L’avènement de Barack Obama à la présidence des États-Unis a exacerbé de profondes tensions politiques et identitaires, trouvant dans les médias conservateurs un puissant relai pour la contre-opinion du Tea Party. Cette section analyse comment l’administration Obama et sa politique sont décrédibilisées à travers le prisme médiatique, notamment par la caricature et le révisionnisme historique. Nous nous concentrerons sur l’émission Founders’ Friday de Glenn Beck, figure emblématique du mouvement sur Fox News, où le décor de salle de classe sert de tribune à un « professeur-prédicateur » réécrivant l’histoire américaine (diabolisation de Franklin D. Roosevelt et glorification de Joseph McCarthy).
L’article explore également l’utilisation de termes diffamatoires comme Porkulus et des illustrations ouvertement racistes des Tea Party Comix, qui visent à animaliser le président et à l’associer à un « africain qui ment » et un étranger musulman. En filigrane, ces mécanismes médiatiques cherchent à stimuler un nationalisme agressif et un malaise profond d’une partie de la population blanche, en remettant constamment en question la légitimité d’une Amérique dite « post-raciale » et en prônant un retour aux valeurs d’une Amérique pré-Obama, blanche et chrétienne.
En bref : Obama et le révisionnisme médiatique du tea party
- L’émission Founders’ Friday de Glenn Beck sur Fox News est une tribune clé du Tea Party, utilisant un décor de salle de classe pour « éduquer » les Américains à la « vraie » histoire.
- Beck s’adonne au révisionnisme historique en diabolisant Franklin D. Roosevelt et le New Deal (qu’il présente comme n’ayant pas sauvé l’Amérique), et en glorifiant le sénateur Joseph McCarthy.
- Le président Obama est décrédibilisé par des attaques raciales (caricatures et traits « négroïdes » accentués) et des rumeurs, le présentant comme un musulman, un « africain qui ment » et un non-Américain.
- Les médias conservateurs utilisent des termes diffamatoires comme Porkulus (popularisé par Rush Limbaugh) pour associer l’administration Obama à un « porc gras » goinfre et parasitaire, financé par les taxes.
- Ce discours politique, teinté de nationalisme agressif, cherche à mobiliser l’électorat en nourrissant la nostalgie d’une Amérique pré-Obama, blanche et chrétienne, et en politisant la question raciale.
Obama, son administration et sa politique à travers le prisme des médias : de la caricature au révisionnisme historique.
Founders’ Friday est une émission de télévision diffusée par la Fox, présenté par Glenn Beck, journaliste-éditorialiste de la chaîne Fox, chantre des valeurs conservatrices et figure emblématique du Tea Party[1].
L’émission se présente comme un show avec un public « interactif » et des invités.
Le décor du plateau comprend un ou plusieurs tableaux noirs, renvoyant directement au concept de la salle de classe ainsi que les figures de trois des pères fondateurs des États-Unis. Ces affiches sont réalisées « à la manière de » l’affiche utilisée durant la campagne présidentielle de 2008 par les démocrates pour soutenir Barack Obama : une affiche colorisée aux couleurs des Etats-Unis avec le mot hope présent sous le portrait d’Obama.
Les figures des pères fondateurs et les mots associés sont les suivants : Samuel Adams « faith » ; Georges Washington « hope » ; Benjamin Franklin « charity ».
Glenn Beck explique qu’il a « choisi d’associer [aux pères fondateurs] la foi, l’espoir et la charité. [Il a] pris Washington pour l’espoir parce que [il] essaye de montrer pourquoi l’espoir chez Obama ne fonctionne pas, parce qu’il s’agit d’un faux espoir. Il ne dit pas la vérité. »[4]
La dynamique de l’émission est basée autour de l’idée d’apprendre et d’éduquer les américains à la « vraie » politique et à la « vraie » histoire, celle qui n’est pas dite. Glenn Beck prend à parti son public, utilise à chaque émission un ou plusieurs tableaux pour expliquer sa vision de l’histoire et de la politique. Il pose des questions à la manière d’un professeur mais ressemble plus à un prédicateur car il donne la réponse.
