Quels sont les 3 cépages du Champagne ?

Le champagne incarne à lui seul l’art de vivre à la française et accompagne depuis des siècles les moments de célébration les plus prestigieux, des mariages royaux aux victoires sportives. Pourtant, derrière les bulles dorées et le prestige de cette boisson d’exception se cache un savoir-faire viticole millénaire reposant sur un nombre étonnamment restreint de cépages. Alors que la France compte plusieurs centaines de variétés de raisins cultivées, la Champagne n’en utilise principalement que trois pour élaborer ses cuvées les plus emblématiques.

Cette sélection rigoureuse n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de siècles d’expérimentation et d’adaptation au terroir champenois unique. Comprendre ces trois cépages fondamentaux, c’est pénétrer au cœur de l’identité même du champagne et saisir ce qui fait la complexité et l’élégance de ce vin d’exception reconnu dans le monde entier.

⚡ En bref : Les trois cépages du champagne

Trois cépages dominent la production champenoise : le chardonnay (raisin blanc, 30% du vignoble), le pinot noir (raisin noir, 38% du vignoble) et le pinot meunier (raisin noir, 32% du vignoble). Ces trois variétés représentent 99,7% de l’encépagement total de la Champagne. D’autres cépages existent (pinot blanc, arbane, petit meslier, pinot gris) mais restent anecdotiques avec moins de 0,3% des surfaces plantées.

Chaque cépage apporte des qualités distinctes : le chardonnay confère finesse, fraîcheur et minéralité (base des blancs de blancs), le pinot noir donne structure, puissance et notes de fruits rouges (charpente des assemblages), le pinot meunier offre rondeur, fruité et souplesse (équilibre et accessibilité immédiate). L’assemblage de ces trois cépages, appelé « la cuvée », est l’art signature des maisons de champagne.

Mnémotechnique pour retenir les trois cépages : pensez à « CHAR-PI-MENIER » qui évoque CHARdonnay, PInot noir et MEUNIER. En comparant « chaM-PA-GNE » et « char-PI-meNIEr », on retrouve les mêmes sonorités : CHA, PA/PI, GNE/NIE. Cette astuce simple permet de ne jamais oublier le trio fondamental du champagne.

Qu’est-ce que le champagne ? Définition et appellation

Le champagne est un vin blanc mousseux (effervescent) produit exclusivement en Champagne, région viticole du nord-est de la France. Cette appellation d’origine contrôlée (AOC depuis 1936, AOP au niveau européen) est l’une des plus protégées au monde : seuls les vins élaborés dans la zone délimitée de la Champagne viticole, selon des règles strictes de production, peuvent légalement porter le nom de « champagne ».

La région s’étend sur environ 34 000 hectares répartis sur cinq départements : la Marne (66% des surfaces), l’Aube (23%), l’Aisne (10%), la Haute-Marne et la Seine-et-Marne (1% à elles deux). Le vignoble champenois est le plus septentrional de France, ce qui lui confère un climat frais particulièrement favorable à l’élaboration de vins effervescents de qualité. Les températures modérées ralentissent la maturation des raisins, permettant de conserver une acidité naturelle essentielle à la fraîcheur du champagne.

Le champagne se distingue des autres vins effervescents (crémants, cavas, proseccos, mousseux) non seulement par son origine géographique strictement délimitée, mais aussi par sa méthode d’élaboration spécifique : la méthode champenoise ou méthode traditionnelle. Cette technique, qui comprend une seconde fermentation en bouteille suivie d’un vieillissement sur lies d’au moins 15 mois (36 mois pour les millésimes), confère au champagne sa complexité aromatique, sa finesse de bulles et sa longueur en bouche caractéristiques.

