L’enfichage

5 – L’ENFICHAGE

Cette leçon est particulièrement destinée aux lycéens et aux étudiants soucieux d’acquérir une méthode de travail efficace et une technique de mémorisation « à long terme », dans le but d’accumuler en tête plusieurs années d’études.

Diagramme d’acquisition d’un savoir :

Commençons par découvrir ensemble le diagramme d’acquisition d’un savoir, qui représente le processus normal de mémorisation, lors de l’apprentissage d’une nouvelle connaissance :

diagramme_dacquisition_savoir

Ce diagramme est structuré en 4 phases

  • L’apprentissage
  • La compréhension
  • La mémorisation
  • L’utilisation

Malheureusement dans la pratique on veut trop souvent passer de la phase d’apprentissage à la phase d’utilisation du savoir, en négligeant les phases de compréhension et de mémorisation.

Combien de fois a-t-on voulu utiliser un théorème qu’on venait juste d’apprendre par cœur sans le comprendre ? Trop souvent sans doute. Et dans ce cas on a du mal à utiliser le théorème, car on a voulu aller trop vite en sautant les phases de compréhension et de mémorisation (ou plus exactement sans avoir pris le temps de comprendre le théorème et de le mémoriser). Ainsi, si un mois plus tard on doit utiliser ce même théorème, ne l’ayant pas compris on ne l’a naturellement pas mémoriser, on devra alors recommencer à zéro la phase d’apprentissage, et on aura l’impression de ne pas progresser. 

C’est pourquoi les phases de compréhension et de mémorisation sont indispensables, afin d’apprendre les choses une bonne fois pour toutes, et de s’en rappeler efficacement le jour où on a besoin de les réutiliser (pour une interrogation ou à un examen par exemple).

Pour retenir efficacement un cours ou une connaissance, il faut prendre le temps de travailler les phases de compréhension (en posant des questions claires au professeur et en enregistrant les réponses) et de mémorisation (par l’apport de techniques efficaces de mémorisation, que nous verrons plus tard), qui, comme on vient de le voir, sont très importantes, et sont indissociables. En effet, il est quasiment inutile de mémoriser bêtement et aveuglément une leçon qui n’a pas été comprise, et inversement, il serait dommage de ne pas retenir pour toujours un concept que l’on a très bien compris.

Commentaire du diagramme d’acquisition d’un savoir

diagramme_acquisition_savoir

Comme nous pouvons le voir sur le diagramme ci-dessus, les 4 phases du diagramme d’acquisition du savoir sont indispensables et il ne faut en négliger aucune. Lors de l’apprentissage d’une nouvelle connaissance, il faut donc pensez à utiliser consciemment ce diagramme, en insistant sur les phases de compréhension et de mémorisation trop souvent négligées. A retenir :

  • avant de vouloir comprendre un concept, il faut avoir appris la base théorique du cours
  • la mémoire retient bien plus facilement un cours si vous l’avez compris
  • pour conserver une information en mémoire, il faut l’utiliser régulièrement

Mais rappelez-vous aussi que pour réussir, il ne suffit pas de faire un effort initial intense de courte durée, il faut au contraire s’astreindre à la régularité et à la continuité dans l’effort, et avoir l’intention de le faire et de s’y tenir. Cela veut dire que faire un gros effort de travail pendant une semaine, puis tout abandonner ensuite ne servirait à rien. Vous devez au contraire vous habituer à travailler de manière régulière (je travaille un peu tous les jours), progressive (chaque jour je travaille un peu plus que la veille), et continue (je ne m’arrêterai pas dans une semaine, je n’abandonnerai pas mes efforts dans un mois, mais j’ai réellement l’intention de me mettre au travail efficacement pour plusieurs années).

Remarquez au passage qu’il est naturellement bien plus facile d’accomplir et de réussir un travail régulier, continu, et progressif, que de conduire en mener à bien un travailler « en dent de scie » (je fais des efforts pendant quelques jours, puis j’arrête d’un coup de travailler, et une semaine après je me remets tout doucement au travail, etc.), un travail « au ralenti » (je n’apprends, qu’à moitié et superficiellement, un cours sur deux, et je prends donc un retard considérable qu’il me serra impossible à rattraper par la suite), ou un travail « en pointillé » (le premier jour je travaille, le deuxième jour je ne fais rien, le troisième jour je travaille, mais là, je ne fais que revoir le cours du premier jour, et rattraper ce que je n’est pas vu le deuxième jour, sans progresser).

Donc rappelez-vous de cette règle :

Ayez l’intention de travaillez de manière régulière, progressive, continue.

