Comment les gens du Moyen Âge pouvaient-ils organiser leur journée sans montres ni horloges mécaniques ? Comment savoir s’il était l’heure de travailler, de manger ou de se reposer lorsqu’aucun cadran ne marquait le passage du temps ? La réponse réside dans un système fascinant qui rythmait la vie médiévale du Ve au XIVe siècle : les heures canoniales, ces huit moments de prière quotidienne scandés par les cloches des églises et des monastères.
Héritées de la tradition romaine des douze heures de jour et douze heures de nuit, ces divisions temporelles fluctuaient au gré des saisons, s’allongeant en été et se raccourcissant en hiver. Seul midi constituait un point fixe invariable. Dans un monde sans conscience atomique du temps ni notion d’heures standardisées de 3600 secondes, les cloches des villages et des abbayes devenaient les véritables gardiennes du temps collectif, guidant paysans, artisans et moines dans le déroulement de leurs activités quotidiennes.
Découvrez les huit heures canoniales qui structuraient la vie médiévale, leur origine monastique, leurs correspondances horaires approximatives, et surtout une astuce mnémotechnique infaillible pour retenir leur ordre : « Mets le paquet, tu seras le nouveau vainqueur du concours » !
⚡ En bref : heures canoniales Moyen Âge
Système temporel médiéval Ve-XIVe siècle : absence horloges mécaniques montres temps mesuré manière romaine douze heures jour douze heures nuit variables selon saisons été hiver, seul repère fixe midi invariable, absence conscience atomique temps notion heure standardisée 3600 secondes approximations relatives, cloches églises monastères villages scandent rythme quotidien collectif sonneries transmission acoustique village en village synchronisation artisanale empirique.
Les huit heures canoniales ordre : Matines milieu nuit minuit prière nocturne vigile, Laudes aurore aube louange soleil levant, Prime première heure jour lever soleil 6h, Tierce troisième heure 9h, Sexte sixième heure midi 12h, None neuvième heure 15h, Vêpres soir jour encore visible crépuscule, Complies avant coucher sommeil nocturne. Liturgie des heures offices divins prières quotidiennes ordres religieux catholiques bénédictins cisterciens franciscains dominicains rythme monastique rigoureux.
Mnémotechnique retenir ordre : phrase « Mets le paquet, tu seras le nouveau vainqueur du concours » encode huit heures initiales Matines Laudes Prime Tierce Sexte NOne Vêpres COmplies. Astuce efficace étudiants histoire médiévale religieuse patrimoine cloches campanologie liturgie catholique traditionnelle perpétuée jusqu’à aujourd’hui monastères trappistes chartreux observance stricte.
Le temps au Moyen Âge : un système relatif et approximatif
Dans le monde médiéval et jusqu’à la fin du XIVème siècle, la seule manière de compter le temps est la manière romaine: douze heures de jour, douze heures de nuit.
Évidemment, en été et en hiver ce « nombre d’heures » se réduit ou s’accroît. En d’autres termes, le temps est rythmé par les saisons.
Seul un point fixe, un repère, existe: midi.
Comme le temps n’était pas mesuré de manière atomique à l’époque (c’est à dire que le référentiel « heure » n’était pas un concept défini comme celui de nos jours comportant 3600 secondes), il s’agissait d’approximations.
On ne peut parler à cette époque de réelle conscience ou calcul du temps, aucune horloge mécanique n’existe, idem pour la notion de temps absolu.
Les cloches : gardiennes du temps médiéval
Comment la conscience du temps pouvait être perçue lorsque personne ne portait de montre, ou plus généralement lorsqu’il n’existait ni montre ni horloge ?
Le repère qui se met alors en place est celui de la cloche. Chaque village possède son église, chaque église possède un clocher, et dans chaque clocher, les cloches sonnent !
Au sein des ordres religieux catholiques, les heures sonnées par la cloche, appelées heures canoniales sont les moments quotidiens dédiés à la prière, en plus de la messe journalière. Ces heures découpent la journée en huit parties et au Moyen-Âge rythment la vie des villages au gré des cloches qui sonnent les différentes heures canoniales.
Il n’y a pas de moyen de contrôle, donc d’une région à l’autre, ou même d’un village à l’autre, les heures sonnées peuvent être différentes.
Ce découpage comporte donc huit heures: les Matines, les Laudes, le Prime, la Tierce, la Sexte, la None, les Vêpres et les Complies.

