Comment bien doser le pastis ? La règle simple du 5 pour 1

Préparer un pastis parfait lors de l’apéritif, c’est avant tout respecter le bon dosage entre l’eau et la boisson anisée. Trop d’eau et votre pastis sera fade et sans caractère, pas assez et l’amertume de l’anis dominera désagréablement. Mais quelle est donc la proportion idéale ? La réponse tient dans un nom que tout amateur de pastis connaît : le Pastis 51. Cette appellation commerciale cache en réalité le moyen mnémotechnique le plus simple et le plus efficace pour retenir à jamais le dosage parfait de cette boisson emblématique du sud de la France.

Le pastis incarne l’art de vivre méditerranéen, ce moment convivial où l’on se retrouve en terrasse pour l’apéritif. Mais au-delà du folklore, réussir son pastis demande une certaine rigueur dans les proportions. Trop souvent négligé, le dosage influence pourtant considérablement le goût, l’équilibre aromatique et la fraîcheur de la boisson. Grâce à l’astuce mnémotechnique du « 51 », vous ne vous tromperez plus jamais et impressionnerez vos invités par votre maîtrise de cet apéritif incontournable !

⚡ En bref : le dosage parfait du pastis

La règle du Pastis 51 pour un dosage parfait : versez 5 volumes d’eau fraîche pour 1 volume de pastis, soit environ 5 cl de pastis pour 25 cl d’eau dans un verre standard. Cette proportion 5:1 garantit l’équilibre idéal entre la puissance de l’anis et la fraîcheur de l’eau, révélant tous les arômes sans amertume excessive. Le moyen mnémotechnique est simple : retenez le chiffre « 51 » du célèbre Pastis 51, même si cette appellation commerciale vient en réalité de l’année de création de la marque (1951) et non de la règle de dosage elle-même.

Pourquoi cette proportion est-elle importante : le pastis contient entre 40 et 45% d’alcool et des huiles essentielles d’anis qui se troublent au contact de l’eau froide (effet appelé « louche »). Un dosage trop faible (moins de 3 volumes d’eau) donne une boisson trop alcoolisée, amère et agressive en bouche. Un dosage trop élevé (plus de 7 volumes d’eau) dilue excessivement les arômes et produit une boisson fade sans caractère. La proportion 5:1 trouve le juste milieu en révélant la complexité aromatique (anis étoilé, réglisse, plantes aromatiques) tout en apportant la fraîcheur nécessaire à un apéritif désaltérant.

Comment servir un pastis dans les règles de l’art : utilisez un verre haut transparent pour admirer l’effet louche, versez d’abord le pastis (5 cl), ajoutez ensuite l’eau fraîche (25 cl) en observant le trouble laiteux caractéristique, ajoutez 2-3 glaçons après le mélange (jamais avant car le froid brutal altère les arômes), et servez immédiatement. La température idéale de dégustation se situe entre 10 et 15°C. Certains puristes préfèrent servir l’eau et le pastis séparément pour que chacun dose selon ses préférences, mais la règle du 5:1 reste la référence universelle pour un pastis équilibré.

Le dosage classique : 5 volumes d’eau pour 1 volume de pastis

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La règle d’or du dosage du pastis : 5 volumes d’eau pour 1 volume de pastis (5:1). Simple, efficace, inoubliable grâce au Pastis 51 ! Infographie originale JeRetiens.

Pour retenir le dosage du pastis lors d’un apéritif, il suffit de se souvenir du nom « Pastis 51« . Ce chiffre emblématique représente parfaitement la proportion idéale : 5 volumes d’eau fraîche pour 1 volume de boisson anisée. Concrètement, si vous versez 5 centilitres (cl) de pastis dans votre verre, vous devrez ajouter 25 cl d’eau, soit 5 fois cette quantité. Cette règle simple garantit un équilibre parfait entre la puissance aromatique de l’anis et la fraîcheur désaltérante de l’eau.

Notez que l’appellation commerciale « Pastis 51 » provient en réalité de l’année de sa création par la société Pernod en 1951, et non directement de cette règle de dosage. Néanmoins, cette coïncidence heureuse en fait un moyen mnémotechnique extraordinairement efficace que tout amateur de pastis peut retenir sans effort. Le « 51 » est ainsi devenu dans l’imaginaire collectif le symbole du dosage parfait, au point que même ceux qui ignorent l’origine historique de la marque utilisent instinctivement ce repère chiffré.

