Chaque année le 31 décembre, des millions de personnes à travers le monde s’apprêtent à célébrer le passage à la nouvelle année en trinquant à minuit pile, en s’embrassant sous le gui et en admirant les feux d’artifice illuminant le ciel nocturne. Cette tradition du réveillon de la Saint-Sylvestre nous semble aujourd’hui aussi naturelle qu’immuable, comme si l’humanité avait toujours fêté le Nouvel An le 1er janvier depuis la nuit des temps.
Pourtant, cette date n’a rien d’une évidence historique ! Pendant des siècles, le début de l’année a fluctué au gré des civilisations, des dynasties et même des provinces d’un même royaume. Les Romains ont d’abord célébré le Nouvel An en mars, puis en janvier. Les Mérovingiens français le fêtaient le 1ermars lors de la revue militaire, les Carolingiens préféraient Noël, et les Capétiens jonglaient avec Pâques dont la date changeait chaque année ! Certaines régions privilégiaient le 25 mars jour de l’Annonciation, d’autres le 1er avril marquant l’arrivée du printemps, créant un véritable chaos calendaire médiéval.
Comment et quand le 1er janvier s’est-il imposé comme date universelle du Nouvel An ? Qui a décidé de mettre fin à cette confusion séculaire ? Et d’où viennent les traditions du gui, des étrennes et du réveillon de la Saint-Sylvestre ? Plongez dans l’histoire fascinante d’une date qui n’avait rien d’évident !
⚡ En bref : histoire Nouvel An 1er janvier
Origine romaine avec Jules César en 46 av JC : La réforme du calendrier julien fixe le 1er janvier comme premier jour de l’année au lieu du 1er mars précédent. Cette journée est dédiée au dieu Janus aux deux visages tournés vers le passé et l’avenir, symbole des portes, des commencements, des transitions et des passages. Les consuls romains prennent leurs fonctions à cette même date. La tradition des Saturnales se caractérise par des banquets fastueux, des excès et la libération temporaire des esclaves. Les Sigillaires marquent l’échange de petits cadeaux en terre cuite, ancêtres de nos étrennes modernes. Le gui et le houx des Celtes et druides sont considérés comme des plantes sacrées, le rameau d’or symbole de fertilité et de bonheur.
Chaos calendaire du Moyen Âge (Vème-XVIème siècle) : Après la chute de l’Empire romain, aucune uniformité n’existe en Europe occidentale. En France, les Mérovingiens célèbrent le nouvel an le 1er mars lors de la revue militaire. Les Carolingiens préfèrent le 25 décembre pour commémorer la naissance du Christ et le sacre de Charlemagne. Les Capétiens choisissent Pâques, date variable du Samedi saint entre le 22 mars et le 24 avril. Certaines régions et provinces utilisent le 25 mars jour de l’Annonciation ou Incarnation de Jésus, à l’origine de la tradition du poisson d’avril qui commémore les anciens cadeaux de nouvel an échangés au printemps. D’autres adoptent le 1er avril marquant l’arrivée du printemps à l’équinoxe. Cette confusion totale complique énormément le travail des généalogistes, chroniqueurs et historiens face à des dates incohérentes selon les lieux et les époques simultanées.
Uniformisation définitive en 1564 par Charles IX : Le roi de France (1550-1574) entreprend un voyage dans son royaume avec sa mère Catherine de Médicis, tentative de construction nationale et de centralisation administrative. Durant son séjour au château de Roussillon en Isère en juillet-août 1564, il promulgue l’Édit de Roussillon le 9 août 1564. L’article 39 impose le 1er janvier comme début de l’année dans tous les actes, registres, contrats et ordonnances du royaume. L’application devient effective le 1er janvier 1567, marquant la fin des disparités provinciales et l’harmonisation calendaire française. Le pape Grégoire XIII généralise cette mesure au monde chrétien catholique avec le calendrier grégorien de 1582. Le nom Saint-Sylvestre vient du pape Sylvestre Ier, mort le 31 décembre 335, qui donne son nom au réveillon.
Jules César et l’origine romaine du 1er janvier
En 46 avant notre ère, Jules César décide que le jour de l’an, auparavant célébré en mars, serait fixé au 1er janvier. Les Romains dédient ce jour à Janus, dieu des portes et des commencements : celui-ci avait deux visages, l’un tourné vers l’avant, l’autre vers l’arrière ; le mois de janvier doit d’ailleurs son nom à Janus.