« Qui pensait il y a un an que le New Deal a sauvé l’Amérique ? » (des bras se lèvent)[5].
« Qui aujourd’hui, après avoir appris pense toujours que le New Deal a sauvé l’Amérique ? »
Entre la salle de classe et le quiz ludique, il ne donne pas plus d’explications et se contente d’expliquer que la Grande Dépression était appelée par le reste du monde « juste une dépression » et qu’elle n’était pas « Great ».
Beck marque une forte opposition à la politique du New Deal et également à Franklin D. Roosevelt, qui selon lui, ont créé le chômage et plus de misère que n’ont aidé l’Amérique à se remettre de la Grande Dépression. Il est toujours intéressant de remarquer qu’il ne développe pas ou très peu ses arguments, se contentant de mimiques, de gestes théâtraux et de parodies.
Le professeur-prédicateur Beck, enseigne sa vision de l’Histoire, simplifiée, en minimisant ou en niant les éléments qui ne cadrent pas avec son idée. Il revoit et rectifie l’Histoire dans son studio-classe.
Beck s’appuie sur les sentiments et les émotions que peuvent ressentir les foules afin de faire passer ses opinions et de délivrer ses messages.
Ainsi pour exposer les dérives et les dangers de l’Islam, il montre un extrait de vidéo de l’ancien président démocrate Jimmy Carter datée du 15 février 2011, projetée dans l’émission du 17 février 2011 (on distingue des coupures, il y a eu vraisemblablement un montage pour condenser les propos de l’ancien président). Carter exprime son point de vue sur la Syrie, notamment en indiquant que selon lui les syriens ressentent un « désir de liberté et de vraie démocratie, d’établir un gouvernement séculier et non religieux »[6].
Le présentateur-prédicateur fait le pitre durant les propos de Carter et se confie à la caméra en disant qu’il n’y aurait pas assez de Jack Daniels sur terre pour être aussi ivre que Carter en tenant de tels propos.
Il est intéressant de voir le processus opéré par Beck lors de cet extrait sur l’Islam. Nous pouvons distinguer trois champs d’action. Tout d’abord, il stimule l’islamophobie et la peur de l’immigration musulmane auprès de son public.
En schématisant le « Nouvel Ordre Mondial » sur son tableau de classe, il nous apprend que l’Islam formera les United Islamic Nations, basées sur l’omniprésence des mosquées et de la religion.
Ensuite, il propose de visionner un extrait d’interview de Jimmy Carter qui expose sa vision des révolutions arabes et de la situation au Liban et en Syrie. En présentant une figure démocrate, il renvoie de facto à l’administration Obama sans avoir à en parler directement. En attaquant directement Carter et en le ridiculisant (personne ivre, et peut-être même sénile), il ridiculise les positions du président démocrate actuel.
Enfin, il conclut après avoir discrédité Carter, et propose un extrait du quotidien allemand Der Spiegel (ne mentionnant ni la date, ni le titre de l’article) citant les propos de Youssef al-Qaradâwî qu’il présente comme le neuvième musulman le plus influent sur terre, prêt à prendre les armes lui-même contre Israël et invitant quiconque à le faire.
Il est intéressant de voir l’arborescence de la présentation de Glenn Beck. Le lien entre les différents points abordés lors de son émission, c’est lui. Il établit la liaison entre le « Nouvel Ordre Mondial » et Jimmy Carter parlant des musulmans, ensuite il le discrédite et conclut en stimulant la crainte d’une attaque envers Israël.
Les exemples peuvent se multiplier tant le show est prolifique. Citons entre autres la diabolisation de Franklin D. Roosevelt, présenté comme un communiste, présent dans de nombreux numéros, plus particulièrement de sa politique du New Deal ; la glorification du sénateur Joseph McCarthy au rang de héros national ; les multiples critiques de l’administration Obama.