L’enfichage : se construire un mémo

L’idée de l’enfichage est la suivante : mettre par écrit toutes les notions de base que l’on veut retenir, afin de pouvoir s’y référer rapidement lorsqu’on en a besoin, mais aussi dans le but de les mémoriser et de les graver dans notre tête. Pour cela, vous pouvez utiliser un cahier ou un carnet personnel, que nous appellerons le mémo. Cette idée paraît très simple, et elle l’est réellement, mais encore trop de lycéens ou d’étudiants la néglige. Et pourtant elle est d’une efficacité redoutable pour progresser durant l’année scolaire, ou toutes votre carrière estudiantine, sans oublier les cours importants ou les notions de base au fur et à mesure que les trimestres passent.

Prenons un exemple simple : Qui ne s’est jamais posé Ia question suivante : Combien vaut le sinus de 30° ?

1 / 2 ?   (racine de 2) / 2 ??   ou bien (racine de 3) /2 ???

Pour obtenir la réponse, chacun a sa solution ; on peut demander au camarade qui est à côté de nous (mais vat-il nous donner la bonne réponse ?), on peut effectuer un calcul rapide sur la calculatrice ou fouiller dans les notes que l’on a entrées dans sa calculatrice, on peut encore tenter de recherche la réponse dans le classeur ou le livre de mathématiques, mais encore faut-il que le classeur soit bien rangé ou que le livre contienne la réponse recherchée. Mais aucune de ces méthodes classiques que tout le monde utilisent n’est efficace, pour 2 raisons :

  • Soit parce qu’on n’a finalement pas mémoriser la réponse (demander au camarade, ou effectuer le calcul), et que la prochaine fois que l’on voudra connaître le sinus de 30°, on va encore se poser Ici question, on n’aura toujours pas la réponse en tête, et on va à% nouveau perdre du temps à chercher la solution sans trop savoir où la trouver…
  • Soit parce qu’on aura mis beaucoup trop de temps à trouver la réponse, sans même être sûr de la trouver (fouiller dans la calculatrice, dans le livre, ou dans le classeur en désordre). Par exemple, après 10 minutes de fouille intensive (et donc fatigante et déconcentrante) dans le classeur mal rangé, on peut très bien s’apercevoir que la réponse n’y figure pas, et se rappeler, en effet, que c’est dans le classeur de math de l’année dernière que sont inscrites les formules de trigonométrie. On aura alors simplement perdu du temps, sans avancer le travail, mais surtout en n’ayant toujours pas la réponse !

La question du « sinus 30° » étant une question (comme des dizaines d’autres) que l’on se posera tout au long de notre carrière de lycéen (de la seconde à la terminale, et même encore après) pourquoi ne pas se faire une bonne fois pour toutes une fiche claire, juste, facile et agréable à lire, qu’on garderait à portée de main, et sur laquelle on mettrait la valeur du sinus et du cosinus des angles usuels souvent utilisés (30°, 45° 60° et 90°) ? Ainsi, chaque fois que l’on voudra connaître une valeur, si on ne l’a pas en tête, il suffira de sortir notre fiche, et on aura alors instantanément une réponse juste, sans perdre du temps, ce qui nous permet de continuer le travail efficacement, sans s’être déconcentré. 

C’est ça l’enfichage : mettre sur fiche tout ce dont on a besoin, et qu’on a du mal à retenir du premier coup. De plus, chaque fois que l’on utilisera une fiche, non seulement nous obtenons les informations voulues très rapidement, mais en plus ces informations se graveront chaque fois encore un peut plus dans notre tête, car nous aurons visualisé toujours la même représentation. Et si un jour on n’a pas les fiches sous les yeux (à un contrôle ou lors d’un examen par exemple), aucun problème : leurs contenus nous apparaîtrons clairement en tête si on les a visualisés, utilisés, et réfléchis régulièrement, car les informations seront alors gravées dans le cerveau.

Vous devriez donc, à partir d’aujourd’hui, rédiger une fiche (nous dirons «enficher») pour chaque thème que vous voulez retenir, dans le but d’obtenir des réponses instantanément en consultant toujours les mêmes fiches régulièrement, et ainsi favoriser la mémorisation définitive les informations. La consultation fréquente des même fiches favorise les phases d’impression et de répétition, qui font partie du processus normal de mémorisation. Vous pouvez bien sûr faire des fiches sur toutes les connaissances que vous avez régulièrement besoin, ou que vous avez du mal à retenir alors que vous en aurez besoin dans quelque mois (histoire, langues, mathématiques, géographie, sciences, technologie, etc.)