Comme l’indiquent les noms des mois de septembre (september, septième mois), octobre (october, huitième mois), novembre (november, neuvième mois) et décembre (december, dixième mois), l’antique calendrier romain comptait le mois de mars (martius) comme le premier mois de l’année, en hommage à Mars, le dieu de la guerre.
La date du 1er janvier n’est pas choisie au hasard par Jules César : elle marque le début du mois consacré à Janus, le dieu romain des portes et des passages, des commencements et des fins, symbolisant la transition entre le passé et l’avenir. La symbolique parfaite pour commencer l’année. D’autant plus que les consuls romains prenaient leurs fonctions pile poil au même moment. Pratique.
Cette date perdure encore quelques siècles. Surtout qu’elle est plutôt pratique pour l’Église, qui voit son pouvoir grandir aux premiers siècles de notre ère : le 1er janvier marque en effet la circoncision de Jésus, célébrée huit jours après Noël. L’explication aurait pu s’arrêter ici, fixant pour de bon la nouvelle année au 1er janvier, et basta !
Les traditions romaines du Nouvel An
Les Romains pensent que plus les repas de fin d’année sont opulents, meilleure sera celle qui démarre le 1er janvier… Et qu’il faut faire le plus de bruit possible afin de chasser les mauvais esprits ! Ils organisent donc les fêtes des Saturnales, des banquets fastueux où tout est dans l’excès, et pendant lesquelles même les esclaves sont libérés de leurs maîtres le temps de la fête.
L’apogée de ces festivités est la fête des Sigillaires, pendant laquelle on s’échange de petits cadeaux en terre cuite… Les ancêtres de nos étrennes en quelque sorte ! Du latin « sigillum » qui signifie « sceau », elle donne lieu à l’échange de petits présents symboliques marquant les vœux de prospérité pour l’année nouvelle.Le gui et le houx présent au réveillon et au repas du nouvel an sont un héritage des traditions et croyances anciennes. Pour les druides celtes le gui et le houx portaient bonheur, nous avons gardé l’habitude de nous embrasser sous le gui, le soir du réveillon de la saint Sylvestre, en gage de bonheur sentimental et de mariage dans l’année pour les célibataires.
Chez les Gaulois, le gui est considéré comme une plante sacrée. On l’appelle alors « rameau d’or » et seuls les druides ont le droit de le cueillir, de préférence le sixième jour du cycle lunaire. Les pouvoirs attribués au gui sont légion : remède contre les poisons, il est aussi perçu comme excellent pour favoriser la fécondité. C’est pourquoi, dès le Moyen Âge, on prédit aux amoureux qui s’embrassent sous une branche de gui bonheur, mais surtout longue descendance.
Le chaos calendaire du Moyen Âge
C’est sans compter sur la facétie de l’histoire, qui aime souvent pimenter les choses. Après la chute de l’Empire romain, le bazar commence en Europe et les royaumes médiévaux qui se succèdent jonglent avec les dates au gré du temps et des stratégies.
Les Bénédictins ont compté, pour l’Occident seul, six dates différentes qui servaient autrefois de point de départ à l’année nouvelle. Ce sont, si l’on suit, non l’ordre historique, mais celui du calendrier actuel : le 1er janvier, le 1er mars, le 21 mars, l’Annonciation (25 mars), le jour de Pâques et la Noël (25 décembre).
Les Mérovingiens : 1er mars
Prenez les Mérovingiens, entre le Vème siècle et le milieu du VIIIème siècle. Eux choisissent de fixer la nouvelle année au 1er mars, jour de la revue militaire. Sous les Mérovingiens, le Premier de l’an est célébré le 1er mars, marquant la reprise des activités militaires après l’hiver et la préparation des campagnes de printemps. L’usage de commencer l’année au 1er mars, très suivi en France, même sous les deux premières dynasties, doit servir de base à qui veut déterminer la chronologie des chroniques de Grégoire de Tours et de Frédégaire.
Les Carolingiens : 25 décembre (Noël)
Leurs successeurs carolingiens préfèreront la date du 25 décembre, histoire de coïncider avec la naissance du Christ et le sacre de Charlemagne. Sous les Carolingiens, à Noël, le début de l’année célèbre simultanément la naissance du Christ et la commémoration du couronnement impérial de Charlemagne le 25 décembre 800 par le pape Léon III à Rome.
Les deux systèmes les plus anciens sont ceux de la Noël et de l’Annonciation. On peut dire de la Noël, en particulier, que c’est le comput ecclésiastique et romain par excellence. L’usage en était si général au Moyen Age, qu’on ne doit pas craindre de se tromper en prenant, faute d’autres renseignements, le 25 décembre comme premier jour de l’année, pour fixer les dates d’une chronique étrangère à la France.