Les références conservatrices qui sont légion dans son émission de télévision et les renvois aux pères fondateurs omniprésents (décor et citations la plupart du temps) font vibrer la corde de l’identité nationale et du patriotisme.
Les connotations raciales (blanches) et religieuses (chrétiennes) sont des déterminants puissants de l’identité nationale pour de nombreux Tea Partiers[7]. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que la question « Who is an American ? », sous-entendu « Who is a real American ?» est une question récurrente dans les débats relatifs à l’identité nationale au sein du Tea Party[8].
Obama est un musulman qui se cache, un africain qui ment
Les tergiversations autour des dangers de l’Islam et de l’immigration musulmane présentes dans les discours des membres du Tea Party, sur le site internet[9] de différentes organisations partisanes ou encore dans les émissions de télévision de Glenn Beck ou de radio de Rush Limbaugh[10], renvoient également à la polémique qui a défrayé la chronique quant à la nationalité de Barack Obama.
L’impact de la média-sphère sur l’opinion des partisans du Tea Party est non négligeable. Lesquels voient en Obama un musulman, non américain et donc ennemi de l’Amérique. Obama fut contraint de faire la publicité de son certificat de naissance afin d’endiguer les passions. Cependant, le sentiment qu’il n’est pas un vrai américain mais plutôt un « africain qui ment » est encore partagé au sein des différentes organisations du Tea Party[11].
Porkulus[12] est un terme popularisé par Rush Limbaugh,
associé aux mouvements « anti-pork » qui fleurissent dès février 2009 pour s’opposer aux dépenses et aux taxes imposées par l’administration Obama lors de
l’application American Recovery and Reinvestment Act (ARRA) ou Stimulus Bill pour relancer/stimuler l’économie du pays. Les teapartiers opposés aux dépenses et aux taxes voient dans l’ARRA un porc gras (enrichi) par les taxes et crasseux de dépenses.
Le détournement photo présenté ci-dessus provient du site de Rush Limbaugh où il figure Obama en une sorte de guerrier romain (la consonance en « us » de Porkulus s’y prête bien) chevauchant un porc avec pour toile de fond la Maison Blanche. En adjoignant un porc à Obama, les notions abjectes et de dégoût sont évidentes. Le porc a une réputation de goinfre, d’omnivore. Pour le faire grossir, on l’engraisse (ici, par les taxes).
Dans cette caricature et compte tenu du contexte, nous pouvons imaginer que l’engraissement du porc se fait au détriment d’un tiers (la classe moyenne). Ce montage véhicule une image parasitaire de l’animal (et du président). Le porc engraissé stigmatise celui qui « mange » le budget américain, qui ôte la nourriture de la bouche du peuple.
Le porc, est utilisé dans ce cas-ci pour véhiculer le sentiment dégoût auprès du public et également pour salir et animaliser Obama.
Ces sentiments sont également partagés dans les publications répondant au nom de « Tea Party Comix». Il s’agit d’illustrations sous forme de bande dessinée qui sont parues entre 2009 et 2010.
Les caricatures du Tea Party Comix montrent un Obama trop noir pour être un vrai américain, un sauvage dont le certificat de naissance est douteux, proche des riches, responsable de la faillite du pays et de la classe moyenne qui travaille ou a perdu son travail, accablant la petite bourgeoisie d’impôts[15].
En diabolisant Obama, il est associé à un étranger, menaçant porteur de valeurs contraires à celles des États-Unis. Il s’agit d’un processus visant à décrédibiliser la stature du président dont la légitimité est remise en question par le Tea Party[16].
Ces caricatures s’inscrivent dans un double mouvement discursif d’une Amérique post-raciale.
Prenons l’exemple de la réforme du système de santé américain[17]. Suite au souhait de l’administration Obama de généraliser la sécurité sociale à « presque » tous, il y eut un fort élan réactionnaire, populaire et populiste opposé au gouvernement fédéral. La virulence du Tea Party s’est exprimée lors des manifestations[18] de mars 2010 qui avaient pour but de peser sur la position des membres du Congrès en espérant le retour vers une Amérique plus traditionnelle.
