L’histoire de la lingerie française et de sa fabrication 

L’histoire de la lingerie française et de sa fabrication oscille entre l’excellence du savoir-faire d’artisanat traditionnel et l’audace de l’industrialisation avec des modèles qui retracent l’évolution des mœurs et du rapport social au corps et à l’intimité des femmes. Synonyme de luxe, de matières précieuses, de raffinement dans les esprits de tous, que reste-il de la lingerie Made in France de nos jours ?

Bien que la lingerie reste emblématique de l’identité française, elle s’avère victime de la mondialisation. Néanmoins, cette grande spécialité française se réincarne et continue de sublimer les courbes féminines grâce à de jeunes entreprises, c’est le cas, par exemple, de la lingerie française de la marque Réjeanne. Elles s’inscrivent dans la tradition de grands noms évocateurs, tout en portant une nouvelle vision d’une femme qui s’assume, naturellement sexy avec des modèles qui allient séduction et confort.

L’excellence à la française

Les dessous féminins révèlent notre histoire et les différents codes qui ont façonné les courbes au fil des siècles, depuis les bandeaux servant à dissimuler les seins et les hanches durant l’Antiquité, jusqu’à l’objet de séduction à partir des années 70, en passant par le mythique corset.

La corseterie témoigne d’un “savoir-coudre” à la française. Il s’agit de l’un des métiers les plus sophistiqué et délicat de l’industrie textile. La fabrication artisanale d’un soutien-gorge réclame une minutie et une expertise poussée dont seuls quelques ateliers réputés étaient capables. C’est ainsi qu’a émergé le milieu feutré et élitiste de la lingerie française qui a fondé le mythe de la lingerie française.

Tissus soyeux ou matériaux innovants, dentelles raffinées, détails soignés, lignes élégantes et audacieuses, le petit monde de la lingerie est très vite gouverné par des marques au prestige de renommée mondiale : LOU, Lejaby, Chantelle, Aubade, Lise Charmel ou encore, Simone Pérèle.

Entre autres matières rattachées à l’artisanat textile français, la dentelle est la plus célèbre. En France, la dentelle a prospéré avec le règne fastueux de Louis XIV, au XVIIème siècle. C’est Colbert qui initia la création des premières manufactures françaises de dentelle grâce à sa décision d’interdire l’importation de dentelle étrangère alors très courante.

La révolution industrielle au XIXème siècle a permis au secteur de la lingerie d’atteindre la prospérité notamment grâce à l’arrivée de la machine à coudre optimisant l’assemblage des pièces.

La lingerie Made in France mise à mal par la mondialisation

C’est avec l’avènement des années 2000, de l’industrialisation et de la mondialisation que la lingerie s’est démocratisé portant un coup au savoir-faire français en matière de lingerie. La production s’est peu à peu délocalisée pour réduire les coûts grâce à une main d’œuvre rémunérée bien moins cher qu’en France et ainsi demeurer concurrentiel.

En effet, l’arrivée de chaînes de grande distribution ont inondé le marché d’articles de lingerie à des prix modérés importés de pays asiatiques en très gros volumes et même à tout petit prix avec des lots de culottes pour quelques euros. Etam, H&M, et autres enseignes ont révolutionné le monde de la lingerie en la rendant plus accessible et plus adaptée aux besoins quotidiens des femmes modernes.

Ainsi, le nombre de commerçants spécialisés en lingerie a été drastiquement réduit. Leur part de marché s’est complètement effondrée et ne représente plus que 11% du marché alors que la grande distribution contrôle désormais la moitié du marché. La lingerie se vend aujourd’hui sur Internet et non en boutique.

Face à cette féroce concurrence, les fabricants français ont délocalisé massivement, principalement en Tunisie où le salaire moyen d’une couturière avoisine les 200 euros ainsi que dans les pays de l’Est.

Les fabricants attachés au Made in France se sont vu dans l’obligation de se spécialiser dans le haut de gamme avec des modèles au coût souvent supérieur à 100 euros. Ils se sont appuyés sur la renommée du savoir-faire français et sur le raffinement des matières utilisées pour justifier de la qualité de leurs ensembles de lingerie.

La marque lyonnaise, Lise Charmel, tout comme ses consœurs Chantelle et Simone Pérèle se revendiquent comme étant parmi les dernières à bénéficier d’unités de production sur le territoire français. Néanmoins, elles n’y produisent que 15% de leurs modèles. Aubade, quant à elle, n’a plus qu’une trentaine d’employés alors qu’elle en comptait plus de 400 avant les différents plans sociaux. En outre, comble de l’ironie, la majorité de ces modèles luxueux sont destinés à l’exportation à l’étranger. Ces enseignes œuvrent à la lisière de l’artisanat et de l’industrie.

L’avenir de la lingerie française

Les françaises, fidèles à leur réputation d’élégance insouciante, en particulier les parisiennes, demeurent les premières consommatrices mondiales de lingerie. En effet, chaque année c’est près de 100 euros qu’elles dépensent en culottes et soutiens-gorges, alors que les autres européennes consacrent en moyenne 79 euros, contre 74 pour les américaines.

Une qualité médiocre, des conditions de travail souvent indignes, un impact écologique fort, la délocalisation de la production des ensembles de lingerie ne correspond plus aux aspirations actuelles. C’est pourquoi quelques marques pionnières réinvestissent la lingerie Made in France adaptée à toutes les femmes.

Sarbacane

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