Qu’est-ce qu’une espèce et pourquoi la reproduction est-elle essentielle ?

Une espèce est définie comme un groupe d’individus qui, dans la nature, sont capables de s’accoupler et de produire une progéniture viable et fertile. Mais cette définition, en apparence simple, soulève des questions fondamentales sur la vie, la génétique et l’évolution. Pourquoi un chihuahua et un dogue allemand, si différents en apparence, peuvent-ils se reproduire, alors qu’un aigle à tête blanche et un aigle pêcheur d’Afrique ne le peuvent pas ? La réponse se trouve dans le pool génétique et les mécanismes complexes de la reproduction.

En bref : Définition de l’espèce

  • Une espèce est un groupe d’organismes qui peuvent se reproduire entre eux pour donner une progéniture fertile.
  • Les membres d’une même espèce partagent un pool génétique commun et des caractéristiques génétiques similaires.
  • L’apparence physique est souvent trompeuse : des individus très différents (ex. : chiens de races différentes) peuvent appartenir à la même espèce.
  • Un croisement entre deux espèces différentes produit un hybride, qui est souvent infertile (ex. : le mulet).
  • La reproduction est la seule façon de transmettre les traits génétiques héréditaires à la descendance, permettant ainsi l’évolution.

Les espèces impliquent la capacité de reproduction

Une espèce est un groupe d’organismes individuels qui se croisent et produisent une progéniture fertile et viable. Selon cette définition, une espèce se distingue d’une autre lorsque, dans la nature, il n’est pas possible que les accouplements entre les individus de chaque espèce produisent une descendance fertile.

Les membres d’une même espèce partagent des caractéristiques à la fois externes et internes qui se développent à partir de leur ADN. Plus la relation entre deux organismes est étroite, plus ils ont d’ADN en commun, tout comme les personnes et leurs familles. L’ADN des gens ressemble probablement davantage à celui de leur père ou de leur mère qu’à celui de leur cousin ou de leurs grands-parents. Les organismes d’une même espèce ont le plus haut niveau d’alignement d’ADN et, par conséquent, partagent des caractéristiques et des comportements qui mènent à une reproduction réussie.

L’apparence des espèces peut être trompeuse en suggérant une capacité ou une incapacité à s’accoupler. Par exemple, même si les chiens domestiques (canis lupus familiaris) présentent des différences phénotypiques, telles que la taille, la carrure et le pelage, la plupart des chiens peuvent se croiser et produire des chiots viables qui peuvent atteindre la maturité et se reproduire sexuellement.

Exemple de reproduction de différentes races de chiens au sein de la même espèce
Croisement des chiens : les chiens sont de la même espèce et donc les chiens de différentes races ont toujours la capacité de se reproduire. Le caniche (à gauche) et le cocker (au centre) peuvent donnent naissance à une race connue sous le nom de cockapoo.

Dans d’autres cas, des individus peuvent apparaître similaires bien qu’ils ne soient pas membres de la même espèce. Par exemple, même si le pygargue à tête blanche (haliaeetus leucocephalus) et le pygargue vocifer (haliaeetus vocifer) sont tous deux des oiseaux et des aigles, chacun d’eux appartient à un groupe d’espèces distinct. Si l’homme intervenait artificiellement et fécondait l’œuf d’un pygargue à tête blanche avec le sperme d’un aigle pêcheur d’Afrique et qu’un poussin éclorait, cette progéniture, appelée hybride (un croisement entre deux espèces), serait probablement infertile : incapable de se reproduire avec succès après avoir atteint sa maturité. Différentes espèces peuvent avoir des gènes différents qui sont actifs dans le développement ; il peut donc être impossible de développer une progéniture viable avec deux ensembles de directions différentes. Ainsi, même si une hybridation peut avoir lieu, les deux espèces restent séparées.

Pourquoi des espèces différentes ne peuvent pas se reproduire ?
Similitude des espèces et reproduction : Les espèces qui semblent similaires peuvent ne pas être capables de se reproduire. L’aigle pêcheur d’Afrique ou pygargue vocifer (à gauche) est similaire en apparence à l’aigle à tête blanche ou pygargue à tête blanche (à droite), mais les deux oiseaux sont membres d’espèces différentes.

Le rôle clef de l’hybridation et de l’infertilité

Le concept d’espèce est particulièrement bien illustré par le phénomène d’hybridation, qui correspond au croisement entre deux espèces distinctes. Bien que cela puisse se produire, la descendance qui en résulte, l’hybride, est très souvent stérile. Un exemple classique est le mulet, qui est le fruit d’un croisement entre une jument et un âne. Le mulet est bien vivant et viable, mais il ne peut pas se reproduire à son tour, car il possède un nombre impair de chromosomes, ce qui rend la méiose impossible.

D’autres exemples d’hybrides incluent le ligre (croisement entre un lion et une tigresse) et le tigron (entre un tigre et une lionne). Ces animaux sont eux aussi infertiles. Ces cas montrent clairement que la simple capacité à s’accoupler ne suffit pas à définir une espèce. C’est la capacité à produire une progéniture qui peut se reproduire à son tour, c’est-à-dire une progéniture fertile, qui est le critère déterminant.