Les trois cépages principaux du champagne

Infographie des 3 cépages du champagne : chardonnay (raisin blanc, 30% vignoble, finesse et minéralité), pinot noir (raisin noir, 38%, structure et puissance), pinot meunier (raisin noir, 32%, rondeur et fruité). Mnémotechnique CHAR-PI-MENIER pour les retenir facilement.
Les trois cépages du champagne et leurs caractéristiques : chardonnay (30% du vignoble, apporte finesse, fraîcheur et minéralité, base des Blancs de Blancs), pinot noir (38%, apporte structure, puissance et notes de fruits rouges), pinot meunier (32%, apporte rondeur, fruité et souplesse). Astuce mnémotechnique : CHAR-PI-MENIER évoque CHARdonnay, PInot noir et MEUNIER. Infographie originale JeRetiens.

Pour réaliser d’excellents vins de champagne, seuls trois cépages sont utilisés de manière dominante (d’autres sont possibles, mais assez rares et représentent moins de 0,3% du vignoble). Ces trois cépages, parfaitement adaptés au terroir crayeux et au climat frais de la Champagne, constituent les piliers de tous les grands champagnes.

Ces trois cépages dominants sont : le chardonnay (blanc), le pinot noir (noir), et le pinot meunier (noir).

les trois cépages du champagne

Le chardonnay : finesse et élégance

Le chardonnay est l’unique cépage blanc autorisé en Champagne et représente environ 30% du vignoble champenois (soit 10 200 hectares). Originaire de Bourgogne, ce cépage blanc à peau verte s’est parfaitement acclimaté aux sols crayeux de la Côte des Blancs, terroir d’exception où il s’exprime avec le plus de pureté.

Le chardonnay apporte au champagne finesse, fraîcheur, élégance et minéralité. Ses arômes évoquent les fleurs blanches (aubépine, acacia), les agrumes (citron, pamplemousse), les fruits blancs (pomme verte, poire), et avec le vieillissement, des notes plus complexes de brioche, de noisette grillée et de miel. Sa vivacité naturelle et son acidité tranchante en font le cépage idéal pour les champagnes de garde, capables d’évoluer magnifiquement pendant 10, 20, voire 30 ans en cave.

Les champagnes élaborés exclusivement à partir de chardonnay portent l’appellation « Blanc de Blancs » (vin blanc issu de raisins blancs). Ces cuvées, réputées pour leur pureté cristalline et leur capacité de vieillissement exceptionnelle, sont particulièrement prisées par les connaisseurs. Les grandes maisons comme Salon, Taittinger (Comtes de Champagne) ou Ruinart (Dom Ruinart) produisent des blancs de blancs emblématiques qui comptent parmi les champagnes les plus recherchés au monde.

Le pinot noir : structure et puissance

Le pinot noir est le cépage le plus planté en Champagne avec 38% du vignoble (soit 12 900 hectares). Ce raisin noir à jus blanc, également originaire de Bourgogne où il donne les plus grands vins rouges du monde, trouve en Champagne un terroir qui exalte ses qualités pour l’élaboration de vins effervescents.

Le pinot noir confère au champagne corps, structure, puissance et notes de fruits rouges. Ses arômes caractéristiques évoquent la cerise, la fraise, la framboise, les fruits noirs (cassis, mûre), et avec le vieillissement, des notes plus complexes de sous-bois, de champignon, de cuir et d’épices douces. Sa richesse tannique (même vinifié en blanc) apporte la charpente nécessaire aux champagnes de garde et permet aux assemblages de gagner en ampleur et en longueur en bouche.

Les terroirs de prédilection du pinot noir en Champagne sont la Montagne de Reims et la Côte des Bar (Aube), où les sols argilo-calcaires lui permettent d’atteindre une maturité optimale malgré le climat septentrional. Les champagnes élaborés exclusivement à partir de raisins noirs (pinot noir et/ou pinot meunier) sont appelés « Blanc de Noirs » (vin blanc issu de raisins noirs). Ces cuvées, plus vineux et structurées, sont particulièrement appréciées à table avec des mets gastronomiques.