Bouteilles emblématiques de pastis français Ricard et Pastis 51 illustrant les deux marques historiques les plus consommées lors de l'apéritif, avec leur couleur jaune caractéristique de la boisson anisée provençale avant ajout d'eau

Les deux marques emblématiques de pastis français : Ricard et Pastis 51, références incontournables de l’apéritif méditerranéen.

Pourquoi respecter cette proportion 5:1 ?

Le respect de la proportion 5 volumes d’eau pour 1 volume de pastis n’est pas qu’une simple convention sociale ou tradition provençale. Cette règle repose sur des raisons organoleptiques et chimiques bien précises qui influencent directement votre expérience de dégustation.

L’équilibre aromatique optimal

Le pastis est une boisson spiritueuse fortement concentrée, titrant entre 40 et 45% d’alcool par volume. Cette concentration élevée masque les arômes subtils et rend la dégustation agressive en bouche si on la consomme pure ou trop peu diluée. En ajoutant 5 volumes d’eau, vous abaissez le degré alcoolique à environ 7-8%, ce qui correspond à la zone idéale de perception aromatique. À cette dilution, les huiles essentielles d’anis étoilé, de réglisse et des diverses plantes aromatiques (fenouil, coriandre, angélique selon les recettes) se libèrent pleinement et expriment toute leur complexité sans être masquées par le brûlant de l’alcool.

L’effet louche caractéristique

Au contact de l’eau froide, le pastis se trouble et prend cette couleur blanc laiteux opalescent si caractéristique qu’on appelle la « louche ». Ce phénomène physico-chimique fascinant résulte de la précipitation des huiles essentielles anisées qui étaient dissoutes dans l’alcool pur mais deviennent insolubles quand la concentration alcoolique diminue. La proportion 5:1 génère le trouble optimal, ni trop léger (dosage insuffisant), ni trop compact (surdosage en eau). Ce trouble laiteux n’est pas qu’esthétique : il accompagne la libération des composés aromatiques volatils qui viennent chatouiller vos narines dès les premières secondes.

La fraîcheur et la désaltération

L’apéritif au pastis se déguste traditionnellement l’été, en terrasse, sous le soleil méditerranéen. Dans ce contexte, la fonction désaltérante est primordiale. Avec 5 volumes d’eau pour 1 volume de pastis, vous obtenez une boisson suffisamment longue et rafraîchissante pour être sirotée tranquillement pendant 20 à 30 minutes sans assécher le palais. Un dosage plus faible (3:1 ou 4:1) produirait une boisson trop courte et trop alcoolisée qui ne jouerait plus ce rôle de désaltérant convivial. À l’inverse, un dosage trop généreux en eau (7:1 ou plus) diluerait excessivement les arômes jusqu’à rendre la boisson fade et sans intérêt gustatif.

Les variantes régionales et personnelles du dosage

Si la règle du 5:1 constitue la référence universelle, certaines régions et certains amateurs préfèrent ajuster légèrement ces proportions selon leurs goûts personnels ou les traditions locales.

Le « pastis serré » (4:1 ou même 3:1)

Dans certains villages du sud de la France, particulièrement en Provence intérieure et dans les Bouches-du-Rhône, les puristes commandent parfois leur pastis « serré », c’est-à-dire moins dilué. Avec 4 volumes d’eau pour 1 volume de pastis (4:1), la boisson conserve une puissance aromatique plus marquée et un degré alcoolique légèrement supérieur (autour de 9-10%). Cette version plaît aux palais habitués qui recherchent l’intensité de l’anis sans concession. Les vrais amateurs de sensations fortes peuvent même descendre à 3:1, mais cette proportion reste marginale et réservée aux connaisseurs qui apprécient une boisson corsée proche du « pastis maison » artisanal.