Les Capétiens : Pâques (date variable)
Et les Capétiens, au pouvoir à partir de la fin du Xème siècle ? Eux choisiront une date plus ou moins variable, gravitant autour du Samedi saint de Pâques, entre le 22 mars et le 24 avril. Sous les Capétiens, le 25 mars ou Pâques selon les périodes et régions. Au XIème siècle, il est, sous l’influence de l’Église, transféré au Samedi saint.
Pâques étant une date mobile, son choix pour la date du début d’année n’était pas sans poser quelques problèmes. Et pour ajouter encore à la confusion, selon les régions, ou même au sein d’une même ville, le nouvel an pouvait être fêté à des dates différentes selon le style choisi (c’est-à-dire la manière de compter les années).
Le 25 mars : Annonciation et origine du poisson d’avril
Le système de l’Annonciation (25 mars), qui s’établit à une époque aussi reculée que celui de la Noël, fut pendant quelque temps sacrifié à ce dernier en Italie et dans d’autres pays. C’est au XVème siècle, le 9 août 1564, que Charles IX, par l’édit de Roussillon (Isère), fixe le 1er janvier comme premier jour du premier mois de l’année.
Auparavant, c’est le style de l’Annonciation qui prévaut en France débutant le 25 mars. Les cadeaux du nouvel an s’échangeaient ainsi au début avril, et les « poissons d’avril » commémorent cet usage. Certaines régions lui préféraient le 1er avril, associé à l’arrivée du printemps.
Cette farce d’avril tire son origine du fait que durant le carême, les 40 jours précédant Pâques, les chrétiens sont tenus de faire le jeûne et de manger du poisson. Hors, passé Pâques, ils n’y sont tenus d’en manger qu’une fois par semaine le vendredi, d’où cette plaisanterie d’offrir un poisson alors que l’on est autorisé à manger autre chose ! Le poisson est un symbole chrétien qui vient du grec. Les cinq premières lettres du mot poisson en grec Ichthus forment l’initiale d’autant de mots de la phrase Iesos Christos Theou Uios Soter – Jésus-Christ, fils de Dieu Sauveur.
Une confusion totale pour les historiens
Les généalogistes des rois de France doivent donc jongler avec les dates en fonction des lieux pour raconter l’Histoire puisque le début de l’année varie selon les provinces : à Vienne, par exemple, c’est le 25 mars (style florentin ou style de l’Annonciation)… Cette variation de styles, si déroutante à nos yeux, n’avait sans doute rien de choquant pour les contemporains. La plupart d’entre eux en effet ne se souciaient nullement du millésime, une affaire de spécialistes (notaires en premier lieu), mais se repéraient dans le temps long à l’aide d’événements marquants.
On parle ainsi parfois de style de printemps lorsqu’on ne sait si le scribe utilise le style de l’Annonciation, le style de Pâques ou du 1er avril (utilisé dans la région toulousaine). Car dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres à cette époque il n’y a aucune unité, du moins pendant une bonne partie du Moyen Age. La territorialisation des styles n’est pas effective avant la fin du XIIIème siècle et le début du siècle suivant, ce qui n’empêche nullement l’existence d’enclaves, d’exceptions, de changements…

L’uniformisation de 1564 : l’Édit de Roussillon
Qui va finir par mettre de l’ordre dans tout ça ? En France, il s’agit de Charles IX (1550-1574) qui, en pleine tentative de construction nationale, se lance au XVIème siècle dans une uniformisation des dates du royaume.
En 1564, Charles IX, qui est devenu roi quatre ans auparavant, entame un tour de France aux côtés de sa mère, Catherine de Médicis. Ce voyage les amène dans la commune iséroise de Roussillon, et c’est là que tout change. La Cour a séjourné au château de Roussillon du 17 juillet au 15 août 1564.
C’est au XVème siècle, le 9 août 1564, que Charles IX, par l’édit de Roussillon (Isère), fixe le 1er janvier comme premier jour du premier mois de l’année. L’article 39 annonce : « Voulons et ordonnons qu’en tous actes, registres, instruments, contracts, ordonnances, dicts tant patentes que missives, et toute escripture privée, l’année commence dorénavant et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier. »
Cet édit prit effet le 1er janvier 1567. La date du 1er janvier fut arrêtée par l’édit de Roussillon pris le 9 août 1564 par Charles IX. Finalement, l’édit de Roussillon de Charles IX harmonisa les pratiques.