Le pinot meunier : rondeur et fruité

Le pinot meunier représente 32% du vignoble champenois (soit 10 900 hectares), ce qui en fait le deuxième cépage le plus planté. Longtemps considéré comme le « petit frère » moins noble du pinot noir, le pinot meunier (appelé ainsi car le dessous de ses feuilles présente un aspect farineux rappelant la farine du meunier) connaît depuis quelques décennies une revalorisation méritée.

Le pinot meunier apporte au champagne rondeur, souplesse, fruité généreux et accessibilité immédiate. Ses arômes évoquent les fruits rouges bien mûrs (fraise des bois, cerise), les fruits jaunes (pêche, abricot), les fleurs blanches et une certaine gourmandise. Moins structuré que le pinot noir mais plus expressif en jeunesse, il offre un équilibre parfait dans les assemblages, adoucissant la nervosité du chardonnay et complétant la puissance du pinot noir.

Le pinot meunier présente également un avantage agronomique précieux : il débourre plus tardivement que les deux autres cépages, ce qui le protège des gelées printanières, fléau récurrent en Champagne. Il est particulièrement présent dans la Vallée de la Marne où les conditions climatiques lui sont favorables. Certains vignerons indépendants produisent désormais des champagnes 100% pinot meunier qui révèlent le potentiel insoupçonné de ce cépage injustement sous-estimé.

Les cépages complémentaires (rares)

Bien que les trois cépages principaux représentent 99,7% de l’encépagement champenois, le cahier des charges de l’AOC Champagne autorise quatre autres cépages historiques, aujourd’hui confidentiels :

Le pinot blanc vrai (ou pinot blanc B) représente environ 0,2% du vignoble. À ne pas confondre avec le pinot blanc alsacien (qui est en réalité du pinot blanc), il s’agit d’une mutation génétique du pinot noir. Il apporte finesse et rondeur aux assemblages.

L’arbane (arbane B) couvre moins de 0,1% des surfaces. Ce cépage blanc ancien, réputé capricieux et de faible rendement, offre des arômes floraux délicats et une grande fraîcheur. Quelques vignerons passionnés le maintiennent en vie, notamment dans l’Aube.

Le petit meslier (petit meslier B) représente moins de 0,05% du vignoble. Ce cépage tardif et difficile à cultiver donne des vins très acides, citronnés et minéraux. Sa rareté en fait un cépage de curiosité prisé par quelques producteurs confidentiels.

Le pinot gris (pinot gris G) couvre environ 0,05% des surfaces. Mutation du pinot noir à peau grise-rosée, il était autrefois plus répandu en Champagne. Il apporte richesse, gras et notes épicées aux assemblages.

Ces cépages accessoires permettent à quelques vignerons de produire des champagnes originaux, souvent en cuvées confidentielles, qui témoignent de la diversité historique du vignoble champenois avant sa spécialisation sur le trio chardonnay-pinot noir-pinot meunier.

L’art de l’assemblage champenois

Le génie du champagne réside moins dans ses cépages pris isolément que dans l’art de les assembler. La plupart des champagnes sont issus d’un assemblage (ou « cuvée ») combinant les trois cépages principaux dans des proportions variables selon le style recherché par chaque maison ou vigneron.

Un champagne brut sans année (BSA ou non millésimé), qui représente l’essentiel de la production, peut assembler jusqu’à 50 à 70 vins différents issus de plusieurs années de récolte, de plusieurs crus (villages), et des trois cépages. Cette complexité permet de maintenir un style de maison constant année après année, signature reconnaissable de chaque producteur.

Les proportions typiques varient selon les maisons : certaines privilégient le chardonnay pour des champagnes plus aériens et minéraux (maisons comme Ruinart, Taittinger), d’autres préfèrent une dominante de pinots pour des champagnes plus vineux et structurés (maisons comme Bollinger, Krug). Une règle empirique classique suggère un assemblage équilibré de 40% chardonnay, 40% pinot noir et 20% pinot meunier, mais chaque producteur développe sa propre recette.