Le « pastis allongé » (6:1 ou 7:1)

À l’opposé, certains préfèrent un pastis plus léger et plus désaltérant, notamment les nouveaux consommateurs ou ceux qui recherchent avant tout la fraîcheur. Avec 6 ou 7 volumes d’eau pour 1 volume de pastis, on obtient une boisson plus douce, moins alcoolisée (5-6% seulement), qui se rapproche davantage d’une limonade anisée que du pastis traditionnel. Cette version « allongée » est parfois servie l’été en grand verre pour accompagner un long moment de détente, mais les puristes la considèrent comme une dénaturation de la boisson originelle car les arômes sont trop dilués.

Le service séparé : eau et pastis à disposition

Dans de nombreux bars et restaurants du Midi, on vous sert le pastis accompagné d’un petit pichet d’eau fraîche (25 à 30 cl) et parfois d’un carafe supplémentaire. Cette présentation permet à chacun de doser selon ses préférences personnelles, respectant ainsi la diversité des goûts. C’est également un geste commercial généreux puisque vous pouvez rallonger votre verre si vous trouvez le premier dosage trop fort. Cette pratique du service séparé témoigne du caractère convivial et flexible du rituel du pastis, loin du formalisme d’autres apéritifs.

Comment préparer et servir un pastis parfait

Les étapes du service dans l’ordre

L’ordre dans lequel vous versez les liquides a son importance. La méthode classique et recommandée consiste à :

1. Verser d’abord le pastis : Mesurez environ 5 cl de pastis (un bouchon doseur standard ou la largeur de deux doigts au fond d’un verre haut). Le pastis pur apparaît jaune ambré, transparent et brillant.

2. Ajouter ensuite l’eau fraîche : Versez lentement 25 cl d’eau fraîche (mais pas glacée, idéalement entre 10 et 15°C). Observez le phénomène magique de la louche qui se forme instantanément : le liquide se trouble progressivement en prenant cette couleur blanc laiteux opalescent si caractéristique. Plus vous versez lentement, plus le spectacle visuel est saisissant.

3. Ajouter les glaçons en dernier : Une fois l’eau et le pastis mélangés, ajoutez 2 ou 3 glaçons. Ne faites jamais l’erreur de mettre les glaçons avant l’eau car le choc thermique brutal altère les arômes délicats. Les glaçons servent à maintenir la fraîcheur pendant la dégustation, pas à refroidir brutalement la boisson.

Le choix du verre

Le pastis se sert traditionnellement dans un verre haut et transparent (type tumbler ou verre « long drink ») d’une contenance de 30 à 35 cl. La transparence du verre permet d’admirer l’effet louche et la couleur laiteuse caractéristique. Certains bars provençaux utilisent des verres épais légèrement évasés vers le haut, parfaits pour libérer les arômes anisés. Évitez les verres à pied type ballon de vin qui ne conviennent pas à cette boisson.

La température de service

La température idéale de dégustation d’un pastis se situe entre 10 et 15°C, jamais en dessous. Trop froid (en dessous de 8°C), les arômes se figent et la boisson perd tout son intérêt. C’est pourquoi on recommande d’utiliser de l’eau fraîche du robinet ou de l’eau tempérée du réfrigérateur plutôt que de l’eau glacée. Les glaçons ajoutés en fin de préparation maintiennent cette fraîcheur optimale pendant toute la durée de la dégustation sans refroidir excessivement le breuvage.

Quelques variantes créatives du pastis classique

Au-delà du pastis traditionnel au dosage 5:1, quelques variantes régionales ou créatives méritent d’être mentionnées pour les amateurs curieux.

La mauresque

Ce cocktail provençal ajoute au pastis classique (dosage 5:1) un trait de sirop d’orgeat (amande). Le sirop sucré adoucit légèrement l’amertume de l’anis et apporte une note gourmande qui plaît particulièrement aux palais sensibles. La mauresque se reconnaît à sa couleur légèrement plus trouble et crémeuse. Comptez environ 2 cl de sirop d’orgeat pour 5 cl de pastis et 25 cl d’eau.

La tomate

Variante colorée et rafraîchissante, la « tomate » remplace le sirop d’orgeat par du sirop de grenadine. La boisson prend alors une teinte rosée caractéristique qui rappelle vaguement le jus de tomate, d’où son nom amusant. Le goût fruité de la grenadine contraste agréablement avec l’anis. Même dosage que la mauresque : 2 cl de grenadine pour 5 cl de pastis et 25 cl d’eau.

