Petite histoire des fards à paupières à travers les siècles

Les premiers fards utilisés pour la mise en beauté des yeux remontent au temps de la civilisation égyptienne. Des vestiges de poudres et de contenants à fards datant de plus de 3000 ans avant J.-C., trouvés dans les tombes égyptiennes témoignent de leur usage répandu. Mais contrairement à la conception moderne du maquillage, leur rôle pendant l’Antiquité dépassait largement la fonction embellissante. Le maquillage des yeux était non seulement un indice d’appartenance à un statut social mais il avait une place dans les cérémonies religieuses.

Depuis quand se maquille-t-on ?
Différentes poudres de maquillage, avec leurs pinceaux prêts à l’emploi.

Alors que les premiers fards font leur apparition dans la culture égyptienne, il a fallu des siècles pour aboutir aux pratiques modernes de maquillage. De nos jours, il suffit de considérer la profusion de palettes à maquillage et la variété infinie de teintes et textures pour se rendre compte que le maquillage est devenu une source d’expression créative (par exemple, le catalogue du MAKEUP en contient plus de 500: https://makeup.fr/categorys/419835/). Mais voyons comment nous y sommes arrivés.

Les fards à paupières de l’Antiquité aux Temps Modernes

Le fameux trait noir qu’on dessinait au-dessus des cils supérieurs dans l’Égypte Ancienne se réalisait avec le mesdemet, un fard actuellement connu sous le nom de khôl. C’est à partir de cette pâte de minéraux et de graisse animale que le fard à paupières est né. Plutôt qu’un geste beauté, le trait noir tout pour des raisons religieuses et hygiéniques – étant fabriqué à partir de plomb et contenant du chlore, le khôl avait un pouvoir désinfectant, on croyait qu’il repoussait les insectes et protégeait les yeux du vent, du sable et du soleil aveuglant. Par la coloration des paupières, qui se réalisait principalement avec des pigments noirs et verts, les anciens égyptiens cherchaient également à s’approcher à l’apparence de leurs divinités.

Des hiéroglyphes attestant du maquillage à l'époque.
Des hiéroglyphes attestant du maquillage à cette époque.

Contrairement aux égyptiens, les anciens romains appliquaient les fards principalement pour leur fonction esthétique et se servaient de différents matériaux pour imiter l’effet du khôl – suies et cendres, liège brûlé, pâte d’amandes broyées, minéraux et fleurs sèches. Étant signe de richesse et d’origine aristocratique, le maquillage des paupières était réservé aux hommes et femmes appartenant à un haut rang social. L’idéal de beauté médiévale diffère de celui de l’Antiquité. Même si les hommes et les femmes dans les cours royales, le focus n’était pas sur la mise en beauté des yeux. Le visage entier devait être extrêmement pâle, caché sous des tons de poudre blanche, en contraste avec la rougeur des joues et des lèvres. La mode du visage et des paupières privées de couleurs règne jusqu’au XVIIIème siècle quand la Révolution Française met fin à l’obsession pour le teint blanc.

La beauté des yeux à travers les siècles

Ce n’est qu’à partir des années vingt du XXème siècle, sous l’influence des films muets, que les femmes ont succombé au charme du maquillage des yeux charbonneux et ont adopté cette tendance au quotidien. Durant les années folles on assiste à une démocratisation du maquillage sous l’impulsion du progrès de la chimique ce qui amène au remplacement graduel des ingrédients toxiques dans la compositions des ombres à paupières. Au cours des années 1930, les femmes ont commencé à expérimenter avec les teintes de fards pour donner une dimension plus esthétique au regard. La femme entrepreneuse Elizabeth Arden (née Florence Nightingale Graham) en tête d’un empire cosmétique aux États-Unis a été la première à parler de l’association des couleurs et du fait de les assortir à sa tenue.

La période après la Deuxième Guerre mondiale est marquée par l’envie d’adoucir les traits féminins. Le look poupée culte de l’époque misait sur le regard dans les tons clairs, le trait d’eyeliner épais et la frange de cils intensifiée. Durant les années soixante, les fards à paupières bleus, bleu vert et violet dominaient les looks de maquillage. Ce sont les années soixante-dix et l’ère disco qui ont imposé une nouvelle vision libératrice du maquillage pour donner  le feu vert aux teintes brillantes, métalliques et audacieuses.

 

 

Sophie Legendre

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