Les champagnes millésimés, produits uniquement lors des grandes années, sont issus d’une seule récolte et reflètent l’expression d’un terroir et d’un climat particuliers. Les cuvées de prestige ou « têtes de cuvée » (Dom Pérignon, Cristal, Belle Époque, Comtes de Champagne, etc.) représentent l’apogée de l’art de l’assemblage, sélectionnant les meilleurs vins des meilleurs crus pour créer des champagnes d’exception destinés à la garde.

Moyen mnémotechnique pour retenir les trois cépages

Astuce proposée par Adrien :

Pour se souvenir de ces trois cépages, il faut retenir le terme : « CHAR-PI-MENIER » pour CHARdonnay, PInot noir, et meuNIER !

En effet, en comparant le mot « champagne » à « charpimenier », on remarque que les deux commencent par cha, puis possèdent la sonorité pa et pi, et enfin présentent le même son gne et nie de meunier !

Cette astuce phonétique simple permet de retenir immédiatement et définitivement les trois cépages du champagne, information précieuse lors d’une dégustation, d’un dîner ou simplement pour briller en société lors des fêtes de fin d’année.

Conclusion : trois cépages pour une identité unique

La magie du champagne repose sur un équilibre subtil entre trois cépages aux personnalités complémentaires. Le chardonnay apporte l’élégance et la minéralité qui font la signature des plus grands champagnes de garde. Le pinot noir confère la structure et la complexité qui permettent aux assemblages de gagner en profondeur et en ampleur. Le pinot meunier offre la rondeur et le fruité immédiat qui rendent le champagne accessible et séduisant dès sa commercialisation.

Cette trinité viticole, fruit de siècles d’adaptation au terroir champenois unique, est aujourd’hui mondialement reconnue comme le modèle d’excellence pour les vins effervescents. Aucune autre région productrice de vins mousseux ne peut revendiquer une identité aussi claire et une typicité aussi affirmée, reposant sur un nombre aussi restreint de cépages travaillés avec autant de maîtrise.

L’art de l’assemblage champenois, qui combine ces trois variétés dans des proportions infiniment variables, permet une diversité de styles impressionnante malgré cette base commune. Des blancs de blancs cristallins et ciselés aux blancs de noirs puissants et vineux, des champagnes rosés délicats aux cuvées de prestige d’une complexité inouïe, le champagne décline toutes les nuances possibles à partir de ces trois seuls cépages.

Désormais, lorsque vous dégusterez un champagne, vous pourrez identifier mentalement la contribution de chaque cépage dans le verre : la fraîcheur minérale du chardonnay, la structure fruitée du pinot noir, la rondeur gourmande du pinot meunier. Et grâce au moyen mnémotechnique « CHAR-PI-MENIER », vous ne les oublierez plus jamais. Santé !

FAQ : Tout savoir sur les cépages du champagne

Pourquoi le champagne n’utilise-t-il que trois cépages principaux ?

Cette spécialisation résulte de siècles de sélection et d’adaptation au terroir champenois. Le climat frais et les sols crayeux de la Champagne conviennent parfaitement à ces trois cépages qui atteignent une maturité optimale tout en conservant l’acidité nécessaire aux vins effervescents. Historiquement, la Champagne cultivait une plus grande diversité de cépages (gamay, pinot blanc, arbane, petit meslier), mais la réglementation de l’AOC établie en 1927 et renforcée en 1936 a progressivement restreint l’encépagement aux variétés offrant les meilleurs résultats qualitatifs. Cette concentration sur trois cépages permet également aux producteurs de maîtriser parfaitement leur culture et leur vinification, garantissant une qualité constante. Aujourd’hui, 99,7% du vignoble champenois est planté en chardonnay, pinot noir et pinot meunier.

Quelle est la différence entre un blanc de blancs et un blanc de noirs ?