Le perroquet

Le « perroquet » associe le pastis à du sirop de menthe verte, créant une boisson de couleur vert pâle surprenante. L’alliance anis-menthe peut sembler déroutante mais elle fonctionne plutôt bien, la menthe apportant une fraîcheur supplémentaire. Cette variante est moins populaire que la mauresque ou la tomate mais reste un classique du répertoire des mélanges pastis. Comptez 2 cl de sirop de menthe pour 5 cl de pastis et 25 cl d’eau.

Dans tous les cas, ces variantes conservent le dosage de base 5:1 entre pastis et eau, le sirop venant simplement s’ajouter pour personnaliser le goût sans modifier les proportions fondamentales.

Conclusion : le 5:1, une règle simple pour un plaisir parfait

Retenir le dosage parfait du pastis n’a jamais été aussi simple grâce au moyen mnémotechnique du « Pastis 51 » : 5 volumes d’eau pour 1 volume de boisson anisée. Cette proportion universellement reconnue garantit l’équilibre idéal entre la puissance aromatique de l’anis, la fraîcheur désaltérante et le plaisir gustatif. Que vous soyez amateur occasionnel ou passionné de cet apéritif emblématique du sud de la France, respecter cette règle du 5:1 vous assurera de toujours servir un pastis parfaitement dosé qui ravira vos papilles et celles de vos invités.

Au-delà de la technique, le pastis incarne avant tout un art de vivre méditerranéen, ce moment de convivialité où l’on prend le temps de déguster, de discuter, de profiter de l’instant présent. Alors maintenant que vous maîtrisez le dosage parfait, il ne vous reste plus qu’à vous installer confortablement en terrasse, à préparer votre pastis dans les règles de l’art, et à savourer ce moment unique où les arômes d’anis viennent chatouiller vos sens pendant que vous observez le spectacle magique de la louche se former dans votre verre. Santé !

FAQ : Vos questions sur le dosage du pastis

Quelle est la proportion idéale d’eau et de pastis ?

La proportion idéale universellement reconnue est de 5 volumes d’eau pour 1 volume de pastis (règle du 5:1). Concrètement, pour 5 cl de pastis, ajoutez 25 cl d’eau fraîche. Cette proportion garantit l’équilibre parfait entre la puissance aromatique de l’anis et la fraîcheur désaltérante de la boisson. Le degré alcoolique final se situe autour de 7-8%, idéal pour la perception des arômes. C’est ce dosage que symbolise mnémotechniquement le « Pastis 51 », même si ce nom de marque vient historiquement de l’année 1951. Certains amateurs préfèrent un pastis « serré » (4:1) plus puissant, ou au contraire « allongé » (6:1 ou 7:1) plus léger, mais le 5:1 reste la référence incontestée pour un pastis équilibré et savoureux.

Pourquoi le pastis devient-il trouble quand on ajoute de l’eau ?

Ce phénomène fascinant appelé « louche » ou « effet ouzo » (du nom de l’apéritif grec anisé) résulte d’un processus physico-chimique précis. Le pastis contient des huiles essentielles d’anis (principalement l’anéthol) qui sont solubles dans l’alcool pur mais deviennent insolubles quand la concentration alcoolique diminue au contact de l’eau. Ces huiles essentielles forment alors une émulsion de micro-gouttelettes en suspension qui diffractent la lumière, créant ce trouble blanc laiteux opalescent si caractéristique. Plus vous diluez progressivement, plus l’effet est spectaculaire. Ce trouble n’est pas un défaut mais au contraire le signe que les composés aromatiques se libèrent et vont pouvoir exprimer pleinement leurs saveurs. La température de l’eau influence également l’intensité du trouble : une eau froide (10-15°C) produit une louche plus marquée qu’une eau tiède.

Doit-on mettre les glaçons avant ou après l’eau dans le pastis ?