Les slogans tels que « Take Back America » étaient scandés dans la foule. La connotation raciale sous-entendue dans ces propos est sensible et reflète le malaise d’une partie de la population blanche qui manifestera sous la houlette d’un nationalisme agressif en septembre 2010 sous les slogans « Don’t tax me bro ! » ou « It’s 1939, Germany all over again ».
Le Tea Party choisit de manière résolue de politiser la question raciale au travers de sujets spécifiques et acceptables.
Le 4 novembre 2008 a marqué l’avènement du premier président noir et d’une Amérique post-raciale dans laquelle le concept même de race aurait perdu toute signification[19].
Le discours du Tea Party est celui de la nostalgie d’un pays pré-Obama tandis que le discours de la nouvelle élite politique noire se veut débarrassé d’une conception temporelle de la question raciale.
Une partie des conservateurs persévère dans le souhait de mener une politique raciale.
Par exemple, Sarah Palin, républicaine, gouverneure de l’Alaska et colistière de John Mc Cain lors des élections présidentielles de 2008 utilisa à son avantage l’argument post-racial : en ayant élu le premier président noir, l’Amérique est entrée de fait dans une société post-raciale[20].
Pour Palin, il s’agit avant tout de brouiller les pistes, mais dans les faits, la politique teapartiesque est teintée de racisme et de nationalisme ethnique « blanc » qui exclut de la conception de la citoyenneté tous ceux qui ne sont pas de vrais américains dont ceux qui sont nés de parents ayant immigré aux États-Unis ne provenant pas d’un pays chrétien, l’ensemble des mulsulmans et des communistes[21].
En conclusion
L’avènement de l’ « ère Obama » promettait faire entrer l’Amérique dans un âge post-racial, c’était du moins le discours prôné par la nouvelle élite noire et l’administration Obama.
Force est de constater que cette vision s’est heurtée à de fortes tensions et coexiste aujourd’hui avec un autre discours, plus conservateur, plus radical.
L’Histoire américaine semble en ce point présenter une certaine circularité lorsqu’il s’agit d’évoquer les relations raciales.
La question raciale revient au gré des évolutions culturelles, identitaires, politique et sociales. Les progrès aperçus lors de la Reconstruction, suivis de la longue période de ségrégation ; le mouvement pour les droits civiques qui a ouvert la voie à la guerre culturelle ; l’élection de Barack Obama, très vite éclipsée par la violence du Tea Party et par une partie de l’Amérique conservatrice faisant preuve d’un nationalisme agressif.
Le concept même d’identité nationale est au centre du débat. Une partie des américains ne se reconnaît plus dans les élites qui gouvernent le pays et souhaite un retour aux piliers fondateurs de l’Amérique : la bannière étoile, la Constitution, et la Bible ; un retour vers une Amérique pré-Obama, blanche et chrétienne, épurée des élites « si loin du peuple ».
La crise économique et le changement de paradigme, en ce sens où un président noir insuffle une réponse nouvelle à la question raciale constituaient deux terreaux fertiles pour qu’une série de fractions et de groupes activistes émergent et se fassent les porte-voix d’une frange de la population conservatrice.
Les médias de communication de masse comme Internet ont favorisé l’organisation de ces mouvements et leur fédération autour des valeurs du Tea Party.
Comme nous avons pu l’exposer, le Tea Party n’est pas un parti politique classique mais un mouvement organisé pouvant interférer et influencer les affaires des partis organisés., un mouvement de contre-opinion cyber-diffusée, voulant avant tout le changement des élites et s’opposant à l‘establishment. Lors des élections de mi-mandat en 2010, le Tea Party a soutenu bon nombre de candidats républicains qui ont été élu et a également permis à des républicains teapartiers de s’imposer face à des candidats plus modérés, soutenus par le Parti lors des primaires.
Le Tea Party, devenu un véritable label a merchandisé le politique. Le politicien est devenu une marque et les citoyens des consommateurs.