L’ensemble des fiches que vous allez réaliser va constitué votre Mémo, que vous utiliserez durant plusieurs années, tout au long de vos études. Ce mémo est le vôtre, il vous est entièrement personnel, vous y mettez les fiches que vous voulez, vous le montrez à qui vous voulez (à personne si vous le souhaiter), vous le présentez et vous l’organisez comme vous voulez. Personne ne vous notera ou ne vous jugera sur le contenu de votre mémo. Alors allez-y, défoulez-vous ! Mais avant de commencer, il est recommandé de suivre les quelques conseils pratiques de rédaction donnés ci-dessous, et qui sont le résultats de plusieurs d’années d’expérience.

Conseils pratiques à suivre pour rédiger des fiches dans le mémo

Comme nous venons de le voir, le mémo a deux fonctions différentes

  • Nous donner instantanément les réponses correctes à toutes les questions que l’on se pose fréquemment
  • Nous permettre de mémoriser rapidement et définitivement toutes ces réponses, afin de ne plus hésiter la prochaine fois que la question nous sera posée, et d’être alors sûr de la réponse !

Le mémo est donc un formidable outil qui peut nous permettre, s’il est bien utilisé (consultation fréquente, lecture rapide, fiches claires), de progresser rapidement et efficacement dans toutes les matières. Mais si on veut que la consultation du mémo favorise la mémorisation des informations, il faudra respecter les conseils suivants lors de la rédaction des fiches :

  • Les fiches doivent avant tout être claires, faciles à lire, et ne contenir que le minimum indispensable à retenir en un premier temps
  • Chaque fiche devra posséder un titre simple, et ne devra concerner qu’une seule notion à la fois
  • Écrire assez gros, lisiblement (sans surcharges ni ratures), éventuellement en lettre capitales (plus facile à mémoriser), et utiliser des couleurs
  • Illustrer vos fiches avec des graphismes, bien plus faciles à mémoriser que du texte : croquis, tableaux, schémas, dessins, courbes, … clairement commentés (avec des flèches) et le tout en couleurs. Rappelez-vous qu’à l’origine le cerveau ne sait mémoriser que des images, et pas du texte !
  • Mettre en évidence (encadré, écrit en rouge, etc.) le principal à retenir
  • Ne pas surcharger les fiches d’exemples numériques
  • Si un thème est un peu compliqué, le décomposer en 2 fiches : les notions simples de base sur une première fiche, et le reste (détails, exemples, et complément de cours) sur une autre fiche « complémentaire ».

Dernier conseil pratique à propos de votre mémo : il est vivement conseiller de prendre un cahier (ou un petit carnet) plutôt que de rédiger vos fiches sur des feuilles volantes ou sur des fiches bristol. L’avantage du cahier, est que toutes les fiches resteront toujours ensemble (quand on parle d’une « fiche », il s’agit concrètement d’une ou plusieurs page de ce cahier, traitant du même sujet). Alors que si vous rédigez sur des feuilles volantes, elles seront dispersées un peu de partout, vous n’aurez jamais avec vous la fiche dont vous avez besoin, et surtout, à force de prêter vos fiches à tout le monde, certains de vos camarades (peu scrupuleux) les garderaient pour eux, sans vous les rendre, vous ne saurez plus à qui vous avez prêter quelle fiche, et ces fiches profiteraient plus à ceux qui n’ont fait aucun effort pour se confectionner un mémo, qu’à vous qui avez rédiger soigneusement vos fiches.

L’organisation du mémo est également importante. Pensez, par exemple, à maintenir à jour une table des matières sur la première page, pour retrouver rapidement une page traitant d’un sujet précis. Vous pouvez aussi faire un mémo par matière, si vous ne voulez pas par exemple mélanger les maths et l’anglais sur le même carnet.

Toutes ces remarques et tous ces conseils sont le résultats de plusieurs années de vécu, de pratique et d’observation dans les classes, notamment au lycée (aussi bien en tant que prof qu’en tant qu’élève).

Exercice :

Vous allez dès aujourd’hui commencer votre mémo. Prenez un cahier ou un carnet neuf, et rédigez-y votre première fiche, en respectant les conseils donnés, et en résumant une leçon que vous avez vue récemment dans vos études (conseil : laissez la première page de votre mémo vide pour y pouvoir y mettre plus tard une table des matières).

Pensez par la suite à rédiger régulièrement de nouvelles fiches dans votre mémo, ne contenant que les informations minimales sur une leçon, et à consulter régulièrement votre mémo dès que vous en avez besoin. N’oubliez pas non plus que plus votre mémo contiendra de fiches, plus vous le consulterez fréquemment, et meilleur sera l’enregistrement des informations dans votre cerveau : vous aurez alors acquis un rythme de travail efficace, mais pas fatiguant (apprentissage progressif et régulier des connaissances, sans « forcer » pendant toute une journée de révision).

J.-C. Michel
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