Ressources, bibliographie et prolongements

Introduction

Ce dernier article vise à orienter les lecteurs qui souhaitent approfondir leurs connaissances en polémologie. Nous présenterons une sélection d’ouvrages fondamentaux, d’articles académiques, de sites web et de ressources institutionnelles ou associatives. Nous donnerons également un aperçu des formations possibles en polémologie ou en études sur la paix et la sécurité. Enfin, nous évoquerons des pistes de prolongement pour tous ceux qui voudraient contribuer à la recherche ou à l’action dans ce domaine.

Image originale JeRetiens.

1) Principaux ouvrages de référence

1.1) Classiques de la polémologie

  • Gaston Bouthoul, Traité de polémologie (1951)
    • Ouvrage fondateur où Bouthoul expose sa démarche systématique et quantitative pour comprendre la guerre. Il développe notamment ses analyses démographiques et économiques.
  • Julien Freund, L’essence du politique (1965), Sociologie du conflit (1983)
    • Bien que Freund ne se dise pas toujours “polémologue”, ses réflexions sur l’hostilité et la nature politique du conflit alimentent la pensée polémologique.
  • Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations (1962)
    • Un classique de la sociologie des relations internationales, où la guerre est replacée dans le contexte de la diplomatie, de l’équilibre des puissances, et des idéologies.

1.2) Ouvrages complémentaires

  • Carl von Clausewitz, De la guerre (publié de façon posthume en 1832)
    • Un incontournable pour comprendre la dimension politique de la guerre, même si Clausewitz précède la polémologie au sens strict.
  • Pierre Renouvin, Les Crises du XXᵉ siècle (1962)
    • Approche historique et globale des conflits, mettant l’accent sur les “forces profondes” (économiques, démographiques).
  • Hannah Arendt, Du mensonge à la violence (1972)
    • Réflexions sur la violence, l’autorité, la propagande, qui croisent l’analyse des conflits politiques du XXᵉ siècle.

1.3) Approches plus récentes

  • Mary Kaldor, New and Old Wars (1999)
    • Concept de “nouvelles guerres” décrivant les conflits post-guerre froide marqués par l’asymétrie, le rôle des identités ethniques et l’implication d’acteurs non étatiques.
  • Herfried Münkler, Les Guerres nouvelles (2002)
    • Analyse de la mutation des conflits, l’émergence du terrorisme global, la crise de l’État-nation, la privatisation de la guerre.
  • Johan Galtung, Peace by Peaceful Means (1996)
    • Même si Galtung s’inscrit davantage dans les Peace & Conflict Studies, son modèle de “paix positive” est essentiel pour compléter l’approche polémologique.

2) Articles et sites web spécialisés

2.1) Revues académiques

  • Journal of Conflict Resolution (Sage) : publie des recherches quantitatives et qualitatives sur les conflits, les négociations et la résolution.
  • Conflict and Society (Berghahn) : propose des études anthropologiques, sociologiques et politiques sur la dynamique des conflits.
  • Études polémologiques (si disponible) : certaines revues francophones, parfois anciennes, ont porté ce nom ou s’y réfèrent.

2.2) Sites et bases de données

  • SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) : www.sipri.org
    • Données sur les dépenses militaires, le commerce des armes, l’analyse des conflits.
  • UCDP/PRIO (Uppsala Conflict Data Program / Peace Research Institute Oslo) : ucdp.uu.se
    • Base de données internationale recensant les conflits armés depuis 1946, avec catégorisation et statistiques.
  • ICRC / CICR (Comité international de la Croix-Rouge) : www.icrc.org
    • Informations sur le droit international humanitaire, les zones de conflit où le CICR est présent, les rapports sur la protection des civils.

2.3) Think tanks et organismes de recherche

  • Chatham House (Royaume-Uni), Carnegie Endowment for International Peace (États-Unis), International Crisis Group (international) : publient des rapports et des analyses sur les crises en cours, font du plaidoyer auprès des décideurs.
  • Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) en France : propose des études de défense, de sécurité internationale et de prolifération d’armes.
  • Geneva Centre for Security Policy (GCSP) : forme des diplomates, des militaires et des experts sur la gestion des crises et la politique de sécurité.

3) Formations et parcours académiques

3.1) Universités et instituts

En France, plusieurs universités proposent des cursus en relations internationales, en science politique ou en histoire militaire, qui incluent des enseignements de polémologie ou de sociologie du conflit. Par exemple :

  • Université Panthéon-Sorbonne (Paris I) : certains masters mentionnent explicitement la polémologie (selon l’orientation des enseignants et des laboratoires de recherche).
  • Sciences Po Paris et IEP régionaux : cours en sécurité internationale, études stratégiques, etc.
  • IRIS Sup’ (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) : formation professionnelle sur la géopolitique, les conflits, la défense.

