Les particules nobiliaires : règles et usage

Intéressons-nous aux particules nobiliaires ou onomastiques, à leur usage et à leur ellipse.

En bref : L’usage des particules nobiliaires

  • Une particule est une préposition (de, du, von) marquant une origine noble ou géographique.
  • La particule « de » n’est pas une preuve de noblesse, de nombreux non-nobles l’ayant adoptée.
  • La particule s’utilise si elle est précédée d’un prénom ou d’un titre, mais s’élide si le nom est employé seul.
  • Il existe des exceptions à cette règle, notamment pour les noms d’une syllabe ou les particules « d' », « du » ou « des ».
  • En bibliographie, les noms à particule sont classés par le nom de famille, et non par la particule.

Qu’est-ce qu’une particule nobiliaire ?

La particule est la préposition écrite en minuscule qui se situe avant un nom de famille d’une famille noble. En français, les plus courantes sont « de », « d' », « de la », ou encore « du » ou « des ». Cette particule existe aussi dans d’autres pays pour marquer un nom de famille noble, comme von en allemand, van en néerlandais, ou encore da en italien.

Les noms à particule(s) sont appelés dans le langage commun « les noms à tiroir » ou « noms à rallonge ».

Origine et évolution de la particule « de »

À l’origine, la particule « de » n’était pas un signe de noblesse mais une simple indication géographique signifiant « originaire de… ». Par exemple, un seigneur « de Chartres » était celui qui régnait sur la ville de Chartres. Avec le temps, la noblesse a conservé cet usage, et la particule est devenue un marqueur d’attachement à une terre ou une seigneurie. C’est ainsi qu’elle a fini par être associée de manière quasi exclusive aux familles nobles.

Le petit « de » désigne-t-il toujours une famille noble ?

Malgré son origine, la particule n’est pas une preuve de noblesse. En réalité, il y a à l’heure actuelle moins de 50% des familles qui possèdent une particule qui sont réellement issues de la noblesse. À partir du XVIIIème siècle, les familles de la haute-bourgeoisie, souhaitant imiter la noblesse, adjoignent aussi une particule à leur nom. C’est pourquoi en France, la particule ne garantit pas la noblesse. Cette situation est différente dans d’autres pays, où des particules comme le von en Allemagne sont des signes beaucoup plus fiables d’appartenance à la noblesse.

Règles d’usage

La première chose à savoir et à bien comprendre, c’est que la particule ne s’emploie pas toujours !

Conservation de la particule

Devant un nom de famille composé de plus d’une syllabe et qui commence par une consonne ou un « h » aspiré, la particule s’utilise (à l’oral et à l’écrit) uniquement si elle est précédée d’un prénom, d’un titre nobiliaire (prince, duc, marquis, comte, baron, etc.), d’un titre de politesse ou d’un titre de fonction ou de grade (abbé, juge, notaire, commandant, général, sénéchal, etc.).

Exemples :

  • Charles d’Éon de Beaumont dit Chevalier d’Éon
  • Alfred de Musset
  • Marguerite de Launay
  • Le procureur de Montgolfier
  • L’abbé de la Morandais
  • Le Général de Gaulle

Ellipse de la particule

Le cas du petit de

Dans le cas de l’emploi du nom sans prénom, sans titre ou encore sans fonction, la particule est élidée. On parle donc des œuvres de La Fontaine, de Montherlant ou encore de Sade.

Lorsque l’emploi du nom de famille est utilisé pour désigner plusieurs membres de la famille, la particule disparaît aussi. Par exemple on dira: les Formanoir (et non les de Formanoir) pour parler des membres de cette famille.

Les autres particules, les petits d’, des et du

Dans le cas des noms commençant par d’, du, ou encore des, la particule est toujours maintenue même si le prénom, le titre, ou la fonction ne sont pas présents.

Exemples: d’Alembert, du Bellay, ou encore d’Hozier.

Exceptions

Les noms de famille composés d’une seule syllabe sonore ou où le « e » final est muet ont la particularité de conserver la particule.

Exemples: de Gaulle, de Sèze, de Lattre, de Moivre, etc.

Utilisation en bibliographie

Lors de la réalisation d’une bibliographie ou de notes en bas de page, les particules ne sont pas prises en considération dans un classement alphabétique.