L’empereur germanique et roi d’Espagne Charles Quint, qui régnait également sur les actuels Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Lombardie, le Mezzogiorno italien et l’Amérique hispanophone, avait déjà fixé le début de l’année au premier janvier pour ses terres quelques décennies plus tôt, mais c’est le pape Grégoire XIII qui, en instituant le calendrier grégorien en 1582, généralise cette mesure à l’ensemble du monde chrétien, notamment pour simplifier le calendrier des fêtes religieuses.
Saint-Sylvestre : pourquoi ce nom pour le réveillon ?
Le réveillon du Nouvel An est également appelé la Saint-Sylvestre car le 31 décembre est dédié au saint, le pape Sylvestre, un personnage très important dans l’histoire du christianisme, car sous son pontificat, la Rome païenne a cédé la place au christianisme, tout en conservant certains rites et cérémonies. Il meurt le 31 décembre 335, après 21 ans de pontificat.
Sylvestre Ier était évêque de Rome vers 314 et fut à l’origine de la construction de nombreux édifices religieux dans la capitale italienne. Une kyrielle de légendes vont naître autour de ce personnage qui aurait, entre autres, baptisé Constantin Ier, mais aussi ressuscité un taureau ou encore dompté un dragon. Canonisé par l’église, il est célébré le 31 décembre : chez les Chrétiens, le réveillon du Nouvel an a donc tout simplement pris son nom !
La Saint-Sylvestre, terme dérivé de New Year’s Eve, est un moment de décompte et d’évaluation qui marque le passage d’une année à l’autre, porteur de bonnes intentions et d’espoir pour l’avenir. Cette fête, dont les origines païennes remontent à 46 avant J.-C., a été initiée par Gaius Julius Caesar avec l’institution du calendrier julien.
Les traditions du Nouvel An à travers le monde
Bien que le 1er janvier soit aujourd’hui largement adopté comme date officielle du Nouvel An dans le calendrier grégorien utilisé internationalement, de nombreuses cultures continuent de célébrer le passage à la nouvelle année selon leurs calendriers traditionnels propres.
Le Nouvel An chinois
Alors qu’actuellement la journée officielle est fixée au 1er janvier, la date du nouvel an chinois correspond dans le calendrier grégorien à une date comprise entre le 21 janvier et le 20 février. La fête du nouvel an lunaire remonte à l’Antiquité et est liée à la production agricole. En effet, on souhaitait que les récoltes soient abondantes afin de ne pas subir une éventuelle crise frumentaire.
Mais c’est aussi une légende que les Chinois se transmettent de génération en génération, la légende du Nian. On raconte qu’un monstre féroce, un mélange entre un lion et taureau et provenant du fond de la mer, avait pour habitude de sortir sur la terre ferme pour se faire un festin. Les anciens découvrirent qu’il craignait trois choses : le rouge, le feu et le bruit. En décorant leurs maisons de rouge, en allumant des feux et en faisant du bruit, les villageois réussirent à repousser le monstre.
L’Égypte antique
Cependant, ceci n’est nullement universel, puisque dans les pays tropicaux, le cycle des saisons est bien moins visible. Ainsi l’Égypte antique, bien qu’elle utilise un calendrier civil solaire, fête la nouvelle année à l’arrivée de la crue du Nil. Cette crue, due aux pluies tombées loin en amont dans les hauts plateaux, a une date entièrement tributaire des phénomènes météorologiques. Elle intervient cependant généralement à la même période.
Le jour de l’an est également l’occasion de faire des offrandes aux défunts et aux dieux, surtout à Rê, dont le jour de naissance est censé correspondre au jour de l’an. De même, une procession de vases remplis de « l’eau nouvelle » du Nil se déroule depuis le fleuve jusqu’aux temples, où on procède à des rites d’illuminations et au renouvellement de leur consécration aux dieux.
Autres calendriers du monde
Voici différents calendriers avec la correspondance de la date de leur jour de l’an dans le calendrier grégorien :
- Calendrier grégorien : 1er janvier
- Calendrier romain antique : 1er mars (avant Jules César)
- Calendrier julien : 1er janvier
- Calendrier chinois : entre le 21 janvier et le 20 février
- Calendrier égyptien antique : 19 juillet (lors de la crue du Nil)
- Calendrier persan (zoroastrien) : 21 mars (équinoxe du printemps)
- Calendrier hébraïque : Roch Hachana (1er tishri, en septembre ou octobre)
- Calendrier républicain (révolutionnaire) : 22 septembre (1 vendémiaire), à l’équinoxe automnal
En France, de 1792 à 1806, l’éphémère calendrier républicain instauré pendant la Révolution française replaça le début de l’année au 22 septembre, jour de la proclamation de la République, marquant symboliquement la rupture avec l’Ancien Régime et le calendrier chrétien.