L’émergence du Tea Party a permis de conceptualiser la manifestation d’un réel consumérisme politique qui a entrainé une forme d’autonomisation de l’activisme politique : le politicien, vecteur de valeurs, connecté à ses électeurs, se devant de dialoguer avec eux de ses différentes propositions ; le politicien, évalué par ses électeurs en ligne, mis au pilori s’il dévie de la norme du label « Tea Party », elle même garante de valeurs.
Un sablier pourrait schématiser ce nouveau système de démocratie participative, les citoyens-consommateurs se trouveraient à la base et au sommet, les hommes politiques au centre, et le Tea Party entre les politiques et les électeurs. Une double pression pour le politique, ne pouvant dévier de son label et devant rendre des comptes aux électeurs.
Le rôle des médias est important dans le succès du mouvement teapartiesque puisque ce dernier bénéficie d’un soutien logistique et financier non négligeable et est fort présent dans le paysage audio-visuel américain. Les animateurs-prédicateurs officient dans des « églises-studios » et répandent leurs diatribes et la bonne parole auprès d’une population dans un certain malaise.
Ces émissions et plus globalement les différents médias acquis à la cause conservatrice répondent au besoin des partisans du Tea Party d’être rassurés et renforcés dans leur identité tout en exacerbant leur nationalisme. Le président Barack Obama est un bouc-émissaire tout trouvé car il se trouve à l’antithèse de ce qui est un vrai américain, selon les teapartiers : il est noir et musulman.
Les commentateurs-prédicateurs offrent également une autre vision de l’Amérique et ne se contentent pas de fustiger l’administration Obama en permanence. L’enjeu est de décrédibiliser les fondements mêmes du mouvement démocrate, quitte à remonter le temps, passer au crible les différentes réformes et les tenir pour responsables des maux de l’Amérique. L’exemple, que nous avons exposé, de la diabolisation à outrance de Franklin D. Roosevelt et de sa politique du New Deal, est frappant. Volonté délibérée de réécrire, de revoir, l’Histoire américaine qui n’arrange pas la frange conservatrice radicale afin de n’accorder aucun crédit à ses adversaires et encore moins aucune reconnaissance pour des solutions trouvées face à des moments de crise intense, transforme Roosevelt en « le pire des communistes » et Joseph McCarthy en véritable héros (même s’ils ne sont pas contemporains, l’association plait).
L’influence du Tea Party est certaine, elle a pu se mesurer durant les élections de mi-mandat en novembre 2010 et il serait intéressant de voir son poids lors des élections de mi-mandat de novembre 2014.
Les principales figures étiquetées « Tea Party » proposent des solutions drastiques (suppression de la sécurité sociale, retrait des États-Unis de l’Onu,…) mais semblent avoir du mal à dissimuler leur ignorance des affaires du monde. Un contraste évident avec des figures comme Barry Goldwater, érudit de la Chine et de l’U.R.S.S., qui a refondé le mouvement conservateur américain dans les années 1960.
Un paradoxe semble apparaître au sein de ce mouvement populiste conservateur : son influence existe comme nous avons pu le voir, et son activisme est remarquablement présent. Le discours du Tea Party permet de mobiliser une partie de l’électorat républicain mais demeure confiné dans une sphère démographique minoritaire qui semble incapable de produire un leader présentable pour l’ensemble de l’électorat lors des élections présidentielles.
FAQ : tout savoir sur Obama, la caricature et le révisionnisme médiatique du Tea Party
Qu’est-ce que l’émission Founders’ Friday et qui la présente ?
Founders’ Friday est une émission de télévision diffusée sur Fox News et présentée par Glenn Beck. C’est un show éducatif, utilisant un décor de salle de classe (tableaux noirs) pour enseigner sa vision de la politique et de l’histoire américaine, fonctionnant comme un « professeur-prédicateur » pour les valeurs conservatrices.
Comment le décor de l’émission décrédibilise-t-il le message d’Obama ?