Un « Blanc de Blancs » est un champagne élaboré exclusivement à partir de raisins blancs, en pratique uniquement du chardonnay (les autres cépages blancs autorisés étant anecdotiques). Ces champagnes sont réputés pour leur finesse, leur élégance, leur minéralité et leur grand potentiel de garde. Ils développent des arômes d’agrumes, de fleurs blanches et de minéralité crayeuse. Un « Blanc de Noirs » est un vin blanc élaboré uniquement à partir de raisins noirs (pinot noir et/ou pinot meunier). Le jus est extrait très délicatement pour éviter toute coloration par les peaux noires. Ces champagnes sont plus vineux, structurés, puissants, avec des arômes de fruits rouges et noirs. Ils accompagnent merveilleusement les mets gastronomiques. Entre ces deux extrêmes, la plupart des champagnes sont des assemblages combinant les trois cépages dans des proportions variables selon le style recherché.

Le pinot meunier est-il un cépage inférieur au pinot noir ?

Non, c’est un préjugé dépassé ! Longtemps considéré comme le « petit frère » moins noble du pinot noir, le pinot meunier connaît depuis 20 ans une véritable revalorisation. S’il est vrai qu’il offre moins de potentiel de garde que le pinot noir, il apporte des qualités essentielles : fruité généreux, rondeur, souplesse et accessibilité immédiate. Ces caractéristiques sont précieuses dans les assemblages, notamment pour les champagnes non millésimés destinés à être bus jeunes. Le pinot meunier présente aussi un avantage agronomique : il débourre plus tardivement, ce qui le protège des gelées printanières. Certains vignerons produisent aujourd’hui d’excellents champagnes 100% pinot meunier (comme Jérôme Prévost « La Closerie », Egly-Ouriet, ou José Michel) qui révèlent son potentiel insoupçonné. Le meunier représente 32% du vignoble champenois, preuve de son importance réelle.

Peut-on faire du champagne rosé avec les trois cépages ?

Oui, absolument ! Le champagne rosé peut être élaboré de deux manières distinctes avec les trois cépages. La première méthode, dite « d’assemblage » ou « par addition », consiste à ajouter 5 à 20% de vin rouge tranquille (généralement du pinot noir ou pinot meunier vinifié en rouge) au vin blanc de base (qui peut contenir les trois cépages). C’est la méthode la plus courante et la seule autorisée spécifiquement pour le champagne (interdite ailleurs en Europe pour les vins rosés AOP). La deuxième méthode, dite « de macération » ou « par saignée », consiste à laisser macérer brièvement (quelques heures) les peaux des raisins noirs (pinot noir, pinot meunier) avec le jus pour lui donner une teinte rosée. Cette méthode, plus délicate, produit des rosés de macération réputés plus complexes et gastronomiques. Le chardonnay peut être ajouté à l’assemblage pour apporter finesse et fraîcheur.

Combien de bouteilles de champagne sont produites chaque année ?

La Champagne produit environ 300 millions de bouteilles par an en moyenne, avec des variations selon les années de récolte (250 à 330 millions selon les millésimes). Cela représente environ 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. La France consomme environ 50% de cette production (150 millions de bouteilles), le reste étant exporté dans plus de 190 pays. Les principaux marchés export sont le Royaume-Uni (27 millions de bouteilles), les États-Unis (26 millions), l’Allemagne (13 millions), le Japon (10 millions) et la Belgique (9 millions). La production est assurée par environ 16 000 vignerons et 340 maisons de champagne. Les vignobles couvrent 34 000 hectares, avec une production moyenne de 10 000 kg de raisins par hectare, soit environ 100 hectolitres de vin par hectare après pressurage et vinification.

Qu’est-ce qu’un champagne millésimé ?