Conclusion : d’un chaos calendaire à l’uniformité mondiale
L’histoire du Nouvel An le 1er janvier illustre parfaitement comment une date apparemment évidente et naturelle résulte en réalité de siècles de tâtonnements, de conflits d’influence et de décisions politiques. De l’initiative visionnaire de Jules César en 46 av JC dédiant cette journée au dieu Janus aux traditions romaines festives des Saturnales et Sigillaires, en passant par le chaos calendaire médiéval où Mérovingiens, Carolingiens et Capétiens jonglaient avec six dates différentes selon dynasties et régions, l’établissement du 1er janvier comme début universel de l’année fut un long processus.
L’Édit de Roussillon promulgué le 9 août 1564 par Charles IX marqua un tournant décisif pour la France en imposant le 1er janvier dans tous les actes officiels du royaume, mettant fin à la confusion entre le 1er mars mérovingien, le 25 décembre carolingien, le Pâques variable capétien, et le 25 mars de l’Annonciation qui donna naissance à la tradition du poisson d’avril commémorant les anciens cadeaux de nouvel an échangés début avril. Le pape Grégoire XIII généralisa ensuite cette mesure au monde chrétien avec le calendrier grégorien de 1582.
Aujourd’hui, bien que le 1er janvier s’impose comme date officielle dans le calendrier grégorien utilisé internationalement pour les affaires administratives et commerciales, de nombreuses cultures perpétuent leurs traditions millénaires en célébrant également le Nouvel An selon leurs calendriers propres : Chinois entre 21 janvier et 20 février avec la légende du monstre Nian, Juifs en septembre-octobre lors de Roch Hachana, Iraniens le 21 mars équinoxe de printemps Norouz. Le réveillon de la Saint-Sylvestre, nommé d’après le pape Sylvestre Ier mort le 31 décembre 335, perpétue les traditions romaines du gui celte plante sacrée de fertilité, des étrennes héritées des Sigillaires, et des feux d’artifice chassant les mauvais esprits. Une fête universelle aux racines multiples fascinantes !
FAQ : Questions histoire Nouvel An
Pourquoi Jules César a-t-il choisi le 1er janvier ?
En 46 avant notre ère, Jules César réforme le calendrier romain antique qui débutait le 1er mars pour le faire commencer au 1er janvier, et ce pour plusieurs raisons à la fois stratégiques et symboliques. La journée est dédiée au dieu Janus, représenté avec deux visages tournés vers le passé et l’avenir, symbole parfait de transition pour marquer le passage d’une année à l’autre. Cette divinité des portes, des commencements et des fins incarne l’esprit même du nouvel an. Par ailleurs, les consuls romains prenaient traditionnellement leurs fonctions officielles le 1er janvier, ce qui créait une coïncidence pratique sur le plan administratif et politique. Le mois de janvier tire d’ailleurs son nom de Janus (ianuarius en latin).
Le nouveau calendrier julien établit une année de 365,25 jours avec une année bissextile tous les quatre ans, offrant une bien meilleure précision astronomique que le système précédent. Avant cette réforme, le calendrier romain comptait mars (martius) comme premier mois de l’année en hommage à Mars, le dieu de la guerre. C’est pourquoi les noms actuels de septembre (7ème mois), octobre (8ème), novembre (9ème) et décembre (10ème) conservent les traces de cet ancien système. Le choix du 1er janvier s’avère également pratique pour l’Église primitive chrétienne puisque cette date marque la circoncision de Jésus, célébrée huit jours après sa naissance le 25 décembre, facilitant ainsi l’adoption ultérieure par le monde chrétien occidental malgré les fluctuations médiévales qui suivront.
Pourquoi le Moyen Âge a-t-il changé la date du Nouvel An ?
