Histoire du Moyen-Orient
Ce premier article concernant le Moyen-Orient vous propose de comprendre l’enchevêtrement complexe des différents événements qui se sont déroulés dans cette région durant la Guerre Froide (1945-1991), et vous permettra ensuite, dans un deuxième article, de mieux comprendre l’actualité dans cette région du monde.
La Moyen-Orient (Middle East en anglais) désigne les territoires situés entre la Méditerranée, l’Asie du Sud-Ouest, l’Iran et l’Égypte, formant un vaste ensemble géopolitique.
De par sa position géographique, cette région fut le carrefour des civilisations venant d’Afrique, d’Europe et d’Asie, ainsi que le centre spirituel du monde, en ayant été le berceau des 3 religions monothéistes : judaïsme (depuis 4000 ans), christianisme (depuis 2000 ans), islam (depuis 1400 ans).
À la fin de la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), le monde connaît la période de la Guerre Froide (1945-1991), opposant le bloc soviétique au bloc américain. Durant cette période, le Moyen-Orient devient un enjeu économique, politique, et géostratégique important à l’échelle mondiale.
Cette région devient ensuite le théâtre de multiples conflits, israelo-arabe (à partir de 1948), puis israelo-palestinien (à partir de 1967), auxquels s’ajoutent la guerre entre l’Iran et l’Irak (1980-1988), et celle en Afghanistan (1979-1989). Malgré des tentatives de paix par différents accords, la région reste tout de même instable, et de nouveaux conflits apparaissent au 21e siècle.
I) Le Moyen-Orient : l’un des enjeux de la Guerre Froide
En 1945, la région du Moyen-Orient est vitale pour l’approvisionnement en hydrocarbures (pétrole, gaz), notamment pour les pays européens (France, Grande Bretagne) qui s’industrialisent ; mais ces réserves profitent davantage aux États-Unis, en effet, le Moyen-Orient possédait près 50% des réserves en hydrocarbures connues, et près de 40% en gaz, c’est ainsi qu’en 1945, le pacte de Quincy est signé entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite afin d’accéder au réserve de pétrole, en échange d’une protection militaire américaine de l’Arabie Saoudite.
Durant la Guerre Froide, les troupes soviétiques restent en Iran, et soutiennent les milices communistes en Grèce et en Turquie, ce qui amène le président américain, démocrate, Truman (1945/1953), à définir une politique d’endiguement visant à réduire l’expansion soviétique et des interventions américaines ont lieu au Liban et en Jordanie en 1958 afin d’empêcher l’extension du communisme (sous la présidence américaine du républicain Dwight D. Eisenhower (1953/1961)) ; ainsi le bloc américain s’agrandit par des alliances entre l’Arabie Saoudite (1945), l’Iran (aides financières venant des États-Unis), et la Turquie qui rejoint l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord, NATO en anglais) en 1952 ; en plus du pacte de Bagdad en 1955 (signé par le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Iran, la Turquie et les États-Unis).
Quant au bloc de l’URSS, d’abord sous la présidence de Joseph Staline (1924/1953), celui-ci soutient le sionisme (idéologie politique fondée sur un sentiment national juif, voulant la création d’un État refuge (Israël) pour les populations juives) entre 1946 et 1950, puis change radicalement de position en ayant une vision anti-israélienne jusqu’à sa mort en 1953. Puis, sous la présidence de Nikita Khrouchtchev (1953/1964), le bloc soviétique se rapproche du nationalisme arabe, en dénonçant la création de l’État d’Israël en 1948, ainsi qu’en soutenant le chef du panarabisme (mouvement ayant la volonté de créer l’unité d’un monde arabe au sein d’un grand État), et président égyptien : Gamal Abdel Nasser (1956/1970).
Ce dernier, Nasser, voulant affirmer son pouvoir, nationalise le canal de Suez en 1956, ce qui provoque une expédition militaire des français et britanniques pour défendre leurs intérêts avec le concours d’Israël. L’URSS menace alors d’une attaque, ce qui incite les États-Unis à s’impliquer et à calmer la situation (période de la Guerre froide appelée détente (1953/1979) où les deux puissances ne cherchent plus à s’affronter militairement, mais plutôt à dialoguer et à faire des compromis) en exigeant le retrait des troupes françaises et britanniques ; les vielles puissances européennes sont alors définitivement évincées du Moyen-Orient.