Un champagne millésimé est élaboré exclusivement à partir des raisins d’une seule année de récolte, contrairement aux champagnes brut sans année (BSA) qui assemblent plusieurs années. Les producteurs ne déclarent un millésime que lors des grandes années climatiques offrant une qualité de raisin exceptionnelle (environ 3 à 4 années sur 10). Un millésimé doit vieillir au minimum 36 mois sur lies en cave (contre 15 mois pour un BSA) avant commercialisation, mais la plupart sont gardés bien plus longtemps (5 à 10 ans). Le millésimé exprime le caractère unique d’une année particulière : un millésime 2008 sera vif et minéral (année fraîche), un 2015 sera généreux et mûr (année chaude et solaire). Les millésimés peuvent être élaborés avec les trois cépages ou en blanc de blancs/blanc de noirs. Ils sont généralement plus chers que les BSA et possèdent un plus grand potentiel de garde (10 à 30 ans selon les cuvées). Les années millésimées récentes remarquables : 2002, 2004, 2008, 2012, 2015.

Comment reconnaître les cépages dans un verre de champagne ?

Avec de l’entraînement, on peut identifier les caractéristiques de chaque cépage. Dominante chardonnay : robe pâle or clair, bulles fines et persistantes, nez d’agrumes (citron, pamplemousse), fleurs blanches, minéralité crayeuse, pomme verte ; bouche vive, tranchante, élégante, longue finale citronnée. Dominante pinot noir : robe légèrement plus dorée, parfois reflets cuivrés, nez de fruits rouges (cerise, fraise), fruits noirs (cassis), notes briochées ; bouche structurée, puissante, vineux, tanins légers en finale. Dominante pinot meunier : robe dorée, nez fruité et gourmand (fruits rouges mûrs, pêche, abricot), notes florales ; bouche ronde, souple, fruitée, accessible. La plupart des champagnes étant des assemblages, on perçoit généralement un mélange de ces caractéristiques. Les blancs de blancs (100% chardonnay) et blancs de noirs (100% raisins noirs) sont plus faciles à identifier. La température de service idéale pour apprécier les nuances : 8-10°C.

Le champagne existe-t-il en version non effervescente ?

Oui, la Champagne produit également des vins tranquilles (non effervescents) sous l’appellation « Coteaux Champenois ». Ces vins, beaucoup moins connus et représentant moins de 1% de la production régionale, peuvent être blancs (généralement 100% chardonnay), rouges (pinot noir ou pinot meunier) ou rosés. Les Coteaux Champenois rouges les plus réputés proviennent de Bouzy, Ambonnay ou Cumières ; les blancs de la Côte des Blancs. Ces vins tranquilles sont intéressants mais rarement exceptionnels, le climat champenois étant à la limite septentrionale de maturation pour des vins rouges. Il existe aussi une appellation « Rosé des Riceys » (Aube) produisant des rosés tranquilles de pinot noir très rares et recherchés. La quasi-totalité des raisins champenois est destinée à l’élaboration de champagne effervescent, métier dans lequel la région excelle mondialement, tandis que les vins tranquilles restent anecdotiques.

Pourquoi les raisins noirs donnent-ils du vin blanc en Champagne ?

Le pinot noir et le pinot meunier sont des raisins à peau noire mais à jus blanc (ou incolore). La couleur d’un vin provient des pigments (anthocyanes) contenus dans la peau des raisins, pas dans le jus. Pour obtenir un vin blanc à partir de raisins noirs, il suffit de presser délicatement les raisins et de séparer immédiatement le jus des peaux, évitant ainsi toute macération qui colorerait le jus. En Champagne, le pressurage est particulièrement doux et rapide : les pressoirs traditionnels (pressoirs verticaux dits « coquards ») exercent une pression progressive permettant d’extraire un jus limpide sans coloration. Seuls les 2550 premiers litres de jus pour 4000 kg de raisins (la « cuvée » et la « taille ») sont autorisés pour l’AOC Champagne, garantissant qualité et pureté. Pour obtenir du champagne rosé, deux méthodes : soit laisser macérer brièvement les peaux noires avec le jus (rosé de saignée), soit ajouter du vin rouge au vin blanc (rosé d’assemblage).