Après la chute de l’Empire romain en 476 et la disparition de l’autorité centrale unifiée en Europe occidentale, chaque royaume et dynastie établit son propre système calendaire selon ses priorités religieuses, politiques ou militaires. Les Mérovingiens, du Vème au VIIIème siècle, célèbrent le nouvel an le 1er mars, jour de la revue militaire qui marque la reprise des campagnes de printemps après la trêve hivernale. Cette date reflète l’importance de l’organisation militaire dans la société mérovingienne. Les Carolingiens, du VIIIème au Xème siècle, préfèrent le 25 décembre, jour de Noël, permettant de célébrer simultanément la naissance du Christ et le couronnement de Charlemagne en l’an 800, renforçant ainsi la légitimité divine du pouvoir impérial.
Les Capétiens, du Xème au XIVème siècle, choisissent Pâques avec sa date variable du Samedi saint, reflétant l’influence considérable de l’Église catholique pour qui la résurrection du Christ constitue la fête centrale de la chrétienté. Certaines régions et provinces françaises utilisent le 25 mars, jour de l’Annonciation marquant l’Incarnation de Jésus (conception neuf mois avant Noël), estimant que l’année doit commencer avec l’Incarnation divine. D’autres adoptent le 1er avril pour marquer l’arrivée du printemps à l’équinoxe, symbolisant le renouveau de la nature et le début des travaux agricoles. En l’absence d’une autorité centrale capable d’imposer l’uniformité sur un territoire fragmenté par la féodalité et l’affaiblissement du pouvoir royal, chaque chancellerie, notaire, scribe ou évêché utilise le style local qui lui est propre, créant une confusion totale pour les généalogistes, chroniqueurs et historiens modernes qui doivent déchiffrer des documents médiévaux aux dates contradictoires et simultanées selon les lieux.
Qu’est-ce que l’Édit de Roussillon de 1564 ?
L’Édit de Roussillon est un édit royal promulgué le 9 août 1564 au château de Roussillon en Isère par le roi de France Charles IX (1550-1574), accompagné de sa mère régente Catherine de Médicis. Cet édit intervient lors du grand tour de France du royaume entrepris entre 1564 et 1566, une tentative de construction nationale, de centralisation administrative et d’uniformisation législative après les déchirements des guerres de religion. L’article 39 de cet édit stipule, en ancien français : « Voulons et ordonnons qu’en tous actes, registres, instrumens, contrats, ordonnances, édicts, lettres tant patentes que missives, et toute escripture privée, l’année commence dorénavant et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier. »
L’application de cette mesure devient effective le 1er janvier 1567 après une période de transition de trois ans permettant aux provinces, villes et administrations de s’adapter aux nouveaux computs calendaires. Cet édit marque la fin des disparités régionales et du chaos médiéval où coexistaient plusieurs dates de nouvel an simultanées, inaugurant l’harmonisation calendaire française qui préfigure l’unification nationale et la centralisation administrative de la monarchie absolue sous Louis XIV au siècle suivant. Il faut noter que l’empereur Charles Quint avait déjà fixé le 1er janvier pour ses terres des Habsbourg (Espagne, Pays-Bas) quelques décennies auparavant, mais sans autorité sur la France, royaume indépendant et souverain. C’est finalement le pape Grégoire XIII qui, en instituant le calendrier grégorien en 1582, généralise cette mesure à l’ensemble du monde catholique chrétien, tout en corrigeant la dérive du calendrier julien concernant les équinoxes et le calcul des fêtes religieuses comme Pâques.
D’où vient la tradition du poisson d’avril ?
La tradition de la farce du poisson d’avril trouve son origine directement liée au changement de date du nouvel an en France au XVIème siècle. Avant l’Édit de Roussillon promulgué en 1564 par Charles IX, de nombreuses régions françaises, notamment Toulouse et le Quercy, célébraient le nouvel an autour du 25 mars (jour de l’Annonciation) ou du 1er avril marquant le début du printemps à l’équinoxe vernal. À cette période de fin mars et début avril, les habitants échangeaient des cadeaux et des vœux comme nous le faisons actuellement le 1er janvier.
Après le passage officiel et obligatoire au 1er janvier effectif en 1567, certaines personnes nostalgiques des habitudes anciennes ou simplement conservatrices continuaient d’offrir des cadeaux début avril. Elles étaient alors moquées et plaisantées par leurs contemporains qui leur offraient de faux cadeaux, des farces ou des poissons factices. Le poisson a été choisi comme symbole pour plusieurs raisons convergentes. D’abord, la période du carême durant les 40 jours précédant Pâques oblige les chrétiens à jeûner et à manger du poisson, la viande étant interdite. Après Pâques, ils sont libérés de cette obligation et ne mangent plus du poisson que le vendredi, d’où la plaisanterie d’offrir du poisson précisément quand on est autorisé à manger autre chose. Le poisson est également un symbole chrétien majeur tiré du grec : Ichthus est un acrostiche signifiant « Iesos Christos Theou Uios Soter » (Jésus-Christ, fils de Dieu Sauveur). Enfin, avril est le mois de la fertilité et de la reproduction où les poissons fraient en abondance dans les rivières. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui avec les farces médiatiques des journaux, télévisions et sites internet chaque 1er avril, commémorant ainsi l’ancien nouvel an du printemps.