Les huit heures canoniales détaillées

Matines – Milieu de la nuit (minuit)
Les Matines correspondent au milieu de la nuit (minuit). Cette prière nocturne, également appelée « vigiles », constituait l’office le plus long et le plus solennel, durant parfois plusieurs heures. Les moines se levaient en pleine nuit pour célébrer ce moment de recueillement dans l’obscurité totale, uniquement éclairés par des chandelles. C’était l’heure de la vigilance spirituelle absolue, du combat contre les tentations nocturnes et du guet mystique.
Laudes – L’aurore
Les Laudes correspondent à l’aurore et constituent une louange au soleil qui va se lever. Célébrées au petit matin lorsque les premières lueurs de l’aube apparaissent, elles marquent la victoire de la lumière sur les ténèbres, symbole christique de la résurrection. Les psaumes chantés lors des Laudes glorifient la création et remercient Dieu pour le nouveau jour qui commence.
Prime – Lever du soleil (environ 6h)
Le Prime est la première heure du jour, au lever du soleil (environ 6 heures du matin, « pour nous »). Cette heure marque officiellement le début de la journée de travail monastique. Après Prime, les moines se rendaient au chapitre pour recevoir les instructions du jour, confesser leurs fautes et organiser les tâches collectives. C’était l’heure de la bénédiction du travail quotidien.
Tierce – Troisième heure (environ 9h)
La Tierce correspond à la troisième heure du jour (9 heures pour nous). Traditionnellement associée à la descente du Saint-Esprit lors de la Pentecôte, qui se produisit selon les Actes des Apôtres « vers la troisième heure ». C’était souvent le moment de la messe conventuelle dans les monastères, rassemblant toute la communauté pour l’Eucharistie solennelle.
Sexte – Sixième heure, midi (12h)
Suivant le même raisonnement, la Sexte ou la Sixte correspond à la sixième heure (midi pour nous) du jour. C’est l’heure du zénith solaire, le moment le plus lumineux et chaud de la journée. Sexte précédait généralement le repas de midi dans les monastères. Les psaumes chantés évoquent souvent la protection divine contre les dangers de la chaleur méridionale et des tentations diurnes.
None – Neuvième heure (environ 15h)
La None correspond à la neuvième heure (15 heures pour nous) du jour. C’est l’heure traditionnelle de la mort du Christ sur la croix, moment de méditation sur la Passion et le sacrifice rédempteur. Le nom anglais « noon » (midi) vient d’ailleurs de « None », car au fil des siècles, cette heure a progressivement été avancée vers midi, modifiant son horaire d’origine.
Vêpres – Le soir
Les Vêpres correspondent au soir (quand il fait encore jour). Célébrées au crépuscule, lorsque le soleil décline mais que la lumière naturelle persiste, elles marquent la fin de la journée de travail. C’était souvent l’office le plus solennel après les Matines, moment de gratitude pour la journée écoulée et de préparation spirituelle à la nuit qui approche. Les Vêpres incluaient l’hymne du soir et le Magnificat.
Complies – Avant le coucher
Les Complies marquent le moment avant le coucher. Dernier office de la journée, célébré juste avant que les moines ne se retirent dans leurs cellules pour dormir, les Complies comportent une dimension protectrice et apaisante. Les psaumes récités évoquent la confiance en Dieu face aux dangers de la nuit, et l’office se termine par le chant de l’antienne mariale selon les temps liturgiques. Après Complies commençait le « grand silence » monastique qui durait jusqu’à Prime le lendemain.
Récapitulatif des correspondances horaires
Il y a donc sept heures canoniales en journée, et une durant la nuit.
Récapitulatif approximatif des correspondances avec notre système horaire moderne (variables selon saisons) :
- Matines : Minuit (0h) – Milieu de la nuit
- Laudes : Aurore (vers 5h-6h selon saison) – Aube
- Prime : Lever du soleil (vers 6h) – Première heure
- Tierce : 9h – Troisième heure
- Sexte : 12h – Sixième heure, midi
- None : 15h – Neuvième heure
- Vêpres : Crépuscule (vers 18h-19h selon saison) – Soir
- Complies : Avant coucher (vers 21h) – Dernière heure

Organisation pratique des sonneries
En revanche, il est intéressant de noter que dans les villages et dans les villes, ne sont pas sonnées toutes les heures.
Ce sont les monastères et les abbayes qui à peu près toutes les trois heures sonnent les cloches pour les prières.
Le temps est à cette époque éminemment relatif: si le moine s’endort et ne sonne pas les cloches, personne ne le fera à sa place !