Quel est le cépage le plus cher en Champagne ?

Le prix des raisins en Champagne dépend davantage du terroir (classement des crus) que du cépage lui-même. L’échelle des crus champenoise, établie historiquement, classe les 320 villages (crus) selon une échelle de 80 à 100% en fonction de la qualité de leur terroir. Les 17 Grands Crus (100%) et 44 Premiers Crus (90-99%) produisent les raisins les plus chers. Cependant, à terroir égal, le chardonnay commande généralement un léger premium (5-10%) sur les pinots noir et meunier, en raison de sa rareté relative (30% du vignoble) et de la demande soutenue pour les blancs de blancs. En 2024, le prix moyen du kilo de raisin en Champagne était d’environ 6,50€ pour le chardonnay, 6€ pour le pinot noir et 5,50€ pour le pinot meunier (moyennes toutes appellations confondues). Dans les Grands Crus de la Côte des Blancs (Cramant, Avize, Mesnil-sur-Oger), le chardonnay peut atteindre 8-9€/kg. Ces prix fluctuent selon l’offre et la demande annuelles.

Peut-on visiter les vignobles de Champagne ?

Absolument ! La Champagne est une destination œnotouristique majeure accueillant environ 1 million de visiteurs par an. Plusieurs circuits permettent de découvrir les vignobles : la Route Touristique du Champagne (600 km balisés à travers le vignoble), les villages classés (Hautvillers berceau du champagne, Épernay « capitale du champagne », Reims et ses caves historiques). Les grandes maisons (Moët & Chandon, Veuve Clicquot, Taittinger, Pommery, Mumm, Ruinart…) proposent des visites guidées de leurs caves creusées dans la craie, spectaculaires cathédrales souterraines où reposent des millions de bouteilles. Les visites incluent généralement une dégustation. De nombreux vignerons indépendants ouvrent également leurs portes sur rendez-vous pour des visites plus intimistes et pédagogiques. L’UNESCO a inscrit en 2015 « les Coteaux, Maisons et Caves de Champagne » au patrimoine mondial, reconnaissance de l’exceptionnalité de ce paysage culturel. Meilleure période : juin-septembre (vignes en végétation) ou septembre-octobre (vendanges).

Combien de temps peut-on conserver une bouteille de champagne ?

Contrairement à une idée reçue, le champagne n’est pas un vin à boire obligatoirement jeune. La durée de conservation dépend du type de champagne et des conditions de stockage. Champagne brut sans année (BSA) : déjà vieilli en cave par le producteur, à consommer dans les 2-4 ans après achat pour profiter de sa fraîcheur. Champagne millésimé : potentiel de garde de 10 à 20 ans, voire 30 ans pour les grands millésimes (2002, 1996, 1990, 1988). Cuvées de prestige : 15 à 30 ans ou plus selon les cuvées. Conditions de conservation idéales : cave à 10-12°C, humidité 70-80%, obscurité, absence de vibrations, bouteilles couchées (pour maintenir le bouchon humide). Un champagne bien conservé développe avec le temps des arômes tertiaires complexes (fruits confits, pain grillé, noisette, sous-bois, épices) tout en perdant de son effervescence. Certains amateurs apprécient ces champagnes « oxydatifs » vieillis. Attention : après ouverture, un champagne perd rapidement ses bulles (24-48h même avec un bouchon spécial).

 

Sam Zylberberg
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1 réflexion sur “Quels sont les 3 cépages du Champagne ?”

  1. C’est très intéressant. Serait-ce possible d’avoir un article sur les différences appellation de champagne (brut, sec, demi-sec, ecétéra). Je sais qu’il y en a beaucoup et je ne parviens jamais à retenir, une histoire de sucrage par litre mais ce n’est pas logique à mes yeux. Merci. Adam.

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