Qui était le pape Sylvestre Ier ?
Sylvestre Ier, né vers 270 à Rome et mort le 31 décembre 335 dans la même ville après 21 ans de pontificat (314-335), fut évêque de Rome et pape durant une période cruciale marquant la transition de l’Empire romain païen vers le christianisme officiel. Sous son pontificat, l’empereur Constantin Ier promulgue l’édit de Milan en 313 accordant la liberté de culte, mettant fin aux persécutions des chrétiens. La conversion impériale et la reconnaissance de l’Église catholique comme religion légitime puis favorisée par l’État romain transforment radicalement le paysage religieux de l’empire.
Sylvestre Ier est à l’origine de la construction de nombreux édifices religieux majeurs à Rome, dont la première basilique Saint-Pierre au Vatican (primitive, détruite puis reconstruite à la Renaissance pour devenir l’actuelle), la basilique Saint-Jean-de-Latran qui demeure la cathédrale de Rome et le siège de l’évêque, ainsi que Sainte-Marie-Majeure. De multiples légendes hagiographiques naissent autour de ce personnage, notamment le baptême de Constantin Ier représenté sur de nombreuses fresques médiévales, bien qu’historiquement inexact puisque Constantin fut en réalité baptisé sur son lit de mort en 337 par Eusèbe de Nicomédie, un évêque arien. Les légendes lui attribuent aussi la résurrection d’un taureau mort par magie païenne pour démontrer la puissance de la foi chrétienne, ou encore le domptage d’un dragon souterrain qui empestait Rome. Canonisé par l’Église catholique et fêté le 31 décembre, il donne son nom au réveillon de la Saint-Sylvestre, cette nuit de passage du nouvel an du 31 décembre au 1er janvier. Il est également considéré comme le saint patron des maçons, tailleurs de pierre et bâtisseurs en référence aux nombreuses constructions de basiliques romaines réalisées sous son pontificat.
Pourquoi s’embrasse-t-on sous le gui au Nouvel An ?
La tradition du baiser sous le gui à minuit lors du nouvel an trouve son origine dans les croyances celtes, gauloises et druidiques préchrétiennes remontant à l’Antiquité européenne. Les druides celtes et les Gaulois considéraient le gui comme une plante sacrée, magique et exceptionnelle qu’ils appelaient le « rameau d’or ». Cette plante au statut particulier pousse de manière parasitaire sur les arbres, principalement les chênes et les hêtres, sans racines dans la terre, ce qui lui confère un symbolisme céleste et divin. La cueillette du gui était réservée exclusivement aux druides, prêtres des Celtes, selon des rituels très précis le sixième jour du cycle lunaire, à l’aide d’une faucille d’or, la plante ne devant jamais toucher le sol afin de préserver sa pureté.
Les pouvoirs attribués au gui sont légion dans les croyances païennes : remède universel contre les poisons, les venins et les morsures de serpents, philtre de fertilité pour les femmes stériles garantissant une nombreuse descendance, protection contre le mauvais sort, les malédictions, les maléfices, les démons et les esprits malfaisants, et symbole de prospérité agricole assurant des récoltes abondantes, des moissons généreuses et un bétail en bonne santé. La tradition médiévale chrétienne a récupéré et adapté cette croyance : les amoureux qui s’embrassent sous une branche de gui suspendue au plafond de la maison peuvent prédire le bonheur sentimental et le mariage dans l’année pour les célibataires, une longue descendance avec de nombreux enfants pour les couples mariés, ainsi que la paix, l’harmonie du foyer familial et la protection divine. Le houx, avec son feuillage persistant et ses baies rouges, porte un symbolisme chrétien représentant la couronne d’épines du Christ et le sang de la rédemption. Traditionnellement réservé à Noël, il est également utilisé comme décoration festive pendant tout l’hiver, y compris pour le nouvel an.
Comment les autres cultures fêtent-elles le Nouvel An ?