À l’étranger, des universités britanniques, américaines, canadiennes ou suisses offrent également des masters en War Studies, Conflict Resolution ou Peace and Security Studies.

3.2) Écoles militaires et centres de recherche affiliés

Certaines écoles militaires (École de guerre, Saint-Cyr en France, West Point aux États-Unis, Sandhurst au Royaume-Uni) incluent des modules sur l’histoire des conflits, la stratégie et la sociologie militaire. Des centres de recherche rattachés à ces institutions mènent des travaux qui croisent la polémologie et les études stratégiques.

3.3) Possibilités d’engagement professionnel

  • Chercheur / Enseignant : parcours universitaire (doctorat), publication d’articles, participation à des colloques.
  • Analyste en think tank : rédaction de notes de synthèse, de rapports de prospective, conseil auprès des gouvernements ou des ONG.
  • Fonctionnaire d’organisations internationales (ONU, UE, UA) : travail sur la prévention des conflits, les missions de paix, la médiation.
  • Journaliste spécialisé : couverture des zones de conflit, reportages, enquêtes, analyses.
  • Consultant privé : conseils en gestion des risques, formation pour le personnel d’entreprises travaillant en zones instables, etc.

4) Autres ressources et prolongements

4.1) Colloques, conférences, réseaux

Il existe un certain nombre de conférences internationales consacrées à la paix, à la sécurité et à la polémologie :

  • Munich Security Conference : grand rendez-vous annuel sur les questions de défense et de sécurité.
  • World Peace Forum : divers lieux, organisé parfois en Asie, mettant l’accent sur les menaces globales.
  • Colloques universitaires : souvent organisés par des chaires de relations internationales ou de sociologie du conflit (en France, au Canada, en Suisse, etc.).

Participer à ces événements permet de rencontrer des experts, d’échanger avec des praticiens de terrain (militaires, diplomates, ONG) et d’actualiser ses connaissances sur les crises en cours.

4.2) Ressources audiovisuelles et médiatiques

  • Documentaires : De nombreux documentaires, produits par Arte, la BBC ou d’autres chaînes, abordent l’histoire des conflits, les témoignages de survivants, l’analyse des guerres actuelles.
  • Podcasts : Sur des plateformes comme Spotify, Apple Podcasts, on trouve des émissions spécialisées en géopolitique et en analyse des conflits (ex. “Le Collimateur”, produit par l’IRSEM, en France).
  • Chaînes YouTube spécialisées : certaines proposent des reconstitutions historiques (cartes animées, explications tactiques), d’autres invitent des chercheurs à débattre.

4.3) S’impliquer dans la recherche ou l’action

  • Publications et blogs : Les étudiants ou jeunes chercheurs peuvent publier des articles dans des revues ou sur des blogs spécialisés (ex. Le Rubicon, The Conversation, OpenDemocracy).
  • Stages en ONG ou en organisations internationales : pour se confronter au terrain, participer à des missions d’enquête, d’observation électorale, etc.
  • Volontariat international : programmes type Service civique, Corps européen de solidarité, ou initiatives portées par certaines associations.

Conclusion

La polémologie, loin d’être cantonnée à un cercle restreint d’universitaires, est un champ en constante évolution qui intéresse un large public : étudiants, chercheurs, diplomates, militaires, journalistes, ONG, etc. Les ressources présentées ici — ouvrages, revues, sites web, formations, conférences — constituent des points d’entrée pour quiconque souhaite approfondir sa compréhension du phénomène guerrier.
Il ne faut pas oublier que la polémologie, discipline aux frontières multiples, encourage la curiosité et l’ouverture : s’intéresser à la sociologie, à l’économie, à la psychologie, à la géopolitique. Les parcours sont variés, et chacun peut contribuer, à sa mesure, à l’avancée des connaissances et à la sensibilisation du public sur la complexité des conflits.
Enfin, ce qui caractérise la polémologie, c’est sa visée pratique : comprendre pour agir, ou au moins pour se prémunir contre l’aveuglement et la répétition d’erreurs du passé. Dans un monde où la violence reste omniprésente — sous des formes changeantes —, l’effort de connaissance est plus que jamais essentiel. Les prolongements de cette démarche sont infinis : recherche académique, engagement humanitaire, participation à l’élaboration de politiques publiques, diffusion médiatique… À chacun de trouver la voie qui lui permettra de contribuer à une meilleure compréhension (et, espérons-le, une meilleure régulation) de la guerre.

Sam Zylberberg
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