Le Moyen-Orient est donc l’un des enjeux majeurs de la Guerre Froide, cependant les gouvernements sont instables et fragilisés par des idéologies politiques qui entrent en contradiction, c’est le cas du panarabisme (dont la volonté serait de créer l’unité d’un monde arabe au sein d’un grand État), qui s’oppose au sionisme (dont la volonté serait de créer un État refuge (Israël) pour les populations juives), qui s’oppose à l’identité nationale palestinienne (dont la volonté serait de créer l’État de la Palestine), qui s’opposent à l’islamisme (dont la volonté serait de créer un État où l’on applique la loi musulmane, aussi appelée ‘la charia’).
II) Le conflit israélo-arabe depuis 1948
En 1947, à la suite de l’acceptation de l’ONU (Organisation des Nations Unies) d’un plan de partage de la Palestine (résolution 181), acceptée par les juifs, mais refusée par les arabes (qui prônent le panarabisme), David Ben Gourion (Premier ministre de 1948 à 1953 et de 1955 à 1963) proclame en 1948 la création de l’État d’Israël (État sioniste), ce qui provoque la première guerre israelo-arabe (1948-1949).
Les pays (Égypte, Irak, Jordanie et Syrie) de la Ligue arabe (organisation régionale regroupant les pays arabes, fondée en 1945 au Caire par 7 pays et compte aujourd’hui 22 États membres), attaquent alors Israël, mais ce dernier remporte le conflit, et augmente ainsi son territoire, ce qui a pour conséquence la fuite de 700 000 arabes vers la Palestine (exode appelé Nakba, ‘catastrophe’ en arabe). Pour mettre fin aux hostilités, l’armistice de Rhodes est signé en 1949, mais l’État d’Israël n’est toujours pas reconnu par le monde arabe.
Cependant, cet armistice n’empêche pas la Guerre des Six jours ; en 1967, le président Égyptien, Nasser, ferme le détroit du Tiran aux navires Israéliens (voir la carte au dessus), alors Israël, considérant cet acte comme un Casus Belli, riposte en attaquant les pays de la Ligue arabe (Égypte, Syrie, Jordanie). Israël remporte le conflit, et conquiert de nombreux territoires geostratégiques : la péninsule du Sinaï et la bande de Gaza (perdues par l’Égypte), la Cisjordanie et Jérusalem-Est (perdues par la Jordanie), ainsi que le plateau du Golan (perdu par la Syrie).
À la suite des Six jours, en 1967, le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution 242 et exige la restitution des territoires récemment occupés par Israël, en échange d’une reconnaissance de ses pays voisins.
En 1970, Anouar el-Sadate (1970/81) arrive au pouvoir en Égypte, et poursuit une politique contre Israël ; il organise en 1973 la guerre du Kippour contre Israël, qui aura des retombées internationales, l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) décide de réduire sa production de pétrole jusqu’à la restitution des territoires pris par l’État d’Israël ce qui provoque le 1er choque pétrolier en 1973.
Mais le président égyptien Sadate finit par changer de politique, en se rapprochant d’Israël ; les accords de Camp David sont alors signés en 1979, ce qui permet à l‘Égypte de récupérer la région du Sinaï, en échange de la reconnaissance de l’État d’Israël. Cependant, cette soudaine paix provoque des divisions dans le monde arabe, l’Égypte est exclue de la Ligue Arabe, et Anouar El-Sadate est assassiné par un extrémiste en 1981.
III) Le conflit israélo-palestinien depuis 1967
La ‘question palestinienne‘ apparaît dès la première guerre israelo-arabe en 1948, lors de la fuite de 700 000 arabes vers la Palestine, la Nakba (‘catastrophe’ en arabe).
Après la Guerre des Six jours (1967), plus d’un million arabes palestiniens vivent sous la domination israélienne, ce qui pousse l’OLP (Organisation Libération Palestine), le mouvement nationaliste palestinien à se radicaliser en 1969 avec l’arrivée de Yasser Arafat chef du FATAH (mouvement de libération de la Palestine), et à s’affranchir de la tutelle des États arabes.
Durant le ‘septembre noir‘ en 1970, le Roi Hussein (de Jordanie) souhaite améliorer ses relations avec Israël (pour récupérer ses anciens territoires) en chassant l’OLP (qui se replie alors au Liban) ; le conflit israélo-palestinien s’exporte alors au Liban. Cette exclusion pousse une nouvelle fois l’OLP à se radicaliser et les fedayins (combattants de la guérilla palestinienne) organisent des détournements d’avions, des otages et des attentats (aux JO de Munich en 1972).