À l’époque, les heures se calquent aussi sur les cloches des villages voisins : en entendant les cloches du village A, le village B sonne les siennes, ce qui indique au village C qu’il faut sonner, etc. Ce système de transmission acoustique en cascade créait une synchronisation approximative mais efficace sur de vastes territoires, malgré l’absence totale de moyens de communication instantanée. Les décalages horaires pouvaient donc s’accumuler sur de longues distances, chaque village ajoutant quelques secondes ou minutes de délai.
Mnémotechnique pour retenir l’ordre
Pour retenir dans l’ordre les heures canoniales, mémorisez cette petite phrase: « Mets le paquet, tu seras le nouveau vainqueur du concours ».
Pour: Matines, Laudes, Prime, Tierce, Sexte, NOne, Vêpres, COmplies
Cette phrase ludique encode parfaitement les initiales des huit heures dans leur ordre chronologique de déroulement au cours d’une journée médiévale. En visualisant un moine consciencieux qui « met le paquet » dans ses prières pour devenir le « vainqueur » spirituel, vous retiendrez facilement cette succession temporelle millénaire.
Héritage contemporain
Bien que les horloges mécaniques aient révolutionné le rapport au temps dès le XIVe siècle avec l’invention des premières horloges publiques urbaines, puis que les montres individuelles se soient démocratisées aux XVIIIe-XIXe siècles, la liturgie des heures demeure vivante dans l’Église catholique contemporaine.
Les ordres monastiques contemplatifs (trappistes, chartreux, bénédictins, cisterciens) perpétuent fidèlement cette tradition avec une rigueur quotidienne absolue. Sept offices quotidiens structurent encore aujourd’hui leur journée, scandés par les cloches des monastères comme il y a mille ans. Les prêtres séculiers et les laïcs engagés pratiquent également la prière des Heures sous forme simplifiée via le « bréviaire » ou la « Liturgie des Heures » en quatre offices principaux.
Cette permanence témoigne de l’enracinement profond de ce rythme octuple dans la spiritualité chrétienne occidentale, bien au-delà de sa fonction temporelle médiévale désormais obsolète. Les cloches des villages français, belges et européens continuent de sonner l’Angelus à midi et 18h, dernier vestige audible de ce système horaire ancestral dans notre quotidien contemporain sécularisé.
Conclusion : quand les cloches scandaient le temps
Les huit heures canoniales du Moyen Âge incarnent un système temporel fascinant où religion et organisation sociale s’entrelaçaient intimement. Dans un monde dépourvu d’horloges mécaniques et de montres individuelles, les cloches des églises et monastères devenaient les gardiennes du temps collectif, rythmant travaux des champs, activités artisanales, repas et sommeil de millions de paysans et citadins européens pendant près d’un millénaire.
La mnémotechnique « Mets le paquet, tu seras le nouveau vainqueur du concours » permet de retenir facilement l’ordre des huit offices : Matines minuit vigile nocturne, Laudes aurore louange soleil levant, Prime 6h première heure jour, Tierce 9h, Sexte midi, None 15h, Vêpres crépuscule soir, Complies avant coucher. Ce découpage approximatif et relatif, variable selon saisons et régions, fonctionnait par transmission acoustique en cascade village après village, synchronisation artisanale empirique d’une efficacité remarquable malgré son imprécision intrinsèque.
Aujourd’hui perpétué fidèlement par les ordres monastiques contemplatifs trappistes chartreux bénédictins cisterciens, ce rythme octuple témoigne d’une conception du temps radicalement différente de notre précision atomique contemporaine. Loin de notre obsession moderne pour la seconde exacte et la synchronisation mondiale instantanée, le Moyen Âge vivait un temps fluide, humain, religieux, où le soleil et les cloches suffisaient à organiser harmonieusement l’existence collective. Les sonneries de l’Angelus à midi et 18h demeurent les ultimes vestiges audibles de ce système dans nos villages européens, pont sonore entre spiritualité médiévale et modernité sécularisée.
FAQ : Questions heures canoniales
Quelles sont les 8 heures canoniales dans l’ordre ?
Les huit heures canoniales ordre chronologique : Matines minuit milieu nuit vigile nocturne, Laudes aurore aube 5h-6h louange soleil levant, Prime lever soleil 6h première heure jour, Tierce 9h troisième heure, Sexte midi 12h sixième heure zénith, None 15h neuvième heure après-midi, Vêpres crépuscule 18h-19h soir, Complies avant coucher 21h dernière heure grand silence.
