La savoir-faire des verriers de Lorraine est mondialement reconnu. Depuis le XVème siècle, les plus illustres cristalleries françaises perpétuent la tradition du verrier. Cueillir la boule rougeoyante dans le four, la manier avec dextérité, pour en faire une œuvre d’art. Aujourd’hui, la Lorraine regroupe à elle seule les quatre plus grandes cristalleries: Baccarat, Daum, Lalique, Saint-Louis.
L’Histoire de la verrerie française
L’histoire de la verrerie en France est fort ancienne et riche; cependant les productions de grand prestige y restent rares et, jusqu’à l’aube du dix-neuvième siècle, à l’ombre des grands pôles d’influence que sont depuis la Renaissance, Venise, la Bohême et les pays germaniques puis l’Angleterre.
Depuis la fin de l’Ancien Régime, quelques entrepreneurs et ingénieurs de génie développent le réseau des nouvelles cristalleries françaises qui s’implantent, telles Saint-Louis et Baccarat dans l’est de la France, zone de tradition verrière.
Grâce à ces manufactures, la verrerie française, au cours du dix-neuvième siècle, prendra une place de choix au sein des Arts du feu, s’imposera dans le cadre des nouveaux usages des Arts de la table et le cristal dominera l’éclairage des fastes du Second Empire.
Parallèlement à la mise en place de ces grands centres de production, les marchands-éditeurs, intermédiaires entre producteurs et clientèles, et stimulateurs de la consommation et de la création moderne, prennent la suite des anciens marchands.
Pourquoi la Lorraine ?
Au début du quinzième siècle, il existe en Lorraine plusieurs grands centres verriers, tous situés au milieu de massifs forestiers.
L’industrie verrière a trouvé en Lorraine le terrain idéal, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les grandes forêts permettaient d’alimenter les fours en combustible. Il fallait énormément de bois pour maintenir un four à plus de 1450°C. Au XVIIème siècle, les verreries étaient accusées de détruire les forêts par les villes voisines.
Car pour produire du verre, il faut également de la silice (cendre de fougère), de la potasse, et du plomb, qui permet d’avoir un limpidité exceptionnelle.
La naissance de cette industrie fut favorisé par le Duc de Lorraine, qui avait accordé en 1448 toutes sortes de privilèges aux verriers, les assimilant à la noblesse.
En contrepartie, les bénéficiaires ont des obligations de secret semblables à celles de leurs confrères de Venise, garder le secret de l’art verrier.
La découverte du verre cristallin
En Lorraine, malgré les connaissances de François de Thyssac, la fabrication du verre cristallin ne progresse que lentement. Une statistique officielle datant de l’an XI précise : « D’abord dans la verrerie de Saint-Louis, la fabrication s’était bornée à une faible imitation des verres blancs de Bohême ».
C’était déjà un succès pour la France, qui jusqu’alors ne s’était procuré ces objets qu’en exportant des sommes considérables ».
En 1674, un verrier anglais, Georges Revenscroft, ajoute de l’oxyde de plomb au flint-glass et invente ainsi le cristal.
Le secret de la fabrication de cristal est bien gardé et ce n’est qu’aux environs de 1780 que le premier cristal voit le jour sur le continent, à Saint-Louis.
Le Duc de Lorraine, Léopold, autorisa la création de la première verrerie de France en 1705, la verrerie de Portieux.
La verrerie de Potieux bénéficia de nombreux privilèges, accordés gracieusement par le Duc de Lorraine, autorisant les verreries à prélever les matières nécessaires à la fabrication de verre sans aucune contrepartie.
La Lorraine devient un véritable HUB du cristal, avec plus de 30 centres verriers tels que Vallerysthal, Meisenthal, la cristallerie Daum, Saint-Louis, Baccarat, Lalique, etc.
Voici les quatre illustres cristalleries encore en activité.
La cristallerie baccarat, le cristal des rois
Baccarat est la cristallerie dont le nom résonne le plus à l’internationale.
Crée en 1764 sous l’autorisation de Louis XV, alors sous le nom de verrerie Sainte-Anne, la cristallerie Baccarat est un fleuron du luxe français. Elle sera la première cristallerie à habiller la lumière de cristal en 1827.
Située dans la commune de Baccarat, c’est ici que plus de 500 verriers travaillent jour et nuit pour créer de fabuleux services de verre.
Spécialiste de la gobeleterie et des luminaire, la Manufacture Baccarat propose également des collections de bijoux tendances en cristal depuis 1997.
La cristallerie Daum
Daum est un nom indissociable du renouvellement des arts décoratifs français du XXème siècle. Antonin Daum, alors à la création artistique, s’illustre à travers des créations en verre prenant un art en rupture avec celui du passé, l’Art nouveau.
L’inspiration naturalisme touche alors tous les domaines, du mobilier à l’architecture, en passant par le bijou avec René Lalique.
La cristallerie Daum est l’une des premières à habiller le cristal de lumière. Passant a égal talent de l’Art nouveau à l’Art deco.
Aujourd’hui, la manufacture Daum, riche de 140 ans de savoir-faire, est spécialisée dans les objets en pâte de cristal, utilisant la procédé de la cire perdue. Chaque pièce est alors unique, possédant un grain et une finesse des détails exceptionnelle.
La cristallerie Lalique
La cristallerie Lalique est le fruit du génie d’un homme, René Lalique. Né le 6 avril 1860 à Aÿ, René Lalique sera très proche de la nature, passant la majeure partie de son enfance dans sa campagne champenoise.
Très vite, René Lalique prend le goût du dessin. La carrière de René Lalique commence en tant que joaillier. Précurseur de l’Art nouveau, les oeuvres de René Lalique sont aujourd’hui des pièces de collection.
Dès 1910, René Lalique se consacre au verre, et ouvre une première verrerie à Wingen-Sur-Moder. Aujourd’hui encore, la cristallerie Lalique est spécialisé dans le bijou, mais également les articles décoratifs, l’art de la table, le mobilier et la joaillerie.
La nouvelle direction de la manufacture perpétue l’idéal créatif de son créateur.
La cristallerie Saint-Louis
La Manufacture Saint-Louis, précurseur du cristal au plomb, est spécialisé dans les luminaires et la gobeleterie.
Née en 1586, la verrerie de Müntzthal devient en 1767 « Verrerie royale » par lettres patentes du roi Louis XV et devient Saint-Louis. Les maîtres verriers, secrets et fiers, soufflent, gravent, taillent sans relâche, cherchant à réaliser le verre le plus fin et le plus transparent.
L’Italie et la Bohême produisent déjà le cristallin, mais c’est l’Anglais George Ravenscroft qui met au point le véritable procédé de fabrication du cristal en 1676.
C’est en 1781 que les hommes de l’art en percent l’énigme à Saint-Louis.
- L’Histoire des cristalleries de Lorraine - 12 mars 2019