Le parti phalangiste (parti chrétien d’extrême droite au Liban et allié d’Israël) arrive au pouvoir et lutte contre l’OLP. Cette lutte correspond de 1975 à 1982 à la première étape de la guerre civile au Liban (1975-1990).
En 1982, Israël lance la ‘Paix en Galilée’, une opération militaire au Liban contre l’OLP, ce dernier quitte alors le Liban et sa capitale Beyrouth, pour se réfugier à Tunis, capitale de la Tunisie.
Toujours en 1982, à la suite de l’invasion militaire israélienne au Liban durant l’opération ‘Paix en Galilée’, le Hezbollah (mouvement armé chiite libanais, soutenant l’Iran et la Syrie) est fondé et lutte contre Israël.
A partir de 1987, se déroule la première Intifada (mot arabe signifiant ‘soulèvement‘) aussi appelée ‘guerre des pierres‘, il s’agit d’une révolte des populations palestiniennes contre l’occupation israélienne, principalement à cause de la situation sociale précaire du territoire palestinien sous l’autorité israélienne (Cisjordanie, bande de gaza).
Au début de la première Intifada, commencent les premières actions armées du Hamas en 1987, mouvement proche des Frères musulmans d’Égypte, qui lutte contre l’État d’Israël, prône sa destruction et l’instauration d’un État islamique palestinien sur tout le territoire de l’ancienne Palestine mandataire, c’est-à-dire incluant l’État d’Israël, la Cisjordanie, la bande de Gaza et la Jordanie.
Cette première Intifada prend fin en 1993 avec les accords d’Oslo, signés à Washington, en présence de Yitzhak Rabin (Premier ministre israélien durant son 2e mandat de 1992 à 1995), de Yasser Arafat (Président du comité exécutif de l’OLP, de 1969 à 2004) et de Bill Clinton (42e Président des États-Unis de 1993 à 2001), afin de poser les premiers jalons d’une résolution du conflit israélo-palestinien.
IV) La multiplication des conflits
Dans la région du Moyen-Orient, en plus des conflits israelo-arabe et israelo-palestinien, s’ajoutent la guerre entre l’Irak et l’Iran (1980/1988), et celle en Afghanistan (1979/1989).
– La guerre entre l’Irak et l’Iran (1980/1988) opposa l’Irak (majoritairement sunnite) à l’Iran (majoritairement chiite). En 1979, Saddam Hussein (1975/2003) (sunnite) arrive au pouvoir en Irak et commandite le massacre de chiites, tandis que l’Ayatollah Khomeini (1979/1989) (chiite) arrive au pouvoir en Iran (la même année) et crée une république islamique chiite.
Les causes de cette guerre Iran/Irak sont donc religieuses, ethniques, mais aussi geostratégiques ; en effet à la frontière de ces deux pays, se trouvent des raffineries aux points de confluence entre le Tigre et l’Euphrate, dans le chenal de 200 km, Chatt-el-Arab, où se situent les raffineries d’Abadan, de Bassora, de Fao. Cette guerre se termine en 1988 sans avoir obtenu de victoire décisive de l’Iran ou de l’Irak, par un status quo.
– La guerre en Afghanistan (1979/1989) opposa les moudjahiddins (« guerriers saints »), soutenus par les États-Unis et des pays à majorité musulmane, au régime communiste afghan, soutenu par l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Ayant ravagé l’Afghanistan, et impliqué les deux blocs, cette guerre est considérée comme une des dernières crises de la guerre froide.
En 1947, après la chute de l’Empire des Indes britannique, né le Pakistan, ce qui provoque un conflit avec l’Afghanistan. Le Pakistan devient allié des États-Unis, et l’Afghanistan se trouve seul, face à l’URSS ; alors l’Afghanistan s’en rapproche et les soviétiques fournissent des aides militaires et financières aux afghans, le processus de « soviétisation » du pays est alors amorcée. Cependant, en 1978, les réformes prises par le régime communiste et l’adoption du drapeau rouge socialiste, sans aucune référence à l’Islam, engendre une guerre civile en 1979, principalement menée par des mouvements islamistes. Cet guerre civile pousse alors l’URSS à intervenir et à envahir l’Afghanistan, jusqu’en 1989.
Le prochain article concernant le Moyen-Orient portera sur la période entre 1991 (chute de l’URSS), jusqu’à nos jours, afin de mieux comprendre l’actualité dans cette région du monde, et cela grâce aux informations que vous venez de découvrir ou de revoir ici.
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