Mnémotechnique retenir : « Mets le paquet, tu seras le nouveau vainqueur du concours » encode initiales M L P T S NO V CO. Horaires approximatifs variables selon saisons latitude géographique, été hiver allongeaient raccourcissaient durées relatives douze heures jour nuit système romain, seul midi repère fixe invariable.
Pourquoi appelle-t-on cela heures « canoniales » ?
Terme « canoniales » vient latin « canonicus » signifiant « conforme règle canon », lui-même dérivé grec « kanôn » règle norme mesure. Heures canoniales sont offices divins prescrits par règles canoniques droit canon Église catholique, obligations liturgiques strictes communautés monastiques religieuses prêtres séculiers.
Règle Saint-Benoît rédigée VIe siècle 530-560 fondateur ordre bénédictin codifie précisément huit offices quotidiens horaires approximatifs psaumes hymnes lectures bibliques chaque heure, « Ora et labora » prie travaille devise bénédictine structure vie monastique alternance prière travail manuel intellectuel repos. Autres ordres cisterciens chartreux dominicains franciscains adaptent règle propre spiritualité conservent structure octuple fondamentale liturgie heures perpétuée jusqu’à aujourd’hui réforme Vatican II 1962-1965 simplifie légèrement sans supprimer.
Comment les moines se réveillaient-ils pour Matines à minuit ?
Question pratique cruciale organisation monastique médiévale. Plusieurs méthodes combinées : moine « éveilleur » désigné tour rôle dormait peu avant minuit réveil naturel ou clepsydre eau sablier approximatif sonnait cloche réveille communauté, sommeil fractionné moines couchaient après Complies 21h dormaient 3 heures jusqu’à minuit réveil naturel rythme circadien habitué, discipline collective rigueur quotidienne années habitude corps s’adaptait horaires fixes réveil spontané.
Après Matines 1h-2h matin moines retournaient dormir « second sommeil » jusqu’à Laudes aurore 5h-6h, pratique sommeil biphasé naturelle historiquement répandue avant révolution industrielle lumière artificielle électricité imposent sommeil monophasé continu 7-8h moderne. Manquements réveil Matines considérés fautes graves règle monastique punitions pénitences chapitres coulpes aveux publics infractions. Certains monastères rigoureux chartreux trappistes perpétuent aujourd’hui lever nocturne Matines vigiles rigueur millénaire impressionnante.
Les heures canoniales existent-elles encore aujourd’hui ?
OUI absolument perpétuées fidèlement ordres monastiques contemplatifs : trappistes ordre cisterciens stricte observance OCSO sept offices quotidiens rigueur absolue lever 3h30 coucher 20h, chartreux ordre érémitique solitaires cellules individuelles offices communs nuit jour silence perpétuel, bénédictins ordre millénaire fondateur liturgie heures perpétuation tradition directe depuis VIe siècle, cisterciens réforme bénédictine XIIe siècle simplicité dépouillement liturgique.
Prêtres diocésains séculiers religieux actifs enseignants soignants missionnaires récitent « Liturgie Heures » bréviaire forme simplifiée quatre offices principaux : Laudes matin, Office milieu journée regroupant Tierce Sexte None, Vêpres soir, Complies nuit. Laïcs engagés pratiquent également prière heures individuellement groupes paroisses communautés nouvelles. Réforme Vatican II 1962-1965 simplifie légèrement structure conserve essence octuple millénaire adaptée monde contemporain. Cloches Angelus midi 18h villages français belges européens dernier vestige audible grand public système horaire canonial médiéval.
Quelle différence entre Matines et Laudes ?
Matines office nocturne milieu nuit minuit 0h-1h obscurité totale chandelles, vigile veille spirituelle combat tentations démons nocturnes guet mystique attente venue Christ, office le plus long solennel pouvait durer 2-3 heures selon solennités fêtes liturgiques, comprend trois nocturnes neuf psaumes douze lectures patristiques bibliques, dimanche fêtes particulièrement développé chants grégoriens polyphonie médiévale.
Laudes office matinal aurore aube 5h-6h premières lueurs jour naissant, louange célébration victoire lumière ténèbres symbole résurrection Christ, psaumes glorification création remerciement Dieu nouveau jour commence, durée moyenne 30-45 minutes plus bref Matines, chants joyeux lumineux tonalité optimiste espérance. Distinction fondamentale : Matines nuit pénitentielle vigilance Laudes jour louange gratitude, enchaînement symbolique nuit-lumière mort-résurrection passage ténèbres clarté cœur spiritualité chrétienne pascale.