Les œuvres de Joachim du Bellay, seront par exemple indiquées à la lettre B: Bellay (du), Joachim, etc.

Pour les noms de famille composés d’un article initial séparés du patronyme par un espace comme le « La » chez Jean de La Fontaine, le classement alphabétique place le nom à l’article. Donc Jean de La Fontaine est placé en bibliographie à la lettre L: La Fontaine (de), Jean, etc.

Conclusion

La particule nobiliaire est un élément fascinant de l’onomastique, mais dont les règles d’usage sont plus complexes qu’il n’y paraît. Au-delà d’être un marqueur historique ou géographique, elle a évolué pour devenir un simple ornement, souvent adopté par la bourgeoisie et dont la présence ne garantit en rien la noblesse. Ses règles d’emploi à l’écrit, en particulier son élision dans certains contextes et sa conservation dans d’autres, demandent une attention particulière. Elles révèlent l’importance des nuances linguistiques et des conventions sociales dans la reconnaissance des familles et des individus au fil des siècles.

FAQ : Tout savoir sur les particules nobiliaires

Qu’est-ce qu’une particule nobiliaire ?

Une particule nobiliaire est une préposition comme « de », « du » ou « von » qui précède un nom de famille et qui est historiquement associée à l’origine noble d’une famille ou à son lieu d’attachement.

La particule « de » est-elle une preuve de noblesse ?

Non. Au fil des siècles, de nombreuses familles issues de la haute-bourgeoisie ont adopté la particule pour paraître noble, et aujourd’hui, la majorité des noms comportant une particule ne sont pas d’origine noble.

Quand faut-il conserver la particule « de » ?

La particule « de » se conserve si elle est précédée d’un prénom, d’un titre (Monsieur, Général), ou d’une fonction (abbé, juge). Par exemple : Alfred de Musset.

Quand doit-on l’omettre ?

On omet la particule « de » si le nom est utilisé seul, sans prénom ni titre. Par exemple, on parlera des œuvres de Musset.

Y a-t-il des exceptions à cette règle ?

Oui. Les noms d’une seule syllabe ou ceux dont le « e » final est muet conservent toujours la particule, même s’ils sont employés seuls. Par exemple : de Gaulle, de Sèze.

Quelle est la règle pour les particules « d’ », « du » ou « des » ?

Contrairement au « de », les particules comme « d' », « du » ou « des » se conservent toujours, même lorsque le nom est employé seul. Par exemple, on parle de d’Alembert ou de du Bellay.

Comment classe-t-on un nom à particule dans une bibliographie ?

En bibliographie, les particules ne sont généralement pas prises en compte. Le nom est classé par la première lettre du nom de famille. Par exemple, Joachim du Bellay sera classé à la lettre B.

Comment classe-t-on un nom avec un article, comme La Fontaine ?

Pour les noms comportant un article initial comme « La », « Le », ou « Les », le classement alphabétique se fait à la lettre de l’article. Jean de La Fontaine sera donc classé à la lettre L.

Qu’est-ce qu’un « nom à tiroir » ?

C’est une expression courante pour désigner les noms de famille à particule, souvent perçus comme longs, comme par exemple le nom de Jean de La Fontaine.

Les particules nobiliaires existent-elles dans d’autres pays ?

Oui, de nombreux pays ont des particules similaires, telles que von en allemand, van en néerlandais, ou encore da et del en italien.

La particule s’écrit-elle en majuscule ?

Non, la particule est toujours écrite en minuscule, sauf si elle débute une phrase, ce qui est très rare. L’usage veut qu’elle reste en minuscule même en début de phrase.

D’où vient la particule « de » ?

La préposition « de » indiquait à l’origine une provenance géographique, par exemple « le seigneur de la terre de… ». Elle est ainsi devenue un marqueur d’attachement à une seigneurie, puis un signe de noblesse.

Qu’est-ce que l’ellipse de la particule ?

L’ellipse de la particule est le fait de la supprimer dans certains cas d’usage, comme lorsque l’on emploie uniquement le nom de famille sans le prénom ou le titre, selon les règles de conservation.

Sam Zylberberg

1 réflexion sur “Les particules nobiliaires : règles et usage”

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