Nous avons affirmé : « la maîtrise de soi s’acquiert ». Oui, mais comment ?
Pour avoir la réponse à cette question, il faut bien comprendre l’un des principes enseignés par William James, le grand psychologue américain. Il nous a appris ceci : « on admet facilement que l’action suit la pensée, mais il est important de savoir qu’à l’inverse la pensée suit l’action ».
Qu’est-ce que cela signifie ?
Il est clair que lorsqu’une pensée naît en nous, elle a pour conséquence naturelle logique d’engendrer un mouvement ou une attitude.
Exemple : j’ai soif, je le ressens; je réfléchis et je décide d’ouvrir une bouteille d’eau. Tout cela s’est passé dans mon cerveau. A ce moment, je tends le bras vers la bouteille. La pensée (soif bouteille d’eau) a engendré une action (tendre le bras).
Autre exemple : j’approche la main d’une bouteille d’eau chaude que j’effleure. La pensée que je risque de me brûler me fait rapidement reculer et provoque un mouvement de rétractation générale de mon corps. La pensée (crainte de la douleur) engendre une action (mouvement de recul).
Encore un exemple : je vois un enfant qui se précipite sous une voiture lancée à grande vitesse : j’imagine l’accident, mon visage reflète l’effroi, mon cœur palpite. La pensée (imagination de l’accident) a provoqué une action (le mouvement des muscles de mon visage exprimant l’effroi).
On pourrait multiplier les exemples. Il est clair que de nombreuses pensées aboutissent à une action, que l’influence de la pensée sur l’action est considérable.
Mais ce que beaucoup de gens ignorent, c’est qu’à l’inverse, une attitude, des mouvements, des gestes ont une répercussion sur notre psychisme. Ici, c’est l’action qui influence la pensée ; le geste, le mouvement qui agissent sur notre psychisme.
De cette observation naît toute une thérapeutique de notre psychologie personnelle. William James a en effet observé que nous pouvions modifier profondément (mais petit à petit) notre psychisme en adoptant des attitudes extérieures correspondant à l’objectif désiré. En d’autres termes, cela signifie que si je cultive une attitude extérieure qui est celle de la maîtrise de soi, ce ne sera pas simplement une façade, mais peu à peu, je deviendrai maître de moi totalement, réellement, dans mon psychisme profond.
Si j’ai une attitude extérieure, une apparence de nonchalance, de laisser-aller, je ne pourrai pas améliorer ma maîtrise de moi, car cela entraînera une attitude psychologique de paresse, de mollesse, de négligence.
Inversement, si je prends très souvent l’attitude extérieure, l’apparence de quelqu’un de résolu, de décidé, de volontaire, mon esprit de décision, ma volonté se développeront.
Si je me laisse aller à des mouvements de tapotements des doigts ou de battements de pied lorsque quelque chose m’impatiente, il est peu probable que je devienne moins impatient et me maîtrise bien. Mais rien qu’en agissant sur ces signes extérieurs de l’impatience, je peux modifier ce côté impatient de mon caractère.
Voilà donc une règle fondamentale du comportement psychologique humain. Grâce à cette règle, celui qui veut s’améliorer peut acquérir les qualités qui lui semblent utiles et lutter contre les défauts qui lui nuisent.
Nous allons voir comment ce principe doit s’appliquer pour obtenir la maîtrise de soi.
Mais pour l’instant, relisez plusieurs fois cette règle :
Si l’action suit souvent la pensée, à l’inverse la pensée suit l’action
et son application pratique :
Nos attitudes extérieures influencent directement
et durablement notre psychisme : on peut acquérir
une qualité en adoptant les attitudes et expressions
reflétant habituellement cette qualité.
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