Pourquoi None donne « noon » en anglais alors que c’est 15h ?
Étymologie fascinante évolution sémantique linguistique. None latin « nona hora » neuvième heure système romain comptage depuis lever soleil 6h équivaut 15h après-midi, heure traditionnelle mort Christ croix Passion Vendredi Saint moment méditation intense monastères, office solennel grave pénitentiel.
Au fil Moyen Âge XIIe-XIIIe siècles pratique monastique anticipe progressivement horaire None vers midi 12h plusieurs raisons : regroupement offices économiser temps travail manuel défrichage agriculture, anticipation repas principal journée jeûne matinal sévère, glissement progressif horaires approximatifs absence contrôle précis. Terme anglais « noon » français « none » conservent étymologie latine « nona » mais désignent aujourd’hui midi 12h au lieu 15h origine décalage trois heures évolution sémantique millénaire. Phénomène linguistique dérive sens mots conservent forme modifient signification usage pratique social. Certains monastères rigoureux conservent aujourd’hui None authentique 15h distinction Sexte midi.
Les villages sonnaient-ils vraiment toutes les heures ?
NON distinction fondamentale pratiques monastiques vs paroissiales villages. Monastères abbayes sonnent rigoureusement huit heures canoniales complètes Matines Laudes Prime Tierce Sexte None Vêpres Complies toutes trois heures environ, discipline liturgique stricte règle bénédictine cistercienne observance quotidienne absolue communauté religieuse vie consacrée prière travail.
En revanche villages villes églises paroissiales sonnent seulement principales heures utiles population laïque généralement : Prime 6h réveil début journée travail, Sexte midi repas principal pause méridienne, Vêpres 18h fin journée travaux retour foyer, parfois Angelus matin midi soir trois Ave Maria prière mariale populaire. Raison pratique : sonneurs laïcs bénévoles sacristains bedaux disponibilité limitée pas moines dédiés temps complet liturgie, cloches servent aussi événements civils tocsin alarme incendie danger invasion glas enterrements volées fêtes mariages baptêmes événements communautaires. Système transmission cascade acoustique village A sonne entend village B qui sonne indique village C synchronisation approximative empirique efficace absence communication instantanée décalages cumulatifs distances importantes.
Que signifie « Complies » étymologiquement ?
Étymologie latine « completorium » dérivé verbe « complere » signifiant « achever compléter remplir accomplir ». Complies sont office qui « complète accomplit » journée liturgique, achèvement cycle quotidien prières huitième dernier office avant grand silence nocturne repos sommeil.
Nom reflète fonction : compléter parachever journée spirituelle clôturer activités diurnes préparer nuit protégée par Dieu. Office caractère protecteur apaisant rassurant psaumes évoquent confiance divine face dangers nuit sommeil vulnérable, antienne mariale finale Salve Regina Alma Redemptoris Ave Regina Caelorum Regina Caeli selon temps liturgique invocation protection Vierge Marie mère miséricorde garde nocturne. Après Complies commence « grand silence » magnum silentium monastique absolu jusqu’à Prime lendemain matin, période nuit recueillement intérieur repos corporel spirituel régénération sommeil réparateur veille spirituelle inconsciente ange gardien protection divine. Complies conservent aujourd’hui dimension apaisante prière soir couchant familles communautés chrétiennes liturgie heures simplifiée laïcs.
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Bonjour,
merci pour ces excellents articles.
Dans un village pyrénéen, berceau de ma famille, Prime et Complies sonnent à 7H20mn et 19H20mn sur le rythme:
3 + 3 + 3 + 33 coups.
Cette série est-elle fixée et à quoi correspond-elle ?
J’imagine que 33 est liaison avec l’âge symbolique du Christ mais pourquoi 3 + 3 + 3 ?
Merci de votre réponse.
Bonjour Vilespy,
C’est une très belle question, merci !
Le triple tintement (3×3) des cloches qui précède l’heure est pour sonner l’angélus, soit le rappel aux chrétiens du mystère de l’incarnation et du devoir de prier Marie (3 ave), Le tintenement pour l’angélus varie en fonction des régions mais les heures auxquelles il est effectué sont généralement 7h, midi, et 19h.
En ce qui concerne les 33 coups, je n’ai pas de réponse certaine. Il s’agit probablement d’une volée spécifique à l’église du village des Pyrénées de votre famille. Les manières de sonner les cloches varient en fonction des régions et des paroisses et il existe de nombreux exemples en campanologie (étude des cloches), dont je vous invite à découvrir le magnifique article !