Les populations d’espèces partagent un pool génétique : une collection de toutes les variantes des gènes de l’espèce. Là encore, la base de tout changement dans un groupe ou une population d’organismes doit être génétique, car c’est la seule façon de partager et de transmettre des traits. Lorsque des variations se produisent au sein d’une espèce, elles ne peuvent être transmises à la génération suivante que par deux voies principales : la reproduction asexuée ou la reproduction sexuée. La modification sera transmise asexuellement simplement si la cellule reproductrice possède le trait modifié. Pour que la modification soit transmise par reproduction sexuée, un gamète, tel qu’un spermatozoïde ou un ovule, doit posséder la nouvelle caractéristique. En d’autres termes, les organismes qui se reproduisent par voie sexuée peuvent subir plusieurs modifications génétiques dans leurs cellules, mais si ces modifications ne se produisent pas dans un spermatozoïde ou un ovule, le caractère modifié n’atteindra jamais la génération suivante.

Seuls les traits héréditaires peuvent évoluer. Par conséquent, la reproduction joue un rôle primordial pour que le changement génétique s’enracine dans une population ou une espèce. En bref, les organismes doivent être capables de se reproduire entre eux pour transmettre de nouveaux traits (phénotype) à la descendance.

Conclusion

Pour résumer, la définition biologique d’une espèce repose sur la capacité de ses membres à se reproduire entre eux pour produire une descendance non seulement viable, mais aussi fertile. Ce critère clef permet de distinguer des groupes qui peuvent sembler similaires, comme différentes races de chiens, des groupes qui ne le sont pas, comme le pygargue à tête blanche et le pygargue vocifère. L’hybridation, qui produit des descendants stériles comme le mulet, est l’exemple le plus frappant de cette règle. La reproduction joue donc un rôle primordial dans la transmission des traits génétiques et est le moteur même de l’évolution des espèces.

FAQ : Tout savoir sur la notion d’espèce et la reproduction

Qu’est-ce qui définit une espèce ?

Une espèce est un groupe d’individus qui peuvent se reproduire entre eux dans la nature pour produire une descendance fertile et viable.

Quelle est la différence entre une progéniture viable et une progéniture fertile ?

Une progéniture viable est un individu qui survit jusqu’à l’âge adulte. Une progéniture fertile est un individu viable qui est également capable de se reproduire à son tour.

Un lion et un tigre sont-ils de la même espèce ?

Non. Bien qu’ils puissent s’accoupler pour produire un ligre ou un tigron, ces hybrides sont infertiles. Cela prouve que le lion (Panthera leo) et le tigre (Panthera tigris) sont des espèces distinctes.

Qu’est-ce qu’un hybride ?

Un hybride est le résultat du croisement entre deux espèces différentes. Ces descendants sont souvent, mais pas toujours, infertiles.

Pourquoi le mulet est-il infertile ?

Le mulet est le croisement d’un âne (62 chromosomes) et d’une jument (64 chromosomes). Il hérite de 63 chromosomes, un nombre impair qui empêche une bonne formation des gamètes (spermatozoïdes et ovules), le rendant ainsi stérile.

Les races de chiens sont-elles des espèces différentes ?

Non, toutes les races de chiens domestiques appartiennent à la même espèce (Canis lupus familiaris). Elles peuvent se reproduire entre elles et produire une descendance fertile, même si leurs apparences sont très différentes.

Qu’est-ce que le « pool génétique » ?

Le pool génétique est l’ensemble de tous les gènes et de leurs variantes (allèles) présents dans une population ou une espèce. Il est la base de l’évolution.

Comment se transmettent les traits génétiques ?

Les traits génétiques ne peuvent se transmettre à la génération suivante que si les modifications génétiques se produisent dans les cellules reproductrices (spermatozoïdes ou ovules).

L’apparence physique (le phénotype) est-elle un bon indicateur d’espèce ?

Non, l’apparence peut être trompeuse. Comme l’illustrent les différentes races de chiens ou la similitude entre certains aigles, les apparences ne suffisent pas à déterminer si deux organismes appartiennent à la même espèce.

Pourquoi la reproduction sexuée est-elle si importante pour l’évolution ?

La reproduction sexuée permet de mélanger les gènes des deux parents, créant ainsi de nouvelles combinaisons. Cela favorise la diversité génétique et la transmission de nouveaux traits qui peuvent s’enraciner dans l’espèce et permettre son évolution.

Y a-t-il des exceptions à la règle de l’infertilité des hybrides ?

Oui, il existe de rares exceptions. Dans le monde végétal notamment, l’hybridation peut parfois aboutir à des espèces fertiles. Chez les animaux, c’est beaucoup plus rare.

Qu’est-ce que l’isolement reproductif ?

L’isolement reproductif désigne les mécanismes biologiques qui empêchent deux espèces différentes de se croiser et de produire une descendance fertile. Cela peut être dû à des différences de comportement, de localisation géographique ou à des incompatibilités génétiques.

Le mot « espèce » a-t-il d’autres définitions ?

Oui, la définition ici présentée est la plus couramment utilisée en biologie, connue sous le nom de concept biologique de l’espèce. Il existe d’autres concepts, notamment pour les organismes qui se reproduisent de manière asexuée.

Pourquoi l’ADN est-il si important dans la définition d’une espèce ?

Les espèces ayant un ADN très similaire ont de plus grandes chances de produire une progéniture fertile. Un ADN trop différent entre deux individus peut empêcher le développement d’un embryon viable ou le rendre stérile.

Comment se forment de nouvelles espèces ?

De nouvelles espèces se forment par un processus appelé spéciation. Cela se produit généralement lorsqu’une population d’une espèce est isolée de sa population d’origine et qu’elle évolue différemment au fil du temps, au point de devenir incapable de se reproduire avec la population d’origine.

Sam Zylberberg

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