Il faut impérativement ajouter les glaçons EN DERNIER, après avoir mélangé le pastis et l’eau. L’ordre correct est : 1) verser le pastis, 2) ajouter l’eau fraîche en observant la louche se former, 3) ajouter 2-3 glaçons. Si vous mettez les glaçons en premier ou en même temps que l’eau, le choc thermique brutal altère les arômes délicats et empêche la louche de se former harmonieusement. Les huiles essentielles anisées sont sensibles aux variations brusques de température. En ajoutant les glaçons à la fin, vous bénéficiez d’un refroidissement progressif qui maintient la fraîcheur pendant toute la dégustation (20-30 minutes) sans brutaliser les composés aromatiques. Cette méthode permet aussi d’admirer pleinement le spectacle visuel de la louche avant que les glaçons ne viennent troubler légèrement la surface du liquide.

Quelle eau utiliser pour diluer le pastis : du robinet, minérale ou gazeuse ?

L’eau du robinet fraîche (10-15°C) convient parfaitement pour diluer le pastis, à condition qu’elle ne soit pas trop chlorée ou calcaire. Dans les régions où l’eau du robinet a un goût prononcé, préférez une eau minérale plate peu minéralisée (Volvic, Évian, Mont Roucous). L’eau doit être neutre en goût pour ne pas interférer avec les arômes délicats de l’anis. Évitez les eaux fortement minéralisées (Hépar, Contrex, Vichy) dont les minéraux peuvent créer des réactions chimiques indésirables avec les huiles essentielles. Quant à l’eau gazeuse, elle est traditionnellement déconseillée par les puristes car les bulles de CO2 perturbent la louche et modifient la texture en bouche. Cependant, certains amateurs apprécient cette variante pétillante et rafraîchissante l’été. Si vous tentez l’expérience, choisissez une eau finement perlée (Perrier, Badoit) plutôt qu’une eau très gazeuse.

Peut-on boire le pastis pur sans eau ?

Techniquement oui, mais ce n’est absolument pas recommandé ni traditionnel. Le pastis pur titre entre 40 et 45% d’alcool, ce qui en fait une boisson spiritueuse très forte, comparable au whisky ou à la vodka. À cette concentration, l’alcool masque complètement les arômes subtils et brûle le palais, rendant la dégustation désagréable voire agressive. Les huiles essentielles d’anis restent emprisonnées dans l’alcool et ne peuvent pas s’exprimer. Le pastis a été conçu dès l’origine pour être dilué : c’est la dilution qui révèle sa complexité aromatique en libérant les composés volatils. Certains bars proposent une dégustation de « pastis shooter » (petit verre de 2-3 cl pur, cul sec), mais c’est davantage un défi qu’une véritable expérience gustative. Si vous voulez apprécier réellement un pastis, respectez le dosage 5:1 qui transforme cette boisson alcoolisée en apéritif raffiné et savoureux.

Quelle est la différence entre pastis, anisette, ouzo et raki ?

Ces quatre boissons anisées partagent une base commune (anis) mais diffèrent par leur origine, leur fabrication et leur teneur en sucre. Le pastis français (Ricard, 51, Casanis) titre 40-45% d’alcool, contient de l’anis étoilé, de la réglisse et diverses plantes aromatiques, et contient peu de sucre (100g/L maximum selon la réglementation). Il se dilue généralement 5:1. L’anisette (Marie Brizard, Berger) est plus sucrée (250-350g/L de sucre), moins alcoolisée (25-40%), et se boit souvent pure ou légèrement allongée. L’ouzo grec titre 37-50% d’alcool, est aromatisé exclusivement à l’anis (sans réglisse), et se dilue traditionnellement 2:1 ou 3:1 (moins dilué que le pastis). Le raki turc titre 40-50% d’alcool, est distillé à partir de raisin ou de figue, aromatisé à l’anis, et se dilue également 2:1. Tous produisent l’effet louche au contact de l’eau froide, mais le pastis français reste le plus parfumé et complexe grâce à sa recette secrète de plantes aromatiques.

Le pastis contient-il du sucre ? Est-ce calorique ?