La diversité fascinante des traditions mondiales du nouvel an illustre la richesse des calendriers différents et des dates variables selon les cultures. En Chine, le Nouvel An chinois, également appelé Fête du Printemps (春节, Chūnjié), se situe entre le 21 janvier et le 20 février selon le calendrier lunaire, marquant le premier jour du premier mois chinois. La légende du monstre Nian raconte qu’une créature féroce effrayée par le rouge, le feu et le bruit terrorisait les villages, d’où les décorations rouges omniprésentes, les pétards, les feux d’artifice et les danses du dragon. Les familles se réunissent pour des repas fastueux comprenant des raviolis jiaozi en forme de lingots symbolisant la richesse, et distribuent des enveloppes rouges (hongbao) contenant de l’argent comme étrennes aux enfants. Cette période provoque la migration massive du Chunyun avec des milliards de déplacements en trains et avions.
En Israël, Roch Hachana (ראש השנה, « tête de l’année ») dans le calendrier hébraïque tombe le 1er tishri entre septembre et octobre. Cette fête du jugement divin se caractérise par l’introspection et la repentance, avec la sonnerie du shofar (corne de bélier) retentissant 100 fois. On trempe des pommes dans du miel pour une année douce et sucrée, on mange des grenades dont les 613 graines symbolisent les 613 commandements de la Torah, et une tête de poisson pour « être la tête et non la queue » de l’année. En Iran, Norouz (نوروز, « jour nouveau ») célèbre le 21 mars à l’équinoxe de printemps selon le calendrier persan zoroastrien. La table du Haft-sin présente sept éléments commençant par la lettre S dans un symbolisme de renouveau, tandis que les gens sautent par-dessus des feux pour la purification des mauvaises énergies, suivis de visites familiales pendant 13 jours de festivités. Au Japon, Oshogatsu (お正月) se fête le 1er janvier grégorien depuis l’adoption du calendrier occidental en 1873 sous l’ère Meiji, mais conserve de nombreuses traditions shinto et bouddhistes : le grand nettoyage Osoji purifie les maisons, les décorations kadomatsu utilisent des pins et des bambous, on prépare des mochi (gâteaux de riz gluant), et les 108 sonneries des cloches des temples (Joya-no-Kane) libèrent des 108 passions bouddhistes. Des millions de cartes de vœux nengajo sont envoyées. Chaque culture perpétue ainsi son héritage ancestral malgré la mondialisation du calendrier grégorien international.
Pourquoi les étrennes du Nouvel An ?
La tradition des étrennes, ces cadeaux ou sommes d’argent offerts au nouvel an aux enfants, domestiques, facteurs et concierges, trouve son origine dans la Rome antique avec la fête des Sigillaires. Du latin « sigillum » signifiant « sceau », cette célébration se déroulait pendant les Saturnales de fin décembre et début janvier en l’honneur du dieu Saturne, symbole de l’âge d’or, de l’abondance et de la prospérité. Durant ces festivités, on échangeait de petits cadeaux en terre cuite comme des figurines, des statuettes porte-bonheur, des symboles de prospérité, des pièces de monnaie et des médailles commémoratives entre amis, membres de la famille, clients, patrons et même avec les esclaves temporairement libérés pour la fête, instaurant une égalité sociale éphémère.
L’étymologie française du mot « étrennes » provient de la déesse romaine Strena, déesse de la santé, de la vigueur et du bon augure pour l’année nouvelle. Les Romains faisaient des offrandes au temple de la déesse Strena situé sur la Voie Sacrée à Rome, apportant des branches sacrées de verveine et de laurier, ainsi que des figues, des dattes, du miel et des pâtisseries accompagnés de vœux de prospérité, de santé et de bonheur. Au Moyen Âge, la tradition christianisée se perpétue : les seigneurs donnent des étrennes à leurs vassaux et serviteurs sous forme de gratifications annuelles récompensant la loyauté et les services rendus, tandis que les riches bourgeois offrent des pièces aux pauvres dans une démarche d’aumône et de charité chrétienne en début d’année. La tradition moderne des XIXème et XXème siècles voit les étrennes prendre la forme d’argent liquide dans des enveloppes ou de jouets et cadeaux pour les enfants, petits-enfants et filleuls, ainsi que de pourboires généreux aux concierges, gardiens, facteurs, éboueurs et pompiers qui distribuent leurs calendriers illustrés en remerciement des services de l’année écoulée et en anticipation de ceux à venir. Dans certains pays, les enveloppes rouges perpétuent cette tradition : hongbao en Chine, otoshidama au Japon, li xi au Vietnam, avec des montants variables selon l’âge des enfants et les liens familiaux.
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