maroilles/Livarot). Croûtes : comestibles sauf Mimolette (trop dure) et si cire/paraffine industrielle. Respectez affinage indiqué : fromage trop jeune manque typicité, trop vieux devient âcre ammoniaqué. Faites confiance à votre fromager qui connaît maturité optimale de chaque pièce !
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Cet article me met l’eau à la bouche Depuis toute petite je mange du fromage et j’en découvre tous les jours! Une suite sur les fromages belges, hollandais et anglais serait trèeeeeeeeees appréciée même si je suis consciente que ça fait du boulot! En tout cas… si cela peut donner quelques idées…
Avec gourmandise, Sophie