Oui, le pastis contient du sucre mais en quantité modérée comparée à d’autres apéritifs. La réglementation française limite la teneur en sucre à 100 grammes par litre maximum pour pouvoir porter l’appellation « pastis ». En pratique, la plupart des marques contiennent entre 80 et 100g/L de sucre. Un verre de pastis préparé selon le dosage 5:1 (5 cl de pastis + 25 cl d’eau) contient donc environ 4 à 5 grammes de sucre, soit l’équivalent d’un morceau de sucre. Côté calories, ce même verre apporte environ 120 à 140 kilocalories, provenant principalement de l’alcool (7 kcal/g) et secondairement du sucre (4 kcal/g). C’est légèrement moins calorique qu’un verre de vin rouge (130-150 kcal pour 15 cl) mais plus qu’une bière blonde (100-120 kcal pour 25 cl). Les variantes sucrées comme la mauresque, la tomate ou le perroquet ajoutent 40-50 kcal supplémentaires via le sirop. À consommer avec modération donc, d’autant que la fraîcheur du pastis peut faire oublier sa teneur en alcool et en sucre.

Combien de temps peut-on conserver une bouteille de pastis ouverte ?

Le pastis se conserve excellemment bien une fois la bouteille ouverte, grâce à sa forte teneur en alcool (40-45%) qui agit comme conservateur naturel. Une bouteille de pastis correctement refermée avec son bouchon d’origine et stockée à l’abri de la lumière directe et de la chaleur excessive peut se conserver facilement 2 à 3 ans après ouverture sans altération significative du goût. Les huiles essentielles d’anis sont relativement stables dans l’alcool. Vous pouvez même conserver votre bouteille plusieurs années si elle est peu entamée et bien fermée. Contrairement au vin qui s’oxyde rapidement, le pastis ne craint pas le contact avec l’air. Les seules précautions à prendre : éviter les variations de température importantes (ne pas laisser la bouteille en plein soleil sur une terrasse l’été), bien refermer après usage, et stocker debout (pas couché comme le vin) pour éviter que l’alcool n’altère le bouchon. Certains collectionneurs conservent des bouteilles anciennes de pastis pendant 20-30 ans sans problème, la boisson évoluant très peu dans le temps.

Pourquoi dit-on « pastis » et d’où vient ce nom ?

Le mot « pastis » provient de l’occitan provençal « pastís » qui signifie littéralement « mélange », « mixture » ou « chose confuse ». Cette étymologie fait référence au trouble caractéristique de la boisson quand on y ajoute de l’eau. Historiquement, le terme avait une connotation péjorative et désignait un « méli-mélo » ou une « pagaille ». C’est Paul Ricard qui, en 1932, commercialise le premier pastis moderne sous ce nom assumé, transformant cette appellation populaire en marque de fabrique. Avant l’interdiction de l’absinthe en 1915 (jugée dangereuse pour la santé publique), les Français consommaient massivement cette « fée verte » anisée. Le pastis est né dans les années 1920-1930 pour remplacer l’absinthe interdite, en proposant une boisson anisée sans l’armoise (plante contenant de la thuyone, principe actif controversé de l’absinthe). Ricard et Pernod (qui créera le Pastis 51 en 1951) populariseront ce nouvel apéritif qui deviendra rapidement l’emblème de la culture provençale et méditerranéenne.

Le pastis est-il bon pour la santé ou a-t-il des vertus digestives ?

Le pastis contient de l’anis étoilé (badiane) et de la réglisse, deux plantes reconnues en phytothérapie pour leurs propriétés digestives, carminatives (réduction des gaz intestinaux) et antispasmodiques. L’anéthol, principale molécule aromatique de l’anis, facilite effectivement la digestion et soulage les ballonnements. C’est pourquoi les boissons anisées ont traditionnellement été consommées en apéritif (avant le repas) ou en digestif (après le repas) dans tout le bassin méditerranéen depuis l’Antiquité. CEPENDANT, ces bénéfices digestifs potentiels sont largement annulés par la forte teneur en alcool du pastis (40-45% pur, encore 7-8% dilué). La consommation d’alcool, même modérée, présente des risques pour la santé : dépendance, maladies hépatiques, cardiovasculaires, cancers. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande de limiter drastiquement la consommation d’alcool. Si vous cherchez réellement des bienfaits digestifs, préférez une tisane d’anis étoilé ou de réglisse (sans alcool) après les repas. Le pastis reste avant tout une boisson festive et conviviale à consommer avec grande modération, pas un remède médicinal.

Sam Zylberberg

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