Le décor du plateau détourne l’affiche de campagne « Hope » de 2008 en associant les Pères fondateurs (Washington, Adams, Franklin) à des mots-clés (faith, hope, charity). Glenn Beck explique qu’il a choisi Washington pour l’« espoir » afin de montrer pourquoi l’espoir d’Obama est « faux » et mensonger.
Qu’entend-on par le révisionnisme historique de Glenn Beck ?
Le révisionnisme historique de Beck consiste à rectifier et simplifier l’Histoire pour qu’elle corresponde à l’idéologie du Tea Party. Il diabolise notamment Franklin D. Roosevelt et sa politique du New Deal (présentés comme ayant nui à l’Amérique) et glorifie des figures controversées comme le sénateur Joseph McCarthy.
Quel rôle jouent les émotions dans la diffusion du message de Glenn Beck ?
Plutôt que de développer des arguments précis, Beck s’appuie fortement sur les sentiments et les émotions des foules. Il utilise des mimiques, des gestes théâtraux et des parodies pour délivrer ses messages, stimulant la peur et la colère (par exemple, concernant l’Islam ou les politiques démocrates).
Comment Glenn Beck tente-t-il de discréditer Jimmy Carter ?
En diffusant un extrait de l’ancien président démocrate Jimmy Carter parlant des révolutions arabes, Beck l’attaque directement et le ridiculise (le présentant comme ivre ou sénile). L’objectif est de discréditer les positions démocrates actuelles en s’attaquant à une figure emblématique de ce parti, renvoyant de facto à l’administration Obama.
Qu’est-ce que le terme Porkulus et quelle est son origine ?
Porkulus est un terme péjoratif popularisé par l’animateur radio Rush Limbaugh. Il s’agit d’un mot-valise (pork, porc, et stimulus, en référence au Stimulus Bill ou ARRA d’Obama). Il est utilisé par les teapartiers pour dénoncer les dépenses et les taxes de l’administration Obama, le « porc » symbolisant un animal goinfre et parasitaire, engraissé aux dépens du peuple.
Comment le président Obama est-il dépeint dans les Tea Party Comix ?
Les Tea Party Comix présentent une caricature raciste de Barack Obama, où les traits « négroïdes » sont fortement accentués. Il est souvent habillé « à la musulmane » ou en situation de faiblesse face à des héros de fiction, le dépeignant comme un sauvage, un étranger et un traître, responsable de la faillite du pays.
Quelle est la signification de la polémique autour de la nationalité de Barack Obama ?
La polémique (portée par les birthers) voyait en Obama un non-Américain et un ennemi de l’Amérique (car musulman). Malgré la publication de son certificat de naissance, ce sentiment qu’il est un « africain qui ment » persiste chez de nombreux teapartiers, remettant en question sa légitimité.
Quel est l’enjeu du discours du Tea Party sur la « vraie Amérique » ?
La question « Who is a real American ? » est récurrente. Le discours du Tea Party est celui de la nostalgie d’un pays pré-Obama, blanc et chrétien. Ce nationalisme ethnique exclut de la citoyenneté tous ceux qui ne sont pas considérés comme de « vrais » Américains (musulmans, communistes, etc.).
Que signifie le slogan « Take Back America » scandé dans les manifestations ?
Scandé lors des manifestations contre la réforme du système de santé d’Obama, ce slogan reflète le malaise d’une partie de la population blanche. Il exprime un nationalisme agressif et la volonté de « reprendre l’Amérique » à l’administration Obama, ramenant le pays vers des valeurs plus traditionnelles.
Quelle est l’attitude du Tea Party vis-à-vis de l’Islam ?
Les membres du Tea Party (et leurs porte-voix médiatiques) stimulent l’islamophobie et la peur de l’immigration musulmane. Ils schématisent un « Nouvel Ordre Mondial » où l’Islam formerait les United Islamic Nations, menaçant les intérêts nationaux.
Pourquoi les fondements du mouvement démocrate sont-ils attaqués ?
