Au XIXème siècle, le monde occidental prend un tournant qui autant, sinon plus que les révolutions politiques, modifie profondément sa physionomie, puis se répercute dans le monde entier.
A l’origine de ce virage, de nouvelles façons de produire des biens, tellement innovatrices et aux conséquences telles qu’on en a parlé comme d’une véritable révolution : la Révolution Industrielle.Les conditions de vie sont bouleversées. L’ordre social aussi.
L’Europe et l’Amérique du Nord jouissent alors dans le monde d’une situation hégémonique inégalée.
En une phrase, la définition: la Révolution Industrielle caractérise un phénomène de mutation rapide des méthodes et des rapports de production dans le secteur de la transformation des biens.
La Révolution Industrielle débute en Grande-Bretagne dans la seconde moitié du XVIIIème siècle.
La révolution agricole
Avant la Révolution Industrielle, en Grande-Bretagne comme ailleurs, produire se limite essentiellement à produire des aliments et des vêtements. La production manufacturée britannique se concentre donc dans le secteur du textile. On tisse la laine et le coton rapporté des colonies.
Les innovations dans la production agricole (améliorations techniques et mouvement des enclosures) permettent à la production textile de se transformer et à la Révolution Industrielle de s’enclencher.
Le mouvement des enclosures consiste à rassembler les terres en de vastes domaines et à les clôturer. Depuis le Moyen-Âge, les paysans ne disposent que de petites parcelles de terre, à partir du XVIIème, de riches propriétaires les rassemblent pour obtenir de grandes surfaces qui leur permettent d’appliquer de façon rentable les nouvelles méthodes d’exploitation.
Ces changements dans le secteur agricole permettent de produire plus et mieux, donc les besoins alimentaires sont mieux satisfaits, donc les famines disparaissent, donc la population augmente, donc la demande des biens manufacturés augmente: c’est la Révolution Industrielle.
Le progrès du machinisme
Le machinisme progresse surtout dans les filatures de coton. Les manufacturiers utilisent des machines simples et peu chères dans le milieu du XVIIIème siècle.
Dans les années 1830, des techniques nouvelles, plus coûteuses, se développent. Des machines à vapeur sont installées dans les grandes usines.
Avant, le tissage était confié à des ouvriers (souvent des femmes) qui travaillaient chez eux, dans leurs villages. Les filatures mécanisées concentrent en ville les ouvriers des manufactures.
L’Angleterre devient « l’atelier du monde« , elle exporte massivement ses cotonnades, le charbon et le fer qui lui permettent de dominer le commerce mondial. Le reste de l’Europe suit plus lentement.
La machine à vapeur
Depuis longtemps utiliser la force d’expansion de la vapeur traverse les esprits.
Denis Papin (1647-1714) s’est penché sur le problème. En 1705, Newcomen, un forgeron anglais construit la première machine à vapeur pour pomper l’eau dans les mines.
Jusqu’alors, la métallurgie n’utilise que le charbon de bois et l’énergie hydraulique comme source d’énergie. C’est pourquoi elle s’est surtout développée dans les régions boisées et le long des cours d’eau. L’emploi de la machine à vapeur comme productrice d’énergie et du coke transforme la technique métallurgique et provoque le déplacement de cette industrie. De plus, les besoins en pièces métalliques pour les nouvelles machines nécessitent un accroissement impressionnant de la production.
Le coke est obtenu par distillation de la houille dans un four à l’abri de l’air. Le coke sert de combustible à la machine à vapeur.
Ci-dessous découvrez un exemple de fonctionnement de la machine à vapeur dans le cadre du rail: le fonctionnement d’une locomotive à vapeur.
Fonctionnement de la machine à vapeur
L’Angleterre, berceau de la Révolution Industrielle
La Révolution Industrielle s’impose d’abord en Angleterre. Manchester réunit toutes les conditions du succès: le charbon est tout près, un canal puis une voie ferrée relie la ville au port de Liverpool. Dans ce grand port moderne arrive le coton importé de l’Amérique du Nord. De là, partent les cotonnades vers l’Europe et l’Inde via le canal de Suez. Une main d’œuvre abondante vient des régions agricoles environnantes et d’Irlande.
L’organisation du travail
Adam Smith dans son livre Richesse des Nations prône en 1776 la division du travail. Selon lui, cette division entraîne une amélioration de la puissance productive du travail par une spécialisation de l’ouvrier lui permettant plus d’habileté donc plus de rendement. Par un gain de temps, l’ouvrier ne doit plus aller à la machine, c’est elle qui vient vers lui par l’invention de machines plus spécifiques à une seule tâche.
C’est ainsi que la division du travail fait apparaître l’ouvrier spécialisé qui connaît à fond son métier, en expérimente toutes les difficultés et cherche à les surmonter par des perfectionnements techniques.
Les machines sont très coûteuses, donc seuls des propriétaires très riches ou des sociétés peuvent en faire construire: c’est la fin de l’artisanat.
Comparaison division du travail et travail à la chaîne
Division du travail | Travail à la chaîne |
---|---|
Début de la division du travail | Division du travail effective |
Les ouvriers vont à l’objet | L’objet va à l’ouvrier |
Plusieurs ouvriers travaillent à une même tâche | Un ouvrier, une tâche |
Le produit fini sort de l’usine | Le produit fini sort de l’usine |
Flânerie, gaspillage de temps | Efficacité, optimisation du temps |
Les classes sociales durant la Révolution Industrielle
L’ancienne aristocratie des propriétaires terriens conserve de solides positions. Une partie d’entre elle se lance dans les affaires en alliance avec la grande bourgeoisie capitaliste.
Au XIXème, l’exode rural commence à vider les campagnes. Partout, la part de la population active, employée dans le secteur primaire, recule de façon régulière.
L’expansion du capitalisme assure la promotion de la bourgeoisie comme élite et classe dirigeante de la société. La prééminence de ce groupe repose sur la richesse accumulée dans l’industrie, le négoce, et la banque qui lui procurent un mode de vie aisé.
Le sommet de l’échelle est occupé par des dynasties de grands entrepreneurs. Les bourgeois possèdent les moyens de production et un patrimoine acquis.
L’industrialisation donne naissance à la nouvelle classe populaire des ouvriers d’usine. Ces salariés, vivant de leur force de travail forment le prolétariat.
Entre la bourgeoisie et le peuple s’affirment les classes moyennes. Elles sont composées de petits commerçants, des professions libérales, des employés qualifiés et des cadres. C’est l’essor des services qui élargit progressivement la classe de ces catégories intermédiaires
Marx, le socialisme et les luttes sociales
Les ouvriers s’organisent en syndicats. Ils luttent par des grèves pour obtenir des salaires plus élevés et une journée de travail moins longue.
Le socialisme prolonge l’action syndicale sur le terrain politique pour changer la société.
Pour Marx, le socialisme ne triomphera que si les ouvriers s’organisent en partis politiques et s’emparent de l’État. Ils prendront alors collectivement possession des moyens de production.
Karl Marx (1818-1883) est né en Allemagne dans une famille bourgeoise. Après des études à Berlin, il se tourne vers le journalisme où il exprime ses idées révolutionnaires. Avec son ami Engels, il élabore une nouvelle doctrine socialiste fondée sur la lutte des classes.
Pourchassé par la police, Marx doit quitter l’Allemagne, il passe à Paris, à Bruxelles et s’installe enfin à Londres.
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