Bonjour,
Peut-être les heures entre les quatres premières prières qui sont espacées de trois heures ? Ensuite ce n’est plus le même intervalle.
Merci pour cet article intéressant ! Une précision : sait-on comment les moines déterminaient le moment de sonner les cloches, se basaient-ils sur des instruments de mesure du temps, sur la mesure de la position du soleil (midi), ou je ne sais quoi d’autre ? Etait-ce un calcul savant, ou bien une estimation grossière ? merci pour votre réponse éclairée !
Salut Damien !
C’est une bonne question :)
La perception du temps au Moyen-Âge était approximative, elle dépendait de la position du soleil (lever du soleil, midi, coucher du soleil), lorsqu’il se couchait, les moines allumaient des chandelles qui brûlaient 3h, ce qui permet d’indiquer les heures liturgiques de la nuit avec une certaine précision. Parallèlement à ces observations, il existe des instruments qui sont utilisés, comme le cadran solaire (il existait des calendriers solaires canoniaux fixes et même portatifs !), la clepsydre et le sablier pour mesurer le temps qui s’écoule. Vers les XIIème-XIIIème avec les progrès en mécanique horlogère, les premiers carillons voient le jour et mesurent avec plus de précision le temps. Et enfin, l’horloge à poids dès le XIVème siècle qui sont installées dans les clochers (des grandes cathédrales d’abord). Dès la fin de ce même XIVème siècle, l’horloge murale et l’horloge portative dite « de table » voient le jour.
Je pense que je vais écrire un petit article complémentaire sur les moyens de mesurer le temps à travers l’Histoire !
Edit: et voilà l’article : https://jeretiens.net/comment-lhomme-a-mesure-le-temps-au-cours-de-lhistoire/
Merci infiniment, car je cherchais depuis un certain temps comment les moines faisaient pour se réveiller à temps pour sonner les matines etc.
Heure d’été et heure d’hiver au moyen-âge? J’ai cru comprendre que c’était une idée de Benjamin Franklin en 1784, adoptée en France de 1916 à 1946… Accordez vos violons (à défaut de mettre vos pendules à l’heure), SVP.
On parle bien d’horaire et non d’heure d’hiver/été; le temps et sa perception dépendent des saisons, de l’ensoleillement, etc.
Il est donc normal que les cloches ne sonnent pas au même moment quand le soleil se couche à (nos) 18h ou à (nos) 22h.
J’approuve pleinement ce que dit Yves Le Pog au sujet du positionnement du judaïsme et du christianisme. Du reste, si nous lisons attentivement la Bible, Ismaël fils d’Abraham né d’Agar et non de son épouse Sarah n’a aucune descendance même si des textes le rapporte. Mais alors nous entrons dans un contexte non biblique.
Bensliman, dans votre belle théorie vous oubliez de préciser que l’islam n’est qu’une création bien tardive qui vient après le judaïsme et le christianisme qui elles sont le fondement de nos religions de paix et d’espérance.
Merci beaucoup pour ce moment de culture
Salut, Je suis émerveillé de voir que les temps de prières chrétiennes correspondent aux temps des prières musulmanes. Mais quand je réfléchi, quoi de + normale puisque la religion islamique (islam = soumission à Dieu) est la religion d’Abraham notre ancêtre unique à nous les musulmans, aux juifs et aux chrétiens.
– prière de la nuit (salaat leil) => Les Matines correspondent au milieu de la nuit.
– prière de l’aurore (salaat al fejr) => Les Laudes correspondent à l’aurore.
– prière après le lever (salaat tashriq) => Le Prime est la première heure du jour (environ 6 heures du matin, « pour nous »)
– prière du jour montant (salaat doha) => La Tierce correspond à la troisième heure du jour (9 heures pour nous)
– prière médiane (salaat dhor) => Suivant le même raisonnement, la Sexte…sixième (midi pour nous)
– prière de l’après-midi (salaat al asr) => et la None correspondent … à la et à la neuvième heure (15 heures pour nous) du jour.
– prière du coucher du soleil (salaat al maghreb) => Puis, les Vêpres correspondent au soir (quand il fait encore jour).
– prière du soir après le coucher (salaat al icha) => Enfin, les Complies marquent le moment avant le coucher.
PS : toutes les prières sont pour Dieu mais chacune d’elle précise sont temps
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liturgie_des_Heures