Les commentateurs-prédicateurs ne se contentent pas de critiquer Obama, ils cherchent à décrédibiliser les fondements mêmes du mouvement démocrate. En diabolisant Franklin D. Roosevelt et le New Deal, ils leur retirent tout crédit historique et les tiennent pour responsables des maux de l’Amérique.
Notes bibliographiques:
[1]BURGHART. D., ZESKIND. L.,op. cit.,p.7.
[2]FAIRY. S., http://en.wikipedia.org/wiki/File:Barack_Obama_Hope_poster.jpg, Consulté le 12/03/2013.
[3]https://encrypted-tbn2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRVt7hpndA7G8hqFUYPTjCaE4Y6KRwF7TGWlwVUElITI7ZspaIb, Consulté le 12/03/2013.
[4]Retranscription de l’émission Founders’ Friday de Glenn Beck sur le site de la Fox http://www.foxnews.com/story/0,2933,592550,00.html, publié le 10 mai 2010, consulté le 12/03/2013)
[5]Émission Founders’ Friday du 21/5/2010, mise en ligne le 18/03/2012, en ligne: http://www.youtube.com/watch?v=IlZgJfZjdZo, consultée le 12/03/2013.
[6]Émission Founders’ Friday du 17/02/2011, mise en ligne le 17/02/2011 : http://www.youtube.com/watch?v=FOeZsnHMMlE, consultée le 12/03/2013. (Minutage 0:24 – 4:23)
[7]BURGHART. D., ZESKIND. L., op. cit., p. 66.
[8]Idem, pp.67-69.
[9]Pour exemple, discussion sur les forums des réseaux sociaux du Tea Party. Charles the pathfinder, un internaute activiste de « rang 1 », membre de la communauté, écrit qu’Obama n’est pas américain et qu’il espère que tout le monde réalisera qu’il est un musulman de « sang pur », que les musulmans combattent les infidèlent et spécialement les Américains.
Charles the pathfinder, « Start discussion!!!!!!!!!! », in Tea Party Nation Forum , 25/04/2010, http://www.teapartynation.com/forum/topics/start-discussion, Consulté le 12/03/2013.
[10]Rush Limbaugh est un journaliste conservateur animant The Rush Limbaugh Show, l’émission de radio la plus écoutée aux Etats-Unis attirant entre 14 et 30 millions d’auditeurs par weekend. Il y propose notamment des diatribes virulentes et haineuses à l’égard de Barack Obama.
HAUTER. F., « Le Tea Party, ou le malaise de « l’Amérique profonde » », in Le Débat, 2011/1, n°163, p.43.
[11]BURGHART. D., ZESKIND. L., op. cit., p. 69.
[12]Idem., p.16.
[13]LIMBAUGH. R., « More Obama Porkulus Fraud Revelated », en ligne: http://www.rushlimbaugh.com/daily/2012/05/16/more_obama_porkulus_fraud_revealed, Consulté le 13/02/2013.
[14]Ethan Persoff, illustrateur américain, a réuni sur son site internet les différents numéros du Tea Party Comix. Il n’en est pas l’auteur, lequel reste anonyme.
PERSOFF. E., « Tea Party Comix », en ligne : http://www.ep.tc/tea-party-comix/, Consulté le 05/03/2013.
[15]Idem., numéros 1-20.
[16]BENEDETTI. G., « La nébuleuse post-raciale : l’avènement d’une nouvelle dialectique raciale dans la vie politique américaine ? », in Revue de recherche en civilisation américaine, 2012/3, En ligne: http://rrca.revues.org/index338.html, consulté le 05/03/2013.
[17]Idem., pp.16-19.
[18]Notons que lors de ces manifestations de 2009/2010, les caricatures du Tea Party Comix sont apparues en tant qu’étendards parmi les manifestants partisans des organisations du Tea Party.
[19]Idem., p.1.
[20]Idem., pp.15-16.
[21]BURGHART. D., ZESKIND. L., op. cit., p.11.
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