Les différents types de capitales

Il existe une très grande variété de types de capitales. Dans cet articles, nous établirons une typologie des différentes capitales en fonction de critères politiques, historiques, économiques, géographiques et culturels.

Les différents types de capitales

À une extrémité du spectre se trouvent les capitales classiques comme Londres et Paris : centres de longue date de puissants gouvernements nationaux, anciens centres du pouvoir colonial, avec une forte architecture représentative, et dominant les hiérarchies urbaines de leurs nations respectives.
À l’autre extrémité se trouve un ensemble plus hétérogène de capitales, à la fois villes dominantes de nations moins fortes sur le plan international (comme Montevideo ou Djakarta), ou capitales modestes, à vocation administrative, de nations puissantes (par exemple Ottawa ou Canberra).
Ensuite, il y a les capitales hybrides aux caractéristiques contradictoires les capitales qui sont propres à l’histoire et au développement spécifiques de leur nation, comme Berlin et Washington D.C.. En savoir plus sur qui choisit la capitale d’un pays.

Les caractéristiques qui déterminent les types capitales

La taille peut être une caractéristique utile : la taille démographique de la capitale (Bonn, modeste, contre Mexico, grande ville), la taille démographique de la nation (Pékin contre Dublin) et la taille géographique de la nation (Ottawa contre Singapour).

Ensuite, il y a les caractéristiques politiques : la forme du gouvernement national (par exemple, Stockholm démocratique contre Riyad impérial contre Pyongyang communiste) et la taille du gouvernement national (par exemple, Paris en France fortement centralisée contre Berne en Suisse décentralisée).

L’histoire joue un rôle : l’époque à laquelle la ville a été créée comme capitale (par exemple, la capitale impériale historique de Londres contre la capitale actuelle de Brasilia) ; les capitales d’origine (par exemple, Londres, Paris) contre les capitales déplacées (par exemple, Canberra, Brasilia, New Delhi, Ankara) contre les anciennes capitales (Constantinople, Petersbourg, Calcutta, Philadelphie, Rio de Janeiro).

Les capitales peuvent être distinguées par des caractéristiques économiques : la richesse de la nation (par exemple, Tokyo et Washington D.C., riches, contre Mogadiscio en Somalie, Maputo au Mozambique et Dhaka au Bangladesh, pauvres) ; la capitale en tant que ville économique dominante de la nation et la base économique de la capitale (finances mondiales et information à Londres et Tokyo) par rapport à l’emploi public dans la capitale ou dans une ville secondaire (respectivement Ottawa et Bonn). En savoir plus sur la différence entre une ville et une capitale.

La géographie est également une caractéristique déterminante : capitales divisées (Amsterdam et La Haye aux Pays-Bas ; Pretoria et Le Cap en Afrique du Sud ; La Paz et Sucre en Bolivie) par rapport aux capitales uniques ; capitales situées au centre géographique de la nation (par exemple, Rome, Madrid) par rapport à la périphérie géographique (par exemple, Berlin, Moscou, Pékin, Washington) ; et, plus important encore, les capitales situées près des centres de population et des couloirs de transport (par exemple, Londres, Washington D.C. et Tokyo) par rapport à celles qui ne le sont pas (par exemple, Brasilia, Riyad).

Enfin, il y a la culture : les capitales de pays multilingues (par exemple, Bruxelles, Ottawa, Berne, New Delhi et Moscou) par rapport aux pays monolingues (par exemple, Paris) ; et, de manière connexe, les capitales en tant que centres religieux historiques (par exemple, Rome, Jérusalem) par rapport aux villes laïques (par exemple, Washington, Ottawa, Bonn ou Paris).

Les trois facteurs qui différencient le développement des capitales

Malgré ces variations, trois facteurs essentiels différencient le développement des capitales :

  • la taille et la structure du gouvernement national ;
  • les économies locales et nationales ;
  • le moment de la création de la capitale par rapport à la formation politique et au développement économique de l’État-nation.

En particulier, les villes qui étaient des capitales au début de la consolidation de l’État-nation et de l’industrialisation urbaine ont à la fois construit et suivi cette vague de développement économique national. En revanche, les villes qui sont devenues des capitales à des stades ultérieurs du développement politique et économique de la nation, ce que l’on pourrait appeler capitales tardives en raison soit de la formation tardive de l’État-nation, soit d’une délocalisation de la capitale, ont dû relever le défi d’établir leur rôle politico-économique au sein d’un réseau préexistant de villes économiques établies.

A quel stade du développement économique de la nation la capitale a-t-elle émergé ? Une ancienne capitale impériale d’un pays centralisé (par exemple, Paris ou Londres) a plus de chances d’être la ville économique dominante que la capitale délocalisée d’un pays fédéré (par exemple, Ottawa, Canberra, etc.).
Les capitales des États-nations récents (par exemple, l’Allemagne réunie et l’Italie) ont tendance à être moins dominantes dans la hiérarchie urbaine de leur pays que les capitales des États-nations plus anciens (par exemple, la France ou l’Angleterre).

Toutefois, le fait de choisir un moment précoce ne garantit pas qu’une capitale devienne la ville économique dominante. Le cas de Washington, D.C., une capitale depuis les premiers jours de l’industrialisation des États-Unis en 1800, mais qui n’a jamais été un centre industriel ou commercial puissant, illustre le fait que la structure politico-économique nationale doit également être favorable à une capitale dominante. De même, les capitales tardives peuvent toujours être de puissants centres économiques. Les capitales des récentes colonies européennes, qui continuent à jouer leur rôle d’entrepôts reliant l’arrière-pays aux marchés impériaux, ont tendance à être des villes économiquement dominantes dans leur pays. C’est également une caractéristique commune des capitales sud-américaines, comme Caracas.

Le cas de Berlin

La classification de Berlin est inhabituellement délicate, car il est difficile de définir sans ambiguïté son choix en tant que capitale étant donné l’histoire discontinue de la ville. Bien qu’elle ait été un des premiers sièges royaux du Brandebourg et de la Prusse, Berlin peut également être considérée comme une capitale tardive (contrairement à Londres ou Paris) car elle n’est devenue la capitale d’un État-nation unifié qu’en 1871 et a donc dû relever le défi d’établir sa domination politico-économique dans une Allemagne déjà bien engagée sur la voie d’un réseau décentralisé de villes industrielles et commerciales. Cependant, Berlin est apparue au début du XXème siècle comme la plus grande ville et le centre économique de la nation, malgré son démarrage tardif et son isolement géographique dans le nord-est, pour voir son rôle de capitale effacé en 1945 avec le partage de la ville en quatre secteurs, puis sa division en Berlin-Ouest et Berlin-Est avec le mur de Berlin en 1949 jusqu’au vote des parlementaires en 1990 après la réunification de l’Allemagne, pour la choisir à nouveau comme capitale. Le retour des institutions fédérales a lieu en 1999.

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Sam Zylberberg
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